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Coup de projecteur sur l’action de Marthe Bigot, militante féministe et communiste de la première époque du PC, si bien évoquée par Julien Chuzeville dans le passionnant Un court moment révolutionnaire. La création du parti communiste en France (Libertalia), dans lequel Bigot est d’ailleurs citée à de nombreuses reprises (elle l’est également, plus brièvement dans Tout est possible! Les gauchistes français, 1929-1944, le livre de Jean Rabaut récemment réédité chez Libertalia.

Je reproduis ci-après des extraits de la biographie de Marthe Bigot publiée dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, auquel je renvoie pour les références et l’intégralité de la notice, rédigée d’abord par Jean Maitron et revue par Claude Pennetier (je n’ai pas signalé les très nombreuses coupes que j’ai effectuées).

Je donne également la reproduction de la brochure de Marthe Bigot indiqué en titre de ce billet: La Servitude des femmes, que vous pouvez télécharger au format pdf en cliquant ICI.

On notera – symptôme de l’ambiance de ce «court moment révolutionnaire» (Chuzeville) – que Marthe Bigot, après avoir évoqué en introduction de son texte les revendications des femmes pendant la Révolution française cite largement et élogieusement Kropotkine.

Née le 13 mars 1878 à Montargis (Loiret), morte le 4 mars 1962 à Pontoise (Seine-et-Oise) ; institutrice ; syndicaliste ; féministe ; dirigeante socialiste puis communiste ; membre du Comité directeur du Parti communiste en 1921 et 1922 ; secrétaire du Comité féminin du PC ; oppositionnelle de gauche à partir de 1924, quitte le PC en 1926 ; collaboratrice de la Révolution Prolétarienne, Marthe Henriette Euphrasie Bigot est la fille d’un boulanger travaillant à Montargis puis à Paris.

Féministe convaincue dès les années 1900, elle refusa toutes les demandes en mariage, fit l’apologie de l’union libre et de la maternité hors mariage, que sa sœur Antoinette pratiqua. Elles élevèrent ensemble l’enfant prénommé Pierre.

Son pacifisme et son féminisme la conduisirent à assurer, en 1916 le secrétariat provisoire de la section française du Comité international des femmes pour la paix permanente, puis le secrétariat adjoint (1916) et le secrétariat (1917) de la Fédération féministe universitaire (FFU) et la direction du groupe du XIIe arr. de l’Union française pour le suffrage des femmes. Elle était gérante du journal de la FFU l’Action féministe, imprimé à Cahors (Lot) et publié à Paris.

Présente au congrès de Tours (25-30 décembre 1920) comme déléguée de la Seine, elle fut élue suppléante au Comité directeur communiste et quelques jours plus tard, le 4 janvier 1921, nommée membre de la commission de propagande du nouveau Parti communiste.

En février 1922, Marthe Bigot prit le titre de secrétaire de la commission centrale du Parti communiste pour le travail parmi les femmes. Elle obtint quelques succès, imposant en particulier l’idée des candidatures féministes aux élections. Elle-même se présenta aux élections municipales du 26 mars 1922 dans le quartier des Enfants-Rouges (IIIe). Elle créa en avril 1922 le journal l’Ouvrière.

Le congrès de Paris (15-19 octobre 1922) l’élimina du Comité directeur et du secrétariat du Comité féminin. Marthe Bigot démissionna aussitôt de son poste de rédactrice au journal L’Humanité en signe de protestation. En novembre, elle partit à Moscou assister à l’Exécutif élargi de l’Internationale communiste. Elle représenta la Gauche au IVe congrès de l’IC en novembre-décembre. Le congrès la désigna le 2 décembre comme membre suppléant au Comité directeur français, toutefois, pour des raisons inconnues, les procès-verbaux et le compte rendu de L’Humanité ne mentionnèrent pas son nom.

Marthe Bigot venait d’entrer en opposition avec les directions du Parti et de l’Internationale communiste en participant à la rédaction de la brochure Le Cours nouveau. Elle donna sa démission de sa fonction de secrétaire permanente mais, le Bureau politique réuni le 30 juillet 1924 refusa cette démission. Il émit de sévères critiques sur l’action en milieu féminin : mauvaise préparation de la semaine internationale, caractère « petit-bourgeois » du journal l’Ouvrière. La dureté de ces critiques renforça Marthe Bigot dans son opposition qui se transforma vite en rejet de la politique du parti communiste. Elle signa, en octobre 1925, la lettre au Comité exécutif de l’Internationale communiste dite lettre des 250. On ignore si elle démissionna ou si elle fut exclue en janvier 1926.

La victoire du Cartel des gauches permit sa réintégration dans l’enseignement en octobre 1924. Elle s’occupa de la Fédération des enfants ouvriers et paysans tout en reprenant une part active à la vie syndicale. Elle appartint à la tendance Ligue syndicaliste qui mena, en 1926, une violente campagne contre la majorité communiste de la Fédération unitaire de l’Enseignement. Marthe Bigot fit partie des neuf militants qui soumirent au congrès fédéral du 6 avril 1928, une motion contre la répression touchant les communistes en URSS et rappelant « le rôle glorieux de Trotsky et de ses camarades et la part qu’ils ont prise à la lutte pour la Russie révolutionnaire en péril » (Le Syndicalisme dans l’Enseignement, t. 3, p. 64).