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LA RÉVOLUTION ET NOUS

~ le blogue historien de Claude Guillon

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Archives de Catégorie: «Textes de femmes»

“Journal d’une suffragiste” d’Hubertine Auclert

19 vendredi Fév 2021

Posted by Claude Guillon in «Annonces», «Bibliothèque», «Textes de femmes»

≈ Commentaires fermés sur “Journal d’une suffragiste” d’Hubertine Auclert

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Droit de vote des femmes, Féminisme, Hubertine Auclert, Nicole Cadène, Suffragistes

Adolescente, Hubertine Auclert (1848-1914) avait envisagé de prendre le voile, mais les religieuses n’avaient pas voulu d’elle. Elle se tourne alors vers un autre sacerdoce, la cause des femmes. Il y a fort à faire, comme elle le confie à son journal : exclues de la citoyenneté, privées de leurs droits civils, interdites de présence dans l’espace public, soumises à un moralisme étroit, les femmes de la fin du XIXe siècle sont en outre, pour les plus vulnérables d’entre elles, souvent exposées à la prostitution.
Pourquoi les hommes changeraient-ils les règles d’un jeu qui leur est si favorable ? Hubertine Auclert estime que le combat doit commencer par le vote, et non par la conquête des droits civils et de l’égalité salariale qui en découleront, contrairement à ce que pensent la plupart des féministes de l’époque.

Engagée dans des recherches sur les féminismes de la seconde moitié du XIXe siècle, Nicole Cadène a retrouvé, à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, le journal longtemps disparu d’Hubertine Auclert, militante à la volonté inflexible. Elle nous en livre ici une édition critique qui présente son autrice, la situe dans le mouvement féministe et ravive la mémoire de celle qui fut la plus éminente suffragiste française.

Collection Folio histoire (n° 302) Édité par Nicole Cadène.

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Bienfaisance & moralisme religieux des femmes de Belmont (Bas-Rhin) envers les volontaires de 1792

15 samedi Août 2020

Posted by Claude Guillon in «Textes de femmes»

≈ Commentaires fermés sur Bienfaisance & moralisme religieux des femmes de Belmont (Bas-Rhin) envers les volontaires de 1792

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Belmont (Bas-Rhin), Bienfaisance, Clubs de femmes, Jean-Frédéric Oberlin, Protestantisme, Religion, Volontaires

Toujours à la recherche de traces des mobilisations collectives de femmes révolutionnaires, je rencontre cette adresse de novembre 1792, rédigée par des femmes de Belmont (Bas-Rhin). Elle a été initialement publiée dans le n° 50 des Affiches de Strasbourg, du 15 décembre 1792 (p. 570), que je n’ai malheureusement pas pu consulter [1], et reprise dans Le Ban de la Roche, bulletin de la Société d’histoire du protestantisme du Ban de la Roche (n° 4, 1984, pp. 30-31).

Belmont ce 24 novembre 1792 l’an Ier de la République française

Chers braves Citoyens Volontaires !

Voici quelques lignes que vos Sœurs et Mères Citoyennes prennent la liberté de vous adresser. Marque de leur tendresse chers confrères recevez cette petite assistance pour vos besoins les plus pressants, nous nous sommes associées pour travailler à votre conservation, car nous avons résolu de sacrifier une partie de nos veilles, pour votre soulagement. Voici déjà quelques chemises, que nous prions votre capitaine et Lieutenant de les distribuer aux Volontaires, les plus nécessiteux d’entre vous et comme c’est le premier de notre travaille, pour vous, nous prions Henri Schneider, Capitaine et Lieutenant, Sergeant et Caporeaux, de prendre chacun des plus fines, et s’il ne se trouve pas dans le cas d’en avoir besoin, nous souhaitons qu’ils donnent une des leurs à leurs élèves et qu’ils gardent une des nôtres. Vous trouverez sur les chemises B. et V. ces deux lettres signifient Dieu bénis les braves Volontaires et au bas de la chemise D. et B. cela signifie, Dieu bénis les chers confrères. Nous continuerons à pourvoir à vos nécessités aussi longtemps, que Dieu nous en donnera la faculté, nous avons juré comme vous de vivre libre ou mourir, ainsi votre vie est la nôtre chers confrères; permettez, que vos sœurs vous marquent aussi le souhait de leurs cœurs par rapport à votre conduite. Nous souhaitons que nos frères qui ont quelques ordres à donner, qu’ils employent leur autorité pour l’honneur de notre cher sauveur, et pour le bien de tous leurs frères et prochains ; pour cet effet, demandez avec nous la sagesse, l’humanité et l’amour si ces trois vertus sont votre ornement, vous marcherez droitement. Et vous, autres frères, qui servent, obéissez avec plaisir lorsqu’on vous propose votre devoir; ne vous livrez pas au libertinage, mais faites de façon que votre conduite soit un exemple à tous ceux qui vous observeront, demandez avec nous des cœurs, qui aiment à faire le bien. Pensons que nous sommes en la présence de Dieu, tout sachant ; si vous suivez nos conseils, notre cher sauveur sera votre Chef Capitaine, et vous serez heureux. Aimez à rendre service à tout le monde, par-là tous nos ennemis se convertiront.

Chers confrères nous finissons notre entretien en vous saluant de tout notre cœur. Courage chers frères, après le combat, succède la victoire.

Ce texte fait exception dans mon corpus pour deux raisons, une principale et l’autre subsidiaire.

Tout d’abord, je n’ai pas connaissance d’un texte de femmes (cette caractéristique sera examinée plus loin) qui soit à la fois clairement républicain (soutien aux volontaires; «Vos Sœurs et Mères Citoyennes»; «Vivre libre ou mourir») et aussi imprégné de religion. Au point que cette adresse prend des allures de sermon sur le front des troupes. Si l’on assure en conclusion qu’«après le combat succède la victoire», ce qui sonne bien martialement, la phrase précédente prédit que pour peu que les volontaires montrent l’exemple de l’entraide et du dévouement («rendre service à tout le monde»), «tous nos ennemis se convertiront».

On n’aura pas manqué au passage de recommander aux officiers d’exercer leur commandement avec bienveillance et de dissuader maternellement les volontaires de se livrer au libertinage…

Raison subsidiaire: je trouve assez fréquemment – et au moins une fois dans la bouche d’une citoyenne – l’usage du mot « camarade » lorsque le locuteur adresse un discours à des soldats. Mais c’est la première fois que je rencontre le terme «confrères» – 3 occurrences dans le texte, contre deux de «frères».

Le Dictionnaire historique de la langue française nous apprend que «confrère» (origine vers 1260) dérive de confrérie, «association de laïques se proposant, sous un patronage religieux, un but charitable». C’est donc un terme qui reflète l’imprégnation religieuse de la vie sociale dans l’Ancien Régime.

Or son emploi ici est d’autant plus troublant que l’adresse des femmes de Belmont est datée du 24 novembre 1792, alors que les confréries – et les congrégations – ont été abolies trois mois plus tôt par la loi du 18 août 1792.

Faute d’indications sur le contexte de la publication, la seule lecture du texte n’apporte guère d’élément pour appuyer l’hypothèse d’une provocation; il semble plus probable que les femmes concernées – peut-être naguère membres d’une confrérie féminine (et protestante) – usent simplement (et naïvement) du vocabulaire qui leur est familier. On peut cependant être plus perplexe devant l’insistance sur les broderies qui agrémentent chaque chemise offerte d’un message religieux codé, ce dont je ne connais pas d’autre exemple.

Dans le bulletin de la Société d’histoire du protestantisme du Ban de la Roche, le texte est suivi d’une note que je reproduis ci-dessous :

À l’exception de trois fautes évidentes, qui ont été corrigées, la transcription ci-dessus respecte l’orthographe et la ponctuation du texte publié.

Je risquerai une hypothèse sur la rédaction de celui-ci : il se pourrait que le début fût de la main d’une des femmes de Belmont, la rédaction en étant particulièrement maladroite. La seconde moitié semble plutôt rédigée par le pasteur lui-même.

Qu’en pensent ceux qui ont étudié les manuscrits d’Oberlin?

Le rédacteur de cette note (qui signe R. L.) fait référence au pasteur Jean-Frédéric Oberlin (1740-1826) qui exerçait son ministère dans le canton du Ban de la Roche et soutenait la Révolution (il a prêté le serment imposé par le décret sur la constitution civile du clergé de 1790). La ré-attribution d’un texte de femmes à un rédacteur masculin est un lieu commun de l’historiographie. Dans le cas d’espèce, je ne distingue pas les deux «moitiés» du texte censées se distinguer par leur qualité rédactionnelle et, toujours faute d’informations supplémentaires, je ne vois aucune raison de retenir l’hypothèse d’une rédaction masculine. En revanche, l’influence du pasteur est tout à fait plausible.

Comme souvent, lors de la re·découverte d’un document isolé, il est difficile de répondre aux questions que sa lecture suggère. Si quelques lectrice ou lecteur dispose d’informations qui permettent d’éclairer cette singulière adresse, je me ferai un plaisir de les publier ici.

_________________

[1] On trouve sur Gallica des numéros de 1789, 1790 et 1791.

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“La Servitude des femmes” (1921) ~ par Marthe Bigot

20 vendredi Juil 2018

Posted by Claude Guillon in «Documents», «Textes de femmes»

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Claude Pennetier, Jean Maitron, Jean Rabaut, Julien Chuzeville, Kropotkine, Marthe Bigot

Coup de projecteur sur l’action de Marthe Bigot, militante féministe et communiste de la première époque du PC, si bien évoquée par Julien Chuzeville dans le passionnant Un court moment révolutionnaire. La création du parti communiste en France (Libertalia), dans lequel Bigot est d’ailleurs citée à de nombreuses reprises (elle l’est également, plus brièvement dans Tout est possible! Les gauchistes français, 1929-1944, le livre de Jean Rabaut récemment réédité chez Libertalia.

Je reproduis ci-après des extraits de la biographie de Marthe Bigot publiée dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, auquel je renvoie pour les références et l’intégralité de la notice, rédigée d’abord par Jean Maitron et revue par Claude Pennetier (je n’ai pas signalé les très nombreuses coupes que j’ai effectuées).

Je donne également la reproduction de la brochure de Marthe Bigot indiqué en titre de ce billet: La Servitude des femmes, que vous pouvez télécharger au format pdf en cliquant ICI.

On notera – symptôme de l’ambiance de ce «court moment révolutionnaire» (Chuzeville) – que Marthe Bigot, après avoir évoqué en introduction de son texte les revendications des femmes pendant la Révolution française cite largement et élogieusement Kropotkine.

Née le 13 mars 1878 à Montargis (Loiret), morte le 4 mars 1962 à Pontoise (Seine-et-Oise) ; institutrice ; syndicaliste ; féministe ; dirigeante socialiste puis communiste ; membre du Comité directeur du Parti communiste en 1921 et 1922 ; secrétaire du Comité féminin du PC ; oppositionnelle de gauche à partir de 1924, quitte le PC en 1926 ; collaboratrice de la Révolution Prolétarienne, Marthe Henriette Euphrasie Bigot est la fille d’un boulanger travaillant à Montargis puis à Paris.

Féministe convaincue dès les années 1900, elle refusa toutes les demandes en mariage, fit l’apologie de l’union libre et de la maternité hors mariage, que sa sœur Antoinette pratiqua. Elles élevèrent ensemble l’enfant prénommé Pierre.

Son pacifisme et son féminisme la conduisirent à assurer, en 1916 le secrétariat provisoire de la section française du Comité international des femmes pour la paix permanente, puis le secrétariat adjoint (1916) et le secrétariat (1917) de la Fédération féministe universitaire (FFU) et la direction du groupe du XIIe arr. de l’Union française pour le suffrage des femmes. Elle était gérante du journal de la FFU l’Action féministe, imprimé à Cahors (Lot) et publié à Paris.

Présente au congrès de Tours (25-30 décembre 1920) comme déléguée de la Seine, elle fut élue suppléante au Comité directeur communiste et quelques jours plus tard, le 4 janvier 1921, nommée membre de la commission de propagande du nouveau Parti communiste.

En février 1922, Marthe Bigot prit le titre de secrétaire de la commission centrale du Parti communiste pour le travail parmi les femmes. Elle obtint quelques succès, imposant en particulier l’idée des candidatures féministes aux élections. Elle-même se présenta aux élections municipales du 26 mars 1922 dans le quartier des Enfants-Rouges (IIIe). Elle créa en avril 1922 le journal l’Ouvrière.

Le congrès de Paris (15-19 octobre 1922) l’élimina du Comité directeur et du secrétariat du Comité féminin. Marthe Bigot démissionna aussitôt de son poste de rédactrice au journal L’Humanité en signe de protestation. En novembre, elle partit à Moscou assister à l’Exécutif élargi de l’Internationale communiste. Elle représenta la Gauche au IVe congrès de l’IC en novembre-décembre. Le congrès la désigna le 2 décembre comme membre suppléant au Comité directeur français, toutefois, pour des raisons inconnues, les procès-verbaux et le compte rendu de L’Humanité ne mentionnèrent pas son nom.

Marthe Bigot venait d’entrer en opposition avec les directions du Parti et de l’Internationale communiste en participant à la rédaction de la brochure Le Cours nouveau. Elle donna sa démission de sa fonction de secrétaire permanente mais, le Bureau politique réuni le 30 juillet 1924 refusa cette démission. Il émit de sévères critiques sur l’action en milieu féminin : mauvaise préparation de la semaine internationale, caractère « petit-bourgeois » du journal l’Ouvrière. La dureté de ces critiques renforça Marthe Bigot dans son opposition qui se transforma vite en rejet de la politique du parti communiste. Elle signa, en octobre 1925, la lettre au Comité exécutif de l’Internationale communiste dite lettre des 250. On ignore si elle démissionna ou si elle fut exclue en janvier 1926.

La victoire du Cartel des gauches permit sa réintégration dans l’enseignement en octobre 1924. Elle s’occupa de la Fédération des enfants ouvriers et paysans tout en reprenant une part active à la vie syndicale. Elle appartint à la tendance Ligue syndicaliste qui mena, en 1926, une violente campagne contre la majorité communiste de la Fédération unitaire de l’Enseignement. Marthe Bigot fit partie des neuf militants qui soumirent au congrès fédéral du 6 avril 1928, une motion contre la répression touchant les communistes en URSS et rappelant « le rôle glorieux de Trotsky et de ses camarades et la part qu’ils ont prise à la lutte pour la Russie révolutionnaire en péril » (Le Syndicalisme dans l’Enseignement, t. 3, p. 64).

 

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“Histoire des suffragistes radicales” ~ de Jill Liddington & Jill Norris

02 vendredi Mar 2018

Posted by Claude Guillon in «Bibliothèque», «Textes de femmes»

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Angleterre, Éditions Libertalia, Fabrice Bensimon, Féminisme, Jill Liddington, Jill Norris, Laurent Bury, Lutte des classes, Suffragistes

Pas encore eu le livre entre les mains, tout juste sorti de chez l’imprimeur, mais je viens de recevoir les cartes postales et les autocollants commandés.

Je reparlerai bien sûr de cette traduction d’un ouvrage important pour la connaissance du mouvement féministe et du mouvement socialiste anglais.

Pour AGRANDIR l’image, cliquez dessus!

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La revue “Mujeres Libres” numérisée

20 samedi Jan 2018

Posted by Claude Guillon in «Bibliothèque», «D'une révolution l'autre», «Textes de femmes»

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Anarchisme, Emma Goldman, Féminisme, Femmes en armes, Lutte des classes, Mujeres libres, Révolution espagnole

La revue Mujeres Libres (Femmes libres), revue de l’organisation féminine anarchiste éponyme durant la Révolution espagnole est aujourd’hui numérisée.

Vous pouvez télécharger ici le numéro un.

Et à cette adresse l’intégralité des numéros disponibles.

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Christine Fauré parle du “Journal des dames” (1759-1778)

09 lundi Oct 2017

Posted by Claude Guillon in «Textes de femmes», Vidéothèque

≈ Commentaires fermés sur Christine Fauré parle du “Journal des dames” (1759-1778)

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Christine Fauré, Le Journal des dames, Littérature, Presse, Suzanna Van Dijk

On pourra regarder et écouter ci-après l’intervention de Christine Fauré (CNRS), le 8 décembre 2016, au séminaire “l’Esprit des Lumières et de la Révolution” 2017-2018, à la Sorbonne.

Sur le Journal des dames, qui fait l’objet de cette conférence, on peut également consulter le livre de Suzanna Van Dijk (couverture ci-dessous): Traces de femmes. Présence féminine dans le journalisme français du XVIIIe siècle (1988), et sur Internet la notice rédigée par la même auteure.

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“Les femmes en guerre dans l’Armée rouge”, par Amandine Regamey

24 dimanche Sep 2017

Posted by Claude Guillon in «Textes de femmes»

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Amandine Regamey, Femmes en armes

Consacré aux femmes combattantes dans l’Armée rouge entre 1941 et 1945, ce texte étudie la manière dont l’État soviétique a géré leur mobilisation, leur intégration dans l’armée et leur démobilisation. Cette recherche, qui s’appuie sur des archives soviétiques, développe une dimension comparative, partant de l’hypothèse que les États sont partout confrontés aux mêmes questions lorsqu’il s’agit de recruter des femmes pour la guerre. Leur mobilisation obéit le plus souvent à une logique de remplacement des hommes, et force l’institution militaire à des adaptations.

 Une approche en termes de genre offre ainsi un nouvel éclairage sur le fonctionnement des armées et sur ce qui se passe sur les champs de bataille ; elle met aussi en lumière les difficultés spécifiques de l’après-guerre pour les femmes combattantes.

Consulter l’article sur le site de Politika.
Amandine Regamey est maîtresse de conférences à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne.

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“Les affaires d’État sont mes affaires de cœur. Rosalie Jullien, une femme dans la Révolution. Lettres, 1775-1810”, par Annie Duprat

19 samedi Nov 2016

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Annie Duprat, Féminisme, Marc-Antoine Jullien, Rosalie Jullien

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Présentation par l’éditeur.

Rosalie Jullien, née le 9 septembre 1745 dans une famille de la bourgeoisie marchande, est une femme de culture et de convictions. Épouse d’un député de la Drôme à la Convention, Marc-Antoine Jullien, elle observe, s’informe, lit et écrit des lettres si nombreuses, élégantes et longues qu’elles finissent par constituer un journal de la Révolution française.

Femme des Lumières, inspirée par le souffle révolutionnaire, elle ose cette phrase, le 10 août 1792, jour de la prise des Tuileries par les Parisiens : « Jour de sang, jour de carnage, et pourtant jour de victoire qui est arrosé de nos larmes. Écoutez et frémissez. »

Témoin, auteure et citoyenne engagée, elle constate que «l’exaspération est un des plus énormes péchés dans la Révolution. Fougue n’est pas force. Il faut de la sagesse, puis de la sagesse, et encore de la sagesse» et forme le vœu, le 1er janvier 1800, «que le XIXe siècle répare les crimes et les sottises du XVIIIe.»

Cette édition est présentée et annotée par Annie Duprat. Spécialiste de l’histoire de la fabrication de l’opinion par les textes et par les caricatures, elle a publié plusieurs ouvrages dont Le Roi décapité (1992), Histoire de France par la caricature (1999), Les Rois de papier (2002) et Images et Histoire. Outils et méthodes d’analyse des documents iconographiques (2007).

capture-decran-2016-11-19-a-20-25-39Signature le 30 novembre, chez Tschann, Paris VIe.

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«Aux 48 sections», par Théroigne de Méricourt (1793)

09 dimanche Août 2015

Posted by Claude Guillon in «Documents», «Textes de femmes»

≈ Commentaires fermés sur «Aux 48 sections», par Théroigne de Méricourt (1793)

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1793, Amazones, Élisabeth Roudinesco, Femmes en armes, Fraternité, Lutte des classes, Michel Onfray, Roudineco, Théroigne de Méricourt, William Pitt

Le regrettable Michel Onfray publie cet été dans Le Point une série d’articles intitulée « Les Girondines ». Présentée comme une suite de portraits, la série constitue en réalité une mini-histoire girondine de la Révolution. « Girondine », c’est-à-dire anti-montagnarde et anti-robespierriste. Le terme « histoire » doit être précisé : il ne s’agit pas d’une histoire d’historien, mais — comme toujours chez Onfray — d’une histoire que l’on raconte, un récit romancé, fondé sur des compilations parfois rapides, qui sert à présenter des convictions comme des révélations scientifiques.

Cependant, l’épisode consacré à Théroigne de Méricourt a eu le mérite de me remettre en mémoire l’affiche rédigée par cette aventurière de la Révolution au printemps 1793. Le texte en avait été repris (avec au moins quatorze fautes de transcriptions…) par Élisabeth Roudinesco dans sa biographie sous-titrée « Une femme mélancolique sous la Révolution » (Le Seuil, 1989).

On a bien lu : je me félicite d’avoir lu un article de Michel Onfray ! Dira-t-on encore, après cela, que je suis de parti pris ?

L’affiche se trouve aujourd’hui sur Gallica, mais difficilement lisible. J’ai corrigé les fautes de la version Roudinesco, rétabli la ponctuation et l’orthographe d’origine. L’affiche était imprimée sur papier bleu (les papiers de couleurs, parfois vives, étaient fort prisés pour les placards à coller dans les rues), mais l’affiche colorisée donnée ci-dessous en illustration ne prétend pas reproduire la nuance d’origine.

Théroigne s’adresse aux sections de Paris. Michel Onfray croit pouvoir ajouter un membre de phrase hélas dépourvu de sens : «autrement dit aux hommes de la Commune»… !?! Passons. Où l’on est obligé de lui donner raison c’est quand il déduit du texte que l’auteure « veut la paix entre Girondins et Montagnards ». Théroigne rêve encore d’une révolution pour laquelle tous — « riches et pauvres » — marcheraient d’un même pas. C’est un rêve que l’on peut trouver sympathique, mais il accuse au moins deux années de retard dans l’analyse politique, années durant lesquelles la lutte des classes a chassé dans les nuées de l’idéal l’illusion d’une révolution unanime.

Quand à considérer que les femmes sont plus aptes que les hommes à ramener la concorde dans les assemblées de section, c’est une naïveté essentialiste qui tranche avec le « féminisme guerrier » dont avait fait preuve Théroigne les années précédentes.

Capture d’écran 2015-08-09 à 16.58.27

AUX  48  SECTIONS.

 CITOYENS,

Écoutez je ne veux point vous faire de phrases, je veux vous dire la vérité pure et simple.

Ou en sommes nous ? Toutes les passions que l’on a eu l’art de mettre aux prises nous entraînent, nous sommes presque au bord du précipice.

Citoyens, arrêtons-nous et réfléchissons, il est temps. A mon retour d’Allemagne, il y a à-peu-près dix-huit mois, je vous ai dit que l’Empereur avoit ici une quantité prodigieuse d’agens pour nous diviser, afin de préparer de loin la guerre civile, et que le projet étoit de la faire éclater au moment que ses satellites seroient prêts à faire un effort général pour enva­hir notre territoire. Nous y voilà ; ils sont au point de dénoue­ment, et nous sommes prêts à donner dans le piège. Déjà des rixes précurseures de la guerre civile ont eu lieu dans quelques sections : soyons donc attentifs, et examinons avec calme, quels sont les provocateurs, afin de connoître nos ennemis.

Malheur à vous, citoyens, si vous permettez que de sem­blables scènes se renouvellent. Si on peut se donner des coups de poings, se dire des injures, indignes de citoyens, bientôt on osera davantage et je vous prédis que les passions s’exaspére­ront à un tel point, qu’il ne dépendra plus de vous d’en arrêter l’ex­plosion. Ces manœuvres ont trois buts, la guerre civile, il n’y a pas de doute, celui de justifier la calomnie des rois et de leurs esclaves, qui prétendent qu’il n’est pas possible que le peuple s’assemble pour exercer sa souveraineté, sans en abuser : c’est une branche de la grande conspiration contre la démocratie.

Citoyens, tenez-la bien ferme cette démocratie, qu’elle ne puisse jamais nous échapper. Déjouez ces intrigues par votre droiture, votre justice et votre sagesse. Par-là, vous donnerez un démenti à vos calomniateurs ; il a aussi celui [le but] d’arrêter, tant qu’il se pourra, le complement du contingent que Paris doit fournir pour marcher contre les rebelles de la Vendée. On voudroit, apparem­ment, qu’au lieu de porter des secours à nos frères, on fût obligé de venir nous mettre d’accord. C’est réellement le but des agens des rois, pour faire diversion, nous affoiblir l’un par l’autre, car pendant que nous nous déchirerions ici, les rebelles, secondés par les Anglais, qui ne tarderont pas à faire une descente sur nos côtes, si les intrigues de Pitt continuent à nous entraver, à nous empêcher de penser sérieusement à notre situation, pendant ce temps-là, dis-je, les rebelles qui, à notre honte, sont plus unis et plus fermes pour défendre le despotisme et les préjugés religieux, que nous pour défendre la liberté, feroient des progrès que nous ne pouvons calculer, parce que, nous n’avons pas leurs passions ; parce que des hommes qui se sont mis dans le cas de n’avoir point de choix, entre la victoire ou la mort, se battent en déterminés : d’accord avec les Impériaux, les Prussiens, et toutes les puissances coali­sées, ils s’avanceroient chacun de leur côté : nos armées et nos généraux ne sachant s’ils se battent pour la république ou pour des partis, ou pour un tyran qu’ils craindroient, avec rai­son, voir s’élever comme à Rome, pour mettre fin à ses divi­sions, seroient découragés. Et enfin, les citoyens foibles, ceux qui, jusqu’apprésent, sont restés indécis, mais qui se déclare­roient si notre union et notre force donnoient une bonne impulsion ; découragés par ces mêmes motifs, et séduits, d’ail­leurs par des promesses perfides, telles que celles que contient la proclamation de Cobourg, resteroient immobiles. Comme cela, si nous donnions dans le piège qu’on nous prépare, les rois parvenus à faire éclater la guerre civile entre les citoyens les plus énergiques, à séduire ou décourager les autres, qu’opposerions-nous à leurs satellites ? Comment arrêterions-nous ce torrent d’ennemis, qui conbineroient leurs efforts au moment où nous serions les plus acharnés les uns contre les autres ? Ô ! idée affreuse, je n’ose pas achever.

Citoyens arrêton[s]-nous et réfléchissons, ou nous sommes perdus. Le moment est enfin arrivé, où l’intérêt de tous veut que nous nous réuniss[i]ons, que nous fassions le sacrifice de nos haines et de nos passions pour le salut public. Si la voix de la patrie, la douce espérance de la fraternité n’ébranlent point nos ames, consultons nos intérêts particuliers. Tous réunis, nous ne sommes pas trop forts pour repousser nos nombreux ennemis du dehors ; et ceux qui ont déjà levé l’étendard de la rebellion. Cependant, je vous préviens que nos ennemis ne dis­tinguent point les partis, et que si nous sommes vaincus, nous serons tous confondus au jour de vengeance. Je puis dire qu’il n’y a pas un seul patriote qui se soit manifesté dans la révolution, sur le compte duquel on ne m’ait interrogée. Tous les habitans de Paris sont indistinctement proscrits, et j’ai oui dire mille fois par ceux qui vouloient me faire déposer contre les patriotes, qu’il falloit exterminer la moitié des français, pour soumettre l’autre. Nous exterminer, vils esclaves ! C’est toi que nous exter­minerons. Le danger va nous réunir, et nous saurons te mon­trer ce que peuvent des hommes qui veulent la liberté, et qui agissent pour la cause du genre humain. Nous marcherons tous, riches et pauvres, et ceux qui, ayant les forces néces­saires, se feroient remplacer, seroient entachés d’infamie. C’est donc envain, tyrans de la terre, que tu envoie[s] tes agens ici ; que tu répand[s] ton or. Les français sont trop éclairés pour se laisser prendre au piège que tu leur tends et s’égarer. Nous voulons la liberté et nous la défendrons jusqu’à la dernière goûte de notre sang. Nous avons pour nous la justice éternelle, et toi tu n’as que le mensonge et le crime. Juge ta cause et la notre et désides [sic] à qui la victoire.

Les plus petites choses conduisent quelques fois aux plus grandes. Des femmes romaines ont désarmé Coriolan et sauvé leur patrie.

Rappelez-vous, citoyens, qu’avant le dix août, aucun de vous n’a brisé le fil de soye qui séparoît la terrasse des feuillans du jardin des Thuileries. La moindre chose arrête quelques fois le torrent des passions avec plus de succès que tout ce qu’on peut leur opposer.

En conséquence, je propose qu’il soit nommé, dans chaque section, six citoyennes les plus vertueuses et les plus graves par leur âge, pour consilier et réunir les citoyens, leur rappeler les dangers de la patrie ; elles porteront une grande écharpe ou il sera écrit AMITIÉ et FRATERNITÉ. Chaque fois qu’il y aura assemblée générale de section, elles s’y rassembleront pour rappeler à l’ordre tout citoyen qui s’en écarteroit, qui ne respecteroit point la liberté des opinions, chose si précieuse pour former un bon esprit public. Ceux qui ne sont qu’égarés, mais qui cependant, ont de bonnes intentions, aiment leur patrie feront silence. Mais si ceux qui sont de mauvaise foi, et apostés tout exprès par les aristocrates, par les ennemis de la démocra­tie et les agens des rois, pour interrompre, dire des injures et donner des coups de poings, ne respectent pas plus la voix de ces citoyennes que celle du président, ce seroit un moyen de les connoître. Alors on en prendroit note, pour faire des recherches, sur leur compte. Ces citoyennes pourroient être changées tous les six mois, celles qui montreroient le plus de vertu, de fer­meté, de patriotisme dans le glorieux ministère de réunir les citoyens et de faire respecter la liberté des opinions pourroient être réélues pendant l’espace d’une année. Leur récompense seroit d’avoir une place marquée dans nos fêtes nationales, et de surveiller les maisons d’éducation consacrée[s] à notre sexe.

Voilà citoyens un projet que je soumets à votre examen.

THÉROIGNE.

A PARIS, de l’Imprimerie de F. Dufart, rue St.-Honoré, près St.-Roch.

 

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La citoyenne Montgery, institutrice, pétitionne pour l’éducation des filles (1792~1793)

09 lundi Fév 2015

Posted by Claude Guillon in «Documents», «Textes de femmes»

≈ Commentaires fermés sur La citoyenne Montgery, institutrice, pétitionne pour l’éducation des filles (1792~1793)

Étiquettes

Alphonse Aulard, Éducation, Citoyenne Montgery, Elke & Hans-Christian Harten, James Guillaume, Jean-Baptiste Massieu, Jean-Jacques Rousseau, Laurie Laplanche, Louis Michel Le Peletier

La pétition de la citoyenne Montgery, rédigée vers fin 1792, dont je vais reproduire la version imprimée en brochure, a échappé à l’attention de — ou a été négligée par — Elke et Hans-Christian Harten, qui ne la mentionnent pas dans leur recueil Femmes, culture et Révolution (Des Femmes, 1989).

Mon attention a été attirée sur elle par Laurie Laplanche, qui signale l’exemplaire de la BN (aujourd’hui sur microfiche) dans son mémoire de 2007 : Le Discours sur l’éducation des femmes pendant la Révolution française La représentation de la citoyenneté féminine entre 1789 et 1794 (téléchargeable sur le site de l’Université de Montréal).

Les Archives nationales conservent un autre exemplaire (à Paris) sous la cote AD/VIII/29.

Une première recherche m’a permis de vérifier que cette pétition n’était pas inconnue, puisqu’elle est signalée dans Tourneux, Bibliographie de l’histoire de Paris pendant la Révolution française (tome III, n° 17387, p. 586) et dans Fosseyeux, Marcel, Les Écoles de charité à Paris sous l’ancien régime et dans la première partie du XIXe siècle (1912, p. 233 Archive.org).

Or si la pétition individuelle de la citoyenne Montgery est de facture assez classique, elle mérite certainement d’être mentionnée au chapitre des démarches féminines en faveur de l’éducation des filles, du fait de la grande pugnacité avec laquelle son auteure l’a présentée d’abord devant trois institutions : le club des Jacobins, la Convention & la Commune[1]. On notera que ce « parcours » ne respecte pas la hiérarchie des pouvoirs, qui aurait voulu qu’elle fût présenté d’abord devant la Commune. La pétitionnaire entend se tourner ensuite vers les sections parisiennes, afin qu’elles appuient sa demande auprès du rapporteur nommé à la Convention (en fait au Comité d’Instruction publique de celle-ci), qu’elle désigne sous le nom de « Massieux ». Il s’agit du député Jean-Baptiste Massieu, ancien évêque constitutionnel de l’Oise, abdicataire et marié le 23 novembre 1793, membre du Comité d’Instruction publique.

Nous verrons plus loin que dans la famille Montgery, un maître de pension, probablement l’époux de la citoyenne institutrice, défend ses intérêts de « prolétaire » de l’enseignement, sans que, à ma connaissance l’une mentionne l’autre, et réciproquement.

La citoyenne Montgery vient donc d’abord aux Jacobins, le 19 décembre 1792, prononcer une allocution qui forme le début de la pétition qu’elle entend présenter devant la Convention[2]. Le Journal des débats la reproduit (ou un extrait) dans son n° 323, du 21 décembre 1792.

Elle présente sa pétition à la Convention un peu plus d’un mois plus tard, le 27 janvier 1793. Elle est admise à la séance et lit elle-même son texte. Je n’ai pas trouvé mention de son intervention dans les Archives parlementaires. Par contre, elle est signalée dans le Procès-verbal de la Convention (t. V, p. 452) sous l’appellation « citoyenne Bonnet, femme Montgéry ».

Capture d’écran 2015-02-09 à 15.42.47Elle ne mentionnera pas son nom de jeune fille dans la brochure.

La pétition est renvoyée au Comité d’Instruction publique de la Convention (voir P.-V.). Bonnet-Montgery assure avoir obtenu la mention honorable à l’unanimité des voix (ce dont le P.-V. ne dit rien) et prétend que « le Citoyen Rabaud de Saint-Etienne, qui étoit Président, [lui] a promis, au nom de la Convention, d’accepter [s]es offres pour l’Education publique », ce qui est évidemment faux.

En l’état de mes courtes recherches, je n’ai pas de traces des démarches éventuelles faites par la citoyenne pour contacter les 48 sections de Paris.

Ce que nous savons, en revanche, c’est qu’elle a été entendue le lundi 11 février 1793 par le Comité d’instruction publique, devant lequel elle a pu développer à nouveau ses arguments[3]. Cependant, Massieu propose dans son rapport, quinze jours plus tard, le 26 février, de passer à l’ordre du jour, c’est à dire de ne donner aucune suite à la pétition[4]. Sa position est adoptée. Deux mois d’efforts en vain.

Le citoyen Montgery, maître de pension

J’ai trouvé deux lettres manuscrites aux Archives nationales, la première de la main du « citoyen Merigon Montgery, rue et isle St Louis n° 8 ». La présence du patronyme « Merigon » reste mystérieuse à mes yeux, mais celle de « Montgery » ainsi que l’identité de l’adresse avec celle de la citoyenne Bonnet-Montgery ne laisse que peu de doute sur le lien entre le maître de pension et l’institutrice.

Cette première lettre (F/17/1002 d. 153 plaq. 2) n’est pas datée, mais elle a été écrite avant le 20 janvier 1793, date de l’assassinat de Louis Michel Le Peletier, dont Montgery a été le précepteur, et qui « recommande instamment à ses collegues » la pétition de ce dernier.

Le citoyen Montgery assure que l’enseignement est « une carrière qu’il remplit depuis l’âge de seize ans ». Il se plaint amèrement de la concurrence déloyale des prêtres et décrit longuement la condition malheureuse des maîtres de pension.

Un Me de pension est un citoyen obscur, dédaigné, dont tous les instans sont consacrés à l’utilité publique, dont le travail suffit à peine à sa pénible existence, dont la vie prolongée dans les soucis et les inquiétudes s’éteint dans l’amertume, laissant des filles condamnées au célibat, parcequ’il n’a pu les doter ; ou s’il en etablit une, c’est en la donnant à un gendre aussi indigent, qui succede à ses peines et à ses travaux. […]

Vous n’ignorez pas, citoyens, la progression effrayante du prix des vivres, qui fait gemir les vrais Républicains, et qui, sans doute, éveillera votre attention, par les suites incalculables qui peuvent en resulter : les maitres de pension, au milieu de ce fléau général, ont été contraints de baisser le prix de pensions, qui etoient à peine en proportion avec des tems meilleurs. Il en doit être très peu qui n’eprouvent les angoisses d’une ruine prochaine, dont la perspective ne soit d’être jetté dans les cachots avec les coupables, par une suite du droit affreux du créancier impitoyable sur son débiteur infortuné, monstre qui deshonore un état policé, et que vous nous empresserez de bannir de la terre de la liberté.

Citoyens, si en plaidant ma cause devant vous, j’ai plaidé celle d’une classe de citoyens, aussi laborieux qu’ignorés, j’ai cru servir la Republique, en indiquant à votre choix des citoyens dignes de votre attention par leurs peines autant que par leurs vertus.

C’est dans la deuxième lettre (F/17/1354 d. 6), du 23 thermidor an 2 [10 août 1794], que Montgery raconte avoir été précepteur de Le Peletier. Dans la description de ses démarches pour trouver l’emploi qu’il occupe alors à la Commission de l’Instruction publique, on comprend qu’il s’y est présenté en floréal an 2, soit au plus tôt fin avril 1794, ce qui semble contradictoire avec la mention du soutien de Le Peletier portée sur la lettre précédente. Mais rien ne dit que toutes ses lettres ont été conservées.

N’ayant d’autre moyen d’existence que mon travail, j’ai éprouvé pendant six mois toute l’horreur des besoins. J’ai sollicité inutilement de l’emploi à la trésorerie nationale, aux Bureaux de la guerre. Enfin au mois de floreal je me suis présenté à la commission de l’Instruction publique. Il n’y avoit encore que trois commis venus des Bureaux de l’Intérieur. J’y fus admis en qualité de chef de la 1e division, on me chargea en même tems des registres, en attendant, et ils me sont toujours restés. Avec ce double emploi j’y ai des appointemens médiocres.

Voilà, citoyen, toute l’histoire de ma malheureuse vie. Je n’ai pour recommandation que le desir du bien, l’amour du travail, et vous voyez que cela ne peut vous procurer une situation assortie aux premiers besoins de l’existence

Capture d’écran 2015-02-09 à 15.44.17

Cette dernière lettre(*), au moins, est postérieure aux démarches infructueuses de la citoyenne Montgery, sa probable épouse, pour se faire attribuer un bâtiment religieux pour y ouvrir une école gratuite pour les filles. Les difficultés — à se faire entendre et soutenir — que rencontrent ces deux personnes, également convaincues de l’importance de l’instruction publique, et disposant à la fois d’une bonne expérience professionnelle et d’un certain entregent, montrent qu’il y a parfois loin des plans et déclarations d’intention de l’exécutif à la pratique quotidienne de la piétaille enseignante. Les choses sont-elles différentes aujourd’hui ?

Capture d’écran 2015-02-09 à 15.02.29

Photo d’une microfiche, colorisée par mes soins.

PÉTITION PRÉSENTÉE À LA CONVENTION NATIONALE, LE 27 JANVIER 1793, PAR LA CITOYENNE MONTGERY.

Citoyens Législateurs,

Depuis que j’ai atteint l’âge de raison, j’ai desiré d’être utile à ma Patrie. J’ai réfléchi avec attention sur nos Etablissemens, dits de charité ; les Ecoles qui portent ce nom, m’ont paru avoir un grand inconvénient, celui de ne garder les Enfans que quatre heures par jour. Or, les Peres et Meres à qui la fortune ne permet pas de payer pour l’éducation de leurs Enfans, n’ont pas le tems de les surveiller le reste de la journée. Il arrive de là que les Enfans de l’un et l’autre sexe, passent une partie du jour dans les rues, exposés à tous les accidens inséparables de l’étourderie de cet âge et du tumulte des grandes villes. Chaque jour en offre de tristes exemples. Mais ce qui m’a toujours affligée le plus sensiblement, c’est le danger que courent leurs mœurs, en jouissant de la liberté avant l’âge de pouvoir connoître le bien d’avec le mal. Je suis même persuadée que bien des criminels, que la Loi condamne, auroient été vertueux, si leur éducation n’avoit pas été négligée. Sages LÉGISLATEURS, à qui je m’adresse, qui de nous ne doit pas employer ses soins et son travail, pour éviter de semblables malheurs à la Patrie. Le Citoyen Taillairand[5] a présenté un travail sur l’Education des hommes. Les femmes seront-elles toujours oubliées ? Je pense que l’on pourroit destiner, dans une partie des Sections, une Maison, ci-devant Couvent, où les jeunes filles ne viendroient pas seulement apprendre à lire et à écrire, mais aussi à devenir de bonnes Ouvrieres et sur-tout de bonnes Meres de familles, qui feroient honneur à la Patrie, des talens et des vertus qu’elles auroient reçus d’elle.

Le desir que j’ai de voir un pareil Etablissement, en faveur de mon sexe, ne m’empêche pas de sentir, Citoyens LÉGISLATEURS, que dans le moment actuel vous ne pouvez faire tout le bien que vos cœurs desirent ; aussi pour commencer ne fais-je que vous demander une Maison, ci-devant religieuse, qui ait un grand Jardin. Le moyen d’en tirer parti, pour que les enfans y trouvent une partie de leur nourriture, en même-tems que leur instruction, seront le fruit de mes soins et de mes combinaisons. Si j’avois de la fortune, j’en emploirois une grande partie à un Etablissement qui me paroit devoir amener les plus heureux effets : au défaut de fortune, j’offre à la Patrie le desir réfléchi de lui être utile, une santé ferme, une expérience de douze ans, dans l’éducation de la jeunesse, un courage et une activité que rien ne peut ralentir. Lire la suite →

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