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Aurore Chéry, Érotisme, « Théorie du genre », «Sexualité», Féminisme, Juliette Lancel, Ludivine Demol, Roxane Darlot-Harel, Viol
Je donne ci-après la début d’un entretien avec Roxane Darlot-Harel publié par la revue en ligne En Marges ! dont le sous-titre est «L’intime est politique – Revue de sciences humaines et d’arts».
Cette revue a été créée par Juliette Lancel, qui l’anime en compagnie de Aurore Chéry et Ludivine Demol.
Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’entretien à cette adresse.
On sait que l’art européen du XVIIIe siècle est très marqué par la sexualité et l’érotisme. Cependant, sous prétexte qu’il s’agit d’art, on a parfois tendance à esthétiser le propos et à nier qu’il puisse avoir une autre portée.
C’est ce que vous récusez en travaillant sur la culture du viol dans la littérature de la période. Vous essayez de montrer que ce n’est pas qu’un phénomène contemporain et que l’on peut bien parler de culture du viol au siècle des Lumières aussi.
Tout à fait, et j’irais même jusqu’à dire que le XVIIIe siècle a eu un rôle éminent dans l’histoire de la culture du viol. Dans la littérature libertine de ce siècle, très courue et abondante, en particulier : il s’agit de justifier par tous les moyens les violences que l’on fait aux femmes (une résistance qu’on attribue à l’honneur aristocratique et qui cache un désir nymphomane, des normes de séduction où les femmes sont passives et les hommes actifs, pas de fiabilité accordée à la parole féminine qui refuse l’acte sexuel, des femmes qui seraient par nature menteuses et manipulatrices… et j’en passe). La diffusion des concepts rousseauistes permet un recul de la culture du viol, mais il me semble que si cela se constate dans les représentations sociétales, on ne le voit guère en littérature, avec une certaine homogénéité dans la littérature libertine. […]