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Annales historiques de la Révolution française, Conciergerie, Olympe de Gouges, Philippe Bourdin, Société des études robespierristes, Théâtre
08 jeudi Sep 2022
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in≈ Commentaires fermés sur “Olympe de Gouges: théâtre et convictions politiques” par Philippe Bourdin
18 lundi Juil 2022
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in≈ Commentaires fermés sur Anachronisme & bonnes intentions chez Gérard Noiriel
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Anachronisme, Claire Lacombe, Domination masculine, Féminisme, Gérard Noiriel, Guillotine, Olympe de Gouges, Pauline Léon, Robespierre, Société des citoyennes républicaines révolutionnaires
Deuxième billet consacré à la version en images d’Une histoire populaire de la France (Delcourt/Encrages).
J’aimerais bien savoir sur quels documents s’appuie Gérard Noiriel pour produire la saynète en bas à droite de cette page…
J’ai beau me creuser la tête, il ne m’en revient aucun qui « colle » (mais je n’ai pas passé en revue les centaines de documents de mon corpus pour trouver la perle rare).
Certes, les sans-culottes étaient imprégnés d’une culture virile, voire masculiniste. Elle ne différait d’ailleurs de celle de personnes plus raffinées (tel Robespierre) que par sa rudesse physique.
Je ne vois pas à quel moment, quelles femmes ont pu renier ce discours viril des sans-culottes.
Certaines se sont inclinées devant : ils sont porteurs de la virilité ; pas nous ; donc nous sommes hors-jeu. D’autres l’ont, si j’ose dire « épousé » : nous aussi, nous pouvons, malgré nos faiblesses, incarner une part de virilité, ou au moins soutenir (matériellement) et exalter (aiguillonner) celle de nos compagnons, frères et pères. Les plus critiques se sont gaussées des hommes qui, à leur avis, ne se montraient pas à la hauteur de leur idéal viril. — Et alors, si c’est comme ça, nous les femmes pouvons faire au moins aussi bien, voire mieux !
Certes, on peut noter que dans un grand nombre de sociétés populaires qui accueillaient, dans le public ou comme membres, des femmes, on les a défendues soit contre le harcèlement de tel ou tel, soit contre des propos ou affiches diffamatoires. Et certes, des femmes se sont plaintes de ces mauvais traitements. Mais où est-il question d’une critique de la virilité ?
Je donne ci-après l’exemple d’un discours qui se rapproche au plus près de ce que nous qualifierions aujourd’hui (à juste titre) de « féministe ». Il est tenu le 27 mai 1793, devant le club des Jacobins par une oratrice de la Société des Citoyennes républicaines révolutionnaires, soit le club féminin parisien (et sans doute français) le plus radical :
La société des républicaines révolutionnaires nous députe vers vous, pour vous prier de nous faire connaître le lieu du rassemblement ; il est temps que vous ne voyez plus en nous des femmes serviles, des animaux domestiques ; il est temps que nous nous montrions dignes de la cause glorieuse que vous défendez. Si le but des aristocrates a été de nous égorger en détail en dépeuplant Paris, il est temps de nous montrer ; n’attendons pas les poignards dans notre lit ; formons-nous en phalange, et faisons rentrer l’aristocratie dans le néant. Les faubourgs où nous nous sommes portés [sic] sont dans les meilleures dispositions. Nous avons sonné dans tous les cœurs le tocsin de la liberté. Nous voulons seconder votre zèle et partager vos dangers ; indiquez-nous le lieu où notre présence est nécessaire[1].
La critique de la domination masculine est claire, mais aussitôt suivie d’une demande d’égalité – sans critique de la virilité. Pour ne rien dire de la conclusion, très classique durant toute la Révolution (jusqu’en 1794 compris) : « Nous voulons seconder votre zèle et partager vos dangers ; indiquez-nous le lieu où notre présence est nécessaire. » On ne vient pas chatouiller, si j’ose dire, la virilité des hommes que l’on accepte d’avance comme leaders, et dont on espère qu’ils voudront bien vous faire une petite place.
Quant à cette dernière image, elle accumule tous les défauts possibles. Elle laisse supposer que de nombreuses militantes ont été guillotinées. Or, il n’en est rien, et – il faut bien le dire – c’est en grande partie grâce à la défaite de Robespierre que des militantes comme Claire Lacombe et Pauline Léon ont sauvé leur tête (on opposera l’exemple d’Olympe de Gouges [dont l’exécution est également représentée], mais c’est une femme isolée, sympathisante des Brissotins, c’est-à-dire de « la droite » de la Révolution).
Pour ce qui est du texte de « légende », jamais vocable n’a mieux convenu…
Ce qui est dit ici n’a rien à voir avec les raisons véritables de l’interdiction des Républicaines révolutionnaires, et du même coup, de tous les clubs de femmes. Certes, cette interdiction fut l’occasion d’envolées masculinistes (trop longtemps contenues ?) bien connues. Mais on n’a pas « reproché » aux Républicaines de n’être pas assez viriles pour être patriotes : on a choisi d’utiliser contre elles les Dames de la Halle, assez « viriles » il est vrai et fort peu républicaines… Je renvoie sur ce point au long développement qui lui est consacré dans Robespierre, les femmes et la Révolution (IMHO, 2021).
Gérard Noiriel a voulu, sans doute, susciter dans l’esprit de ses lectrices et de ses lecteurs une « correspondance des temps » entre l’actuel me-too et les militantes les plus radicales de la sans-culotterie. C’est sympathique, si l’on veut, mais c’est inexact. L’anachronisme est pavé de bonnes intentions !
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[1] Républicain français, n° 198, samedi 1er juin, p. 802 ; Buchez et Roux, t. 27, pp. 275-276.
24 jeudi Mar 2022
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in≈ Commentaires fermés sur “Olympe de Gouges, femme de lettres” ~ par Hélène Parent
30 dimanche Jan 2022
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in≈ Commentaires fermés sur “Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes” ~ par Titiou Lecoq, avec un dithyrambe de Michelle Perrot
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Charlotte Corday, Christine Fauré, Claire Lacombe, Etta Palm d'Aelders, Geneviève Fraisse, Louise de Kéralio, Marat, Olympe de Gouges, Pauline Léon, Société des citoyennes républicaines révolutionnaires, Titiou Lecoq
J’avais d’abord feuilleté le livre en librairies, ce qui ne m’avait pas donné envie de l’acheter. Et puis j’ai lu des critiques enthousiastes et d’autres sur un registre dont j’ai souvent dit ici-même à quel point il m’agace : si-ce-livre-permet-ne-serait-ce-qu’à-une-lectrice-de-découvrir-l’histoire, etc.
L’Histoire, devrais-je écrire, puisque si l’on se propose de nous expliquer pourquoi elle a effacé les femmes, nous savons dès la première de couverture qu’elle a commis ce forfait à l’aide de sa grande « H » (plaisanterie connue).
Parce que je ne suis pas omniscient, je me reporte au chapitre 11 qui concerne mon domaine de recherches – « Révolutionnaires étouffées » – qui traite de la Révolution française.
Je vais y « apprendre » [pp. 179-180] ce que des dizaines de textes rédigés par des lecteurs et lectrices de Wikipédia m’ont déjà enseigné : Pauline Léon et Claire Lacombe « ensemble ont fondé la Société des Citoyennes républicaines révolutionnaires » (non).
Plus original, et non sourcé, comme de bien entendu, on m’explique que « ces femmes », expression qui englobe Pauline et Claire, Etta Palm d’Aelders, Louise de Kéralio, Olympe de Gouges et quelques autres « veulent des femmes dans la magistrature, dans l’armée et aux postes importants de l’Église. » Telle que formulée, et attribuée à un groupe aussi hétéroclite, cette prétendue revendication n’a tout simplement aucun sens.
Puisque j’en suis aux détails qui heurtent, voici la manière dont est évoquée la politique de Marat, à propos de sa meurtrière Charlotte Corday :
Devant les appels de Marat à tuer tout le monde. […] [p. 187]
Terrible petit bruit de la sottise qui heurte le zinc du comptoir du Café du commerce.
Le propos général de l’ouvrage est de mettre à portée du plus grand nombre ou au moins « d’un » plus grand nombre les travaux des historiens et historiennes, censés reposer dans des oubliettes éditoriales ou de poussiéreuses revues.
C’est mentir. De nombreux livres d’histoire, rédigés par des spécialistes atteignent des tirages très honorables.
Puisque Geneviève Fraisse est – à juste titre – citée et utilisée à plusieurs reprises par Lecoq, remarquons que l’on peut trouver en collection de poche Folio plusieurs de ses ouvrages, ce qui n’est pas précisément un signe de clandestinité.
Incompréhensible, et impardonnable, est l’absence de Christine Fauré, directrice d’une Nouvelle encyclopédie politique et historique des femmes (Les Belles Lettres, 2010).
Je vais m’attarder sur le problème des références. J’ai mentionné Fraisse ; on en rencontre d’autres, mais quant à savoir selon quels critères elles sont choisies pour figurer dans les notes, mystère et boule de gomme ! Disons que là où une référence est donnée, il en existe neuf qui sont tues.
De plus dans un livre qui se prétend outil de « passeuse » entre scientifiques et grand public, on s’attendrait à une bibliographie commentée, par exemple à la fin de chaque chapitre. Et avec les adresses ou au moins les noms de nombreux sites et blogues… Or, à part les notes de bas de page, il n’y a rien.
De temps à autre, l’autrice lance dans l’éther une incitation qui doit lui paraître suffisante. Ainsi à propos de Communardes, dont elle vient d’énumérer les patronymes.
Allez lire leurs vies [sic], elles sont toutes passionnantes. [p. 238]
D’ailleurs, quand on se plaint de l’invisibilisation des femmes dans l’histoire, comment ne pas signaler l’existence de deux associations (au moins) qui travaillent à conserver et mettre en valeur la mémoire des femmes: Mnémosyne, Association pour le développement de l’histoire des femmes et du genre et les Archives du féminisme…
Quant au style, après un coup de chapeau à l’écriture inclusive, l’autrice se dispense du moindre point médian (il ne faudrait pas dérouter le grand public !). Elle adopte ici et là un style relâché, censé, je suppose, réduire encore les méfiances de celles et ceux qu’inquiète le bon français. Doit-on croire que la formule « un décret les chasse de l’armée » aurait rebuté beaucoup de monde ? Nous lisons : « Un décret les vire de l’armée » [p. 189]. Dans le même registre, pour qualifier l’action de Napoléon : « Après le bordel de la Révolution… ».
Ou bien ce livre n’a pas eu d’éditeur, ou bien il s’agit d’un procédé démagogique.
À défaut de relecture, l’ouvrage a bénéficié d’une campagne d’affichage publicitaire, et d’une préface de Michelle Perrot qu’elle conclut sur une formule dont on a compris que je ne la partage pas : « À lire absolument ».
On m’objectera, comme d’habitude, que – même vendu comme une savonnette et écrit avec les pieds – le livre est « sympathique » puisqu’il défend la visibilité des femmes dans l’histoire, et qu’il est possible que des jeunes gens et jeunes filles s’y découvrent un intérêt pour l’histoire des femmes. Il est impossible de réfuter un tel argument, ce qui indique assez son caractère non-scientifique.
En l’état, cet ouvrage non seulement n’apporte rien sur le sujet qu’il prétend traiter, mais se trouve très en retard (au moins dans le domaine qui m’intéresse) sur l’état présent de la recherche. D’honnêtes lectrices et lecteurs croiront de bonne foi tenir entre leurs mains un état actualisé des connaissances, quand ils·elles n’auront en main que le énième produit surfant sur la vague #MeToo – ça n’est pas moi qui fait le rapprochement, mais Michelle Perrot dans sa préface.
Ma dernière pensée (de ce billet) ira aux arbres, certes issus d’une « forêt gérée durablement »… Combien d’arbres pour faire savoir que Marat voulait « tuer tout le monde » ?
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Statut de l’ouvrage
Acheté en librairie. 326 pages, 20, 90 €.
22 mardi Juin 2021
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in≈ Commentaires fermés sur Vingt-cinquième édition du festival de la correspondance de Grignan sur le thème “Révolutions” ~ du 6 au 10 juillet 2021
16 mardi Mar 2021
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in≈ Commentaires fermés sur Nouveau recueil de textes d’Olympe de Gouges, présenté par Geneviève Fraisse…
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14 vendredi Fév 2020
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in≈ Commentaires fermés sur Les “Annales historiques de la Révolution française” à la Conciergerie
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Dominique Godineau, Martine Lapied, Olympe de Gouges, Philippe Bourdin
02 mercredi Oct 2019
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in≈ Commentaires fermés sur “SE TAIRE EST UN CRIME LORSQUE PARLER EST UTILE” ~ Affiche de soutien à l’Enragé Varlet
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Affiches, Enragé·e·s, Jean-François Varlet, Olympe de Gouges
Cette affiche, rédigée et diffusée par le citoyen Lechard, de la section du Muséum, en soutien à Jean-François Varlet fait partie de la collection Portiez de l’Oise. Elle figure dans l’exposition qui se tient en ce moment à l’Assemblée (et dans son catalogue). Un détail du titre figure sur l’un des timbres émis pour l’occasion.
Croirez-vous qu’on la retrouve également sur un mug, réalisé pour l’occasion, et vendu à la boutique de l’Assemblée (à défaut d’y aller physiquement, je vous conseille le voyage virtuel sur son site). À la boutique et non à la sortie de l’exposition, où vous ne trouverez que le catalogue et la planche de quatre timbres (produits censés être moins vulgaires?).
On se souvient que ladite boutique avait malencontreusement commercialisé, avant rétropédalage vergogneux, un tablier de cuisine portant une citation d’Olympe de Gouges. Ce mug, lui, est impeccable d’un point de vue idéologique. Cependant, on reste pantois devant la dévoration consumériste du patrimoine révolutionnaire ainsi manifestée.
[Je réponds à la question que je devine se former dans vos esprits mal tournés: oui, j’ai acquis le mug. Certes, je suis à peu près incorruptible (sans vouloir me comparer…), mais je suis capable de tout pour un porte-clefs ou un stylo publicitaires.]
Cliquez sur les images pour les AGRANDIR.
Nota. J’ai légèrement colorisé l’affiche pour essayer de la rendre plus lisible: les caractères sont petits et l’impression imparfaite.
L’affiche en faveur de Varlet figure sur l’autre face du mug.
17 mardi Sep 2019
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in≈ Commentaires fermés sur “La Révolution s’affiche” ~ Un livre, une exposition, quatre timbres
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L’Assemblée nationale expose la collection d’affiches réunies par Portiez de l’Oise. À cette occasion, un livre (avec les éditions Fayard) et quatre timbres (réunis sur une plaquette) sont édités.
La collection comporte notamment des affiches rédigées par des femmes (jadis rééditées par les Éditions d’histoire sociale [EDHIS]), dont plusieurs portent la signature d‘Olympe de Gouges.
L’un des timbres représente une affiche appelant à la libération de l’Enragé Jean-François Varlet; un autre reproduit une affiche d’Olympe de Gouges.
16 dimanche Juin 2019
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in≈ Commentaires fermés sur “Les femmes, actrices à part entière” de la Révolution ~ dans un hors-série de «L’Humanité» célébrant le 230e anniversaire d’icelle
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Américo Nunes, Annie Duprat, Annie Geffroy, Claire Lacombe, Clubs de femmes, Dames de la Halle, Féminisme, Hervé Leuwers, Katie Jarvis, Louise Robert de Kéralio, Olympe de Gouges, Patrice Gueniffey, Pauline Léon, Pierre Serna, Républicaines révolutionnaires, Rosalie Jullien, Sophie Vergnes, Théroigne de Méricourt
Bien sûr, au vu des immondices accumulées sur la Révolution française dans les kiosques et maisons de la presse, à l’occasion de son deux cent trentième anniversaire, on ne peut considérer ce hors-série de L’Humanité qu’avec sympathie.
L’article [pp. 16-17] dont j’ai repris le titre est signé par Annie Duprat, dont je ne mets en doute ni la bonne volonté ni la réelle sympathie à l’égard de militantes révolutionnaires issues du peuple, comme Pauline Léon.
Cette-ci se trouve première nommée dans le chapeau de l’article, avant Rosalie Jullien (A. Duprat a publié un choix de sa correspondance), Olympe de Gouges et les Dames de la Halle.
Mais dans le corps de l’article, qui occupe deux pages, voici Pauline à nouveau noyée dans le peloton:
D’autres figures comme Pauline Léon, qui présente à la Législative une pétition pour organiser une garde nationale féminine, ou Claire Lacombe sont des «Amazones de la Révolution».
Reconnaissons que l’article s’ouvre sur un bilan historiographique qui évoque l’existence de clubs féminins et mixtes et évoque le large répertoire de mobilisation des femmes. Mais ce sont ensuite des «figures» qui sont évoquées: Olympe de Gouges, Louise de Kéralio, Théroigne de Méricourt.
Des figures, autrement dit des exceptions. Le terme «Amazones» n’est pas anachronique puisqu’il a été revendiqué par des femmes regroupées en clubs, mais la présence d’amazones n’est pas une singularité de la Révolution. La Fronde en a vu surgir bien d’autres (voir les travaux de Sophie Vergnes).
Étudiée par Annie Geffroy et trop rarement citée, Louise de Kéralio est une figure paradoxale: très active socialement (écrivaine, traductrice, journaliste) elle se déclare néanmoins hostile à l’action politique des femmes, qui s’affirme partout autour d’elle et qu’elle contribue d’ailleurs à «publiciser» en tant que journaliste, d’une manière toute «moderne».
Ce qui est radicalement nouveau durant la Révolution n’est ni l’émergence de personnalités féminines d’exception ni la «participation», même massive, des femmes à un mouvement populaire, mais que cette participation soit instituée, à la fois par la création de sociétés féminines et par leur reconnaissance par le mouvement révolutionnaire dans ses organes autonomes et par les autorités révolutionnaires (de ce point de vue, leur interdiction même participe paradoxalement de cette institution).
Continuer à répondre à la question «Quid des femmes dans la Révolution?» par une galerie de portraits, aussi hauts en couleur et attachants soient-ils, c’est manquer cela et, hélas! contribuer à le dissimuler.
Certes, le texte d’Annie Duprat a le mérite de réaffirmer l’importance des femmes dans la Révolution, quand Patrice Gueniffey, quelques pages plus loin, dans un entretien avec Pierre Serna affirme – et c’est un déni qui relève de la psychanalyse:
Les femmes n’ont pas joué un rôle historique important dans la Révolution. [p. 70]
Par ailleurs – critique qui peut viser l’ensemble du hors-série (à l’exception de l’article d’Hervé Leuwers «Robespierre, une figure revisitée» [pp. 76-77]) – il est dommage de n’avoir donné aucune place aux recherches étrangères. D’abord parce qu’elles renouvellent l’approche de bien des questions, ensuite parce qu’elles attestent du rayonnement culturel et politique persistant de la Révolution française dans le monde.
Pour en revenir au sujet traité par Annie Duprat, on peut ainsi mentionner la parution récente du livre de Katie Jarvis sur les Dames de la Halle, autrice dont j’avais signalé la thèse sur le site de la Société des études robespierristes: Politics in the Marketplace. Work, Gender, and Citizenship in Revutionary France (La politique au marché. Travail, genre et citoyenneté dans la France révolutionnaire, Oxford University Press).
Quant au reste du hors-série, j’évoquerai deux points.
Son titre. Cocardier et·ou stupide.
Que l’égalité a été au cœur de la Révolution, et plus précisément du mouvement populaire est une affirmation qui me paraît juste et utile à réitérer, mais elle n’est pas plus une passion «française» que russe ou mexicaine*.
La tentative de correspondance, intéressante bien que trop politicienne, avec le récent mouvement des Gilets jaunes n’avait nul besoin de cette essentialisation nationale.
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* J’en profite pour signaler la parution aux éditions Ab Irato du livre d’Américo Nunes Ricardo Flores Magón. Une utopie libertaire dans les Révolutions du Mexique.