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LA RÉVOLUTION ET NOUS

~ le blogue historien de Claude Guillon

LA  RÉVOLUTION  ET  NOUS

Archives de Tag: Méthodologie

Archives «essentielles» (Suite)

24 mercredi Jan 2018

Posted by Claude Guillon in «Articles»

≈ Commentaires fermés sur Archives «essentielles» (Suite)

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Archives nationales, «Conditions matérielles de la recherche», CGT Archives, Dépôt légal, Méthodologie

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Toute archive est “essentielle”!

20 lundi Nov 2017

Posted by Claude Guillon in «Bêtisier», «Conditions matérielles de la recherche»

≈ Commentaires fermés sur Toute archive est “essentielle”!

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Archives nationales, «Conditions matérielles de la recherche», Méthodologie

Souvenez-vous des travaux de la nouvelle Bibliothèque nationale, à Tolbiac. Un imbécile avait proposé de séparer les livres “essentiels” des livres de poche, qu’on aurait pu entreposer ailleurs, plus loin, là où il y a de la place. Il fallut expliquer à l’ignorant que les livres de poche (et les catalogues d’entreprise, et les bulletins paroissiaux, etc.) ont un égal intérêt aux yeux des chercheurs & chercheuses.

À chaque fois que des bureaucrates gestionnaires espèrent gagner du temps, de la place ou de l’argent, les mêmes stupidités reviennent à la surface. C’est ainsi qu’un projet du ministère de la Culture envisage de ne conserver à l’avenir que les “archives essentielles”, non définies bien sûr.

Or – tous les travailleurs et travailleuses intellectuel·le·s le savent – une catégorie de documents qui paraissent dérisoires aujourd’hui peuvent être dans 20 ou 100 ans à l’origine d’une lecture révolutionnaire de tel phénomène social, de tel sujet de recherche. Et c’est évidemment imprévisible ! Donc, oui, il faut tout garder. On n’a que trop détruit dans le passé d’archives irremplaçables.

Je reproduis ci-dessous une copie d’un extrait du document du ministère et la réaction (maladroitement présentée, à mon sens) de l’Association des archivistes français.

La flèche ne figure pas dans le document original. Elle indique le «risque» signalé par les rédacteurs du rapport: «Mobilisation des historiens. Risque social en interne». C’est le moins, en effet!

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Suffit-il d’être féministe pour faire avancer l’histoire des femmes ? ~ À propos d’un livre d’Éliane Viennot.

11 dimanche Déc 2016

Posted by Claude Guillon in «Articles», «Bêtisier»

≈ Commentaires fermés sur Suffit-il d’être féministe pour faire avancer l’histoire des femmes ? ~ À propos d’un livre d’Éliane Viennot.

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Anne Verjus, Éliane Viennot, Charlotte Corday, Christine Fauré, Claire Lacombe, Enragé·e·s, Etta Palm d'Aelders, Féminisme, Jacques Guilhaumou, Jean-Clément Martin, Marat, Méthodologie, Meudon, Michel Onfray, Pauline Léon, Républicaines révolutionnaires, Serge Aberdam, Théroigne de Méricourt

capture-decran-2016-12-09-a-19-12-52Ancienne militante de l’Organisation communiste Révolution ! (scission de la LCR, tentée par le maoïsme), Éliane Viennot est une universitaire féministe ; elle est agrégée de lettres, cofondatrice de la Société internationale pour l’étude des femmes de l’Ancien Régime (SIEFAR).

Je l’ai rencontrée — comme lecteur — dans les ouvrages qu’elle a codirigés aux Publications de l’Université de Saint-Étienne (Revisiter la « querelle des femmes ». Discours sur l’égalité/inégalité des sexes, de 1750 aux lendemains de la Révolution, 2012 ; L’Engagement des hommes pour l’égalité des sexes (XVIe-XXIe siècle), 2013) et dans un essai roboratif : Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! Petite histoire des résistances de la langue française (iXe, 2014).

Ayant par ailleurs publié, chez Perrin, deux volumes (que je n’ai pas lus) d’une d’histoire de « La France, les femmes et le pouvoir » — L’Invention de la loi salique, Ve-XVIe siècle (2006) et Les Résistances de la Société, XVIIe-XVIIIe siècle (2008) — elle a suivi l’ordre chronologique et publié cette année (2016) Et la modernité fut masculine, qui porte sur la période 1789-1804.

Le sujet faisait de moi un lecteur captif, de surcroît bien disposé par ses lectures précédentes.

Ici, une remarque de « morale méthodologique » : je comprends fort bien qu’un(e) auteur(e) ait besoin, pour revisiter l’ensemble d’une période, de produire une « nouvelle » synthèse d’un sujet maintes fois traité, ici en gros : « les femmes pendant la Révolution ». Le problème est que, le plus souvent, on n’a pas affaire à une synthèse à nouveaux frais, mais à une compilation plus ou moins élégante et pertinente. Or, l’innocence du lectorat est telle qu’il présume à tort qu’un ouvrage publié postérieurement à tant d’autres apporte des éléments nouveaux sur son sujet… C’est la « prime chronologique ». Imméritée dans le cas de l’opus d’Éliane Viennot.

Il est presque trop facile de remarquer que l’ouvrage, dans sa partie historique, contient des erreurs et des approximations. C’est nécessairement le cas dans la pratique compilatoire. Je donne quelques exemples ci-après. Les « bonnes réponses » se trouvent réparties dans divers articles et documents publiés sur ce blogue ; je ne prends pas la peine de les rappeler systématiquement et j’engage les lectrices et les lecteurs à user du moteur de recherche du blogue.

Ainsi donc, Non ! Claire Lacombe ne participe pas à la Société fraternelle des patriotes de l’un et l’autre sexe (p. 25) ; confusion avec Pauline Léon.

Non ! Ça n’est pas « au début de l’année 1791 seulement qu’Etta Palm fonde le premier [club féminin] : la Société patriotique et de bienfaisance des Amies de la Vérité » (p. 33). Ou plus précisément : ça n’est pas le premier club féminin. Il suffit de lire Christine Fauré pour le savoir : je dis lire, pas seulement citer en bibliographie.

Il est maladroit de parler (p. 195) de « l’échec probable de [la] consultation » qui serait pressenti par les autorités qui décident de soumettre la constitution de 1793 à un référendum. Cette consultation est un triomphe ! Auquel participent largement les femmes révolutionnaires.

Il est plus que fâcheux encore de donner l’impression au lecteur que l’on s’appuie pour cette sottise sur deux citations de Serge Aberdam, lequel n’en peut mais ! et a précisément consacré un gros travail à analyser ce référendum.

Je ne suis pas sûr qu’écrire que Charlotte Corday était « a priori favorable à son camp », en parlant du camp de Marat, sa victime, a le moindre sens. Michel Onfray, sors de ce livre !

Il ne faut pas prendre le langage courant (ou les approximations des autres) pour des faits établis. Non ! il n’existait aucun « groupe ultra-gauchiste et démagogue » (p. 195) qui se serait intitulé les « Exagérés », « dont Hébert ». Ça, ça serait plutôt le bidonnage qui a permis l’assassinat légal d’un certain nombre de militants, dont Hébert.

Un des pièges de la compilation, c’est que l’on met en lumière tel détail, tel adjectif, lâché trop vite à partir de sources douteuses, par un(e) auteur(e) précédent(e), qui elle a beaucoup travaillé. Ici : l’adjectif « brisée » (p. 232), à propos de Claire Lacombe à sa sortie de prison. La prison n’a jamais fait de bien à personne ; personne n’en sort intact ; on y meurt et on en meurt parfois. En l’espèce, Claire Lacombe a recouvré assez rapidement une belle énergie.

Venons-en au pire :

Certaines localités brillent par leur inventivité, à l’image d’Angers ou de Meudon, où sont ouvertes des tanneries de peau humaine… (p. 196)

Ah! la tannerie de peau humaine de Meudon! Toute une époque!… Et pourquoi Diable aurait-il fallu se contenter de la piquette des coteaux et de la verrerie du Bas-Meudon?

Il suffit!

Il n’a jamais été ouvert nulle part de «tannerie de peau humaine», comme on ouvre une épicerie ou un atelier de salpêtre. Ni à Angers ni à Meudon.

Une trentaine de cas ponctuels d’écorchement de victimes et de tannage de peau ont été recensés pendant la Révolution.

On recommande à ce propos la lecture du livre de Jean-Clément Martin : Un détail inutile ? Le dossier des peaux tannées Vendée 1794 [1] (Vendémiaire, 2013).

Qu’une universitaire, en principe cultivée, et de surcroît politisée à l’extrême gauche, véhicule comme une évidence bien établie ce genre d’ânerie, comme on passe le sel à table, devrait lui interdire d’être admise à parler d’histoire en général, et de Révolution en particulier, ailleurs qu’à l’Université populaire de Caen.

Il se confirme que le «féminisme girondin», dont Onfray incarne le revival, ne peut se passer de puiser dans l’argumentaire putréfié de l’historiographie monarchiste.

Il faudrait pouvoir en rester là.

Mais à défaut de poser des problèmes, au sens scientifique (renouveler l’abord d’une question), le livre de Viennot en pose dans la mesure où il sera lu, et pris au sérieux.

Qu’on en juge par le passage suivant :

Il y a donc, dès l’année 1790, des groupes de “Dames patriotes” dans de nombreuses villes. Les chercheuses en avaient recensé trente-cinq en 1989, on en était à cinquante-six en 1997. Il est vraisemblable qu’il en a existé bien davantage, et il n’y a guère de raison de s’en réjouir, comme on le faisait encore lorsque ces trouvailles avaient pour toile de fond l’expérience des “groupes femmes” de l’après-Mai 68. Partout, en effet, il semble que ces sociétés se soient créées avec l’aval des autorités et des clubs locaux, si ce n’est à leur initiative, et pas forcément dans le but d’approfondir les ruptures de la Révolution. (p. 31)

Je n’ai pas la même conception de l’histoire qu’Éliane Viennot. La sienne est dogmatique et idéologique, au point qu’elle avoue ne pas se soucier des faits, dont d’ailleurs « il n’y a guère de raison de se réjouir » de la découverte.

Quand un(e) chercheur(e) en est là, c’est sa théorie qui a des problèmes, pas les êtres de chair et de sang qui ont fait l’histoire.

Ma propre conception est matérialiste et pragmatique. Je m’intéresse à la manière dont les femmes se sont mobilisées collectivement, et notamment organisées en clubs — « non-mixtes » (la non-mixité est presque toujours relative à l’époque), ou bien à l’intérieur d’une société «fraternelle», c’est-à-dire mixte, et même à l’intérieur d’une société mâle où les femmes sont cantonnées dans les tribunes (pour connaître ce dernier cas de figure, il faut avoir travaillé sur des faits et des documents d’archives).

On aura remarqué au passage qu’il y a « dès 1790 » des groupes de femmes, tandis qu’on nous dira — mais c’est deux pages plus loin! — que le tout premier ne sera créé qu’en 1791…

Je me réjouis, moi, de constater ou présumer l’existence d’un nombre de groupes deux fois plus important au moins que celui auquel s’est arrêté Viennot. Parce que leur variété, évoquée ci-dessus, donne une idée plus riche de l’implication des femmes dans le processus révolutionnaire.

Viennot leur reproche d’avoir été trop bien tolérées par les autorités. Contrairement à ce qu’elle croit ce ne fut pas toujours le cas (contre-exemples : Pau et Paris), mais même si ça l’était, cela mériterait d’être confronté, par exemple, aux analyses d’Anne Verjus (je résume : les femmes n’ont pas été exclues, elles n’ont pas été incluses). Viennot semble dire le contraire de ce que dit Verjus, mais comme il semble aussi qu’elle n’en sait rien, et qu’elle ne se donne pas la peine, comme l’exigerait pourtant une démarche scientifique, de se situer dans l’historiographique récente de la question, on ne peut rien faire de tout ça !…

Viennot voudrait que l’on découvre des « groupes femmes », à la façon des années 70 du XXe siècle, entre 1790 et 1793.

Par malheur, il n’y en pas.

Du coup, elle boude.

Or, déçue, Viennot peut se montrer mauvaise camarade.

À peine a-t-elle moralement disqualifié des « Dames patriotes » infichues « d’approfondir les ruptures de la Révolution », qu’elle se retourne contre les Citoyennes républicaines révolutionnaires, souvent considérées comme responsables de l’agression sexuelle contre Théroigne de Méricourt, qualifiée par Viennot d’« épisode tragique […] pour le féminisme révolutionnaire […] puisqu’il sera bientôt combattu pour ses troubles à l’ordre public » (p. 111; je souligne).

Résumons le plan de conduite a posteriori tracé par notre universitaire féministe du XXIe siècle aux (maladroites) militantes de 1793:

Approfondir les ruptures de la Révolution, mais sans troubler l’ordre public.

Je trouve Madame la professeure sévère !

______________________

[1] Fort intéressant et salubre ouvrage, auquel je reprocherai seulement une certaine confusion dans la découverte touristique qu’il propose de Meudon, lieu qui, de l’avis de l’auteur « est en soi délirant » …appréciation qui m’a fait considérer sous un jour nouveau une localité où j’ai vécu presque vingt ans.

« Le visiteur le plus ignorant ne peut qu’éprouver surprise, frustration et inquiétude en […] découvrant [ce qu’il reste du château]. »

En relisant ses (?) notes l’auteur semble avoir fait se télescoper (pp. 61-62) les restes du château de Bellevue, en pleine agglomération, et les bâtiments occupant l’emplacement de l’ancien château, au bout de la terrasse de l’Observatoire, immense espace vert, en partie public. L’ancienne orangerie a été restaurée et abrite des concerts, des expositions… et des cantonnements militaires, selon la saison et le niveau d’alerte anti-terroriste.

« Observatoire » (celui de Paris-Meudon, en activité) est d’ailleurs un mot que l’on s’attend à lire, et qui ne vient pas, tandis que l’auteur croit pouvoir nous gratifier d’un renseignement pourtant inutile à son récit, et malheureusement erroné : le château aurait abrité « jusqu’en 1975 le musée de l’Aviation ».

L’immense hangar (dit « Hangar Y ») qui abrita en effet ce musée (je l’ai jadis visité), au lieu-dit Chalais-Meudon (à côté de la soufflerie de l’ONERA), n’a rien à voir avec le château, ni architecturalement ni historiquement.

J’espère que l’on voudra bien considérer cette infime critique pointilliste — adressée à un historien reconnu — comme l’effet d’un simple accès de nostalgie enfantine.

______________

Statut de l’ouvrage: acheté en librairie.

 

Capture d’écran 2014-11-26 à 21.25.54

 

Le site d’Éliane Viennot.

Présentation vidéo de l’auteure par elle-même.

Une recension de l’ouvrage par Jacques Guilhaumou sur le site Révolution française.net.

Pourquoi ai-je l’impression que Guilhaumou réécrit d’abord le texte d’Éliane Viennot, avant de le déclarer excellent tel qu’il est?

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“Dictionnaire Robespierre” [lexicométrique] , par Cesare Vetter, Marco Marin & Elisabetta Gon ~ Le tome 1 (sur 8) téléchargeable.

20 lundi Juin 2016

Posted by Claude Guillon in «Bibliothèque»

≈ Commentaires fermés sur “Dictionnaire Robespierre” [lexicométrique] , par Cesare Vetter, Marco Marin & Elisabetta Gon ~ Le tome 1 (sur 8) téléchargeable.

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Annie Geffroy, Arno Mayer, « Théorie du genre », Cesare Vetter, Donald Greer, Elisabetta Gon, Lexicométrie, Marco Marin, Marisa Linton, Méthodologie, Raymonde Monnier, Robespierre, Sophia A. Rosenfeld

Repérée sur le site Révolution française.net (daté du 3 juin dernier) une heureuse nouvelle, qui n’a pourtant guère circulé, même chez les « robespierristes » — puisque personne n’a jugé bon de me la signaler, alors que j’étais encore corédacteur du site de la SER…: La parution et mise à libre disposition du premier volume d’un Dictionnaire Robespierre. Lexicométrie et usages langagiers. Outils pour une histoire du lexique de l’Incorruptible, réalisé par des chercheurs/euses de l’université de Trieste.

Heureuse nouvelle, disais-je, pour les historiennes et historiens de la Révolution et plus largement toutes celles et tous ceux qui s’y intéressent.

Dans le domaine qui est plus particulièrement l’objet de mes recherches actuelles, ce travail permettra de récuser le faux argument selon lequel — à propos des femmes — « on manque de documents pour apprécier la position de Robespierre » …alors qu’on dispose de pas moins de 11 volumes de ses écrits et discours — et bientôt 12 !

Je donne ci-dessous le texte de présentation du Dictionnaire, dont on peut télécharger le premier volume en cliquant sur le lien en bas de page, ou sur le site des éditions de l’Université de Trieste.

On peut, sur le même site, télécharger également deux tomes (sur dix) de La felicità è un’idea nuova in Europa. Contributo al lessico della rivoluzione francese (Le bonheur est une idée neuve en Europe. Contribution au lexique de la Révolution française), et se tenir au courant de l’avancement de ces deux projets complémentaires.

Le “Dictionnaire Robespierre”

Le Dictionnaire Robespierre a été constitué grâce aux techniques de la linguistique computationelle. Il met en œuvre les données du corpus Robespierre, élaboré dans le cadre d’un chantier de recherches sur le lexique de la Révolution française au sein du Département de Sciences Humaines de l’Université de Trieste. Le corpus numérisé de textes révolutionnaires compte plus de 7 000 000 de mots (tokens). Le corpus Robespierre en comprend 1 732 789, ce qui inclut les onze volumes des Œuvres jusqu’à présent publiés et d’autres textes, qui devraient être réunis dans le douzième volume en cours de préparation. Ce premier tome du Dictionnaire Robespierre est un outil de travail mis à disposition de la communauté scientifique, dont la perspective est la réalisation d’une banque de données numérisées des sources de la Révolution française, ouverte à tous et interrogeable par des logiciels d’analyse linguistique appropriés. Le Dictionnaire propose des concordances et des évidences lexicométriques de plusieurs mots clés du lexique de Robespierre. Les mots que nous avons choisis pour ce premier tome sont depuis toujours au cœur de la réflexion historiographique sur Robespierre et sur la Révolution française : «bonheur», «démocratie», «dictature», «droits de l’homme», «ennemi(s) du peuple», «individu(s)», «personne(s)», «sans-culotte(s)», «terreur». Chacune de ces lexies renvoie à des débats historiographiques que le spécialiste de la Révolution française n’aura pas de difficulté à saisir et à classer dans leurs bibliographies respectives, tout comme les lexies composées et complexes sur la base «droit(s)» et «liberté». D’autres mots sont liés à des questions plus spécifiques ou apparues plus récemment. Ainsi, par exemple, «économie» et «tax*», renvoient aux débats sur l’«économie politique populaire» ; « hors de la loi » aux discussions sur l’importance du décret du 19 mars 1793, déjà mise en évidence en 1935 par Donald Greer, mais n’étant revenue à l’avant plan que récemment ; «vengeance(s)», «venger» et la chaîne «veng*» se réfèrent aux suggestions d’Arno Mayer ; «droit(s) naturel(s)», «loi(s) naturelle(s)», «loi(s)de la nature», «nature humaine» aux débats sur le républicanisme ; «bon sens», «sens commun» aux sollicitations de Sophia A. Rosenfeld ; les lexies «éphore(s)», «éphorat» concernent les travaux de Raymonde Monnier ; les concordances d’« amitié » à ceux de Marisa Linton sur la vertu en politique et sur la Terreur ; «féminin», «liberté des femmes», «masculin», «mater- nel(l)(e)(s)», «paternel(l)(e)(s)» relèvent de la lecture de genre de la Révolution française. De la même manière, les concordances des cooccurrences se rapportent aux débats historiographiques sur Robespierre et la Révolution française. Les concordances des cooccurrences sur la base «république», «révolution», « vertu(s)» ont une retombée sur des notions clés de la pensée politique de Robespierre. Les concordances des cooccurrences sur la base «femme» concernent le genre. Les concordances des cooccurrences «droit(s)» – «existence(s)», «droit(s)» – «subsistance(s)» ont trait aux débats sur l’«économie politique populaire». Les concordances des cooccurrences sur la base «jacobins» renvoient à la question soulevée par l’emploi de «Jacobins» dans le travail récent de Marisa Linton sur la Terreur. Nuages des cooccurrences, spécificités des lexies choisies et distributions des lexies pour segments temporels aident le lecteur à s’orienter dans les champs sémantiques des mots utilisés par Robespierre. Listes, graphiques, cartes des noms de personne et de lieux apportent de la clarté sur les coordonnées culturelles de la pensée robespierriste. Le matériel linguistique que nous présentons est précédé par une Introduction générale et par une Introduction méthodologique, qui éclaire les caractéristiques du corpus, les logiciels linguistiques utilisés et les aspects techniques concertants la linguistique de corpus. Enfin des chapitres thématiques abordent — à la lumière des évidences lexicographiques et lexicométriques mises en évidence dans ce Dictionnaire — plusieurs aspects importants de la pensée politique de Robespierre et des questions liées à l’attribution et contextualisation des textes robespierristes.

Téléchargez ici le tome 1 du Dictionnaire Robespierre.

 

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Pourquoi le moteur de recherche de “Gallica” n’aime-t-il pas les «citoyennes»?

25 dimanche Jan 2015

Posted by Claude Guillon in «Articles», «Conditions matérielles de la recherche»

≈ Commentaires fermés sur Pourquoi le moteur de recherche de “Gallica” n’aime-t-il pas les «citoyennes»?

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« Théorie du genre », «Conditions matérielles de la recherche», Gallica, Méthodologie, Nathalie Clot, Pauline Chougnet, Vocabulaire

Je me trouvais ce samedi 24 janvier aux Archives nationales, à Peyrefitte, pour l’assemblée générale de l’association Mnémosyne, suivie d’une demi-journée d’étude organisée par la même « Association pour le développement de l’histoire des femmes et du genre », dont je suis modeste adhérent de base (l’un des 6 hommes parmi une centaine d’adhérentes [1]). Après un après-midi passionnant et des débats trop courts, présidée avec une grâce compétente[2] par Michelle Perrot, vint la dernière table ronde et son débat conclusif, dirigés par Julie Verlaine.

Allez savoir pourquoi, il me parût opportun de faire une remarque publique et critique sur le moteur de recherche de Gallica, bibliothèque numérique de la BN, lequel, à mon grand dam, fait mal la différence entre le masculin et le féminin. Ainsi, lorsque je tape citoyennes dans le cartouche prévu à cet effet, Gallica m’assène une quantité (voir calculs ci-après) de citoyens, parmi lesquels surnagent des citoyennes, que mes yeux irrités ont du mal à distinguer. Certes, on rencontre parfois un « citoyens de l’un et l’autre sexe », mais j’ai épuisé depuis longtemps le charme pittoresque de la formule.

Or, la recherche de ce mot est un moyen de sondage assez commode et efficace, quoique grossier, dans une masse de millions de documents, régulièrement augmentée. Sachant qu’il y a beaucoup plus d’occurrences du mot au masculin (ce qui s’explique aisément), on mesure le temps et l’énergie gaspillés.

Il ne s’agit nullement d’un défaut qui serait inhérent à tout moteur de recherche, puisque d’autres moteurs fréquentés distinguent le masculin du féminin, et même le pluriel du singulier. Bref, ils tiennent compte de l’objet précis de la recherche, ce dont le moteur de Gallica est incapable.

Deux intervenantes de la table ronde prirent la peine de me répondre.

Nathalie Clot, directrice de la bibliothèque universitaire d’Angers et membre du conseil de pilotage du Centre des archives du féminisme, m’informa de la possibilité d’indiquer le motif de ma recherche entre guillemets, ce qui devait permettre, m’assura-t-elle, « d’alléger [ma] recherche ».

Pauline Chougnet, précisément conservatrice à la Bibliothèque nationale (« département de l’information bibliographique et numérique, pôle sur les données d’autorités ») m’informa de son côté qu’il existe à la BN des « stages de formation à l’utilisation de Gallica ». Sans doute, si j’avais pris la précaution de fréquenter l’un de ces stages, j’aurais appris l’astuce des guillemets, ce qui m’aurait évité de formuler publiquement une critique infondée et de me ridiculiser passablement.

Je précise que cette dernière phrase est de moi, qu’elle n’est pas sortie de la bouche de Pauline Chougnet, et que je ne fais là qu’interpréter le ton, qui m’a paru légèrement condescendant, de sa réponse. Je ne reprocherais à personne de considérer que je verse ici dans une légère paranoïa.

J’espère être cru, cependant, quand j’ajouterai avoir tout particulièrement apprécié les communications, précises, instructives et pleines d’humour, de ces deux intervenantes au cours de la table ronde.

Mais quoi, il ne restait que dix minutes avant de conclure et de quitter en hâte les locaux, plusieurs mains s’étaient levées… je n’allais pas endosser — face à deux spécialistes patentées — le costume du fâcheux obsessionnel. Je me tins coi.

D’ailleurs, si j’étais bien certain, hélas ! d’avoir été contraint dans un passé relativement récent, de visionner des centaines de pages inutilement, au cas où une occurrence de citoyennes se serait dissimulée parmi tant de citoyens, avais-je vérifié le fait, disons dans le mois écoulé ? Eh bien, à vrai dire, non. J’étais bien obligé de le reconnaître. J’étais venu à cette demi-journée d’étude, les mains dans les poches, sans savoir que je prendrai la parole et quelle remarque je ferai. Je n’avais, pour commencer, qu’à m’en prendre à moi-même.

Ça n’est donc qu’aujourd’hui, et après une fort mauvaise nuit (Gallica n’y est pour rien, mais une toux violente et persistante) que j’ai vérifié la validité actuelle du conseil qui m’a été donné.

Pour limiter, autant que possible, les fastidieux décomptes nécessaires, j’ai procédé à un test sur un numéro de la revue d’Alphonse Aulard La Révolution française (le trentième, janvier-juin 1896)

Si je vous encourage à vérifier, je ne peux que vous encourager également à la patience, attendu que la présentation des numéros est fautive (les tomaisons indiquées sont parfois inexactes; j’ai indiqué le lien par principe, ça ne fonctionne pas toujours très bien).

Des résultats intéressants… et déroutants

Lorsque je tape comme motif de recherche, comme c’est mon premier mouvement, citoyennes, sans guillemets, j’obtiens 12 occurrences du mot — au singulier ou au pluriel ; je n’y reviens pas dans la suite, le moteur ne fait pas la différence entre les deux, quel que soit le mot et/ou sa présentation.

Pour la même demande, le moteur me propose, en fait m’impose dans le rectangle à gauche de l’écran 21 occurrences de citoyens (singulier et pluriel).

Si je tape, comme on me l’a conseillé « citoyennes », entre guillemets (ce ne sont pas des guillemets typo qui s’affichent, peu importe), j’obtiens 13 occurrences de « citoyennes ». Je précise qu’une erreur de une ou deux occurrences est sans signification, vu la difficulté à compter en faisant défiler le texte dans un rectangle trop petit.

Je considère donc que j’obtiens le même nombre d’occurrences que je demande citoyennes ou « citoyennes ».

En revanche, le moteur me propose/impose 99 occurrences de citoyens.

C’est presque 5 fois plus (4,7 fois plus) de réponses erronées que lorsque je n’utilisais pas de guillemets.

Le moteur ne me fournit plus que 12% de réponses pertinentes.

Si je tape maintenant « citoyens », au masculin et entre guillemets, le moteur indique 153 occurrences de citoyens, un record… et 4 de citoyennes.

Si je tape, pour finir, citoyens, au masculin et sans guillemets, le moteur indique 152 occurrences (soit le même chiffre que précédemment en tenant compte d’une erreur de comptage) et 4 de citoyennes.

Essayons de nous résumer

a) On peut supposer que le nombre d’occurrences du mot citoyennes, au singulier et au pluriel, se situe dans ce document autour de 12 (pour le vérifier, il faudrait lire l’ensemble du numéro, ce que personne ne fera).

b) On peut également supposer que le nombre d’occurrences du mot citoyens se situe autour de 153.

c) Si je tape le mot féminin demandé sans guillemets, j’obtiens, par hypothèse, le nombre exact d’occurrences, mais « parasité » par presque le double de réponse inappropriées (le mot au masculin).

d) Si je tape le mot féminin demandé entre guillemets, j’obtiens toujours le nombre exact d’occurrences. Mais il se trouve maintenant parasité par un nombre beaucoup plus important (4,7 fois plus) de réponses inappropriées.

À l’inverse de ce que l’on m’a assuré, ma recherche ne se trouve pas « allégée », mais très significativement « alourdie ».

e) Le moteur de Gallica ne réserve pas le même traitement à une demande du mot s’il est indiqué au féminin et au masculin. L’alourdissement ne se retrouve pas pour le mot citoyens. En effet, que celui-ci soit indiqué avec ou sans guillemets, les résultats sont identiques.

Pour paraphraser une formule de Judith Butler, c’est bien ici le féminin qui met le trouble dans le genre !

Je suis bien incapable de proposer une explication.

Rétif aux thèses complotistes, dans tous les domaines, je ne suppose évidemment pas que l’on a programmé le moteur de Gallica pour qu’il « enfume » les malheureuses et malheureux qui font une recherche sur l’emploi du terme citoyennes, et non du terme citoyen.

Il serait intéressant, mais je ne suis pas certain que cela serait éclairant, de vérifier si le phénomène se vérifie avec d’autres termes — ce qui me paraît plus que probable, mais ma réserve de méticulosité fanatique est épuisé pour aujourd’hui !

On retiendra que le moteur de recherche de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France a un sérieux problème avec le féminin, ce qui, de quelque façon que l’on envisage la question, est très regrettable.

Un premier pas, qui ne coûterait rien, n’était à l’amour-propre de quelques-un(e)s, serait de reconnaître l’existence du problème.

__________________

[1] Aucune forfanterie, un étonnement tout au plus, et une incitation de genre à l’adhésion.

[2] Inutile de compulser frénétiquement vos manuels de théologie, la « grâce compétente » ne figure nulle part entre la « grâce suffisante » et la « grâce nécessaire ».

 

Dernière minute

Via Twitter, il m’a été répondu par Gallica (soi-même!) ce 26 janvier. La personne qui a eu l’amabilité de le faire m’a recommandé la chose suivante: aller dans «Recherche avancée» et cocher «Recherche exacte» (case en haut à droite; je précise parce qu’elle se situe en dehors du cadre qui contient toutes les commandes possibles).

J’ai donc testé la recherche de ce type dans la même livraison de La Révolution française. Je retombe sur le chiffre de 12 occurrences de citoyennes. Le nombre d’occurrences de citoyens est légèrement plus faible qu’auparavant (140, au lieu de 153).

Mais, et même sans tenir compte d’une probable erreur dans mon décompte (quelques occurrences de citoyens omises), la différence est minime, la «pollution» équivalente, et le problème entier.

 

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Merci d’indiquer autant que possible la cote actuelle des documents !

18 mardi Mar 2014

Posted by Claude Guillon in «Articles», «Conditions matérielles de la recherche»

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Archives nationales, «Conditions matérielles de la recherche», Méthodologie, Vocabulaire

Pour certains documents rares et/ou manuscrits, qu’historien(n)es, chercheuses et chercheurs sont amené(e)s à citer, il est d’usage d’indiquer la bibliothèque qui les possède et la cote sous laquelle ils sont conservés. C’est à la fois (en principe) une preuve de consultation du document, et en tout cas le moyen donné aux lectrices et lecteurs d’aller vérifier l’usage que vous en avez fait et de prolonger sa lecture et son interprétation.

Techniquement, une cote est un code. Naguère, ce code, figurant sur des fiches en carton et reporté sur un formulaire de demande en papier, permettait au magasinier de repérer le document dont la consultation était souhaitée dans différentes pièces et étagères. Aujourd’hui, dans toutes les grandes bibliothèques et centres d’archives, ce code doit être entré, via un ordinateur, dans le système informatique de la bibliothèque, et c’est ce système qui transmet la demande à une personne humaine, rémunérée pour aller chercher le document dans les magasins.

Naguère, si vous écriviez sur une fiche de demande aux Archives nationales « F 7 », le magasinier comprenait que vous souhaitiez un document dont la cote commençait par « F7 ». Aujourd’hui, le système ne reconnaît pas les chiffres en exposant. Il ne reconnaîtra pas davantage le code « F7 ». Le code a changé !

Il est essentiel, même si malaisé, de se sortir de la tête l’idée que « la-cote-est-la-même-mais-on-a-modifié-sa présentation ». La cote qui est un code, a changé.

La cote « F10 1292 », par exemple, est devenue « F/10/1292 ». Non seulement il n’existe plus de chiffre en exposant, mais on a introduit des barres obliques. Si vous tenez absolument à reconnaître nostalgiquement dans la cote actuelle les éléments de l’ancienne, dites-vous qu’il s’agit d’une traduction, dans un autre code informatique. L’avantage est qu’il est relativement simple, je dis bien relativement, d’opérer la traduction de l’ancien système dans le nouveau. On y est aidé, pour les Archives nationales, par la dite « Salle des inventaires virtuelle » (voir par ailleurs sur ce blog ce qu’on doit penser de la suppression de la salle réelle), où l’on peut taper dans un cartouche le début supposé d’une cote, le système vous proposant automatiquement les suites possibles.

Une fréquentation rapide des lieux peut donner l’impression trompeuse que le nouveau langage consiste à intercaler des barres obliques, par deux si nécessaire, entre tous les éléments d’une ancienne cote. Erreur. Il existe des cotes comme celle-ci : « F/1cI/12 », dans laquelle le nombre de barres est deux fois moindre que celui des espaces éventuels. C’est comme ça, et le système perd en ces circonstances toute « intuitivité » et n’a rien à vous proposer. À vous de parvenir à la bonne solution… en essayant toutes les combinaisons possibles, avec ou sans barres. C’est fastidieux. Or, en lui vendant un livre ou une revue, le chercheur n’est pas censé fournir à l’acheteur un rébus ou un jeu de piste, mais des informations actuellement fiables. Ce pourquoi je vois mal sous quel prétexte on peut fournir autre chose qu’une cote exacte, immédiatement utilisable pour commander un document, surtout lorsqu’il s’agit de cotes figurant sur des catalogues accessibles en ligne (il y a, hélas ! des cas particuliers de systèmes dans lesquels personne ne se retrouve, à commencer par les malheureux qui s’en servent tous les jours).

J’admets volontiers que nous sommes dans une période de transition inévitable. C’est ainsi que l’on peut trouver dans un même article, par exemple du n° 374 des Annales historiques de la Révolution française, une cote périmée et une cote à jour.

L’atrabilaire que je suis s’agace particulièrement de certaines formes hybrides, comme celle-ci, relevée dans Révolutionnaires. Pour une anthropologie politique de la Révolution française, de Haim Burstin (Vendémiaire, 2013) : « BnF, Lb40 1150 ».

La cote est fausse, et depuis un bon moment. Les brochures éditées par le Comité de police de l’Assemblée des représentants de la Commune de Paris se trouvent aujourd’hui sous la cote « LB40-1150 ». En revanche, par compensation ? on a soigneusement « actualisé » l’abréviation classique BN — pour « Bibliothèque nationale » — en traduisant son nouveau sigle commercial BnF, pour « Bibliothèque nationale de France ». Or il n’existe aucun motif de logique typographique pour abrévier ce syntagme en « BnF » au lieu de « BNF[1] ».

Je m’en tiendrai pour ma part à la mention « BN », sans manquer de signaler, si nécessaire, qu’il s’agit dans telle occurrence de la Bibliothèque nationale du Kamchatka, si cette institution existe…

 


[1] Par un heureux hasard, la confusion avec la bibliothèque de Florence est impossible, non que celle-ci ne soit « nationale » — ces prétentieux d’Italiens ont, sous prétexte d’Histoire, plusieurs bibliothèques « nationales » —, mais elle est par surcroît « centrale ». Ainsi la Biblioteca Nazionale Centrale di Firenze s’abrévie «BNCF». Ouf !

 

* * *

Nouvelles du blog (25 mars 2014) : La Révolution et nous vient de dépasser les 21 000 consultations.

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«Théorie du genre» : seconde couche

18 mardi Fév 2014

Posted by Claude Guillon in «Articles»

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« Théorie du genre », Communisme, Daniel Guérin, Joan W. Scott, Karen Offen, Maximilien Rubel, Méthodologie

Capture d’écran 2014-02-16 à 19.44.14

Dans la cacophonie suscitée par la question de l’existence — ou de l’inexistence — d’une théorie du genre, je relève quelques déclarations et prises de position qui m’amènent à conclure et contre le Vatican et contre les dénégateurs et dénégatrices.

Karen Offen a judicieusement rappelé qu’elle avait, dans un article de 2006, identifié des sources françaises au genre, sinon comme théorie, au moins comme concept opératoire[1]. Elle fait notamment allusion à une brochure de 1789 intitulée Requête des dames à l’Assemblée nationale, dans laquelle on peut lire le passage suivant :

Capture d’écran 2014-02-18 à 15.49.30

On peut cliquer sur les illustrations pour les AGRANDIR.

 On note que le genre est bien dissocié du sexe biologique.

On notera encore que ladite brochure n’est jamais publiée que 55 ans avant que Marx ne travaille aux fameux « manuscrits de 1844 ». Quel rapport ? penserez-vous. La réponse est donnée — assez étrangement — à la fois par une historienne féministe, Joan W. Scott, et par un politicien français, M. Jean-François Copé.

 Accordant un entretien à la revue Vacarme[2], J. W. Scott réaffirme fermement l’inexistence d’une « théorie du genre ». Saluons au passage le courage de l’universitaire : c’est en effet son gagne-pain, dont elle réfute l’existence. Attardons-nous sur son argumentation :

 Quoi qu’en disent les catholiques qui, en France, ont lancé la controverse, il n’y a pas de “théorie du genre” — la “théorie du genre” est une invention qui a remplacé le communisme dans la rhétorique du Vatican. Il y a des études de genre, c’est-à-dire des questions.

L’on sait que les papes successifs ont, depuis 1891 et l’encyclique Rerum novarum (combattant la « théorie socialiste »), pris partie dans la lutte des classes, en en réfutant le principe même.

On doit à Pie XI le plus beau fleuron de la rhétorique qu’évoque J. W. Scott : l’encyclique Divini redemptori, publié en mars 1937, en pleine Révolution espagnole, contre le « communisme athée ». Les deux alinéas que je reproduis s’en prennent au « Matérialisme évolutionniste de Marx[3] ».

La doctrine, que le communisme cache sous des apparences parfois si séduisantes, a aujourd’hui pour fondement les principes du matérialisme dialectique et historique déjà prônés par Marx ; les théoriciens du bolchevisme prétendent en détenir l’unique interprétation authentique. Cette doctrine enseigne qu’il n’existe qu’une seule réalité, la matière, avec ses forces aveugles ; la plante, l’animal, l’homme sont le résultat de son évolution. De même, la société humaine n’est pas autre chose qu’une apparence ou une forme de la matière qui évolue suivant ses lois ; par une nécessité inéluctable elle tend, à travers un perpétuel conflit de forces, vers la synthèse finale : une société sans classe.

Dans une telle doctrine, c’est évident, il n’y a plus de place pour l’idée de Dieu. Il n’existe pas de différence entre l’esprit et la matière, ni entre l’âme et le corps : il n’y a pas de survivance de l’âme après la mort, et par conséquent nulle espérance d’une autre vie. Insistant sur l’aspect dialectique de leur matérialisme, les communistes prétendent que le conflit, qui porte le monde vers la synthèse finale, peut être précipité grâce aux efforts humains. C’est pourquoi ils s’efforcent de rendre plus aigus les antagonismes qui surgissent entre les diverses classes de la société ; la lutte des classes, avec ses haines et ses destructions, prend l’allure d’une croisade pour le progrès de l’humanité.

Ainsi donc, si nous suivons Mme Scott, le Vatican invente la « théorie du genre » comme nouvel épouvantail, remplaçant avantageusement celui du « Marxisme athée ». Comme il importe de ne pas tomber dans les panneaux, même lorsqu’ils sont tendus par des anges, nous nous devrions de démentir immédiatement l’existence d’une « théorie du genre ». Outre l’aspect incohérent et infantile de cette réaction, que j’ai déjà abordé ici dans un article précédent, le parallèle proposé par Scott pose un autre problème. Si je pousse ledit parallèle dans ses ultimes conséquences, ne faut-il pas conclure que la « théorie marxiste », indiscutable ensemble de concepts (lesquels ne le sont pas tous), est elle-même une de ces inventions vaticanes, baudruches à dégonfler par de vigoureux démentis ?

Une « théorie marxiste » ? Il n’a jamais existé de théorie marxiste… Tout au plus des concepts, des questions, des trucs mnémotechniques, autant dire des pense-bêtes…

Et voilà quelques centaines de milliers de tracts et brochures, de journaux, de livres, de thèses, de cours et programmes scolaires, de lois et décrets, de jugements — certain(e)s détestables — renvoyé(e)s au néant. Pour la plus grande satisfaction de qui ? à votre avis… Du Vatican, dirais-je.

Or voici que l’excellent M. Copé nous apporte aimablement sur un plateau le lien entre hier et aujourd’hui, le genre et Marx. Revenant sur sa critique d’un livre pour la jeunesse (dont il aura au moins fait grimper les ventes) intitulé Tous à poil ![4], le nonce François explique doctement :

C’est le résultat d’une production idéologique parfaitement connotée. Marx est mort mais comme vous le voyez il a fait des émules.

La citation reproduite conclut une analyse de texte dans laquelle M. Copé remarque que tous les personnages dont les auteurs proposent la dénudation incarnent l’autorité. Signalons au passage à M. Copé (c’est une figure de rhétorique) qu’en qualifiant de « marxiste » cette démarche typiquement antiautoritaire, il se situe dans les pas de Daniel Guérin et Maximilien Rubel, soit dans une conception minoritaire — et libertaire — du marxisme.

L’essentiel n’est pas là, à mes yeux, mais dans la paradoxale convergence entre ces propos et ceux de Mme Scott, les deux intervenants antagonistes s’accordant pour considérer que le genre est une espèce de substitut du matérialisme historique et de la lutte des classes.

À quoi sert une théorie ?

Je rends grâce à M. Copé (autre figure de rhétorique) sur un point : il met sans le vouloir l’accent sur une confusion qui pourrait bien avoir joué un grand rôle dans les dénégations unanimes concernant la « théorie du genre ». Il parle d’une production « idéologique ».

Les dénégateurs et dénégatrices offusquées de la théorie du genre ne confondraient-ils-elles pas théorie et idéologie ? Les propos de Mme Scott semblent bien aller dans ce sens. « Il n’y a pas de théorie, dit-elle en substance, il y a des questions ». Comme si une théorie n’était pas un outil permettant d’organiser des questions ! Alors qu’une idéologie, c’est en quoi je l’oppose à la théorie, est un ensemble de concepts figés qui se construit et subsiste contre tout questionnement critique.

S’il existait, assez forte pour être revendiquée par celles et ceux qui s’en servent tous les jours, une « théorie du genre »… Si celles et ceux qui l’emploient se moquaient une fois pour toutes de l’imprimatur ou des anathèmes du Vatican… Si le genre n’était pas qu’un mot, il serait plus difficile de l’effacer tout bonnement comme ça a été le cas dans un sauve-qui-peut général ces dernières semaines, ainsi que Lucie Delaporte en fait le récit sur Mediapart.fr[5].

La parution d’un livre de Hugues Demoulin, intitulé Déjouer le genre – Pratiques éducatives au collège et au lycée, prévu pour servir d’outil de formation pour les enseignants est retardée par le Centre national de ressources pédagogiques, lequel dépend du ministère de l’Éducation nationale.

Un rapport, commandé par Mme Vallaud-Belkacem, initialement intitulé Luttez contre les stéréotypes de genre a perdu un mot de son titre et s’est trouvé présenté à la mi-janvier 2014 sous le titre : Luttez contre les stéréotypes garçons-filles.

On est bien ici devant un problème théorique, disons réellement théorique. Ça n’est pas un mot qui a disparu, lequel serait avantageusement remplacé par deux autres (on y gagne !), c’est même le contraire. À la place du concept de genre, on utilise deux termes qui renvoient immédiatement aux stéréotypes que le genre sert à déconstruire !

Autrement dit, si vraiment il n’existe rien aujourd’hui qui ressemble à une « théorie du genre » — et après tout, pourquoi ne pas croire un instant ses praticien(ne)s naturel(le)s ? — cela ne peut être considéré que comme une lacune à combler.

Soit ! La « théorie du genre » n’existe pas (encore).

Donc : au travail !

_____________

Ajout (3 mars 2014). On me signale un article qui recense des positions voisines de celle exprimée dans le texte ci-dessus. Didier Eribon, notamment, a «décidé de donner pour titre à son séminaire, qui se tient à l’École doctorale de l’Université d’Amiens à partir de mars : “Faire la théorie du genre”.»


[1] Offen, Karen, « Le gender est-il une invention américaine ? », Clio. Femmes, Genre, Histoire, n° 24, 2006.

[2] « History trouble », entretien avec Joan W. Scott dans Vacarme n° 66, hiver 2014.

[3] Tous les extraits des encycliques sont tirés du site Internet du Vatican.

[4] On trouvera une liste de livres pour la jeunesse traitant du genre en annexe de mon billet « À poil l’haineux ! ».

[5] « Circulaires, manuels, livres: les ministères censurent le mot “genre” », 
article publié le jeudi 6 février 2014.

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ARCHIVES PARLEMENTAIRES: ACCÈS FACILITÉ

06 jeudi Fév 2014

Posted by Claude Guillon in «Articles», «Conditions matérielles de la recherche»

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«Conditions matérielles de la recherche», Méthodologie

Nombre de blogs, et même l’excellente émission La Fabrique de l’histoire d’Emmanuel Laurentin (France Culture), ont annoncé comme une (petite) révolution la mise à disposition sur un site dédié, réalisé conjointement par la BN française et l’Université de Stanford, des Archives numériques de la Révolution française.

L’appellation est encore pompeuse : en effet, pour chercheur/ses et étudiant-es au moins, l’apport essentiel tient dans la mise en ligne (en plus d’un fonds iconographique)  des volumes des Archives parlementaires dans l’ordre chronologique.

De plus, chaque volume numérisé apparaît en deux «colonnes» : à gauche en «mode image», et à droite en «mode texte». Même si cette dernière version offre son lot d’erreurs (plutôt moins, m’a-t-il semblé, qu’avec un logiciel de reconnaissance de caractères moyen), elle permet de gagner du temps pour copier/coller les passages qui vous intéressent.

Quand on sait le temps perdu à retrouver ses petits dans le fouillis Gallica ou Free Books, c’est assurément un progrès qui épargnera du temps et de la mauvaise humeur.

Pour autant, nous sommes encore assez loin de l’idéal de commodité dont rêve chacun(e) de nous. En effet, la liste des volumes disponibles s’interrompt au volume 82. (Dommage ! J’avais justement eu l’espoir fou, pas plus tard qu’hier, de pouvoir consulter le vol. 83.)

Gros malin ! pense l’internaute, c’est sans doute que la numérisation des volumes suivants n’est pas encore réalisée…

C’est un peu plus complexe que cela. Vous trouverez — non sans ramer dans un fouillis très Gallicanesque — les volumes 84, 100, 101 sur le site du Hathi Trust. Ceux-là ont été numérisés par Google à partir de la collection de l’Université Cornell. Mais pas le volume 83…

Ne boudons pas notre plaisir, même s’il ne dépasse pas le chiffre 82, et attendons qu’un peu de cohérence se fasse jour dans ces projets de numérisation tous fort bien intentionnées (encore que…) mais surgissant en ordre dispersé.

Pour accéder au site des «Archives numériques de la Révolution française».

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L’ a-théorie du genre ? Quelle drôle de non-idée !

31 vendredi Jan 2014

Posted by Claude Guillon in «Articles»

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Association Mnémosyne, Éducation, « Théorie du genre », Féminisme, Joan W. Scott, Lutte des classes, Méthodologie, Prostitution, Robespierre, Vocabulaire

Dans la logique de l’actuelle recomposition/décomposition de l’extrême droite, et dans la suite des manifestations religieuses contre l’ouverture du mariage aux homosexuel(le)s, lors desquelles on avait assisté (en 2013) au spectacle croquignolet de militant(e)s catholiques brandissant des pancartes proclamant « On veut du sexe, pas du genre ! », une nouvelle offensive idéologique vise l’école et les enseignements destinés à prévenir les inégalités entre les filles et les garçons.

 Capture d’écran 2013-01-20 à 17.35.54

J’avais déjà souligné, à propos du slogan ci-dessus rappelé, à quel point la relative banalisation (récente et fragile) des thèmes égalitaristes dans les institutions (droit pénal, école, etc.) provoque ou aggrave un trouble profond d’une partie des populations occidentales face aux questionnements de genre. Particulièrement les personnes pour lesquelles les superstitions religieuses (on me pardonnera ce pléonasme commode) demeurent les seuls cadres de pensée susceptibles de les rassurer devant le vide aspirant de la mondialisation marchande.

Il s’agit aussi dans certains secteurs, et de manière parfaitement délibérée cette fois, d’amplifier le « retour de bâton » (en anglais backlash[1]) contre les avancées du droit des femmes, portées par les féministes depuis les années 1970. On en voit les signes les plus récents aussi bien dans tel manifeste prônant la sanctuarisation de la prostitution à l’usage des hommes (France) que dans les régressions du droit à l’avortement (Espagne).

Lorsque ce pot-pourri de haines recuites et de terreurs archaïques semble manquer par trop de « liant », c’est le vieux fond de sauce antisémite qui reprend du service : le soi-disant humoriste Dieudonné affirme ainsi — sérieusement, hélas ! — que « le sionisme est derrière les mouvement féministes hystériques » (à Alger, le 14 février 2013, voir Liberté-Algérie.com).

Le « genre » ou gender, en américain dans le texte français, est donc devenu une cible, non pas tant d’universitaires bousculé(e)s dans leurs habitudes (il y en a aussi), que d’activistes par SMS semant la panique dans des familles, de préférence ouvrières et d’origine maghrébine, en inventant je ne sais quel apprentissage de la masturbation en classe. Soit dit en passant, ce thème de rumeur et de réprobation panique n’est pas original ; j’ai rappelé dans Je Chante le corps critique[2] qu’il avait coûté son poste à la ministre de la santé de Clinton, Joycelin Elders.

À l’origine et responsable de toutes les horreurs imaginables — et encore d’autres, bien pires ! — serait la « théorie du genre », que l’« on » — le « lobby gay-LGTB », sûrement ; le « lobby sioniste international », qui sait ? — essaierait d’introduire (noter la connotation) dans l’école et dans l’intimité des chères têtes de toutes couleurs.

Je dois dire que la première salve de réactions et dénégations m’a plus que surpris, abasourdi. Tous les efforts semblent porter… sur le mot théorie !

Une thé-o-rie ?! Où ça ? «Je ne l’ai jamais rencontrée», assure avec aplomb Najat Vallaud-Belkacem, en sa qualité bien venue de ministre des droits de la femme.

À ce point du discours de dénégation, on attendrait une rectification sur le mode : « Le genre n’est pas une théorie, c’est un concept ».

J’ignore s’il est venu à l’idée de qui que ce soit au gouvernement d’adopter cette ligne de « défense », mais les conseillers en communication ne sont pas (quoi qu’on en dise) tous des abrutis, et l’effet produit en interne, même sur les animaux domestiques, annonçait la réaction des populations : un éclat de rire général. Suivi de réactions unanimes et plus ou moins violentes sur le thème « Se foutent vraiment d’not’ gueule ! ».

Et en effet, reconnaissons-le, expliquer au journal de 20 h qu’un concept n’a rien à voir avec une notion théorique, n’est pas un exercice facile.

On a choisi une pauvre échappatoire : vous entendrez ainsi répéter sur tous les tons qu’il n’existe pas de « théorie du genre » mais des « études de genre »…

Aussi acculturé et ignorant des subtilités universitaires que soit le public concerné, j’évalue à une part infinitésimale la proportion d’icelui qui ne se dira pas, au moins confusément, dans son for intérieur : « Comment ces gens-là peuvent-ils faire des “études de genre” sans “théorie du genre” ? »

Cette question, qui peut se traduire également par « Ne serait-on pas en train de se payer ma tête? », ne me paraît pas, sur le fond, pouvoir être écartée d’un revers de main.

D’autant que je suis bien convaincu que ce « revers de main » aura été ressenti comme une paire de claques par quelques dizaines de milliers de personnes, que l’on prétendait justement ramener dans le bon sens commun et républicain, un et indivisible.

L’usage du mot « théorie » n’est pas fautif parce que hors sujet, inapproprié, comme la réaction officielle (et pas seulement, hélas !) veut le faire croire. Si je m’en tiens tout simplement à la définition du Petit Robert, une théorie est « un ensemble d’idées, de concepts abstraits, plus ou moins organisés, appliqué à un domaine particulier ». Le genre étant un concept, ou plus précisément selon Joan W. Scott, l’une de ses premières théoriciennes (eh !) « une catégorie d’analyse », il peut faire partie d’une théorie (féministe, par exemple), il n’est pas à lui seul une théorie. Pas de quoi écraser le vulgaire de son mépris !

Il y a heureusement des réponses plus nuancées, qui ne prennent pas leurs destinataires pour des demeuré(e)s. Je pense notamment à une pétition d’enseignants et de chercheurs de l’Université de Strasbourg, intitulée : Pour en finir avec les idées reçues. Les études de genre, la recherche et l’éducation : la bonne rencontre*. J’en donne quelques extraits :

 *Je signale [6 février] qu’une pétition reprenant l’esprit du texte ci-dessous, avec des modifications, est désormais disponible à la signature sur Internet en suivant ce lien.

NON, la prétendue « théorie du genre» n’existe pas. Le genre est simplement un concept pour penser des réalités objectives. On n’est pas homme ou femme de la même manière au Moyen-Âge et aujourd’hui. On n’est pas homme ou femme de la même manière en Afrique, en Asie, dans le monde arabe, en Suède, en France ou en Italie. On n’est pas homme ou femme de la même manière selon qu’on est cadre ou ouvrier. Le genre est un outil que les scientifiques utilisent pour penser et analyser ces différences.

OUI, les programmes scolaires invitent à réfléchir sur les stéréotypes de sexe, car l’école, le collège, le lycée sont le lieu où les enseignants promeuvent l’égalité et le respect mutuel, où les enfants apprennent le respect des différences (culturelle, sexuelle, religieuse).

OUI, l’école est le lieu où l’on permet à chacun, par les cours de français, d’histoire, de SVT, d’éducation civique, d’éducation physique, de réfléchir sur les conséquences néfastes des idées reçues et d’interroger certains préjugés, ceux qui ont fait que pendant des siècles un protestant ne se mariait pas avec une catholique, ceux qui font que l’on insulte encore aujourd’hui une ministre à cause de sa couleur de peau, ceux qui font que des petits garçons sont malmenés aux cris de «pédés» dans la cour de l’école, ceux qui font que Matteo n’osera jamais dire qu’il est élevé et aimé par deux mamans, ceux qui font qu’Alice veut mourir car on la traite de garçon manqué, ceux qui créent la haine et la discorde. […]

«Vati liest die Zeitung im Wohnzimmer. Mutti ist in der Küche[3]». Voilà comment les petits Alsaciens apprenaient l’allemand, à travers les aventures de Rolf et Gisela, dans les années 1980. Réfléchir sur le genre, c’est réfléchir sur les effets de ce type de messages.

En permettant aux élèves de se demander pourquoi les princesses ne pourraient pas aussi sauver les princes, en montrant que, selon les lieux et les époques, les rôles des hommes et des femmes ont varié et que l’amour a des formes multiples, les chercheurs, les enseignants et les professeurs des écoles permettent aux enfants, citoyens et citoyennes de demain, de construire un monde plus égalitaire et plus harmonieux.

 

Sans adhérer à l’angélisme citoyenniste et Juleferryste qui imprègne la conclusion du texte, j’apprécie qu’il soit combatif, au lieu de donner l’impression de déplorer un simple malentendu créé par la regrettable ignorance du peuple, dont abusent de pernicieux agitateurs (même si c’est exact, ça ne constitue pas une analyse ni ne peut fonder une riposte).

 

Tant que nous y sommes…

 

Au centre de la question du genre, c’est-à-dire de ce que l’on a appelé longtemps en France les « rapports sociaux de sexe » (c’est bien long !), se trouve la question de l’articulation entre « nature » et « culture ». Il n’y a de « question » qu’intellectuelle ; il s’agit donc d’idées, lesquelles sont maniées, consciemment, ou au contraire de manière innocemment intériorisée, en fonction de théories : théories politiques, théories du langage, théories de la connaissance, etc. Ainsi, l’existence de quelque chose qui mérite d’être désignée comme « la nature » peut-elle être questionnée, et mérite de l’être. Questionner une notion suppose évidemment de l’identifier comme telle, et non comme une donnée immanente, de préférence préexistante à toute pensée humaine. On reconnaît ici le spectre de l’utopie la plus nuisible à la pensée humaine, quoi qu’elle en procède, je veux dire « dieu ».

Cela ne signifie pas pour autant que le questionnement, ou la mise en questions d’une notion vise systématiquement son éradication. Même si ça peut aussi être le cas, et si certaines (re)mises en cause provocatrices peuvent donner l’impression, justifiée dans certains cas me semble-t-il, que tel(le)s « déconstructivistes » de la pensée sont si mal à l’aise avec eux-mêmes, les autres et la condition humaine (comment leur en vouloir ?), que leurs efforts visent à réaliser le même degré de chaos dans le monde extérieur qu’ils connaissent déjà dans leur moi. Tentative pitoyable — et plutôt nuisible pour tout le monde — d’harmonisation dans la souffrance.

Une grande part des questions que la philosophie, l’histoire, la sociologie, l’ethnologie, etc. permettent de poser trouvent leur valeur pour la pensée humaine, non pas dans les réponses qu’elles peuvent produire, mais bien plutôt dans les échanges, les associations d’idées, les découvertes de hasard qu’elles nécessitent et suscitent.

Ce qui compte, surtout si l’on garde présent à l’esprit que l’essentiel de la pensée humaine vise à construire un sens à la vie, individuelle et collective (l’une ne pouvant se dissocier de l’autre qu’au prix de l’autodestruction), n’est donc pas d’ « apporter une réponse » à telle question, mais ce que peut apporter l’examen de la question.

C’est ici que nous rencontrons le concept le plus surprenant qui soit : le concept de concept. Un concept est une idée, je dirais un élément de théorie (désolé !), dans la mesure où il n’a de sens et de valeur qu’autant qu’il s’inscrit dans une théorie, étaye une théorie ou réfute une théorie. Certains concepts de très bonne qualité permettent d’atteindre ces trois objectifs. On les reconnaît au fait qu’ils sont déclarés obsolètes, ayant trop servi (voyez « lutte des classes »), sans que quiconque puisse dire sérieusement par quoi ils pourraient bien être remplacés (voyez « Éric Hazan »).

Le concept est à la pensée ce que le couteau suisse est à la randonnée. Souvent d’importation, il peut coûter cher, et pèse parfois lourd dans le sac. Quant à l’utiliser sans se casser un ongle… Mais si vous n’en possédez pas, vous ferez rire de vous, d’autant plus si vous avez besoin dans la même soirée d’un tournevis, d’une lime à ongle et d’un tire-bouchons.

Le succès n’entraîne pas exactement les mêmes conséquences pour les deux outils. Le couteau ne sera jamais oublié à l’heure du départ. Le concept, lui, passe dans le vocabulaire courant, sans que l’on se préoccupe de son sens exact, de son origine… et de son inventeur(e).

Joan W. Scott s’en plaint amèrement. Le « genre » n’est pas seul concerné, bien entendu. Seul(e)s des doctorant(e)s avides de reconnaissance institutionnelle prennent la peine de signaler[4] en note, dès l’introduction de leur travail, la paternité d’Habermas dans le concept d’ « espace public », que n’importe quel journaliste utilise à longueur de colonnes.

Pour être utilisé, le couteau doit être ouvert (avec les risques sus-évoqués). Pour être utile, le concept se doit d’être « opératoire ». Cet adjectif est dérivé, au XVIIIe siècle, de opérer, du latin operari puis operare : « travailler, accomplir un travail ». L’opération, à partir de operare, s’inspire du bas latin operatorius, « qui opère, efficace ». D’abord d’emploi plutôt négatif — « choc opératoire » au début des années 1900 —, il gagne un sens positif d’efficacité logique au fil du XXe siècle[5]. Un concept opératoire est donc un concept efficace, en tant qu’il permet d’opérer un travail intellectuel.

L’une des définitions du concept de genre donnée par Joan W. Scott est la suivante : « Le genre est une façon première de signifier des rapports de pouvoir. Ce serait mieux de dire, le genre est un champ premier au sein duquel, ou par le moyen duquel le pouvoir est articulé[6]. »

Elle évoque, dans un autre texte, l’utilité, notamment en histoire, des questions que le genre permet de poser :

Ces questions mettent en avant des analyses différentes de celles qui essaient de mesurer l’impact qu’ont eu des régimes particuliers ou des politiques publiques sur les femmes (par exemple, la condition de celles-ci s’est-elle améliorée du fait de la Révolution française ou s’est-elle détériorée ?) ; ou encore l’effet émancipateur, lié à l’obtention du droit de vote ou à l’accroissement de la participation féminine au marché du travail, sur la condition des femmes. Elles ne présupposent pas qu’existe une collectivité constante et homogène appelée « les femmes », sur laquelle s’exercent des effets mesurables. Mais elle interroge la catégorie « femmes » elle-même en tant qu’événement historique ou politique dont les circonstances et les effets sont les objets d’analyse. […] Au lieu de réinstaurer les termes naturalisés de la différence (sexuelle) sur lesquels les systèmes de différenciation et de discrimination (le genre) sont construits, l’analyse doit débuter en amont et poser la question de savoir comment la différence sexuelle elle-même est mise en jeu comme un principe et une pratique de l’organisation sociale.

Je renvoie au recueil publié par J. W. Scott en français sous le titre De l’utilité du genre (Fayard, 2012), dans lequel l’extrait ci-dessus figure aux pages 100-101 dans l’article intitulé « Quelques autres réflexions sur le genre et la politique ».

J’ajoute que l’un des deux intérêts immédiatement perceptibles du concept de genre dans la recherche historique actuelle, même s’il ne semble pas combler les attentes plus exigeantes et plus subtiles de Scott, est de fonctionner (le verbe est ici adéquat) comme un laisser-passer, un pass magnétique (dirais-je, si je ne craignais les vagues relents charlatanesques du terme), pour l’étude à nouveaux frais d’événements, de publications ou d’idéologies.

L’autre étant évidemment de déconstruire et réfuter le caractère pseudo-« naturel », ou « divin », ce qui en l’occurrence revient au même, des assignations de rôles sociaux et sexuels — pléonasme : ces derniers sont sociaux comme tous les autres[7] — en fonction du sexe biologique de naissance.

La question, évoquée au début du présent paragraphe, de l’articulation/contradiction entre « nature » et culture pose aussi quelques problèmes d’énonciation pédagogique.

Par exemple — ici les personnes mal disposées sont invitées à se livrer à tel exercice qui leur permet ordinairement de se détendre : respirer à fond, se moucher, effectuer quelques mouvements d’assouplissement… — la théorie (c’en est une) d’origine philosophique et/puis révolutionnaire des « droits naturels de l’homme » (ou de la personne), n’a rien de « naturelle », quoi qu’elle se prétende fondée par la nature…

C’est une vision du monde. Un parti-pris philosophique, au fondement de la République. Et si je devais articuler un « reproche » (parmi d’autres, soyons franc) envers la République originelle, ce ne serait certainement pas de s’être fondée de la sorte, mais de n’avoir pas même retenu les restrictions au droit de propriété (jugé « naturel », comme les autres) que proposait Robespierre. Mais je mets bien sûr des guillemets au mot « reproche » : il serait naïf et inopérant de « reprocher » moralement à la bourgeoisie de n’être pas communiste. Elle n’est pas partageuse, c’est là non son défaut, mais sa « nature », sa caractéristique, son intérêt égoïste.

Ce parti-pris philosophique et politique, il ne servirait à rien de le mettre sous le boisseau. Il se trouve aujourd’hui attaqué plus ou moins frontalement par des minorités politiques et religieuses, les unes et les autres (le secondes peut-être davantage) ayant hélas devant elles d’assez confortables marges de progression. Il importe de le réaffirmer jusque dans le choix des termes. C’est pourquoi je crains qu’un récent communiqué de l’association Mnémosyne (dont je suis adhérent) ne soit maladroit dans le choix de certains de ses termes :

Association professionnelle regroupant enseignant-e-s, chercheurs, étudiant-e-s en histoire des femmes et du genre nous tenons à rappeler que le genre sert tout simplement à décrire comment se construisent les inégalités entre les sexes. L’égalité salariale hommes-femmes, la sexualité, la lutte contre les stéréotypes, la mixité scolaire, ne sont pas « contre nature », et nous continuerons à promouvoir une histoire mixte, un enseignement égalitaire, et la prise en compte du genre.

 

À strictement parler, d’un point de vue historique, « l’égalité salariale hommes-femmes, la sexualité [sic], la lutte contre les stéréotypes, la mixité scolaire » sont bel et bien « contre-nature », comme antagonistes, construits contre l’idée d’une nature, nature « naturelle » de certains écologistes, nature créée par un dieu pour les sectateurs d’un monothéisme (avec toutes les nuances et exceptions afférentes, qui ne changent rien au fond). J’ai souligné d’un sic le terme « sexualité » qui a peut-être été accidentellement privé d’un adjectif qualificatif. Clarifions : l’érotisme est par essence « contre-nature ». Il est tout culture, et avec lui d’ailleurs toute espèce de manière de considérer la dite « sexualité ».

Tout se passe comme si, après les incidents autour du dit « foulard » à l’école d’il y a quelques années, nombre d’excellentes personnes connaissaient un nouveau « mauvais réveil », réalisant que les années de relatif « apaisement » dans la laïcité républicaine, période à la vérité fort courte, entre le milieu des années 1960 et le début des années 1980[8], sont derrière nous et qu’il importe d’inventer de nouveaux réflexes de combat, évalués non seulement sur leur « orthodoxie » théorique mais sur leur efficacité.

Loin de moi l’idée naïve de prôner je ne sais quelle « union anti-sacrée » qui ferait de Mme Vallaud-Belkacem une camarade de combat. La « laïcité » n’est certes pas une valeur-panacée, pas plus que l’ « antifascisme » n’est le meilleur antidote contre la résurgence néo-nazie. Nous savons également que certains partisans de la première frayent aujourd’hui sans complexe avec des fascistes et que l’« antifascisme » a contribué à détruire la Révolution espagnole et à faire ainsi le lit du fascisme européen. Donc, pas de « plus petit dénominateur commun », qui ne mène qu’à se battre sous d’autres couleurs que les siennes et fait le jeu de l’adversaire.

Au moins, si je m’en tiens à l’idée développée dans ce texte, la période présente risque d’être, malgré tout ce qu’elle a par ailleurs d’inquiétant, enrichissante et pourquoi ne pas le dire excitante, par ce que les réflexions et les échanges auxquels nous sommes dors et déjà contraint(e)s nous apporteront, plus que par le rabâchage de vieilles solutions, inopérantes.

Contre toutes les religions et contre toutes les idéologies autoritaires, l’histoire des femmes et du genre, la lutte actuelle pour la complète égalité des droits, sans oublier leur indispensable extension, constituent un axe d’action et de réflexion privilégié.


[1] Titre du livre de Susan Faludi sur le retour de bâton antiféministe.

[2] Chapitre III : « Le corps des femmes : Gestion — Élimination », p. 150.

[3] « Papa lit le journal dans la salle de séjour. Maman est à la cuisine. »

[4] Et ce, préciserai-je tout en étant certain d’être démenti, sans jamais avoir lu l’ouvrage fondateur du maître.

[5] Voir le Dictionnaire Robert historique de la langue française, dirigé par Alain Rey.

[6] « Genre : une catégorie utile d’analyse historique », Cahiers du Grif, Le Genre de l’histoire, 1988, n° 37-38, p. 125-153 (Trad. par Eleni Varikas), p. 143. [Persée].

[7] Je recommande (pourquoi surjouer l’humilité… et puis j’évite d’y « renvoyer » sèchement l’internaute) la lecture de mon texte sur les dits « besoins sexuels masculins ».

[8] Période correspondant grosso modo à celle durant laquelle il fut possible de faire l’amour à la fois sans risquer de donner la vie et sans risquer la sienne propre.

_________

Échos…

Ce texte est relayé par le blog INCENDO, consacré au rapport entre genre et classes.

…et sur Rezo.net

…et sur Inform@ctions

…et là

…et sur le site dédié à la pétition «Les études de genre, la recherche et l’éducation :La bonne rencontre », largement citée plus haut.

 

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Une nouvelle source numérisée : la «collection Baudoin»

14 samedi Sep 2013

Posted by Claude Guillon in «Articles», «Bibliothèque»

≈ Commentaires fermés sur Une nouvelle source numérisée : la «collection Baudoin»

Étiquettes

«Conditions matérielles de la recherche», Méthodologie

 Un colloque international, organisé par de nombreuses institutions, dont l’Institut d’histoire de la Révolution française (IHRF) et les Archives nationales (et bien d’autres dont les sigles sont si familiers à ceux qui les ont créés qu’ils ne songent même plus à les « dérouler » à l’intention du néophyte) s’est tenu à Pierrefitte puis à la Sorbonne, les 12, 13 et 14 septembre dernier, pour présenter les premiers résultats de recherches américaines et françaises à partir de l’entreprise de numérisation de la collection Baudoin.

Couv Baudoin

Cette « collection », en fait un recueil de volumes réalisés par l’imprimeur Baudoin, des arrêtés, lois, et décrets de la période révolutionnaire, une fois numérisée en un tout cohérent, est sans nul doute un instrument précieux, étant donné le temps nécessaire jusqu’ici pour naviguer dans une recension comme celle de Duvergier, éparpillée en volumes sans possibilité de recherche globale.

Les actes du colloque seront publiés ultérieurement.

 (Pour celles et ceux qui le souhaitent, on trouve ici une description complète et savante du projet.)

 

CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER À LA COLLECTION BAUDOIN

__________________

Mode d’emploi

La présentation du site pourrait être plus « intuitive », comme l’on dit aujourd’hui.

On retiendra, pour gagner un peu de temps, que si l’on souhaite rechercher les occurrences d’un mot ou d’un nom dans l’ensemble des volumes, il faut d’abord cliquer, en bas au centre de la page d’accueil, sur la mention « Recherche dans le texte ».

Si l’on souhaite aller dans un volume précis, on cliquera d’abord sur « Rechercher dans les volumes (mode texte) ».

Puis, une fois sur la page du volume souhaité, on cliquera sur la très discrète mention « ici » dans la troisième phrase en partant du haut de la page : « Appuyer [sic] ici pour faire une recherche… ».

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