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LA RÉVOLUTION ET NOUS

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Archives de Tag: Théophile Leclerc

“ÉTRILLER L’IDOLE, COMPLEXIFIER LA POLITIQUE RÉVOLUTIONNAIRE” ~ recension par Jean-Clément Martin de “Robespierre, les femmes et la Révolution”

21 lundi Juin 2021

Posted by Claude Guillon in «Bibliothèque»

≈ Commentaires fermés sur “ÉTRILLER L’IDOLE, COMPLEXIFIER LA POLITIQUE RÉVOLUTIONNAIRE” ~ recension par Jean-Clément Martin de “Robespierre, les femmes et la Révolution”

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Albert Mathiez, Dames de la Halle, Enragé·e·s, Florence Gauthier, Jacques Roux, Jean-Clément Martin, Jean-François Varlet, Marc Belissa, Reine Audu, Robespierre, Société des citoyennes républicaines révolutionnaires, Théophile Leclerc, Yannick Bosc

À propos de Claude Guillon, Robespierre, les femmes et la Révolution (Paris, Editions ihmo, 2021, 355 pages).

 

Une lecture érudite et critique de l’historiographie révolutionnaire autour du rôle des femmes et notamment des marchandes des Halles.

 

Claude Guillon, bien connu par tous ceux qui s’intéressent aux «Enragés» de la Révolution et à leur historiographie, manie avec autant de plaisir et de dextérité engagement, érudition, méthodologie et polémique ; il me fait penser à quelqu’un qui confectionnerait un drapeau rouge comme une tapisserie à points comptés en donnant de bons coups d’épingle.

Le sujet s’y prête. Les leçons historiographiques couvrent un spectre immense et contradictoire, l’acteur principal demeure un sujet d’une complexité inépuisable, enfin l’étude des femmes, surtout de leurs interventions politiques et sociales, est loin d’être aussi avancée qu’on pourrait l’espérer après quelques décennies de travaux reconnus. 

En mobilisant toutes les ressources possibles, débats, journaux, mémoires et ouvrages histoire de la Révolution française, Claude Guillon traque impitoyablement les réticences et les dérobades de Robespierre devant les prétentions des femmes à être reconnues comme autrices, comme citoyennes et surtout citoyennes révolutionnaires.

Que ce soient par ses allusions, ses compliments et même par ses silences, Robespierre manifeste constamment une misogynie partagée avec la quasi-totalité des hommes de son époque. Plus intéressant est de relever, comme le fait l’Auteur, la dimension proprement politique de cette attitude qui vise plus spécifiquement les femmes les plus engagées dans la Révolution avec le groupe des «Enragés», Varlet, Leclerc et Roux, alliant ainsi des réclamations sociales et politiques aux revendications de «genre». Si la chose n’est pas inconnue, C. Guillon relève avec précision toutes les tentatives faites pour exonérer Robespierre de ce travers en accumulant les citations empruntées à A. Mathiez, à F. Gauthier ou Y. Bosc et M. Belissa. De ce fait la démonstration suit un itinéraire compliqué.

Plus neuf, deux chapitres sont de véritables pas de côté quand l’auteur examine les liens de Robespierre avec les dames de la Halle, occasion pour renouveler le sujet avec des citations peu fréquentes. D’un seul coup, les journées des 5 et 6 octobre 1789, la fameuse marche des femmes sur Versailles, et la fermeture des clubs féminins dans l’automne 1793 sont compréhensibles au-delà des légendes ordinaires, montrant les divisions entre les groupes de marchandes et les femmes qui allèrent à Versailles. En outre on suit les itinéraires des deux personnalités à la tête de la communauté des marchandes, ces deux «reines» des Halles et «d’Hongrie», jamais bien identifiée – ce même si le lecteur reste un peu sur sa faim à propos de la non moins fameuse Reine Audu ou Louis-Reine Leduc dont le rôle exact demeure difficile à cerner. Mais est-il possible de faire plus ?

L’essentiel est de comprendre ici que les dames des Halles sont devenues via un légendaire qui les soumettait à l’ordre masculin les héroïnes d’octobre alors qu’elles souhaitaient garder leur pouvoir sur le commerce, sans céder sur leurs convictions religieuses et surtout sans se soumettre aux citoyennes républicaines révolutionnaires. Toutes les ambiguïtés des politiques menées par les hommes au pouvoir, Robespierre évidemment qui doit être compris dans ce groupe-là, sans vouloir l’en isoler, sont ainsi mises à plat dans l’espoir que les histoires à venir de la Révolution ne les gomment pas mais réfléchissent à ces errements, dont la connaissance ne peut que servir à en éviter le retour, le cas échéant.

Jean-Clément Martin

Capture d’écran 2021-06-21 à 10.50.32

Texte publié sur Le blog de Jean-Clément MARTIN.

Éditions IMHO

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“La terreur et la vertu” article du journal Lutte ouvrière (1964)

07 vendredi Mai 2021

Posted by Claude Guillon in «Bibliothèque»

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«Lutte ouvrière» (journal), Enragés, Jacques Roux, Jean-François Varlet, Robespierre, Terreur, Théophile Leclerc, Trotskisme

Lutte ouvrière, 3 novembre 1964.

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“Histoire des sans-culottes” ~ chanson patriotique, et scatologique, de l’Enragé Leclerc

17 samedi Avr 2021

Posted by Claude Guillon in «Documents»

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10 août 1792, Enragé·e·s, Jacobins, Scatologie, Théophile Leclerc

S’il m’est arrivé plus d’une fois de consulter telle livraison du Journal des débats et de la correspondance de la Société des Jacobins pour vérifier le contenu d’une séance du club, je n’ai eu ni le besoin ni l’occasion de dépouiller l’ensemble des numéros mis en ligne sur Gallica en 2014 (l’absence de recherche «plein texte» n’y incite guère). Je ne répèterai pas que le dépouillement des sources imprimées (y compris numérisées) réserve de bonnes surprises: on dirait que je radote. Je me contente donc de mettre sous les yeux de mes lectrices et lecteurs cette chanson scato·patriotique écrite par Théophile Leclerc et publiée à la fin juillet 1793.

Certes, le texte n’a rien pour me faire réviser le jugement (peut-être excessivement) sévère que j’ai porté sur la production poétique de l’Enragé, soit dans son journal L’Ami du Peuple, soit en 1798 (voir Notre patience est à bout).

Cette Histoire des sans-culottes mérite cependant une attention particulière, non en raison de son originalité, mais – on pourrait presque dire au contraire – du fait qu’elle peut être rattachée à une longue tradition de scatologie satirique, dont la production de Leclerc semblait jusqu’ici très éloignée (Théophile donnant plutôt dans le genre ampoulé, d’ailleurs très en faveur à l’époque).

Leclerc, qui signe «Leclerc, de Lyon» parce qu’il s’est fait connaître aux Jacobins comme envoyé des Jacobins lyonnais, donne ici une explication plaisante de l’expression «sans-culottes» (qui s’harmonise avec toutes les plaisanteries d’écoliers sur le sujet dans les siècles ultérieurs).

L’anecdote se situe au 10 août 1792. Tous les assaillants des Tuileries ne font pas preuve d’un égal courage. Lesquels, des «Feuillans» ou des «patriotes» répandent cette odeur foireuse? Le seul moyen de le savoir est de baisser culotte. On s’en doute, les «Feuillans» révèlent leur couardise… et conservent leurs culottes pour en dissimuler les effets, tandis que les patriotes, depuis, vont sans.

Si cette chanson scatologique tranche avec la production connue (je prends mes précautions) de Leclerc, elle contraste aussi avec le contenu de la «Correspondance» des Jacobins, où l’on trouve bien quelques poésies, mais d’une autre tenue.

 

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“Notre patience est à bout. Les écrits des Enragé·e·s” ~ troisième édition augmentée

28 dimanche Mar 2021

Posted by Claude Guillon in «Annonces», «Bibliothèque»

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Éditions IMHO, Enragé·e·s, Louisiane, Théophile Leclerc

En attendant mon Robespierre, les femmes et la Révolution (IMHO, en librairies le 8 avril) la troisième édition augmentée de Notre patience est à bout. 1792-1793 Les écrits des Enragé·e·s (IMHO, 285 pages, 15 €) est déjà disponible. Avec un supplément de 42 pages sur la vie de l’ex-Enragé Leclerc en Louisiane (je suis parti des documents publiés par la généalogiste Christelle Augris).

Je mettrai prochainement en ligne le lien vers le format électronique du livre (notamment à l’intention des personnes qui, ayant acheté le livre, ne souhaitent pas racheter l’édition papier).

Cette troisième édition est amicalement dédiée à l’admirateur anonyme qui a déposé le commentaire reproduit ci-après sur la page Amazon du livre. Certes, le garçon hésite entre me disqualifier («enragé de salon») et me faire jouer un rôle dans le long continuum censé aller des Enragé·e·s à Pol Pot… Mais n’est-ce pas l’intention – aussi confuse soit-elle – qui compte ? 

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“Les Enragés et la Révolution française” ~ par Morris Slavin

12 vendredi Mar 2021

Posted by Claude Guillon in «Articles»

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Cahiers Léon Trotsky, Claire Lacombe, Club des Cordeliers, Enragé·e·s, Hébert, Jacobins, Jacques Roux, Jean-François Varlet, Joseph Chalier, Marat, Maximum, Morris Slavin, Pauline Léon, Robespierre, Théophile Leclerc

Ce texte de l’historien américain Morris Slavin (1913-2006) est l’un des (trop) rares qui constituent l’historiographie (de synthèse surtout) sur les Enragé·e·s.

Certes, beaucoup de détails demandent à être revus et corrigés. Ainsi, on voit mal comment qualifier (note 1) le Cercle social de «loge maçonnique» (problème de traduction?). Leclerc se prénommait Jean Théophile Victoire (et non Victor), etc.

Il n’en demeure pas moins que ce texte rare méritait d’être mis à la portée de toutes et tous.

Cliquez sur les images pour les AGRANDIR

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“Appel des Patriotes de 89 à la Convention nationale” [1795]

03 dimanche Jan 2021

Posted by Claude Guillon in «Documents»

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«Patriotes de 89», Bronislaw Baczko, Théophile Leclerc

On peut lire ci-dessus une brochure, assez peu connue me semble-t-il (la BN en possède un ex.: LB41-2055). Non-datée, elle a été publiée entre la fin août 1795 (date d’un décret évoqué dans le texte) et l’insurrection royaliste du 5 octobre de la même année (13 vendémiaire an IV). Les «Patriotes de 89» sont animés, semble-t-il, par une double volonté: faire barrage à la contre-révolution royaliste, laquelle se manifeste notamment en province par une «terreur blanche», et obtenir une «réinsertion» publique. Ce qui les amène à se définir, de manière pas toujours exacte comme «ni terroristes ni royalistes». C’est le premier terme qui pose problème, par exemple pour l’Enragé Théophile Leclerc, qui a partie liée avec les Patriotes et participe à la répression de l’insurrection du 13 vendémiaire. Pour ce qui concerne ce point, je renvoie à la deuxième édition de Notre patience est à bout; pour une compréhension de la période – troublée – et des rapports de force, je conseille l’article de Bronislaw Baczko, « Briser la guillotine. Une amnistie thermidorienne » (Crime, Histoire & Sociétés, Vol. 8, n°2 | 2004.)

La citation (légèrement déformée) du poète latin Claudien est tirée du livre second du Rapt de Proserpine (XXXV, 304): «Tu requiem latura piis; te judice sontes / Improba cogentur vitæ commissa fateri». MM. Héguin de Guerle et Trognon en ont donné, en 1833, une traduction qui ne cède pas à la tentation du mot à mot: «C’est vous qui condamnerez les coupables, vous qui assignerez au juste un repos éternel: arbitre suprême, vous arracherez au méchant l’aveu de son crime.»

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“Robespierre, les femmes et la Révolution” (IMHO) ~ À paraître en mars 2021

13 mardi Oct 2020

Posted by Claude Guillon in «Annonces», «Bibliothèque»

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Dames de la Halle, Enragé·e·s, Féminisme, Jacobins, Marche des femmes sur Versailles, Pauline Léon, Robespierre, Théophile Leclerc

Après des centaines de livres consacrés à Robespierre, voici le premier qui s’intéresse non seulement à ses rapports personnels avec les femmes mais à sa politique de genre. Quelle place reconnaît-il aux femmes dans la société ? Quelle est son attitude à leur égard au club des Jacobins ou à l’Assemblée ? Comment évaluer ses positions par rapport à celles d’autres écrivains, journalistes et militant·e·s révolutionnaires de son temps ?

Étudiant à nouveaux frais les groupes et les événements (Dames de la Halle, Marche des femmes sur Versailles d’octobre 1789), exhumant des documents ignorés, Claude Guillon réfute plusieurs « légendes robespierristes ». Loin d’avoir été favorable à la citoyenneté féminine, Robespierre a contribué à faire de la Révolution une défaite politique pour les femmes, dont le club le plus radical est fermé à son instigation, avant l’interdiction de tous les autres.

L’auteur

Claude Guillon, écrivain et essayiste, a publié Deux Enragés de la Révolution. Leclerc de Lyon et Pauline Léon (La Digitale) et parmi une quinzaine d’ouvrages : Le Droit à la mort (IMHO) et Notre patience est à bout. 1792-1793, les écrits des Enragé·e·s (IMHO).

Informations

Éditions IMHO.

Sortie le 18/03/2021s
Prix : 18 euros
Format : 15×21 360 pages
ISBN : 9782364810266
EAN : 9782364810266

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Idées [contre-]révolutionnaires ~ À propos du livre de Jonathan Israel

29 mercredi Juil 2020

Posted by Claude Guillon in «Bibliothèque»

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1793, Albert Mathiez, Albert Soboul, Claire Lacombe, Féminisme, Georges Lefebvre, Hébert, Jacques Pierre Brissot, Jacques Roux, Jean-Baptiste Louvet, Jean-François Varlet, Jonathan Israël, Kåre Dorenfeldt Tønnesson, Lutte des classes, Marat, Olivier Blanc, Pauline Léon, Républicaines révolutionnaires, Robespierre, Théophile Leclerc, Walter Markov

Une «histoire intellectuelle de la Révolution», et pourquoi pas?

Encore que l’affirmation suivante a de quoi éveiller la méfiance:

Conduire un nouvel examen des leaders révolutionnaires semble nécessaire afin de poursuivre l’effort initié par l’approche socioculturelle et, plus spécifiquement, pour mieux intégrer l’histoire sociale avec l’histoire intellectuelle. [p. 21]

Ici (et ailleurs aussi probablement) se pose le problème de la traduction (je n’ai pas pris la peine d’aller vérifier l’édition originale). En effet, «Intégrer l’histoire sociale avec l’histoire intellectuelle» n’a guère de sens en français. Les combiner, oui; intégrer l’une à l’autre aussi. Faisons avec…

Plusieurs affirmations accrochent le regard. Un exemple:

En plusieurs endroits, on vit des comités de “Patriotes” rivalisant d’éloquence tant les hommes de lettres, éditeurs et membres des sociétés y étaient nombreux; ils purent ainsi peser lourdement sur les élections des députés du Tiers état. [p. 53, avec référence au livre de Galante Garrone].

C’est bien possible; cependant, il aurait été honnête de signaler que lors de l’étape précédente, à savoir la rédaction des Cahiers de doléances, l’hypothèse d’une influence décisive des notables a été sévèrement critiquée[1].

Parlant du Cercle social et des tendances philosophiques qu’il oppose au « populisme autoritaire » de Marat et Robespierre, l’auteur évoque l’action du marquis de Villette en faveur des enfants naturels (p. 149), comme exemple de l’action humaniste et réformiste de certains révolutionnaires. Il est bien regrettable qu’il ignore le long et beau texte de Robespierre sur le même sujet[2].

Voici maintenant une formulation sur laquelle le lecteur butte, lequel une fois relevé de sa chute, se demande s’il va poursuivre la lecture entreprise…

Marat et Hébert s’adressaient aux moins éduqués et cultivaient un chauvinisme populiste, une espèce de protofascisme. » [p. 189; je souligne]

Il est tout d’abord extrêmement discutable de mettre ainsi «dans le même sac» Marat, dont les journaux sont rédigés dans une langue simple et compréhensible, mais correcte quant à la grammaire et sans vulgarité, avec Hébert qui pastiche la verdeur populaire à grands renforts de jurons obscènes. De là à les qualifier uniment de protofascistes, c’est-à-dire de premiers fascistes ou de fascistes rudimentaires, pour la seule raison véritable qu’ils sont lus l’un et l’autre par la sans-culotterie, c’est préférer l’idéologie grossière à l’analyse historienne.

Massant ses genoux endoloris, le lecteur se dit qu’il a tout de même payé le livre la bagatelle de 36 € (en francs, c’eut été le prix d’un très beau livre d’art) et, pour calmer sa colère, il s’en va lire la postface à l’édition française.

Or, voici des propos mesurés, mêmes si discutables – dont lectrices et lecteurs anglophones ont donc été privé·e·s:

Ainsi mon approche diverge à certains égards de l’école jacobino-marxiste d’Albert Mathiez, Georges Lefebvre et Albert Soboul ; mais reconnaît également que leurs travaux ont encore beaucoup à offrir et doivent toujours faire l’objet du plus grand respect. Que la Révolution française ait été en partie mue par une guerre de classes est pour moi indéniable puisqu’elle a d’abord pris pour cible, sans jamais cesser l’assaut, le système social aristocratico-ecclésiastique qu’elle cherchait explicitement à détruire. [p. 742]

Ainsi donc, les «moins éduqués» ont tout de même – nonobstant l’influence délétère des protofascistes – joué un certain rôle dans la Révolution… On aurait tort, toutefois, de se rassurer trop vite; en effet:

Ce livre place les mouvements populaires au second plan, en partie parce que je ne pense pas que la recherche ait démontré que leur rôle a été déterminant dans l’élaboration de l’idéologie dominante de la Révolution. Une autre raison explique ce choix: je ne crois pas non plus que les mouvements sociaux et les manifestations de mécontentement populaire, peu importe leur force et leur ampleur, puissent disposer d’une cohésion suffisante et d’une énergie suffisamment durable pour devenir un fondement d’autorité ou inspirer des réformes institutionnelles, susceptibles de provoquer des transformations révolutionnaires significatives de quelque forme que ce soit. [p. 742]

Ici se trouve sans doute le fondement même de la démarche de Jonathan Israel, et le point central de désaccord avec lui. S’il s’agit de constater la «défaite des sans culottes», pour reprendre le titre du livre de Kåre Dorenfeldt Tønnesson, nous pouvons tomber d’accord, mais cet accord est une illusion car J. Israel pense que les sans-culottes ne pouvaient qu’être défaits, parce qu’ils n’étaient pas suffisamment éduqués pour élaborer une idéologie assez forte pour dominer celle de la bourgeoisie. Mais Israel ne s’en tient pas là. Sa position concernant les sans-culottes est après tout proche du simple constat, mais il ajoute qu’aucun mouvement social n’a et ne peut avoir les capacités de fonder un nouvel ordre social.

Voici ce que j’appelle un préjugé de classe, lequel se manifeste d’ailleurs en d’autres occasions dans le livre. L’auteur est prompt à reprendre sans distances des informations chargées de jugements moraux. Ainsi les manifestants qui attaquent l’imprimerie de Gorsas en mars 93 ne sont-ils rien qu’«un groupe de 2 000 à 3 000 voyous » (p. 343). Lors d’une manifestation de femmes à Bordeaux à la même époque: « Ces troubles avaient été préparés avec soin ; des témoins attestèrent avoir vu des jacobins déguisés en femmes dirigeant le cortège » (p. 344). La présence d’hommes déguisés en femmes est un topos d’époque, utilisés par toutes les tendances politiques pour discréditer les manifestations de femmes.

On pourrait discuter encore beaucoup le choix des sources, comme leur utilisation. J. Israel adore Louvet, parce que celui-ci est entré en conflit avec Robespierre. Je comprends que l’on lise et même que l’on utilise les Mémoires du député Jean-Baptiste Louvet de Couvray, mais de là à les prendre pour un évangile où tout n’est que vérité du détail, il y a le même chemin que de la lecture critique à la naïveté.

Parfois, on se perd en conjectures sur ce que l’auteur peut bien trouver d’utile à telles «révélations». Ainsi:

Robespierre devint de plus en plus froid. Jusqu’en février 1794, il avait gardé ses distances, sans paraître replié sur lui-même. Il se montrait régulièrement dans Paris, élégamment vêtu de soie et de lin, bien coiffé. En public, il jouait les observateurs tout en prenant soin d’entretenir des relations, de converser avec d’autres personnalités influentes. Il profitait aussi de ces échanges pour noircir son cahier de notes. [p. 581]

La note indique : Laure d’Abrantès, Salons révolutionnaires, p. 105. Je trouve à la page 6 du texte d’origine (Histoire des salons de Paris, vol. III) de la duchesse d’Abrantès, le passage-source:

Dans le même moment, Robespierre marchait dans Paris élégamment habillé, coiffé avec la plus grande recherche, employant pour sa toilette les essences les plus suaves, les pommades les plus odorantes… son linge était d’une extrême beauté; son jabot, fait d’une dentelle précieuse, était toujours à côté d’un gilet rose, bleu ou blanc, en soie glacée, et légèrement brodé en argent ou en or, et à sa main il portait un bouquet de roses, même en hiver…

Robespierre soignait sa mise. C’est entendu, tout le monde le dit. Mais tant qu’à nous abreuver des niaiseries d’Abrantesques, pourquoi nous priver du parfum, des pommades et des roses. …Même en hiver!

Reprenons pied sur le terrain des idées, puisque c’est celui que revendique notre auteur. En voici une bien bonne (oui, je suis un peu las, je le reconnais, et mon style s’en ressent), censée établir le fait que les brissotins sont la gauche (ce qui n’est pas entièrement dépourvu de logique si Marat est un fasciste):

Pratiquement tous les intellectuels sérieux de l’Assemblée, Levasseur et les montagnards un peu honnêtes admettaient que les brissotins et les philosophistes représentaient bien la gauche. [p. 305]

Certes, je pourrais faire valoir ici qu’au contraire tous les gens «un peu honnêtes» sont de mon avis… mais j’aurais le sentiment d’entrer dans un jeu tout juste bon pour la cour de récréation.

Les Enragé·e·s

D’ailleurs, il est un point qui m’intéresse doublement – parce qu’il concerne l’un de mes sujets de recherches[3] et parce qu’il met en valeur la difficulté de J. Israel à tenir la ligne qu’il a lui-même choisie: la question de l’action des Enragé·e·s.

En effet, Israel manifeste une évidente sympathie pour ces militant·e·s, ce qui ne laisse pas d’étonner.

Voyons ce qu’il écrit de Jacques Roux, avec certes une restriction morale (elle-même plutôt surprenante):

Violemment opposé aux brissotins autant qu’aux montagnards, Roux n’était certes pas un combattant de la liberté [sic]. À certains égards, toutefois, ce zélé prêtre jacobin (et ancien professeur de sciences au séminaire) occupait une vraie position à gauche du robespierrisme : il voulait ardemment défendre les pauvres de la cupidité des capitalistes, des banquiers, des grands marchands. Il dénonçait avec flamme l’exploitation et l’absence de toute aide pour les moins nantis[4]. [p. 505]

Si Brissot incarne la gauche, et Robespierre un «populisme autoritaire», comment situer quelqu’un qui se trouve «à gauche» de Robespierre, mais pas vraiment «à gauche» puisque cette position est monopolisée par les Brissotins? Israel a – parmi les Enragé·e·s – une préférence marquée pour « l’honnête et bienveillant Varlet » (p. 755), «qui pratiquait lui un tout autre type de populisme, plus intègre, et plus proche des Lumières radicales.» (p. 759)

Je ne discuterai pas des fleurs envoyées à Varlet; après tout, il est bien probable qu’il les a méritées. Pour autant, je ne crois pas que Robespierre a été ni moins honnête ni moins intègre que Roux, Varlet, Leclerc, et les Républicaines révolutionnaires.

De toute façon, cela ne nous aide pas à nous retrouver dans notre nuancier politique. À la fin des fins, où situer les Enragé·e·s? Plus près de Brissot que de Robespierre? Une hypothèse qu’ils eussent jugée insultante.

Il est assez évident que, outre leur enthousiasme et la sincérité de leur engagement, ce qui séduit Israel chez les Enragé·e·s… c’est qu’ils deviennent les cibles de Robespierre.

Après les 31 mai – 2 juin 93, « Robespierre écarta tout de suite Varlet, Roux et Jean Leclerc, meneurs sans-culottes véritablement engagés en faveur des prolétaires. Ils pouvaient se réclamer de la rue bien mieux que lui. Les Enragés avaient d’ailleurs immédiatement compris quelle dictature s’annonçait. Ils n’ignoraient rien de la mégalomanie de Robespierre, de sa paranoïa et de son caractère vindicatif. » (p. 484)

Ce dernier hommage rendu à la clairvoyance des Enragé·e·s à propos des risque d’un régime terroriste autoritaire me semble pour le moins exagéré ; ils n’ont mesuré les risques de la concentration des pouvoirs qu’au fur et à mesure qu’elle les atteignait directement (et je ne songe pas à les en blâmer). Quant aux indicateurs qui eussent dû les alerter, le caractère de l’individu Robespierre ne mérite sans doute pas la première place…

En guise de conclusion

Jonathan Israel a-t-il atteint l’objectif qu’il s’était fixé ? La réponse est étroitement liée à la position de chacun·e par rapport aux parti-pris de l’auteur. Qui est convaincu que le peuple ne saurait écrire sa propre histoire – faute d’une orthographe suffisante – se verra confirmé dans ses préjugés par une érudition pléthorique. L’adhésion aux thèses du livre ne peut être qu’idéologique.

Ironie de l’histoire, c’est – nous l’avons vu – l’aimable sympathie de l’auteur pour un courant radical de la Révolution qui vient ôter toute cohérence à sa tentative de redistribuer les rôles politiques, en attribuant aux Brissotins et non plus aux Montagnards celui de la « gauche ».

Israel identifie correctement la question des droits des femmes comme le talon d’Achille de Robespierre (et d’un certain nombre de ses amis), mais – une fois encore – le reproche ne peut être adressé ni à Roux ni à Leclerc (ni à Varlet, dont le «proféminisme» est pourtant plus mesuré), et encore moins aux Républicaines révolutionnaires. L’action militante de ces dernières fait voler en éclats les tentatives d’identifier la Gironde comme le « parti féministe » de la période, comme l’ont tenté ces dernières années Michel Onfray et Olivier Blanc (d’où les attaques venimeuses de ce dernier contre les Républicaines).

Neuf cent trente pages, c’est beaucoup d’arbres coupés pour un si piètre résultat.

Israel Jonathan, Idées révolutionnaires. Une histoire intellectuelle de la Révolution française, Alma/Buchet-Chastel, 2019 (EO : Princeton University Press, 2014), 930 p., 36 €.

Statut de l’ouvrage : acheté en librairie.

_________________

[1] Shapiro (G.), Markoff (J.), « L’authenticité des cahiers de doléances », Bulletin du Comité d’histoire économique de la Révolution française, 1990-1991, p. 19-70.

[2] Robespierre Maximilien, Observations sur cette partie de la législation qui règle les droits et l’état des bâtards, dans Œuvres de Maximilien Robespierre, t. XI, Compléments (1784-1794), Société des études robespierristes, 2007, p. 137-183.

[3] Mon livre Notre patience est à bout est cité comme source à plusieurs reprises.

[4] Je place ici le signalement et la correction d’une erreur, probablement due à une faute de traduction (peut-être de l’auteur lui-même). Il est indiqué p. 505 : « Roux [visé par une campagne de dénigrement] fut exclu des Jacobins et perdit la direction des colleurs d’affiches – fonction importante. » (je souligne). Il s’agit d’une référence au groupe de colleurs d’affiches que la municipalité parisienne payait pour placarder les annonces publiques (ils auraient été 300 ; voir p. 280). J’ignore si Roux eut jamais la responsabilité de ces employés (Markov n’y fait aucune allusion), mais ce que l’on sait c’est qu’il était corédacteur des Affiches de la Commune, et c’est ce poste – en effet important – qui lui fut retiré.

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Collusion entre Enragé·e·s et «Hébertistes» ~ Origine de la rumeur historienne

16 samedi Mai 2020

Posted by Claude Guillon in «Articles», «Bêtisier»

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«Hébertistes», Chaumette, Enragé·e·s, Fouquier-Tinville, Gérard Walter, Hébert, Jacques Roux, Théophile Leclerc

Je me suis plains ici-même à de nombreuses reprises des manifestations récurrentes de la rumeur historienne selon laquelle Enragés et «Hébertistes» auraient entretenu des liens étroits, voire auraient formé un courant unique. Tantôt on désigne Hébert comme son chef, tantôt on assure qu’il a repris les revendications des Enragés. Le tout ne reposant jamais sur la moindre pièce justificative, comme l’on disait autrefois pour désigner les documents qui étayent une affirmation ou un raisonnement. Internet ayant fait atteindre à des sommets vertigineux l’art de constituer une doxa par recopiages (tel quel) et paraphrases (introduisant des modifications, c’est-à-dire en l’espèce des broderies imaginaires), l’épidémie n’est pas près d’être circonscrite.

Je m’étais bien sûr demandé quelle est l’origine de cette rumeur, sans jamais tomber au cours de mes lectures sur un texte dont l’auteur pourrait être considéré comme le «patient zéro», si l’on veut filer la métaphore épidémique. C’est que je pensais que l’origine se situerait quelque part dans l’historiographie du dix-neuvième. Or c’est en consultant, un peu par hasard, les pièces publiées du procès dit  des Hébertistes» que l’origine probable m’est apparue, et ce de manière d’autant plus plausible qu’elle précède tout espèce d’historiographie.

En présentant le chapitre VII de ses Actes du Tribunal révolutionnaires consacré au procès des « Hébertistes » (1-4 germinal an II – 21-24 mars 1794), Gérard Walter a soin  de rappeler qu’il s’est agi d’«une opération politique montée par le gouvernement pour se débarrasser d’un groupe d’agitateurs trop encombrants […]. L’affaire avait été jugée d’avance. On ne demandait à la justice que de la couvrir de son autorité[1]. »

Il s’agit donc d’une mise en scène politique, dont le texte a une fonction de propagande en soi, autant que de justification de l’«opération ».

Mentionnons d’abord la présence parmi les vingt accusés d’un Leclerc (Armand-Hubert), qui n’a rien à voir avec Théophile Leclerc l’Enragé, mais certains n’y regardent pas de si près et Théophile a déjà été confondu avec des homonymes (lyonnais, en particulier).

Et venons-en à l’essentiel : la thèse de l’identité de vue entre Enragés et «Hébertistes» fait partie de la mise en scène initiale. Dans le rôle-titre, l’accusateur Fouquier-Tinville prétend convaincre Jacques-René Hébert de collusion avec Jacques Roux. Il n’y a qu’à comparer leurs journaux respectifs !

Pourquoi prendre Roux comme étalon de la radicalité coupable ? Parce qu’au moment où l’on entreprend de «juger» Hébert, Roux s’est déjà suicidé (en février) pour échapper à la condamnation du Tribunal révolutionnaire. Il s’est donc déclaré lui-même coupable, et le dossier (vide) de son accusation peut accroître le poids du dossier (vide) d’Hébert.

Audience du 3 germinal (23 mars). Hébert se plaint que l’on tire de son journal des citations que l’on interprète:

L’Accusateur public répond que le journal d’Hébert passera sous les yeux des jurés; qu’ils se convaincront que l’on n’a pas décousu, à dessein, les paragraphes cités; qu’ils verront Hébert tour à tour royaliste et constitutionnel de circonstance, puis républicain précoce; qu’enfin, en comparant Le Père Duchesne, par Hébert, et le Publiciste [de la République française], par Jacques Roux, l’on reconnaîtra les mêmes principes dans ces deux folliculaires immoraux: ou plutôt l’on se convaincra qu’ils n’en avaient aucun; que l’égoïsme était leur caractère bien distinct, et que toujours ils ont sonné l’alarme, lorsqu’ils ont vu ajouter une nouvelle pierre à la base de la tranquillité publique[2].

On retrouvera le même usage de Roux dans le procès de Chaumette en avril suivant. Le témoin Chardin charge l’accusé, en élargissant jusqu’à Dumouriez le spectre du courant Exagéré·Enragé : « [Il] autorisoit journellement Jacques Roux et bien d’autres, à insulter et calomnier le conseil-général de la commune ; de concert avec le prêtre Roux et Dumouriez, il avoit prévu les manœuvres de pillage, et s’étoit bien gardé de prendre aucunes mesures pour réprimer ces brigandages dans les boutiques. » Chaumette réplique d’abord assez crânement que ces accusations sont « trop au-dessous de [lui] pour qu’[il] entreprenne d’y répondre[3]», avant de s’y employer néanmoins, comme on le voit dans ce passage du n° 37 du Bulletin du Tribunal révolutionnaire.

On voit que le Tribunal révolutionnaire a constamment employé la figure de Jacques Roux, après sa disparition, pour discréditer y compris ses adversaires en leur associant son nom. C’est aussi la source «officielle» de l’amalgame entre Enragés et «Hébertistes», l’amalgame étant une manipulation visant à faire avaliser par l’institution judiciaire une stratégie d’élimination des oppositions.

Sauf découverte à venir de documents qui, dans la précipitation, auraient échappé à l’attention du Tribunal révolutionnaire – et depuis à tous les chercheurs – il faut conclure que l’amalgame entre Enragé·e·s et « Hébertistes » est un mensonge policier avant d’être une rumeur.

Historiennes et historiens s’honoreraient en cessant de le propager.

___________________

[1] Actes du tribunal révolutionnaire, 1968, p. 321.

[2] Actes du tribunal révolutionnaire, 1968, p. 370.

[3] Bulletin du Tribunal révolutionnaire, n° 36, p. 144.

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«Je suis gris, jaune, rouge, ou blanc» ~ une énigme du jeune Théophile Leclerc (1785)

06 mercredi Mai 2020

Posted by Claude Guillon in «Documents»

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Théophile Leclerc

Dans ma présentation des recherches de Christelle Augris sur la vie de Théophile Leclerc comme journaliste, aventurier (et peut-être hélas, c’est à vérifier, propriétaire d’esclaves!) à la Nouvelle-Orléans, au début du dix-neuvième siècle, j’ai fait allusion à une occurrence antérieure à la Révolution de ses écrits qui m’avait échappé : il s’agit d’une «énigme» publiée dans le Mercure de France du 17 décembre 1785 «par M. Leclerc Doze, âgé de 13 ans [voir ci-après], écolier de philosophie au Collège de Thiers». La solution de l’énigme («Vin») est publiée dans la livraison suivante.

Notons que Théophile, né le 22 décembre 1771 est âgé de 14 ans et non de 13. Le numéro du Mercure publié le 17 décembre a pu lui parvenir pour son anniversaire.

Ayant sottement manqué ce chef-d’œuvre (pourtant disponible sur Gallica), qui atteste du goût précoce de Théophile pour les jeux de l’écriture et les vers de mirliton, je me suis amusé à vérifier s’il n’aurait pas été publié en d’autres occasions… Et j’en ai trouvé quatre, toutes postérieures au décès de Théophile, et sans mention d’auteur. On peut parier que les amateurs de charades et autres énigmes rimées n’ont pas fait le rapprochement entre le jeune Lelcerc Doze et l’Enragé parisien, par la suite naturalisé américain, si même ils ont eu connaissance de l’auteur (ils se contentent de piller les prédécesseurs et concurrents). Il est possible que d’autres occurrences figurent dans des publications qui ne osnt pas encore numérisées.

La deuxième publication (après le Mercure) est dans un recueil baptisé Le trésor des énigmes, charades et logogriphes (Paris, 1855), repris par le même auteur sous un autre titre; la troisième dans Un Million d’énigmes (Paris, 1858); la quatrième dans Le Journal de Fourmies et des Arrondissements d’Avesnes et de Vervins, du 24 novembre 1892.

C’est sans doute, hors historiographie de la Révolution, le texte de Leclerc le plus reproduit. Sic transit gloria mundi.

Le même auteur a publié

Ce qui n’est qu’un plagia d’un ouvrage plus ancien, lequel comportait une belle illustration:

Cliquez sur les images pour les AGRANDIR.

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