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LA RÉVOLUTION ET NOUS

~ le blogue historien de Claude Guillon

LA  RÉVOLUTION  ET  NOUS

Archives de Catégorie: «Démocratie directe 1789-2016»

Aventures et mésaventures de la démocratie directe, pendant la Révolution française, et depuis.

“Democrazia diretta e democrazia rappresentativa. Il dibattito nella Francia rivoluzionaria (1789-1795)”, par Antonio Senta

07 lundi Mai 2018

Posted by Claude Guillon in «Démocratie directe 1789-2016»

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Antonio Senta, Démocratie directe

“Démocratie directe et démocratie représentative. Le débat dans la France révolutionnaire (1789-1795)”. Article paru dans la revue SCIENZA & POLITICA, vol. XXIV, n° 56, 2017, pp. 151-178.

Je mets à disposition cet article d’Antonio Senta, de l’Université de Trieste, également auteur d’un ouvrage sur l’histoire du mouvement anarchiste italien, dont il parle ici.

L’article est en italien; je reproduis ci-dessous le résumé en italien et le résumé en anglais.

Il saggio analizza il dibattito sul concetto di democrazia nella Francia rivoluzionaria (1789-1795), mettendo in luce come esso si nutra di pratiche tipiche sia della democrazia rappresentativa, sia della democrazia diretta, mantenendo un equilibrio complesso e precario tra queste due forme di democrazia. Vengono passati in rassegna gli strumenti politico-istituzionali messi in campo, il dibattito parlamentare e le tre costituzioni del 1791, 1793 e 1795, a partire da alcuni concetti cardine come la rappresentanza, il mandato e le assemblee primarie. Più che distanti, o alternativi, tra loro, i concetti di democrazia rappresentativa e democrazia diretta risultano interdipendenti e caratterizzati da un rapporto di reciprocità.

_________

This essay explores the debate concerning the idea of democracy in the French Revolution (1789- 1795). It shows that this idea is based upon representative democracy as well as direct democracy, maintaining a complex and precarious equilibrium between the two. It investigates the different political-institutional means used in those years, the parliamentary debates and the three constitutions (1791, 1793, 1795), focusing on concepts such as representation, electoral mandate and primary assemblies. Representative democracy and direct democracy turn out to be neither distant from nor alternative to each other, but interdependent and mutual.

 

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“Le Socialisme sauvage” Auto-organisation & démocratie directe de 1789 à nos jours ~ Un livre de Charles Reeve

17 mercredi Jan 2018

Posted by Claude Guillon in «Bibliothèque», «Démocratie directe 1789-2016»

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1793, Anarchisme, Charles Reeve, Commune de 1871, Démocratie directe, Enragé(e)s, Jean-François Varlet, Kropotkine, Lutte des classes

Le 23 janvier paraît en librairies le nouveau livre de Charles Reeve, publié par L’Échappée: Le Socialisme sauvage. Essai sur l’auto-organisation et la démocratie directe dans les luttes, de 1789 à nos jours.

Je reproduis ci-après l’introduction de l’ouvrage et sa table des matières, par quoi les lectrices et lecteurs de ce blogue vérifieront qu’il ne peut qu’alimenter leur réflexion critique sur ce monde et l’histoire de celles et ceux qui ont tenté – souvent avec succès – de le transformer.

Inutile de dissimuler que l’auteur et moi nous connaissons depuis de très nombreuses années (parmi nos aventures communes: la revue Oiseau-tempête). Cependant, pas de «copinage» entre nous, c’est de la camaraderie.

_______________________

Vous pourrez rencontrer Charles Reeve

le mercredi 7 février

à la librairie QUILOMBO

23, rue Voltaire, Paris XIe, à 20h

_______________________

 

Arrivés à ce qui commence, ou l’éloge de l’excès …

 On nous dit que la fin du monde serait aujourd’hui plus facile à imaginer que la fin du capitalisme. Le propos, signé de la main d’un médiatique acteur de la scène néo-marxiste, est sombre et prête à confusion[1]. Il est aujourd’hui évident que le monde et le capitalisme risquent bien de n’avoir qu’une seule et même fin. Mais la formule traduit aussi l’état d’esprit des forces politiques défaites et déçues par l’effondrement du bloc capitaliste d’État, et pour qui l’espérance était indissociable d’un modèle étatique du bonheur social. Le slogan de Nuit debout du printemps 2016 : « Une autre fin du monde est possible » est une réplique positive à la formule pessimiste de Slavoj Žižek. Elle dit que, si la route du capitalisme, jalonnée d’horreurs et de barbarie, peut nous emmener, pour sûr, à la catastrophe finale, il nous reste toujours la liberté de penser à sa subversion et d’agir en conséquence. La fin du monde, capitaliste s’entend, ne sera pas nécessairement la fin du monde humain.

Nous n’avons pas fait un travail d’historien sur les diverses périodes révolutionnaires du mouvement socialiste, même si l’histoire est évidemment au centre de notre réflexion. Notre propos est de revisiter ces périodes, de les discuter, à travers le prisme des conceptions hérétiques du socialisme. Nous l’avons fait de façon parcellaire, parfois rapide, avec un parti pris assumé. Nous sommes concernés, interpellés, par les courants que l’historiographie officielle et officieuse – celles qui se placent du côté de la normalité des pouvoirs en place ou en devenir – appellent les « excès des extrêmes ». Et que les chefs du socialisme orthodoxe qualifièrent très tôt de « sauvages » car ils leur échappaient. Avec ce parti pris, nous revendiquons des préférences marquées : pour la défense du mandat impératif des enragés dans la Grande révolution française, pour le combat des soviets tentant de garder le pouvoir sur la réorganisation de la production et de la société au cours des révolutions russes, pour l’expérience d’autogouvernement des conseils et les tentatives de socialiser l’économie lors de la révolution allemande de 1918-20, pour les réalisations des collectivités anarchistes au cours de la révolution espagnole, pour les pratiques d’auto-organisation autonome lors de la grève générale de Mai 68 et de la Révolution portugaise de 1974-1975.

Un certain nombre de prémisses forment la charpente de cette conception que nous partageons avec des nuances et des désaccords non essentiels, avec celles et ceux qui se revendiquent des courants anti-autoritaires du socialisme. Les certitudes non négociables sont celles de la critique de la délégation permanente du pouvoir et du principe d’autorité qui lui est indissociablement lié, fondamentalement incompatibles avec la transformation du monde. Nous savons, d’expérience historique, que le processus contradictoire de subversion du capitalisme ne peut se développer que dans et par l’organisation assumée collectivement de nouvelles formes de vie, de production et de consommation par les intéressés eux-mêmes. Il ne peut trouver sa force que dans l’opposition déclarée aux séparations de l’économie, de la politique et de la société qui sont les fondements de la reproduction du vieux pouvoir.

Au-delà de ces certitudes, tout peut être discuté, questionné, et cet ouvrage se veut une contribution à cette mise à jour nécessaire.

En achevant notre parcours sur les mouvements récents et les débats qu’ils suscitent, nous tenons à rappeler qu’ils se rapprochent aussi des courants du socialisme sauvage. Car, avec leurs contradictions et limites, ces mouvements s’écartent des principes et des objectifs du socialisme des chefs, du parti qui possède le savoir de la transformation. A l’heure d’aujourd’hui, ces mouvements n’ont pas été récupérés ou dénaturés par les organisations institutionnelles du passé. Ils ont tout simplement manqué de la dynamique autonome, ce qui a permis aux vieilles tendances d’étouffer les graines de rupture. Les balbutiements de l’avenir se croisent toujours avec les derniers sursauts d’un passé en déroute. Mais les questions soulevées sont incontournables et sont là pour rester. Car les nouveaux possibles avancent par tâtonnements, par des poussées qui s’épuisent et qui recommencent.

Tout compte fait, nous n’avons toujours pas surmonté l’antagonisme entre la démocratie de délégation permanente et l’exercice direct de la souveraineté. Comme l’écrivait Pierre Kropotkine à propos de la Grande révolution, la démocratie directe doit travailler toujours à se faire jour dans les mouvements émancipateurs.

L’intention est donc de parcourir avec le lecteur ce fil rouge, ou « rouge et noir », de l’émancipation sociale, de l’exigence de la maîtrise de la subversion du monde par celles et ceux qui sont concernés et intéressés. Autrement dit, le chemin ardu et escarpé du socialisme sauvage, qui relie la Grande révolution à Occupy Wall Street.

[1] La formule est de Slavoj Žižek.

Vous pouvez cliquer sur l’image pour L’AGRANDIR.

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Un dispositif de “démocratie directe”: la Convention doit travailler sous la surveillance des assemblées primaires, réunies en permanence (1793)

27 lundi Fév 2017

Posted by Claude Guillon in «Démocratie directe 1789-2016», «Documents»

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1793, Albert Soboul, Assemblées primaires, Démocratie directe, Gros de Luzene, Jean-François Varlet, Raymonde Monnier

Gros de Luzene, membre de la section de la Butte-des-Moulins, l’un des bastions modérés du Paris sectionnaire, n’a guère laissé de traces dans l’histoire, en dehors du texte de la brochure que l’on va lire ci-après : Liberté, Souveraineté, Égalité, dont j’ai récemment acquis un exemplaire[1].

Celle-ci ne se trouve-t-elle pas à la BN, ni presque nulle part ailleurs, excepté un exemplaire recensé par le CCF à la BM de Rouen (aucun autre dans le monde, d’après le KIT). Albert Soboul était cependant tombé sur un exemplaire aux Archives nationales (cote actuelle : MIC/AD/I/69 ; bobine n° 2 ; 96-194/96-198). Il est d’ailleurs, à ma connaissance, le seul — avec l’auteur d’un article en russe — à la mentionner : il en cite une phrase p. 508 de sa thèse Les Sans-culottes parisiens en l’an II [2] (1958).

Ayant connaissance du texte et de son auteur, on ne peut soupçonner que c’est par inadvertance qu’il ne le mentionne pas dans le Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, publié vingt-sept ans plus tard avec Raymonde Monnier[3]. Gros de Luzene n’a probablement occupé aucun poste — dont nous ayons conservé trace au moins — dans sa section. Mais il aurait pu figurer sous la rubrique « Militants ».

Je n’ai, pour ma part, déniché qu’une mention d’un Gros de Luzene, que je présume (sans preuve) être plutôt un parent de notre auteur. Dans le Mercure de France du samedi 28 avril 1787, figure dans la « Troisième liste des Personnes qui ont fait leur Déclarations & Soumissions […] de contribuer à l’établissement de quatre nouveaux Hôpitaux, capables de suppléer à l’insuffisance de l’Hôtel-Dieu de Paris […] », un « M. Gros de Luzene, Bourgeois de Paris », pour la somme de 150 livres.

Soboul estime que la brochure date de « l’été 1792 ». J’ai vérifié sur l’exemplaire des AN qu’aucune mention manuscrite ne pouvait éclairer ce choix. Au regard du déroulement des débats sur la constitution de 1793, dont un décret du 26 juin prévoit qu’elle sera sanctionnée par le peuple convoqué en assemblées primaires, je pencherai plus volontiers pour le début ou le printemps 1793.

« Les assemblées primaires doivent être permanentes » jusqu’à l’achèvement de la constitution, estime Gros de Luzene, qui plaide également pour la révocabilité des mandataires.

Cette « permanence » prônée me semble un élément original. Il ne s’agit pas seulement de faire sanctionner la constitution par le peuple réuni, mais de faire travailler la Convention – jusqu’à achèvement du texte – sous la pression continue des assemblées primaires, susceptibles de peser sur les débats et de rappeler tel mandataire, infidèle à son mandat.

L’auteur va même plus loin: pour lui, c’est un peu comme si de multiples cervelles surveillaient un même corps, puisque «une convention nationale, c’est le souverain assemblé».

Autrement dit: les assemblées primaires sont la Convention, et elles décident — pour des raisons strictement pratiques — de «former un point de ralliement par ses mandataires».

La «Convention», au sens de réunion physique des mandataires, est le lieu de la communication des multiples cervelles souveraines entre elles, le lieu de mise en forme et en actes (législatifs et constitutionnels) d’une «intelligence collective» qui réside et s’élabore dans toutes les assemblées de l’Empire.

On comparera avec un extrait du Projet d’un mandat spécial et impératif, rédigé par l’Enragé Jean-François Varlet après le 10 août 1792 :

Vous ajouterez cet article important à la déclaration des droits de l’homme : la souveraineté du peuple est le droit naturel qu’ont les citoyens, dans les assemblées, d’élire sans intermédiaires à toutes les fonctions publiques, de discuter eux-mêmes leurs intérêts, de rédiger des mandats aux députés qu’ils commettent pour faire des lois, de se réserver la faculté de rappeler et de punir ceux de leurs mandataires qui outrepasseraient leurs pouvoirs ou trahiraient leurs intérêts ; enfin, d’examiner les décrets qui tous, hormis ceux que commandent des circonstances particulières, ne peuvent avoir force de lois, qu’ils n’aient été soumis à la sanction du souverain dans les assemblées primaires.

La revendication de modalités d’une « démocratie directe » est l’un des sujets que j’aborderai le 15 mars 2017 lors de la séance du séminaire doctoral de l’Institut d’histoire de la Révolution française (IHRF).

Pour les détails, se reporter au programme du séminaire publié ici-même.

capture-decran-2017-02-27-a-14-11-18Cliquez sur l’image pour l’AGRANDIR

LIBERTÉ, SOUVERAINETÉ, ÉGALITÉ

 

D’après le principe incontestable que la souveraineté réside dans la nation, ne perdons jamais de vue dans nos assemblées primaires les moyens de ne pas la rendre illusoire.

D[emande]. Que représentent nos assemblées primaires ?

R[éponse]. Nos assemblées primaires représentent la souveraineté de la nation assemblée.

D. Pourquoi le souverain se rassemble-t-il ?

R. Pour y porter son vœu impératif pour la conservation de son bonheur et de sa liberté.

D. Comment le vœu impératif qui doit faire la loi peut-il être exprimé ?

R. Par la collection des cahiers, dans lesquels nos mandataires, nos ambassadeurs sont chargés de faire l’extrait de la majorité des vœux, qui doit faire loi impérative.

D. Quels sont les moyens d’empêcher le génie malveillant de mettre pour loi impérative la minorité des vœux de la nation ?

R. L’impression, rien que l’impression, par oui et par non ; des vœux des différens cantons de l’empire, sur-tout des vœux majeurs qui intéressent le repos et le salut de l’empire. (Chacun pourra, par ce moyen, reconnoître son vœu.)

D. Qu’est-ce qu’une convention nationale ?

R. C’est le souverain assemblé dans les différens points de l’empire, qui convient de former un point de ralliement par ses mandataires, et non ses représentants, pour que la collection majeure des vœux nationaux soit exprimée pour loi impérative.

D. L’assemblée de convention nationale peut-elle, dans les circonstances épineuses où nous sommes, faire des loix ?

R. Oui, l’assemblée peut faire des loix provisoires de circonstance ; mais pour qu’elles puissent être loix du royaume, il faut que le souverain, toujours jaloux de ses droits qu’il ne veut plus aliéner ni compromettre, ait porté son vœu par assis et levé, ou par oui ou par non.

D. Les assemblées primaires du souverain doivent-elles subsister pendant l’assemblée de convention nationale ?

R. Oui, messieurs, pendant le danger de la patrie, le souverain doit être à son poste, à la tête de son armée, à la tête de ses affaires ; il doit être par-tout ; il doit être dans toute son activité, pour veiller sur ses ambassadeurs, pour que ces mêmes ambassadeurs ou ses mandataires ne puissent rien entreprendre d’après l’arbitraire contre son vœu. Donc les assemblées primaires doivent être permanentes, jusqu’à ce que l’assemblée de convention nationale ait perfectionné sur les bases divines de la déclaration des droits de l’homme, l’édifice majestueux de notre constitution.

D. Dans l’ancien régime, les ambassadeurs des rois, ou bien soi-disant leurs représentans, avoient-ils le droit, d’après leur conscience, ou leurs arbitraires dans les cours où ils étoient envoyés, de faire des traités, des alliances, sans le vœu bien exprimé de leurs maîtres ?

R. Non, les ambassadeurs, les soi-disant représentans des rois, n’étoient que des mandataires, et les porteurs ou les communicateurs des ordres de leurs maîtres ; et si par des cas fortuits, comme chargés des intérêts de leurs maîtres, ils exprimoient leur volonté particulière, elles n’avoient jamais de force ni de consistance qu’elle n’eût été sanctionnée par l’approbation de leurs maîtres.

D. Que résulte-t-il de cette simple conséquence ?

R. Il en résulte que si les despotes, jaloux de leurs droits usurpés, n’ont des ambassadeurs que pour être porteurs de leurs ordres, et que quiconque de ses ambassadeurs s’en écartoit, étoit de suite rappelé, remplacé et puni.

À plus forte raison le souverain, dont les droits imprescriptibles et inaliénables ne sont pas une usurpation, doit être jaloux de la conservation de ces mêmes droits, et dont un de ses mandataires, qui porteroit atteinte à ces mêmes droits, doit être rappelé, remplacé et puni. Donc si l’assemblée de tous ses mandataires, venoit à porter atteinte à ces mêmes droits, le veto national est là, et le veto national réprime sans commotion toutes les tentatives des génies malveillans. Le silence ou le veto sera l’expression du vœu général. Que le mandataire soit convaincu d’avance que cette mission est faite pour élever l’ame de l’homme probe ; qu’il soit convaincu d’avance, qu’il doit compte à ses commetans, et un compte sévère et exact ; qu’il soit convaincu, enfin, que ses commetans ont le droit de le juger, (s’il a prévariqué de le punir) s’il a rempli ses devoirs de l’estimer, et l’estime des hommes libres, pour un citoyen honnête, est une récompense inappréciable.

Les représentans de la nation sont inviolables, et moi aussi, citoyen ordinaire faisant mon devoir, je suis inviolable ; et quiconque m’assassineroit seroit puni de mort, et quiconque assassineroit un mandataire inviolable, comme moi citoyen, perdroit la vie. Quelle différence peut-il y avoir entre le mandataire du peuple ou le simple citoyen ? Puisque les assassins des deux perdent la vie, l’inviolabilité devient une absurdité. Si, parce que je suis préposé mandataire fidèle de 50 000 hommes, je puis m’ingérer [sic] de leur être infidèles, de les voler impunément, de les enchaîner impunément, de les trahir, et enfin de les assassiner, de les précipiter dans l’abîme impunément !

Jamais le peuple souverain, par l’affreux souvenir des maux que lui ont occasionné une inviolabilité aussi absurde et aussi révoltante, ne permettra que ses mandataires puissent eux-mêmes devenir autant de despotes, qui puissent séparément enchaîner cinquante mille hommes, et collectivement toute la nation.

Tout ce qui jure aux principes, doit être détruit ; l’arbitraire ou le despotisme, c’est le synonyme, ne peut exister chez une nation libre, où elle ne veut pas l’être, parce que, d’après la conscience de 400 mandataires sur 700, il convient que la souveraineté de la nation soit illusoire ; parce que, d’après la conscience de 400 mandataires séduits par l’or et l’espoir des places et des dignités, il convient que la nation soit réduite à la plus affreuse servitude. Ce qui convient à de tels hommes ne peuvent être des loix ; car la loi est l’expression de la volonté générale. Or, la volonté générale ne peut être d’être enchaînée par la conscience de 400 mandataires infidèles. Donc le despotisme des mandataires, qui peuvent compromettre la souveraineté nationale, doit être rejetté comme attentatoire à la liberté et à l’égalité.

Donc nos mandataires doivent être les porteurs de nos ordres, les suivre strictement, ne s’en pas écarter, et doivent répondre à leurs commettans de tout ce qu’ils ont dit, écrit ou fait dans l’exercice de leurs fonctions de mandataires.

Un mandataire est homme, il peut se tromper ; mais comme il doit être éclairé, il ne peut le lendemain soutenir son erreur. Au contraire, il se fera un devoir et un honneur de l’abjurer publiquement ; l’homme vertueux, qu’il soit notre représentant ; dès qu’il cesse de l’être, qu’il soit strictement notre mandataire, et qu’il devienne responsable devant ses commettans : par ces moyens, vous détruirez l’intrigue ; l’intrigant lui-même, dans cette dignité, la sentira, ne pourra plus la compromettre, et par ce moyen vous aurez une vraie représentation.

GROS DE LUZENE, Section de la Butte des Moulins

De l’Imprimerie de G. F. GALLETTI, aux Jacobins Saint-Honoré.

____________

[1] J’en ai saisi le texte d’après cet exemplaire.

[2] Les Sans-culottes parisiens en l’an II. Mouvement populaire et gouvernement révolutionnaire 2 juin 1793 – 9 thermidor an II, Librairie Clavreuil, 1958.

[3] Publications de la Sorbonne, 1985.

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Mandat impératif & cahiers de doléances

01 dimanche Jan 2017

Posted by Claude Guillon in «Articles», «Démocratie directe 1789-2016»

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États généraux, Cahiers de doléances, Démocratie directe, Lutte des classes, Mandat impératif, Sans-culottes, Souveraineté populaire

capture-decran-2016-11-07-a-17-02-20Dernier aperçu sur les ajouts de la nouvelle édition revue et augmentée de Notre Patience est à bout (il y en a d’autres, mais vous pourrez satisfaire votre curiosité en librairies dès le 5 janvier prochain) : un passage d’un nouveau développement concernant la démocratie directe et la question du mandat impératif, posée dans la pratique avant même la réunion des États généraux.

La question de l’exercice de la souveraineté est posée par l’usage du mandat impératif, du contrôle et de la révocabilité des députés dès les prémices de la Révolution : avant même la réunion des États généraux, au cours des assemblées locales qui désignent — dans une élection à un ou deux degrés, selon les régions — les députés chargés de porter les cahiers de doléance à Versailles. Elle se reposera lors des premières séances de l’Assemblée nationale. Elle sera ensuite l’objet d’une véritable guérilla politique entre les Districts et la Municipalité de Paris. Elle ressurgira enfin dans les revendications, à la fois politiques et sociales, de la sans-culotterie — et des Enragés — en 1793.

Le 2 février 1789, les représentants du Tiers et les curés des communes du pays de Foix se réunissent, sans d’ailleurs attendre l’autorisation qu’ils ont sollicitée du roi. Ils craignent que les « États particuliers de la Province » envoient eux-mêmes des députés aux États généraux. Les représentants d’Uzès et de Mirepois, bientôt suivis par d’autres, enjoignent au député de la sénéchaussée, si les États provinciaux passaient outre, « de ne point communiquer ni délibérer, directement ni indirectement, avec [les autres députés], à peine de révocation de pouvoir » [Casteras, 1876].

Le mandat impératif est invoqué — l’expression littérale figure en titre d’un paragraphe — de manière tranchée et politique dans le cahier de doléance du Tiers du Poitou. Ses rédacteurs, « trop instruits par [leurs] malheurs et par la funeste expérience du passé », entendent protéger la souveraineté nationale contre des « altérations multipliées ».

« Pour parvenir à ce but, il est essentiel que la province restreigne à certains égards les pouvoirs de ses Députés et qu’elle les mette par là dans l’heureuse impuissance de compromettre les droits de la nation [1]. »

On demande, en conséquence, qu’il soit spécialement enjoint à ceux qui seront députés par le Tiers — en déclarant les désavouer s’ils contreviennent à ce mandat spécial — de refuser leur consentement à l’imposition ou à la continuation d’anciens subsides, avant qu’une loi soit promulguée, dont voici des extraits du contenu : Le pouvoir législatif appartient conjointement au roi et à la nation ; les États se réunissent de cinq ans en cinq ans, ou moins s’ils le jugent nécessaire ; les mesures concernant les impôts ne seront valides que pendant les intervalles entre deux réunions. On ajoute que les ordres pourront se réunir sans lettres royales de convocation.

Il s’agit donc d’un mandat impératif « de précaution », à la fois négatif (ne pas voter ceci), et programmatique (exiger cela) assorti d’une révocabilité automatique des députés. L’audace de la démarche n’a pas échappé à certains représentants du Tiers poitevin qui ajoutent leur opinion dissidente au document. Ils entendent « écarter toute idée qui, sans établir les véritables droits de la nation, ne contiendront […] qu’une menace d’insurrection contre l’autorité royale », et manifestent une inquiétude de classe, exigeant de « supprimer tous les articles qui peuvent donner atteinte à la propriété qui doit être respectés par tous les ordres de citoyens » [AP, t. V, p. 415].

_________________

[1] C’est moi qui souligne cette malicieuse formule [Beauchet-Filleau, 1888 ; AP, 1ère série, t. V, pp. 406-422.].

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Pour «Démocratie directe», voir «Houellebecq»?

19 jeudi Nov 2015

Posted by Claude Guillon in «Bêtisier», «Démocratie directe 1789-2016»

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Démocratie directe, Michel Houellebecq, Michel Onfray, Terreur

Dans un entretien publié ce 19 novembre 2015 au Corriere della sera, l’écrivain à succès Michel Houellebecq déplore, entre autres, les faibles moyens donnés à la police française (on voit qu’il passe beaucoup de temps à l’étranger!), et la baisse du crédit accordé au concept de «frontières».

Il rend le gouvernement de MM. Valls et Hollande responsable de ce déplorable effondrement des valeurs étatiques… Si l’on ne savait déjà être en présence d’une vieille ganache réactionnaire et délirante, on aurait pu supposer un sens de l’humour aiguisé!

Hélas! la ganache ne se contente pas de crachoter son discours lepéniste, elle affirme aussi des «positions politiques»…

Capture d’écran 2015-11-19 à 18.34.46

Certes, il n’est jamais mauvais de rappeler que la «démocratie directe» sans contenu de classe est un concept sans intérêt, mais tout de même, là Michel, tu énerves!

Enlève donc tes pattes sales de là! Ne te mêle pas des histoires de grandes personnes. On a déjà assez de soucis avec le «libertaire» Onfray, son approbation de la législation «antiterroriste» et ses analyses géostratégiques à pleurer… s’il faut en plus te surveiller, c’est trop!

Continue à écrire des livres aigres et misogynes, ça t’occupe. L’infirmière passera tout à l’heure: prends bien tes cachets, et lâ-che-nous!

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«LA QUESTION DU MANDAT IMPÉRATIF» Enregistrement sonore

30 mardi Juin 2015

Posted by Claude Guillon in « Sonothèque », «Démocratie directe 1789-2016»

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1793, États généraux, Club des Cordeliers, Commune, Démocratie directe, Enragé(e)s, Erwan Sommerer, GEREP, Mandat impératif, Sieyès, Stéphanie Roza

On trouvera ci-dessous l’enregistrement sonore de ma communication sur le mandat impératif pendant la Révolution française, lors d’une récente séance (11 juin) du séminaire du GEREP (Groupe d’étude des républicanismes et du bien commun).

Présentation et discussion : Stéphanie Roza

Erwan Sommerer a évoqué, dans une seconde partie de séance, la conception de la souveraineté de Sieyès (voir le site du GEREP).

J’ai traité la question du mandat impératif, en quatre temps et lieux: au moment de la réunion des États généraux ; dans le débat entre les districts parisiens et l’Assemblée communale ; au club des Cordeliers ; et enfin telle que théorisée dans le courant des Enragés.

Vignette DDH

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Assemblées populaires et mouvement des femmes en Syrie : un article-appel de David Graeber

12 dimanche Oct 2014

Posted by Claude Guillon in «D'une révolution l'autre», «Démocratie directe 1789-2016»

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Démocratie directe, Féminisme, Femmes en armes

La région autonome du Rojava, telle qu’elle existe aujourd’hui, est l’un des rares points lumineux — même très lumineux — issus de la tragédie de la révolution syrienne. Après avoir chassé les agents du régime d’Assad en 2011 et malgré l’hostilité de la quasi-totalité de ses voisins, le Rojava a non seulement maintenu son indépendance mais développe une expérience démocratique remarquable. Des assemblées populaires ont été créées comme organe absolu de prise de décisions, des conseils ont été choisis soigneusement en tenant compte de l’équilibre ethnique (dans chaque commune, par exemple, les trois responsables principaux doivent inclure un Kurde, un Arabe et un chrétien assyrien ou arménien, et au moins un des trois doit être une femme), il y a des conseils de femmes et de jeunes, et, en écho remarquable au mouvement Mujeres Libres (Femmes libres) d’Espagne, la milice « YJA Star » (l’Union des femmes libres, le star fait ici référence à la déesse mésopotamienne Ishtar), une armée de femmes qui a effectué une grande partie des opérations de combat contre les forces de l’État islamique.

L’article de David Graeber, intitulé «Pourquoi le monde ignore-t-il les Kurdes révolutionnaires en Syrie ?», initialement publié dans le Guardian, est à lire sur le site La Voie du jaguar.

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Luttes et autogestion en Kabylie

09 jeudi Oct 2014

Posted by Claude Guillon in «Billets», «Démocratie directe 1789-2016»

≈ Commentaires fermés sur Luttes et autogestion en Kabylie

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Démocratie directe

L’excellente revue, hélas uniquement en ligne désormais, Article 11, publie un reportage intitulé «Échos de la commune libre de Barbacha»

Barbacha est une petite région de Kabylie, regroupant 34 communes pour 27 000 habitants. Depuis 2012, ces derniers ont décidé de délaisser le règne des notables municipaux pour développer diverses formes d’autogestion, notamment via une Assemblée générale ouverte (AGO).

Une vidéo accompagne l’article.

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Démocratie. Histoire politique d’un mot aux États-Unis et en France

07 mardi Mai 2013

Posted by Claude Guillon in «Bibliothèque», «Démocratie directe 1789-2016»

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Anarchisme, Démocratie directe, Lutte des classes, Paule-Marie Duhet

democratie-site

Francis Dupuis-Déri, Démocratie Histoire politique d’un mot aux États-Unis et en France, Éditions Lux, Montréal, 2013 (diffusion en France : Harmonia Mundi), 446 p., 22 €.

 Issu d’une thèse de doctorat en sciences politiques rédigée entre 1994 et 2001, néanmoins restitué dans une langue simple, le travail de Francis Dupuis-Déri s’intéresse, comme son titre l’indique, à l’histoire politique du mot « démocratie », et plus précisément, ce que le titre n’indique pas, à la haine de la démocratie véritable. L’auteur nomme « agoraphobie politique » la peur de la démocratie directe dont font — et on fait — preuve tant d’idéologues et de politiciens, révolutionnaires compris (la « démocratie pure » disait Robespierre pour la récuser).

 Cette peur a quatre fondements : 1) le “peuple”, poussé par ses passions, serait déraisonnable en matière politique et ne saurait gouverner pour le bien commun ; 2) conséquemment, des démagogues prendraient inévitablement le contrôle de l’assemblée par la manipulation ; 3) l’agora deviendrait inévitablement un lieu où les factions s’affrontent et la majorité impose sa tyrannie à la minorité, ce qui signifie généralement qu’en démocratie directe, les pauvres, presque toujours majoritaires, opprimeraient les riches, presque toujours minoritaires ; 4) enfin, la démocratie directe peut être bien adaptée au monde antique et à une cité, mais elle n’est pas adaptée au monde moderne, où l’unité de base est la nation, trop nombreuse et dispersée pour permettre une assemblée délibérante. (p.35)

C’est probablement à propos de la révolution américaine et des débats théoriques qui l’ont fondée que Dupuis-Déri a le plus à nous apprendre (à moins que je projette ici sur mon lectorat ma propre ignorance…) depuis la position « privilégiée » qu’il occupe, universitaire francophone à Montréal. Je donne un extrait substantiel, tiré des pages 231 et 232 :

 Les débats constitutionnels [en 1787] sont l’occasion de réaffirmer le lien entre la richesse et la supériorité morale, intellectuelle et politique. Dans son célèbre ouvrage An Economic Interpretation of the Constitution of the United States, l’historien Charles Austin Beard démontre que le but premier des fédéralistes était de protéger les droits de propriété contre un esprit égalitariste “démocratique” qui prenait de l’importance parmi les fermiers et les travailleurs manuels, soit le prolétariat émergent. Cela dit, les fédéralistes n’étaient pas des capitalistes au sens strict, mais le plus souvent des politiciens élus qui avaient reçu une formation en droit et qui disposaient d’une certaine fortune, et parfois d’esclaves. Pour leur part, les participants aux rébellions et aux émeutes après l’indépendance étaient parfois des pauvres, mais aussi des fermiers possédant leur propre terre. Les partisans de Shays, par exemple, étaient pour la plupart des fermiers en colère contre les règles financières et fiscales qui avaient entraîné leur faillite pour cause de dettes.

 Néanmoins, plusieurs sources de l’époque révèlent sans ambiguïté aucune que les pères fondateurs des États-Unis modernes étaient conscients et convaincus que leur société était divisée en classes sociales. De plus, ils croyaient que les riches doivent être responsables des affaires politiques, alors que la “démocratie” était associée soit au régime où les pauvres gouvernent, soit à la classe des pauvres elle-même (comme l’aristocratie peut à la fois désigner un régime politique et une classe sociale, la noblesse). Le 18 juin 1787, Alexander Hamilton prononce un discours à la Convention de Philadelphie qui exprime très bien cet état d’esprit :

 “Toutes les communautés se divisent entre les peu nombreux et les nombreux. Les premiers sont les riches et les biens nés, les autres la masse du peuple. La voix du Peuple est dite être la voix de Dieu ; et même si cette maxime a été si souvent citée et crue, elle est fausse en réalité. Le peuple est turbulent et changeant ; il ne juge et ne reconnaît le juste que rarement. Il faut donc donner à la première classe une part distincte et permanente dans le gouvernement. Les riches et les biens nés vont contrôler l’instabilité des seconds, et comme ils ne peuvent obtenir un quelconque avantage d’un changement, ils vont donc nécessairement toujours maintenir un bon gouvernement. Est-ce qu’une assemblée démocratique, qui annuellement se déroule dans la masse du peuple, peut supposément être stable dans sa poursuite du bien commun ? Rien d’autre qu’un corps permanent peut freiner l’impudence de la démocratie. Cette disposition turbulente et hors contrôle requiert des contrôles”.

Dans la conclusion de l’ouvrage, l’auteur indique des pistes précieuses, et peu connues me semble-t-il, sur des pratiques de démocratie directe, en Afrique notamment.

Regrets

 Dans un livre de belle tenue, dont la mise en page et la « main » sont fort agréables, on regrettera quelques maladresses.

 Une coquille typographique transporte en 1794 (p. 177), le discours, le « Manifeste des Enragés », prononcé par Jacques Roux à la Convention le 25 juin 1793. Concernant le même Jacques Roux, l’indication selon laquelle « il meurt en prison » (p. 176, n. 46) paraît un peu sèche, quand il s’y est poignardé à mort, en s’y prenant à deux reprises.

 Quelle fâcheuse inspiration a conduit l’auteur à consulter, pour illustrer le militantisme des femmes, un recueil édité en 1989 par les éditions Côté-Femmes ? ! Intitulé Réclamations de femmes 1789, il rassemble — sans aucune indications d’origines ! — des textes dont certains sont des satires misogynes. Le Discours des Mesdames les citoyennes actives des rues du Pélican et Saint-Honoré, malencontreusement choisi par Dupuis-Déri en est un bel exemple. Jurer de « n’épouser aucun aristocrate » est effectivement un cliché des serments féminins de l’époque. Mais, précédé de la formule « nous formons dès aujourd’hui le vœu de ne plus confraterniser qu’avec les révérends pères Jacobins », il ne constitue même pas un leurre, tout au plus un clin d’œil. Dans la suite du texte, dont je préfère imaginer que Dupuis-Déri ne l’a pas consulté (mais alors il fallait indiquer la source de la citation), les prétendues « citoyennes actives » (ce syntagme, dans le titre, suffit à signaler la satire paillarde) s’offrent aux Jacobins pour perpétuer la race « des Barnave, des Maillard, des Dubois de Crancé ».

 Parmi bien d’autres, le recueil 1789 Cahiers de doléances des femmes et autres textes, publié par Paule-Marie Duhet et Madeleine Rebérioux aux Éditions des femmes offre d’autres garanties.

______________

Statut : Livre reçu en service de presse.

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En passant

À Douma, en Syrie

10 dimanche Fév 2013

Posted by Claude Guillon in «Démocratie directe 1789-2016»

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Dans la ville de Douma, près de Damas, un Conseil local dont les membres sont révocables s’est mis en place pour gérer la ville libérée. Ce document d’octobre 2012 est un témoignage de l’expérience démocratique du peuple syrien en lutte. […]

À lire dans la revue Inprecor de janvier 2013.

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