≈ Commentaires fermés sur Recension de “Robespierre, les femmes et la Révolution” dans la dernière livraison de “Casse-rôles”, journal féministe et libertaire (n° 20, mai-juillet 2022)
Dans cet ouvrage inédit en français, E.P. Thompson raconte l’histoire méconnue du radicalisme anglais dans l’ère des révolutions et revient sur l’impact de la Révolution de 1789 en Angleterre. Thompson pratique une approche de la littérature par l’histoire et par la mise en lumière des classes en lutte. Il défend aussi, contre l’idée d’un romantisme conservateur, la thèse d’un romantisme authentiquement radical mais désenchanté, en offrant des parallèles intéressants avec l’Europe d’après la répression de l’insurrection de Budapest en 1956. Thompson esquisse également une réflexion politique stimulante sur les modalités de l’organisation ouvrière, le rapport entre le peuple et l’intellectuel et le rôle que celui-ci peut jouer dans la construction d’un mouvement politique.
Traduction assurée par Marion Leclair et Edward Lee-Six.
≈ Commentaires fermés sur “Regards croisés sur le siège controversé de Valenciennes en 1793” ~ sous la direction de Jacques Bernet, avec la collaboration de Philippe Guignet
De tous les sièges subis par Valenciennes à l’époque moderne et révolutionnaire, celui de mai à juillet 1793 fut le plus long, le plus meurtrier et le plus destructeur. Il fut aussi en son temps le plus controversé, car les conditions de reddition de la place, non sans soupçon de trahison, après trois mois de siège dont 43 jours de bombardement intensif, firent d’emblée débat, tant apparut dommageable la perte d’une ville passant pour un verrou essentiel dans la défense de la frontière du nord contre la coalition des «armées combinées».
Dès le lendemain de l’événement, des acteurs de premier plan tirent à apporter leur éclairage sur cet épisode politico-militaire majeur. Le militant jacobin compiégnois Pierre-Marie Desmarest, engagé comme volontaire dans un bataillon de la Charente et ayant joué un rôle politique important dans la ville assiégée, publia en octobre 1793 un Précis historique du siège de Valenciennes rejoignant largement les justifications politiques et militaires présentées par les représentants en mission Cochon et Briez, présents pendant le siège, dans leur rapport à la Convention du 6 août 1793, ou par les chefs militaires, tels le général Ferrand commandant de la place ou le capitaine du génie Dembarrère.
Un an plus tard, Valenciennes libérée par la victorieuse contre-offensive des armées républicaines réintégrait le territoire national et le regard porté sur le siège de 1793 était tout autre. La Convention finissante déclara solennellement, le Vendémiaire an IV [11 octobre 1795] «que la reddition de a place de Valenciennes ne peut être attribuée qu’au malheur des circonstances et qu’il n’y a pas là motif à l’inculpation contre la commune de Valenciennes pour raison de cet événement et que cette commune a bien mérité de la patrie». Dans l’esprit de cette pleine réhabilitation, le témoignage bien postérieur d’un autre acteur du siège, le bonapartiste Arnaud Texier de La Pommeraye, dans sa relation du siège et bombardement de Valenciennes en mai-juin-juillet 1793 parue à Douai en 1839, s’efforça de démontrer combien la magnifique résistance de Valenciennes avait coûté à la coalition, expliquant de l’aveu même du duc d’York, l’échec de sa campagne dans le Nord de de la France en 1793.
À partir de ces récits vivants et de leurs regards croisés, le lecteur pourra mieux comprendre les périphéries et les enjeux d’un moment mémorable de l’histoire valenciennoise.
BERNET Jacques (dir.), GUIGNET Philippe Regards croisés sur le siège controversé de Valenciennes en 1793 Valenciennes : Cercle archéologique et historique de Valenciennes, 2021, 196 p. Collection Mémoires –Cercle archéologique et historique de Valenciennes; tome XV.
Plaque de ceinturon de représentant du peuple aux armées (bronze fondu et doré).
La République, coiffée d’un casque de Minerve, s’appuie de la main gauche sur un faisceau de licteur et tient de la main droite une pique surmontée d’un bonnet phrygien. Le fût de l’autel de la patrie porte la mention «Liberté et égalité» (sans «Fraternité», donc). Derrière les deux drapeaux, des feuillages de laurier (à la droite du personnage) et de chêne (à sa gauche).
Cette médaille en plomb représente un cavalier, coiffé d’un bonnet phrygien, pénétrant une femme renversée sur la croupe du cheval.
Le recto porte la devise «Vive la liberté» et les initiales R[épublique] F[française]. Au verso, la mention manuscrite: «sous la 1 ère République».
Supposée datée de la fin du XVIIIe siècle, cette médaille – repérée sur un site de vente – est d’origine inconnue.
Je vois, Monsieur le Président, que vous êtes à la recherche de thèmes festifs pour animer le prochain quinquennat dont vous rêvez, d’où votre idée – si originale et si charmante ! – d’une fête de la Nature et des petits oiseaux.
Je me permets de vous indiquer ci-après quelques suggestions, empruntées au discours « sur les rapports des idées religieuses et morales avec les principes républicains, et sur les fêtes nationales » prononcé par Maximilien Robespierre, le 18 floréal an II (7 mai 1794) [Voir OMR, t. X, Discours, cinquième parte, pp. 463-464].
Nul doute que vous y trouverez l’inspiration propre à enguirlander encore votre programme de dernière minute et à susciter l’enthousiasme de M. Jack Lang (je vous recommande tout particulièrement le quatrième item de la seconde partie de liste).
En 1793, alors que la Révolution française se radicalise et cherche à se défendre contre les pays voisins, la mobilisation de 300 000 hommes déclenche des révoltes dans de nombreuses régions. Mais c’est dans le département de la Vendée, le 19 mars 1793, qu’une troupe d’insurgés disperse l’armée venue rétablir l’ordre. Une guerre particulièrement violente, menée sous l’impulsion de la Convention à Paris, suit cet événement fondateur et soude entre eux les révoltés, appelés désormais les Vendéens, des Sables-d’Olonne à Saumur, de Nantes à Luçon.
La guerre et la répression qui la prolonge unissent les populations dans une même identité aux yeux de tout le pays. Elles donnent aux révoltés une identité politique qui perdurera après la fin de la guerre. La région Vendée est née et les Vendéens deviennent les héros de la Contre-Révolution, défenseurs du royalisme et du catholicisme.
Cette lutte continue pendant les deux siècles suivants, chaque génération se réaffirmant, bon gré mal gré, vendéenne ou républicaine jusqu’au XXIe siècle. Ce livre est la biographie collective de cette communauté célèbre dans le monde entier.
Jean-Clément Martin, grâce à une disposition pour la synthèse maintes fois saluée ici, réussit cette fois le prodige de rédiger un livre de poche de moins de deux cents pages* sur les révoltes vendéennes qui se lit comme un roman policier. Il en souligne les paradoxes: elles ne seront longtemps prises au sérieux ni par l’Angleterre ni par les Émigrés; elles laissent une place beaucoup plus grande à la participation des femmes au combat que la République.
Martin montre très bien que «la Vendée» s’est largement fabriquée à Paris, dans les affrontements entre «Girondins», Montagnards et sans-culottes. Seul étonnement: l’absence fût-ce d’une seule mention des Enragés, que Martin connaît très bien, quand il revient à de nombreuses reprises sur les «Hébertistes».
* Ce livre est la version revue et corrigée du texte d’un ensemble de quatre CD audio déjà signalée ici-même.