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LA RÉVOLUTION ET NOUS

~ le blogue historien de Claude Guillon

LA  RÉVOLUTION  ET  NOUS

Archives de Catégorie: «Articles»

“La Révolution française ~ Un spectacle à monter vous-mêmes”

09 mardi Août 2022

Posted by Claude Guillon in «Articles»

≈ Commentaires fermés sur “La Révolution française ~ Un spectacle à monter vous-mêmes”

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“Fête 89”, Dames de la Halle, Enragé·e·s, Sans-culottes

Quelques personnages d’une pièce… qui change de titre entre le couvercle du (grand) carton (42×81 cm) et le livret des dialogues!

Ledit carton contient, outre les fiches des personnages, un disque 33 t., deux cassettes de chansons et musiques (nous sommes en 1989…), plusieurs exemplaires du livret dont j’ai reproduit la page de titre, et quelques cartes carrées dont j’ignore l’usage.

Les personnages sont représentés de manière naïve (qui évoque certains mangas). On aura noté la présence de «L’Enragé».

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Anachronisme & bonnes intentions chez Gérard Noiriel

18 lundi Juil 2022

Posted by Claude Guillon in «Articles», «Bêtisier»

≈ Commentaires fermés sur Anachronisme & bonnes intentions chez Gérard Noiriel

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Anachronisme, Claire Lacombe, Domination masculine, Féminisme, Gérard Noiriel, Guillotine, Olympe de Gouges, Pauline Léon, Robespierre, Société des citoyennes républicaines révolutionnaires

Deuxième billet consacré à la version en images d’Une histoire populaire de la France (Delcourt/Encrages).

Noiriel_virilité

J’aimerais bien savoir sur quels documents s’appuie Gérard Noiriel pour produire la saynète en bas à droite de cette page…

J’ai beau me creuser la tête, il ne m’en revient aucun qui « colle » (mais je n’ai pas passé en revue les centaines de documents de mon corpus pour trouver la perle rare).

Certes, les sans-culottes étaient imprégnés d’une culture virile, voire masculiniste. Elle ne différait d’ailleurs de celle de personnes plus raffinées (tel Robespierre) que par sa rudesse physique.

Je ne vois pas à quel moment, quelles femmes ont pu renier ce discours viril des sans-culottes.

Certaines se sont inclinées devant : ils sont porteurs de la virilité ; pas nous ; donc nous sommes hors-jeu. D’autres l’ont, si j’ose dire « épousé » : nous aussi, nous pouvons, malgré nos faiblesses, incarner une part de virilité, ou au moins soutenir (matériellement) et exalter (aiguillonner) celle de nos compagnons, frères et pères. Les plus critiques se sont gaussées des hommes qui, à leur avis, ne se montraient pas à la hauteur de leur idéal viril. — Et alors, si c’est comme ça, nous les femmes pouvons faire au moins aussi bien, voire mieux !

Certes, on peut noter que dans un grand nombre de sociétés populaires qui accueillaient, dans le public ou comme membres, des femmes, on les a défendues soit contre le harcèlement de tel ou tel, soit contre des propos ou affiches diffamatoires. Et certes, des femmes se sont plaintes de ces mauvais traitements. Mais où est-il question d’une critique de la virilité ?

Je donne ci-après l’exemple d’un discours qui se rapproche au plus près de ce que nous qualifierions aujourd’hui (à juste titre) de « féministe ». Il est tenu le 27 mai 1793, devant le club des Jacobins par une oratrice de la Société des Citoyennes républicaines révolutionnaires, soit le club féminin parisien (et sans doute français) le plus radical :

La société des républicaines révolutionnaires nous députe vers vous, pour vous prier de nous faire connaître le lieu du rassemblement ; il est temps que vous ne voyez plus en nous des femmes serviles, des animaux domestiques ; il est temps que nous nous montrions dignes de la cause glorieuse que vous défendez. Si le but des aristocrates a été de nous égorger en détail en dépeuplant Paris, il est temps de nous montrer ; n’attendons pas les poignards dans notre lit ; formons-nous en phalange, et faisons rentrer l’aristocratie dans le néant. Les faubourgs où nous nous sommes portés [sic] sont dans les meilleures dispositions. Nous avons sonné dans tous les cœurs le tocsin de la liberté. Nous voulons seconder votre zèle et partager vos dangers ; indiquez-nous le lieu où notre présence est nécessaire[1].

La critique de la domination masculine est claire, mais aussitôt suivie d’une demande d’égalité – sans critique de la virilité. Pour ne rien dire de la conclusion, très classique durant toute la Révolution (jusqu’en 1794 compris) : « Nous voulons seconder votre zèle et partager vos dangers ; indiquez-nous le lieu où notre présence est nécessaire. » On ne vient pas chatouiller, si j’ose dire, la virilité des hommes que l’on accepte d’avance comme leaders, et dont on espère qu’ils voudront bien vous faire une petite place.

Noiriel_clubs_femmes

Quant à cette dernière image, elle accumule tous les défauts possibles. Elle laisse supposer que de nombreuses militantes ont été guillotinées. Or, il n’en est rien, et – il faut bien le dire – c’est en grande partie grâce à la défaite de Robespierre que des militantes comme Claire Lacombe et Pauline Léon ont sauvé leur tête (on opposera l’exemple d’Olympe de Gouges [dont l’exécution est également représentée], mais c’est une femme isolée, sympathisante des Brissotins, c’est-à-dire de « la droite » de la Révolution).

Pour ce qui est du texte de « légende », jamais vocable n’a mieux convenu…

Ce qui est dit ici n’a rien à voir avec les raisons véritables de l’interdiction des Républicaines révolutionnaires, et du même coup, de tous les clubs de femmes. Certes, cette interdiction fut l’occasion d’envolées masculinistes (trop longtemps contenues ?) bien connues. Mais on n’a pas « reproché » aux Républicaines de n’être pas assez viriles pour être patriotes : on a choisi d’utiliser contre elles les Dames de la Halle, assez « viriles » il est vrai et fort peu républicaines… Je renvoie sur ce point au long développement qui lui est consacré dans Robespierre, les femmes et la Révolution (IMHO, 2021).

Gérard Noiriel a voulu, sans doute, susciter dans l’esprit de ses lectrices et de ses lecteurs une « correspondance des temps » entre l’actuel me-too et les militantes les plus radicales de la sans-culotterie. C’est sympathique, si l’on veut, mais c’est inexact. L’anachronisme est pavé de bonnes intentions !

________________________

[1] Républicain français, n° 198, samedi 1er juin, p. 802 ; Buchez et Roux, t. 27, pp. 275-276.

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“Motion faite au Palais Royal par Camille Desmoulins, le 12 juillet 1789”

30 jeudi Juin 2022

Posted by Claude Guillon in «Articles»

≈ Commentaires fermés sur “Motion faite au Palais Royal par Camille Desmoulins, le 12 juillet 1789”

En vente ici.
Cliquez sur les images pour les AGRANDIR.

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La lassitude révolutionnaire du capitaine Haddock

19 jeudi Mai 2022

Posted by Claude Guillon in «Articles»

≈ Commentaires fermés sur La lassitude révolutionnaire du capitaine Haddock

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Bonnet phrygien, Capitaine Haddock, Hergé, Serge Aberdam, Tintin

Tout a commencé par le détournement d’une case d’Hergé. Le capitaine Haddock, qui semble éreinté, soupire: «Tu parles d’une semaine!» Et Tintin lui répond: «Capitaine, nous ne sommes que mercredi!»

À strictement parler, on est en droit de juger une semaine éprouvante dès le mercredi; cependant l’humour fonctionne en ce qu’il nous laisse pressentir l’état qui sera celui du capitaine quatre jours plus tard !

L’image a circulé sur les réseaux sociaux (j’y ai contribué) avec un grand succès. Il était prévisible qu’elle deviendrait un de ces «mème» dont les sociologues branchés font leurs choux gras. Il est fort possible que j’ai manqué un certain nombre de déclinaisons, mais il se trouve que la première tombée sous mes yeux concerne… la Révolution.

Pour l’occasion, le capitaine arbore un bonnet rouge (qui irait mieux au commandant Cousteau qu’à un sans-culotte), décoré d’une étrange cocarde bleue et blanche. «Tu parles d’une révolution!» soupire-t-il. Et Tintin, coiffé d’un bicorne, de lui répondre: «Capitaine, nous ne sommes qu’en 1792!»

Autrement dit: le plus dur reste à faire! Et en effet, la République est acquise, mais sera-t-elle égalitaire et populaire? Et quid de la «Terreur»?

De facto, la Révolution est assimilée à une épreuve, dont ses protagonistes même peinent à entrevoir la fin.

Il semble d’ailleurs que ce «mème» prenne, toujours dans le registre humoristique, un tournant franchement droitier avec cette nouvelle déclinaison, qui vise… Marx.

— Tu parles d’un livre!

— Capitaine, c’est seulement le tome I.

______________________________________________

Rectificatif

L’ami Serge Aberdam réfute, de manière aussi pertinente qu’érudite, ma moquerie concernant le bonnet rouge du capitaine Haddock. Autant en faire profiter tout le monde.

«Le bonnet des sans-culotte a toujours eu une double nature :

– D’un côté le bonnet «phrygien» venu de l’héraldique de collège («savant») censé dire la libération des esclaves antiques.

– De l’autre le bonnet de laine tricoté (souvent par les marins), peut-être celui de la tradition de révolte des «Bonnets rouge» du XVIIe siècle, mais certainement celui porté par les soldats condamnés de la révolte de Nancy, revenus du bagne avec le bonnet rouge des forçats qu’ils arborent fièrement lorsqu’ils manifestent dans Paris…

C’est plutôt à partir de là qu’il est adopté massivement comme symbole populaire.»

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Les pierres gravées de la Bastille dans l’espace public

14 samedi Mai 2022

Posted by Claude Guillon in «Articles»

≈ Commentaires fermés sur Les pierres gravées de la Bastille dans l’espace public

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Bastille, Jean-Pierre Babelon, Laurent Derne, Palloy, Pierres de la Bastille

Les pierres de la Bastille, soit sculptées en forme de forteresse, soit gravées d’inscriptions ont été abondamment fournies par l’entrepreneur Palloy aux municipalités et autres autorités. Le recensement en a été effectué par Jean-Pierre Babelon (Gazette des Archives, 1965, pp. 217-230). Elles sont conservées dans des musées et·ou aux Archives départementales.

Beaucoup moins nombreuses, et moins connues me semble-t-il, sont les pierres gravées qui ont été inclues dans l’espace public, intégrées dans la façade d’un monument par exemple. Le plus souvent soumises à divers aléas (pollution, érosion, malveillance), elles ont tendance à s’effacer – au sens propre.

Je propose, à partir d’une carte postale rencontrée par hasard, une modeste amorce de recensement qui ne demande qu’à être complété par les signalements d’honorables correspondant·e·s.

St-Julien-du-Sault (Yonne)
Thonon-les-Bains (Haute-Savoie)
Façade de l’Hôtel-de-Ville de Saumur (Maine-et-Loire)
Hall de l’Hôtel-de-ville de Bonneville (Haute-Savoie)

Je lis dans un article de Laurent Derne les indications suivantes concernant une première pierre (dont je n’ai pas trouvé de photographie) à Tulle :

La dalle du cachot aurait été encastrée par le célèbre révolutionnaire tulliste Anne-Vialle dans le mur du couvent des Carmes, au bout du quai Baluze. Depuis ce scellement, le chemin du Tranchat est devenu avenue de la Bastille. La pierre a finalement migré de quelques dizaines de mètres en amont, pour finir encastrée dans le mur d’un jardin, devenu, depuis la fin des années [19]60, la résidence… Bastille.

Laurent Derne signale également la présence – cependant controversée – de la maquette de la Bastille perchée «sur la tourelle octogonale qui domine la galerie sud des bâtiments du Cloître», construite en 1828.

Tulle (Corrèze)

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André Perrin, prêtre réfractaire, aumônier des prisons et «apôtre au XIXe siècle»

25 mardi Jan 2022

Posted by Claude Guillon in «Articles», «Documents»

≈ Commentaires fermés sur André Perrin, prêtre réfractaire, aumônier des prisons et «apôtre au XIXe siècle»

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André Perrin, Clergé réfractaire, Constitution civile du clergé, Lyon, Paul Chopelin, Prisons, Roanne

Retrouvée dans les affaires de ma mère (née Claude Perrin), cette lithographie, un peu à la manière des images d’Épinal semble assez rare en couleurs. La Bibliothèque de Tarentaize (Saint-Étienne) en conserve un exemplaire en noir et blanc, ainsi qu’un portrait gravé et une autre image du type Épinal, où seule la légion d’honneur est indiquée en couleurs.

Dans l’exemplaire que j’ai acquis de Un Apôtre au XIXe siècle. M. l’abbé Perrin cette dernière gravure est insérée dans la reliure (elle n’apparaît pas sur l’exemplaire numérisé par Google livres). Je la reproduit ci-après (Il existe au moins une variante)

Qui était donc l’abbé André Perrin ?

Né à Feurs (Loire) le 24 juillet 1753, il sera vicaire de cette localité durant quatorze ans.

Il fait ses études à Lyon, au séminaire, dit à cette époque de Saint-Charles, qui dépendait de la paroisse Saint-Nizier.

Pendant la Révolution, il refuse de prêter le serment civique et s’exile en Suisse vers la fin 1792, sous le nom de Rimper[1], anagramme approximatif de Perrin (presque du verlan, en fait).

Revenu à Lyon après la chute de Robespierre, il continue d’exercer son ministère dans la clandestinité.

En 1798, il est nommé aumônier de la prison de Roanne (Loire).

Les anecdotes les plus édifiantes courent sur son désintéressement et son dévouement.

Favier écrit dans Lyon vu de Fourvières (Lyon, 1833, p. 259) :

Ses cheveux blancs vous disent son âge, ses traits vous révèlent son âme candide comme celle d’un enfant. Que de douceur ! Que de bonhomie ! Et avec cela que de dévouement ! que de force ! Que de caractère dans toute cette vie ! Que de courage dans les derniers soins qu’il donne au supplicié. C’est l’homme qui se fait Dieu[2] !

Le Journal du Commerce et des Théâtres de Lyon (n° 1890, 7 juin 1835) rend compte de l’exécution capitale d’un nommé Joseph Brunner, ouvrier indienneur (du tissu baptisé « indienne ») et licencié vindicatif, puisqu’il a assassiné le chef de la manufacture qui l’a renvoyé.

À onze heures le condamné a été extrait de la prison de Roanne, et il est monté sur la fatale charrette, jouissant de la plénitude de ses moyens et accompagné du vénérable abbé Perrin, de ce digne prêtre, surnommé à juste titre l’Ange des prisons. [souligné dans l’original]

Il est fait Chevalier de l’Ordre royal de la Légion d’honneur, le 8 juin 1839.

Il meurt le 4 mars 1844, à l’âge de 91 ans.

Le Courrier de Saône-et-Loire (6 mars) commente :

Né dans l’aisance, il est mort pauvre, mais riche de la considération et de l’estime universels. Il passait son existence à consoler les malheureux prisonniers […]. Les regrets de tous, de quel parti qu’ils soient, s’attacheront à cette honorable mémoire, et récompenseront ainsi ce caractère admirable dont toutes les vertus étaient des mouvements du cœur.

Après sa mort, on organisa la vente de sa bibliothèque, le 9 décembre 1844 (et jours suivants), comme en témoigne le catalogue publié à cette occasion (Lyon, 1844, Numelyo). Le contenu de la bibliothèque contredit un peu l’image d’un obscur (quoique célèbre pour ses vertus) aumônier. C’est la bibliothèque d’un érudit, qui comporte pas moins de 1 379 volumes. Beaucoup concernent bien sûr la théologie, mais aussi l’histoire religieuse et générale et les sciences. On y croise aussi les 39 volumes de l’Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et métiers (Genève, 1777) et les Recherches physiques sur le feu (1780) d’un certain Marat ! Un pourcentage important de ces ouvrages sont en latin.

L’abbé Perrin était réputé avoir créé des bibliothèques dans plusieurs prisons, et l’on peut imaginer qu’il récoltait pour cela des ouvrages auprès de donateurs. Il est possible qu’une partie de ces volumes provienne de ces « quêtes » ; seuls les livres les plus accessibles ayant été mis à la disposition des prisonniers.

Hormis la brève mention dans l’ouvrage de Paul Chopelin et les brochures hagiographiques citées en bibliographie, je n’ai pas trouvé d’autres traces de l’abbé Perrin dans les ouvrages de ma bibliothèque traitant de la Révolution à Lyon (ni sur Internet).

Détail des légendes de la lithographie en couleurs

À droite

« Lorsqu’un criminel est condamné au dernier supplice, il l’exhorte à reporter ses pensées vers Dieu. Il lui prodigue tout ce qui peut contribuer à lui faire supporter la mort avec courage. »

« Par un hiver très rigoureux, on le vit sur le pont Tilsiit détacher sa chaussure pour la donner à un pauvre dont il prit les savates trouées en échanges. [sic]. »

« Le souverain lui fit remettre la croix d’honneur en hommage des secours qu’il prodigua à l’humanité sans cesse. »

« Il prie pour les pécheurs. »

À gauche

« Parmi les prisonniers, souvent exposé à se laisser prendre sa tabatière ; dès qu’il s’en apercevait il offrait 5 francs pour qu’elle lui fut rendue. Il la recevait le dos tourné pour ne pas connaître le coupable. »

« Il va chez les personnes aisées de la ville quêter pour ces malheureux prisonniers auxquels il distribue à son retour des vêtements, de l’argent, du tabac, des livres de piété et d’histoires édifiantes. »

« Quand l’heure de la justice humaine a sonné, il ne quitte point le patient ! Il monte sur l’échafaud, le ranime par son éloquence, et l’encourage à accomplir le dernier sacrifice. »

« Il distribue du pain aux pauvres. »

Bibliographie

L’abbé Perrin, aumônier de la prison de Roanne. Notice biographique, Lyon, 1836, 48 p.

Un apôtre au XIXe siècle, M. l’abbé Perrin, Lyon, 1837, 14 p. (rééditions en 1840, 1842, 1843)

Vie de l’abbé Perrin, aumônier des prisons de Lyon, Chalon-sur-Saône, 1838, 7 p.

Jury, Biographie de l’abbé Perrin, aumônier des prisons de Lyon, Paris, 1841, 7 p.

Catalogue de la bibliothèque de feu M. l’abbé Perrin, chapelain de l’Église primatiale de Lyon, aumônier de la prison de Roanne, chevalier de la Légion-d’Honneur ; dont la vente aura lieu le 9 décembre 1844, et jours suivants, à 5 heures et demie du soir dans la salle de MM. les commissaires-priseurs, Port-du-Temple, 42, au 1er, par le ministère de l’un d’eux, Lyon, 1844, 96 p.

________________________

[1] Paul Chopelin mentionne le fait dans son ouvrage Ville patriote et ville martyre. Lyon, L’Église et la Révolution (1788-1805), 2010, p. 201.

[2] Je souligne.

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Le nouveau Musée Carnavalet fait-il une présentation biaisée de la Révolution?

22 samedi Jan 2022

Posted by Claude Guillon in «Articles»

≈ Commentaires fermés sur Le nouveau Musée Carnavalet fait-il une présentation biaisée de la Révolution?

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Laurent Hebenstreit, Musée Carnavalet

Sur le site Révolution française, Laurent Hebenstreit juge très sévèrement les nouvelles installations du Musée Carnavalet concernant la Révolution (que je n’ai pas encore vues) et propose rien moins que la réunion d’états généraux, débouchant sur la création d’un nouveau musée d’histoire de Paris, démarche qui fait l’objet d‘une pétition.

Depuis la réouverture en 2021, l’espace consacré à la Révolution Française est réduit à cinq petites salles sur une surface de 90 mètres carrés, soit 2,3% des 3900 mètres carrés de surface d’exposition permanente. Ce choix est injuste et inacceptable. La Révolution française n’est pas un détail de l’histoire de Paris.

Les textes des panneaux et les choix d’objets exposés posent problème. Ils expliquent : « Les Français aiment leur roi et comptent sur lui pour mettre fin aux abus des privilégiés. Mais à Versailles, les députés ne parviennent pas à s’entendre ». Le martyr de Jacques de Flesselles, tué le 14 juillet, est mis en avant : « Sa tête, placée au bout d’une pique, est promenée dans les rues ». Mais nul ne dit ici qu’il était célèbre et haï pour son rôle actif dans la lutte du pouvoir royal contre le parlement de Paris. Mr Guillotin et son invention : la guillotine sont en vedette. Des bijoux en or, du XIXe siècle, en forme de guillotine, retiennent notre attention.

L’incompréhension grandit : le Marquis de La Fayette lors de la Fête de la Fédération met « en scène l’adhésion des Français et de leur Roi au projet constitutionnel » mais trois pas plus loin : « Refusant la remise en cause de son pouvoir, Louis XVI tente de fuir le 20 juin 1791 ». Nul n’explique le mystère de la transformation de l’adhésion en refus. « Perçue comme une menace par les cours européennes…la Révolution fait courir au royaume un risque d’invasion. Devançant ces dangers, les Français déclarent la guerre à l’Autriche le 20 avril 1792 ». Nul ne dit d’où vient l’idée de cette guerre, ni qui la soutient, ni qui la combat. « Les pouvoirs du roi sont suspendus et une nouvelle assemblée est élue au suffrage universel masculin : La Convention nationale, qui décide le 21 septembre d’abolir la monarchie ». Aucune explication des causes de ces événements. Séquence émotion avec Louis XVI, Marie-Antoinette et le Dauphin à la prison du Temple. Les murs sont tendus de noir. Une émouvante liturgie du culte du martyre de la famille royale victime de la Révolution est magnifiée par un grand tableau du XIXe siècle, des objets personnels et le témoignage poignant d’un domestique.

Enfin, « Les débuts de la Ière République 1792-1795 » portent la confusion des visiteurs à son comble. Portraits des martyrs Lucile et Camille Desmoulins ainsi que Danton. Portrait de Robespierre « une des principales figures de la Terreur ». Les héros sont Charlotte Corday, Marat, Chalier et Lepeletier de Saint-Fargeau. Un objet de luxe, la Tabatière en ivoire et écaille avec Les Trois Martyrs de la Liberté symbolise l’absurde : le degré zéro de l’histoire de Paris et de la Révolution. Où sont les idées en débats et les forces en présence, où sont les vivants, les révolutionnaires, les contre–révolutionnaires et le peuple de Paris ?

Au musée Carnavalet, les objets dessinent un espace de mort. Où est la vie ? Où sont les informations, les explications, quelles sont les interprétations de l’histoire de Paris, ville métropole, plurielle et mondiale ? Les non-humains sont muets, c’est aux humains de leur donner la parole. […]

Maquette de la Bastille sculptée dans une pierre d’icelle.

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À la Nouvelle-Orléans, on débaptise l’École La Fayette

16 mardi Nov 2021

Posted by Claude Guillon in «Articles»

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Esclavage, La Fayette, Leah Chase, Nouvelle-Orléans

À la Nouvelle-Orléans, dans le cadre d’un mouvement de débaptisation des bâtiments qui portent des noms de personnages historiques jugés compromis dans la traite ou l’esclavage, l’École La Fayette a été débaptisée et renommée École Leah Chase, du nom d’une militante des croits civiques… et «reine de la cuisine créole».

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“Infographie de la Révolution française” ~ de Jean-Clément Martin et Julien Peltier

09 samedi Oct 2021

Posted by Claude Guillon in «Annonces», «Articles», «Bibliothèque»

≈ Commentaires fermés sur “Infographie de la Révolution française” ~ de Jean-Clément Martin et Julien Peltier

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Charlotte Corday, Claire Lacombe, Constitution de 1793, Jacques Roux, Jean-Clément Martin, Julien Peltier, Marat, Robespierre, Société des citoyennes républicaines révolutionnaires

De 1789 à 1799, la France est en révolution. Afin de rendre compte des événements et des bouleversements qui ont marqué ces années, et de permettre une autre lecture de l’histoire, l’Infographie de la Révolution allie récit et modélisation des données historiques. Grâce à la puissance d’analyse de Jean-Clément Martin, nourrie d’amples réflexions sur la période révolutionnaire, et au talent du data designer Julien Peltier, cette démarche originale et accessible permet de conjuguer conceptualisation et émotion, généralité et singularité. Les grandes journées révolutionnaires et les profondes mutations de la période peuvent alors être  comprises dans leurs multiples dimensions : les thèmes traités ici – la chute de la monarchie, la Terreur, la Contre-Révolution, la condition des femmes, la révolution militaire, la Vendée, l’esclavage, la déchristianisation… – le prouvent. C’est ainsi le foisonnement exceptionnel d’une période passionnante qui est saisi par les auteurs, grâce au supplément de sens porté par l’infographie.

Parution: 12 octobre 2021. 128 pages; Format 23 x 29 cm; 27 €.

J’ai déjà eu l’occasion de saluer ici le travail de Jean-Clément Martin et notamment sa capacité de synthèse (voir notamment sa Nouvelle histoire de la Révolution française). Il publie ces jours-ci un livre nouveau (et non seulement un nouveau livre) qui outrepasse l’usage maximal connu de l’infographie – soit comme illustration (c’était déjà le cas dans mes livres d’histoire de lycée), soit comme mode d’expression plus ou moins à égalité avec le texte (comme dans l’Atlas de la Révolution française, publié en plusieurs fascicules par l’EHESS).

Ici l’infographie est le moyen d’expression principal, au point de figurer dans le titre de l’ouvrage: Infographie de la Révolution française. Les textes viennent en appui aux infographies; ils les complètent. C’est donc un choix radical, un coup de force méthodologique, oserais-je, qui marquera un tournant. Il y aura un avant et un après, et d’autres «Infographies», de la Commune, du Grand Siècle, etc.

Évoquer un tel ouvrage (je ne prétends pas en «rendre compte») est périlleux puisqu’il ne s’agit plus (seulement) de faire la critique d’un texte, de l’analyse qu’il présente et des données factuelles qu’il fournit, mais (aussi) d’éprouver et de justifier une émotion esthétique.

La première impression peut être d’un «trop plein» qui nuirait à la lisibilité. La profusion de graphiques, de représentations colorées (qui intègrent des portraits de personnages), de pictogrammes, s’adresse à l’œil tout autrement que le bloc d’une page de texte imprimée, même agrémentée d’une carte ou d’un graphique. Il faut surmonter cette première impression pour s’immerger – avec plaisir – dans la masse d’informations retransmises avec un incontestable talent par Julien Peltier.

Au fond, je prend conscience que ma réticence instinctive vient de ce que cette mise en forme des connaissances disponibles à un moment donné sur un sujet donné – peut-être du fait de la réminiscence scolaire – pourrait prétendre être gravée dans les pixels, à défaut du marbre. Un peu comme s’il s’agissait d’un énorme «Retenons» de 127 pages.

Or Jean-Clément Martin – auquel je ne fais ici nul procès d’intention – dans ce livre, comme dans tous ses précédents, formule des propositions (certes à partir d’une connaissance intime peu commune du sujet «Révolution française»).

Je vais prendre l’exemple de l’année 1793, considérée du point de vue de la place des femmes dans la Révolution.

Comme on le voit l’année 1793 est considérée comme l’année du début du déclin pour les femmes. Ça n’est certes pas inexact, mais la présentation infographique fige et finalement, me semble-t-il, déforme l’information.

Je veux bien que l’on indique parmi cette «chronologie noire» la date du 24 juin (adoption de la Constitution) puisqu’en effet cette constitution ne donne pas davantage de droits politiques aux femmes que celle de 1791. Mais il se trouve que l’acceptation de ce même texte a été l’occasion de nombreuses manifestations féminines et même d’une critique féministe («ce texte que nous avions cru accepter», dit en substance une militante).

De même, l’assassinat de Marat par Charlotte Corday, s’il entraîne d’incontestables dégâts collatéraux pour les femmes est aussi l’occasion d’un mouvement d’appropriation/célébration par les Enragés et singulièrement par la Société des Citoyennes républicaines révolutionnaires. Par ailleurs, je ne m’explique pas l’absence du 30 octobre, date de l’interdiction des clubs de femmes.

Autrement dit, il me semble que l’année 1793 aurait dû figurer à la fois en rouge et en noir (je ne sais selon quel procédé graphique) puisqu’elle voit à la fois l’apogée du militantisme féminin et son interdiction définitive.

Remarque de détail maintenant: comme la nature (et Internet), l’infographie a horreur du vide causé par l’absence de portraits. Aussi, pour pallier ce manque, Jacques Roux et Claire Lacombe se voient représentées par les portraits que l’on trouve le plus souvent sur Internet, sans aucune garantie d’authenticité (un faux portrait n’est pas un pictogramme).

Ces réserves formulées, je ne doute pas que ce livre prenne une place méritée, non seulement dans les centres de documentation des lycées et collèges, mais dans la bibliothèque de toutes celles et ceux qui s’intéressent à la Révolution, assez pour lire ou consulter fréquemment des articles et ouvrages à son propos.

Passé la première découverte, goulue et brouillonne, cette Infographie de la Révolution française a vocation à figurer parmi les «usuels» auxquels on se reporte, à la fois par nécessité et pour le plaisir des yeux et des découvertes connexes inattendues.


NB. Je me permets de reproduire ci-après une autre infographie du livre, qui recoupe et illustre le débat relancé autour de la vidéo Robespierre, un terroriste?

 

Statut de l’ouvrage: offert au tenancier de ce blogue par l’auteur J.-C. M.

Page dédiée sur le site de l’éditeur: Passés/composés

Cliquez sur les images pour les AGRANDIR.

Les scans sont de piètre qualité, je m’en excuse. Le format de l’ouvrage se prête mal à l’exercice sur un appareil de bureau.

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“Robespierre, les femmes et la Révolution” ~ Introduction

06 mercredi Oct 2021

Posted by Claude Guillon in «Articles»

≈ Commentaires fermés sur “Robespierre, les femmes et la Révolution” ~ Introduction

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Albert Mathiez, Anne Simonin, Annie Geffroy, Antoine Barnave, Éric Hazan, « Théorie du genre », Bernard Nabonne, Caroline Fayolle, Cesare Vetter, Christine Fauré, Claire Lacombe, Claude Mazauric, Dominique Godineau, Edward P. Thompson, Enragé·e·s, Florence Gauthier, Gérard Noiriel, Georges Lefebvre, Guillaume Mazeau, Hector Fleischmann, Hervé Leuwers, Howard Zinn, Jacques Roux, James Friguglietti, Jean Artarit, Jean-Charles Buttier, Jean-Clément Martin, Jean-Luc Chappey, Jean-Numa Ducange, Jean-Pierre Melville, Jeanine Stievenard, Karen Offen, Laurence De Cock, Laurent Dingli, Lucien Febvre, Lutte des classes, Marcel Gauchet, Marcus Rediker, Mathilde Larrère, Michelle Zancarini-Fournel, Misogynie, Noah C. Shusterman, Norbert Bartkowiak, Pauline Léon, Pierre Serna, Psychanalyse, René Laforgue, Robespierre, Serge Reggiani, Société des études robespierristes, Stéphanie Roza, Suzanne Desan, Terreur, Timothy Tackett, Walter Benjamin, Walter Markov, Yannick Bosc

Je donne ci-dessous – à destination des personnes qui n’ont pas encore eu la curiosité ou l’occasion d’ouvrir le livre – l’introduction de Robespierre, les femmes et la Révolution (IMHO, 2021).

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Le présent ouvrage s’inscrit dans la suite de mon travail sur le courant des Enragé·e·s pendant la Révolution française, amorcé au début des années 1990 par la publication de Deux Enragés de la Révolution, Théophile Leclerc & Pauline Léon (La Digitale, 1993). L’invitation par les historiennes Christine Fauré et Annie Geffroy à participer à la journée d’études sur la «Prise de parole des femmes pendant la Révolution» qui s’est tenue en Sorbonne le 11 décembre 2004 à l’initiative de la Société des études robespierristes (SER) et de l’Institut d’histoire de la Révolution française (IHRF) – et dont les actes ont été publiés dans les Annales historiques de la Révolution française (AHRF) en 2006 – a été l’occasion de compléter mes recherches sur Pauline Léon. J’ai par la suite publié un recueil des écrits des Enragé·e·s intitulé Notre patience est à bout (IMHO, 2009 ; deux nouvelles éditions largement augmentées, notamment sur l’activité de Leclerc après 1794, sont parues chez le même éditeur en 2016 et 2021). Je me suis ensuite consacré, aux côtés de Stéphanie Roza et de Jean-Numa Ducange, à l’entreprise d’établissement et de traduction de la biographie de Jacques Roux Curé rouge par Walter Markov, coédité par la SER et les éditions Libertalia[1] (2017).

Mon intérêt pour la Société des citoyennes républicaines révolutionnaires, cofondée par la chocolatière Pauline Léon et qu’elle rallia – avec l’aide de l’actrice Claire Lacombe – au courant des Enragé·e·s m’a amené à vouloir comprendre la formation et la radicalisation des groupes de femmes révolutionnaires. J’ai donc entrepris des recherches sur ce sujet, peu traité dans l’historiographie, si l’on excepte quelques travaux pionniers déjà anciens et souvent mal connus, et de rares publications récentes (Dominique Godineau pour Paris ; Christine Fauré ; et Suzanne Desan en anglais).

Un «blogue historien» créé en 2013, La Révolution et nous, me sert de carnet de recherches et me permet de mettre à disposition le travail de veille effectué sur ces questions.

Ce volume constitue également la première partie d’un diptyque consacré aux femmes pendant la Révolution. Le second volume – Le club et la pique. Femmes révolutionnaires 1789-1793 – traitera de la politisation collective des femmes dans les groupes et sociétés qu’elles ont formées dès l’automne 1789.

Plusieurs raisons m’amènent à étudier le rapport entre Robespierre et les femmes. Une raison historique d’abord : tout indique que le leader Jacobin a joué un rôle déterminant dans l’interdiction des clubs de femmes, en octobre 1793, qui vint sceller pour longtemps – avant le Code Napoléon – la sujétion des femmes dans la société française[2]. Qu’il ne se soit pas agi d’un objectif – conscient, au moins – de Robespierre est un point que nous examinerons en temps utile.

Une double raison historiographique ensuite : ce sujet apparaît comme l’angle mort de toutes les biographies, anciennes et récentes, y compris lorsqu’elles sont l’œuvre d’historiens sérieux et critiques [3] comme Hervé Leuwers et Jean-Clément Martin. Notons en outre que le principal ouvrage qui s’en est proposé l’étude date de 1909. Encore Hector Fleischmann, son auteur, entendait-il livrer «pour la première fois [4] dans tous ses détails, la vie sentimentale et amoureuse» de Robespierre, ce qui n’est pas mon principal centre d’intérêt. Il y eut, en 1938, une autre tentative – plus romancée encore – d’un écrivain dont on a tout oublié, y compris qu’il fut lauréat du prix Renaudot [5]. Et, plus récemment, un opuscule de Mme Jeanine Stievenard, dont la présentation par l’éditeur m’a dispensé de la lecture[6].

Une raison de commodité méthodologique enfin : ayant donné dans ce premier ouvrage toute sa place à Robespierre – et aux femmes (plus ou moins) révolutionnaires qu’il appréciait et·ou utilisait – il me sera loisible de donner la parole aux citoyennes révolutionnaires, et non à leurs ennemis, dans le second.

J’ajoute que, si Robespierre est le personnage central de cet ouvrage, les termes du titre – Robespierre, les femmes, la Révolution – doivent aussi être considérés à égalité dans les rapports complexes qu’ils entretiennent. Ainsi par exemple, l’attitude de Robespierre lors de la marche des femmes à Versailles des 5 et 6 octobre m’intéresse, comme son instrumentalisation des «Dames de la Halle» qui y ont participé – ou de certaines d’entre elles. Mais pour cerner l’attitude d’un homme et ses conséquences, j’ai besoin de décrire le contexte révolutionnaire autrement qu’en quelques lignes convenues. Autrement dit, il arrivera non seulement que nous empruntions les bésicles de Robespierre, mais qu’il nous serve de regard sur les événements et sur les mentalités – au sens d’une ouverture pratiquée dans une canalisation, une chaudière, ou une cuve pour en faciliter la visite[7]. De sorte que si lectrices et lecteurs en sauront, je l’espère, davantage sur Maximilien Robespierre après avoir refermé ce livre, cette lecture leur aura appris au moins autant sur la manière dont les femmes ont été considérées durant la Révolution.

Histoire des femmes, histoire engagée [8]

Je retiens de prime abord un principe que je considère caractéristique d’une méthode scientifique – ce terme s’oppose ici à idéologique et à moraliste ainsi qu’à la succession dans la recherche de modes conceptuelles: sauf s’il a été démontré qu’un concept est erroné et qu’il a conduit à des interprétations fausses, et à moins qu’un concept plus récent (ou redécouvert) ait montré une efficience plus grande (tout en étant exclusif du premier), il est absurde d’y renoncer.

C’est pourquoi j’utilise, entre autres, le concept de «lutte des classes». La plupart des historiennes et des historiens s’en gardent aujourd’hui, affectant de considérer comme scientifiquement acquis son caractère obsolète, au point qu’ils se dispensent même d’en faire mention. Oh ! bien sûr, l’histoire actuelle n’ignore pas toutes les classes sociales, surtout si l’on entend par là des catégories sociologiques dont les rapports conflictuels s’expliquent davantage par une allant-de-soi «nature humaine» – et la bonne vieille psychologie (à feuillage persistant) qui en rend compte – que par des intérêts matériels et historiques antinomiques.

Au XXIe siècle, la vision de classe souffre, comme elle en a souffert au XVIIIe siècle, d’un problème d’accommodement : on n’y distingue plus le prolétariat (— En Chine ! dites-vous) tandis qu’on affirme qu’il était impossible à discerner en 1793. Naguère pas encore tiré du néant, déjà disparu… Ça n’est pas la bourgeoisie qui se laisserait réduire ainsi au rôle d’ectoplasme ! elle, dont la présence toute naturelle se laisse constater, réconfortante, telle la rosée du matin…

Pour réfuter une «explication» par la lutte des classes, rompant ainsi avec la discrétion de ses collègues, Timothy Tackett écrit dans son essai sur «la Terreur» – en réalité une énième histoire de la Révolution, à laquelle l’étude de la «terreur» sert de fil rouge [9] :

 Il semble maintenant clair que le déclencheur [litt. : l’impulsion directe] des événements de 1789 ne vint pas d’une lutte idéologique ou d’une lutte de classes, mais d’une crise financière et fiscale de la monarchie française, et que cette crise était avant tout le produit d’une lutte géopolitique dans laquelle la monarchie s’était engagée elle-même.

J’ignore si quelque auteur a cru voir dans la lutte des classes le déclencheur, l’impulsion, l’étincelle (comme on voudra) de la Révolution française. Je me contente de l’analyser comme un de ses moteurs, ce qui ne me gêne aucunement pour prendre en compte les éléments de contexte que Tackett énumère.

L’étonnant succès de librairie d’Une histoire de la Révolution française (2012), dont l’auteur Éric Hazan a joui d’une réputation flatteuse (et surfaite) de spécialiste des insurrections passés et à venir [10], a montré qu’une interprétation de la Révolution allégée du concept de lutte des classes (comme on retire le sucre ou le gluten d’un aliment industriel) – et même des classes en général, puisqu’il n’aurait existé en 1789 ni bourgeoisie ni prolétariat! – peut séduire un public « de gauche » en mal de références historiques et émotionnelles. L’auteur a surtout affiché le grand dénuement théorique dans lequel l’a plongé cette opération, dont ses conseillers historiens « robespierristes » ne l’avaient sans doute avisé ni des motivations ni des conséquences [11]. Empêché d’analyser le robespierrisme comme maximum de la politique sociale bourgeoise, Hazan se trouve incapable d’expliquer l’élimination de l’extrême gauche cordelière et enragée, dont il ne peut que déconseiller la réitération (ou son équivalent) aux révolutionnaires du futur, leur laissant un pense-bête à la Saint-Just sur la porte du congélateur : «Ne laissez pas glacer la Révolution!».

C’est encore pourquoi j’utilise le concept d’«inconscient» et certains outils forgés dans la pratique analytique. Reconnaissons aux spécialistes de l’histoire davantage d’ostentation à ce propos : ils et elles ne manquent jamais de préciser qu’ils y sont hostiles, qu’ils en sont revenu·e·s, pour autant qu’ils s’y soient jamais égaré·e·s [12]! Le même conférencier qui s’excuse d’avoir oublié le texte de son intervention dans sa voiture (dont il a égaré les clefs) qualifie de ridicule l’idée que les clubistes Jacobins ont pu accumuler des actes manqués, voire développer des névroses. Telle historienne – d’ailleurs talentueuse – récuse le freudisme dans un sourire, avant d’insister longuement sur l’importance en histoire de «l’estime de soi», concept qu’elle juge apparemment mieux établi et plus précis que celui d’inconscient.

Il faut reconnaitre que certains ouvrages biographiques sur Robespierre inspirés par la psychanalyse ont donné une image mécaniciste et assez infantile (un comble!) de la psychanalyse appliquée à l’histoire[13]. Cela ne signifie pas que toutes les hypothèses de leurs auteurs soient sans fondement, mais que la recherche univoque « dans les blessures de l’enfance et de prétendues humiliations parisiennes ou arrageoises [des] raisons d’une colère et de certains choix politiques[14]» donne d’aussi piètres résultats que l’application du marxisme par une police politique.

Je vais être aussi précis que possible : lorsque Robespierre entreprend, à l’automne 1793, de déconsidérer les Enragé·e·s et de saper leur influence sur la sans-culotterie parisienne – ce qui passe par la fermeture de la Société des Citoyennes républicaines révolutionnaires, laquelle mènera, je l’ai dit, à l’interdiction de tous les clubs de femmes – il choisit une conduite politique, certes critiquable, mais apparemment rationnelle. Lorsqu’il écrit dans ses carnets, et dans le calme de son cabinet, à propos des mêmes militantes Républicaines révolutionnaires «Elles sont stériles comme le vice», il exprime non plus un point de vue politique mais une angoisse haineuse et archaïque devant des femmes qui, à ses yeux, refusent d’être mères et se signalent par là – et par leur insubordination à sa politique – comme «vicieuses». Ce cri du cœur ne peut être compris autrement que comme manifestation d’un caractère et d’un inconscient blessés, et symptôme d’un rapport pathologique au sexe et au féminin. De ce fait, il relève évidemment de la psychanalyse et éclaire la politique de genre de celui qui le jette sur le papier.

Nous voici au clair sur des matériels intellectuels que je n’entends pas abandonner aux poubelles de l’historiographie. Faut-il alors, ces outils en mains[15], retenir le fameux concept d’« histoire par en bas », traduction (insatisfaisante) de l’anglais from below ? Georges Lefebvre, à qui on en attribue parfois – à tort – la paternité, a décrit ce «point de vue» comme une condition de «l’histoire sociale», dans un hommage à Albert Mathiez, rédigé à l’occasion de son décès (25 février 1932).

Si comme il me paraît probable, les historiens de l’avenir donnent une place de plus en plus grande à l’étude économique et sociale de la Révolution, s’ils se décident à regarder les événements d’en bas et non plus seulement d’en haut, ce qui est la condition même de l’histoire sociale[16], Mathiez leur apparaîtra [etc.].

La même année, et à la même occasion, après avoir lu – comme il le précise – l’article de Georges Lefebvre, son quasi-homonyme Lucien Febvre en appelle à ceux qui poursuivront l’œuvre de Mathiez et «donneront cette histoire révolutionnaire qui nous manque toujours : histoire de masses et non de vedettes ; histoire vue d’en bas et non d’en haut ; histoire logée, surtout, dans le cadre indispensable, dans le cadre primordial des réalités économiques [17].»

C’est beaucoup plus récemment qu’Edward P. Thompson a théorisé le concept dans un article éponyme – « History from below » – publié en avril 1966 dans le supplément littéraire du Times (son maître-livre, The Making of the English Working Class date de fin 1963).

L’inconvénient de ce point de vue est que si l’on regarde «d’en bas», il semble bien que l’on regarde vers le haut, ce qui est encore une vision biaisée. Ce paradoxe n’a pas échappé à l’historienne du genre Karen Offen qui propose une autre formule :

Étudier l’histoire des féminismes signifie mettre le passé à l’épreuve, non pas du haut en bas, non pas de bas en haut, mais sens dessus dessous ; s’attaquer sans détour […] au noyau sociopolitique des sociétés humaines – les relations entre les sexes ; examiner ces moments où des fissures s’ouvrent dans l’écorce des arrangements patriarcaux [18] […].

Sens dessus dessous. Ne risque-t-on pas à adopter cette consigne, qui a quelque chose de stimulant, pour ne pas dire de subtilement érotique, de susciter un léger vertige dans le public éclairé ? La référence sexuelle n’est pas – hélas ! – hors de propos : les historiens mâles – longtemps un pléonasme – pour peu qu’ils se soient préoccupés des femmes dans l’histoire se sont souvent bornés (hormis pour telle impératrice philosophe) à regarder sous leurs robes [19].

Il existe cependant d’autres équivalents de l’«histoire par en bas», qui ne présentent pas le même défaut de perspective et n’encourent pas de reproche sexiste. J’en trouve deux, mentionnées par Marcus Rediker, historien de la piraterie, dans un entretien précisément consacré à cette question [20]: «histoire populaire» et «histoire radicale». L’expression «histoire populaire» a sans doute été pour beaucoup dans l’énorme succès d’Une histoire populaire des États-Unis de Howard Zinn (Agone, 2003) puis dans celui d’Une histoire populaire de la France de Gérard Noiriel (Agone, 2018). On la retrouve en sous-titre du passionnant livre de Michelle Zancarini-Fournel : Les luttes et les rêves. Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours (Zones, 2016). Histoire populaire donc, pourquoi pas ? C’est assez dire que l’on ne s’intéresse pas qu’aux batailles, aux alliances de cours et aux vicissitudes de l’exercice du pouvoir, mais aussi, voire d’abord, à la vie du plus grand nombre et à ses aspirations. Cependant, si l’expression peut être adéquate à tel ouvrage, et contribuer légitimement à assurer sa diffusion, elle me semble paradoxalement un peu étroite d’un point de vue méthodologique. L’«histoire sociale» qu’évoquait Georges Lefèvre me conviendrait mieux. Quant à l’«histoire radicale», je craindrais qu’elle n’évoque davantage dans l’esprit des lectrices et des lecteurs un point de vue idéologique qu’une étude des phénomènes «à la racine». Je m’en rapprocherai toutefois, au risque de paraître abandonner toute prétention au sérieux et à la hauteur de vue, en précisant que la recherche historique que je pratique est une recherche «au ras des pâquerettes», expression d’ailleurs poétique, dont j’ôte tout ce qu’elle peut avoir en français de péjoratif.

La belle formule de Walter Benjamin sur «le saut du tigre dans le passé», félin qui sait – comme la mode ! – «flairer l’actuel niché dans les fourrés du passé» ne doit pas faire illusion. Tigre de papier, l’historien révolutionnaire est omnivore (il ne se borne pas à retenir ce qui peut «servir» sa thèse) et sujet aux métamorphoses modestes : plus souvent rat de bibliothèque que fauve en liberté «sous le ciel libre de l’histoire[21]».

En effet, qui écrit l’histoire des femmes se doit de prendre en compte les archives les plus minuscules, les plus anodines, éparpillées, ignorées jusqu’ici ou au contraire invisibles à force d’avoir été mille fois dépouillées. Ce qui devrait être, semble-t-il, une précaution scientifique ordinaire pour les chercheuses et les chercheurs s’impose comme une contrainte concernant l’histoire des femmes [22].

Il n’est pas inopportun de signaler un contre-exemple époustouflant : je veux parler de l’avant-propos de l’essai précisément consacré à Robespierre par M. Marcel Gauchet [23]. L’auteur y annonce que «le matériau principal de l’enquête est fourni par le discours robespierriste lui-même. Toutes les références vont aux Œuvres complètes […]. Les dates permettent de se reporter aisément à la source. […] Les débats des assemblées sont cités, selon l’usage, d’après les comptes rendus du Moniteur ou des Archives parlementaires.»

Se référer aux volumes des Œuvres complètes de Maximilien Robespierre publiés par la SER est impeccable[24]. C’est même, on le verra, un argument paradoxal contre certains robespierristes. En revanche, faire comme si ces volumes étaient publiés par ordre chronologique – et non par catégories : «discours[25]», «journaux», «œuvres judiciaires», «correspondance», etc. – ce qui rendrait «aisé» de se reporter aux sources, voilà qui est d’un professeur peu soucieux de soumettre son travail à la vérification critique et non d’un scientifique. Quant à l’«usage» qui voudrait que l’on reproduise les débats d’après le Moniteur et les Archives parlementaires sans jamais citer dates, pages et numéros (et sans comparer les deux sources), qu’aucun·e étudiant·e ne s’en autorise pour l’imiter : c’est une invention opportuniste. Nous avons affaire ici non à une «monté en généralité», privilège accordée par entente tacite aux historiens vieillissants, éloignés de leur soutenance de thèse (ce sont leurs étudiant·e·s qu’ils envoient aux archives), mais à une montée en désinvolture, par rapport au public et par rapport aux sources.

Dans les sciences humaines, une analyse doit toujours s’entendre «jusqu’à preuve du contraire» et «en attendant mieux». C’est donc en attendant mieux que dans le débat sur le type d’histoire – ci-dessus rapidement esquissé – je m’en tiendrai à une expression qui peut paraître désuète: une «histoire engagée[26]». Je veux dire une histoire qui assume sa destination politique et sociale, sans se laisser instrumentaliser par quelque idéologie que ce soit – par un·e historien·ne qui assume ses propres engagements.

Quant aux miens et pour m’en tenir d’abord à la Révolution française, il me paraît irrecevable de la décréter «terminée». En effet, inviter à penser cela c’est reprendre à son compte le programme de la contre-révolution, maintes fois exprimé dans le cours même de la Révolution, et ce dès l’automne 1789, et plus nettement encore par Antoine Barnave, à la mi-juillet 1791. Ensuite parce que la Révolution, à l’échelle de la vie d’une société, pour ne rien dire de celle d’une espèce est extrêmement proche de nous dans le temps, à rebours du sentiment subjectif fondé sur la durée de vie individuelle. Enfin, et sa proximité n’y est pas pour rien, parce qu’elle n’a pas produit tous ses effets: la qualité et l’inventivité des écrits théoriques et des pratiques d’exercice de la souveraineté populaire, est en soi un exemple roboratif pour notre présent (et celui des générations à venir). Il n’est que de voir les nombreuses références «d’inspiration», voire d’autorité [27] qui lui sont faites dans les mouvements sociaux des dernières décennies, notamment le mouvement dit des « Gilets jaunes » (2018-2019).

Sans m’attarder ici sur ce que pourra être la prochaine révolution [28], je veux dire qu’elle sera à mon sens – en France au moins – une «révolution sans bagages», ayant pris ses distances avec l’héritage idéologique des XIXe et XXe siècles et retrouvant plus ou moins «spontanément [29]» l’expérience originaire de 1789-1793.

Étudier la Révolution française, après plus de deux cent trente ans, sans se borner à la satisfaction de compléter une histoire érudite, c’est aussi refaire une lecture critique – avec les outils et les perspectives du présent – des fondamentaux de l’aspiration à l’égalité (y compris entre les genres et les âges) et à la liberté dans l’organisation des sociétés humaines.

Avant d’entrer dans le vif du sujet je voudrais faire mienne la sage résolution de Claude Mazauric présentant la réédition des Œuvres :

Il nous faut demeurer modeste et savoir que nous ne savons que peu de choses. Du moins tiendra-t-on pour nécessaire de ne négliger aucun témoignage, aucune donnée, aucun énoncé de la part de Robespierre qui puisse nous permettre de construire un récit approché et crédible[30].

J’ajouterai à ce qui retiendra mon attention ce que Robespierre n’a pas dit et ce qu’il s’est dispensé de faire, puisqu’aussi bien la vérité d’une politique et d’un homme se lit au moins autant dans ses lacunes et ses abstentions que dans ses actes et ses écrits.

Robespierre et les femmes

Il y a dans cet énoncé comme une promesse égrillarde que seuls, à ma connaissance, Fleishmann et Nabonne – évoqués ci-dessus – ont plus ou moins assumée comme telle. Si je n’entends pas les suivre sur ce terrain, il me faut affirmer d’emblée que, contrairement à ce que pensent aujourd’hui la plupart des historiens des deux sexes, dans leur rejet de la psychanalyse, ce que j’appelle la « politique de genre » de Robespierre, par analogie avec sa politique de classe est évidemment aussi le reflet de sa relation aux femmes.

Certes, un homme peut considérer les femmes comme des égales en droit sans les désirer, c’est même une qualité communément attribuée à de nombreux homosexuels. Par contre, un homme qui envisage le sexe féminin, en tant qu’organe génital et·ou zone érogène, comme une source de danger et de malpropreté, physique et·ou morale, a peu de chances de considérer autrement qu’avec méfiance le sexe féminin comme groupe social (ceci est un euphémisme).

Politique de genre, ou autrement dit : Quelle place Robespierre reconnaît-il aux femmes dans la société ? Quelle attitude manifeste-t-il à leur égard dans des situations précises ? Comment ses positions – scripta et acta – peuvent-elle être évaluées par comparaison avec celles d’autres écrivains, d’autres publicistes (les journalistes d’alors), d’autres révolutionnaires de son époque – femmes comprises ?

Ernest Hamel, hagiographe de Maximilien s’offre le luxe de juger, à demi-mots, quasi exagérée l’estime de son héros pour les femmes. À propos du discours de réception de Mlle de Kéralio à l’Académie d’Arras, qu’il a rédigé et lu, et dans lequel – nous allons en reparler dans le premier chapitre – il prône une complémentarité intellectuelle des deux sexes, Hamel écrit :

Nous n’avons pas à examiner ici jusqu’à quel point il pouvait avoir raison, mais, par l’analyse de son curieux discours [sic], on comprend mieux le prestige qu’il exerça toujours sur les femmes, et l’on se rend suffisamment compte de son chaste penchant pour elles. (Hamel, 1865, t. I, p. 61)

Il existe deux arguments de plus ou moins bonne foi – et articulés entre eux – pour justifier de ne traiter ni des rapports érotiques éventuels de Robespierre avec les femmes ni de sa politique de genre. Le premier, essentiel, consiste à déplorer une documentation lacunaire. Or autant celle-ci peut excuser de passer rapidement sur la vie ou l’absence de vie «amoureuse» du personnage, autant elle ne saurait dispenser d’étudier son attitude politique vis-à-vis des femmes, puisque pas moins de douze volumes de textes de sa main (ou à lui attribués) sont à notre disposition. User de cet argument suppose de considérer que le sujet « Robespierre et les femmes » renvoie uniquement à «l’homme privé», selon la malheureuse formule endossée par Hervé Leuwers (2014, p. 59 [31]), dans une biographie qui apporte par ailleurs des documents précieux sur son activité d’avocat à Arras. Une page suffira donc à évoquer cet aspect de la vie de Robespierre, dans un livre qui en compte plus de quatre cent cinquante. Le second argument, subsidiaire, le plus souvent informulé, c’est que l’on reconnaît la bonne éducation et le sérieux des historiens à l’extrême pudeur et à la modestie que leur inspire la «vie privée» de leurs personnages. «Ne cherchons donc pas à sonder les reins et les cœurs», écrit encore Leuwers en affectant de se morigéner lui-même (2014, p. 56). La connotation d’euphémisation sodomitique prise – de nos jours au moins – par la demi-formule «sonder les reins» dit assez le côté peu ragoutant de l’exercice. Voilà pour la pudeur. Quant à l’expression entière, elle sert – excusez du peu! – à caractériser Yahvé «le Seigneur», dans la Bible [32] et dans son omnipotence divine. Voilà pour la modestie.

D’ailleurs, quelle peut être la validité en histoire d’un concept comme celui de «vie privée»? Écrire la biographie d’un personnage, n’est-ce pas tenter de comprendre l’entièreté de sa vie : politique, professionnelle, amoureuse, intellectuelle, sociale…

Je pense d’ailleurs que Robespierre, même s’il lui est arrivé d’employer l’expression «vie privée» ne tenait pas en grande estime la séparation entre le «public» et le «privé». Il considérait, semble-t-il, la vertu comme une et indivisible, celle de l’individu comme celle de la nation. Chez lui, comme l’écrit Cesare Vetter, «vertus publiques et vertus privées sont étroitement reliées et sont axées sur la vertu publique : [et de citer Robespierre qui parle de Necker] “Un homme qui manque de vertus publiques ne peut avoir des vertus privées[33]”». On devine que l’inverse est également vrai. En outre, la morale révolutionnaire d’époque abhorre le secret, ce qui est caché, à huis clos, et peut donc abriter le complot et la malveillance. La vie familiale, le foyer (sinon l’alcôve) sont autant de «maisons de verre», et lorsque les femmes y sont renvoyées – avec plus moins d’égards – comme éducatrices des futurs citoyens, c’est aussi parce que leur rôle est écrit d’avance et soumis au contrôle de toutes et de tous. 


Écriture non-sexiste et particularités typographiques

 

Non-sexiste, c’est la manière – préférée à «inclusiv» – de présenter un texte que je m’efforce de mettre en œuvre ici.

Je me rallie à la règle de l’«accord de proximité», longtemps en usage en français, en accordant l’adjectif avec le sujet le plus proche. Exemple : « Les hommes et les femmes doivent être égales ».

— Et tant pis si j’me trompe ! aurait ajouté Serge Reggiani[34].

En matière d’antisexisme typographique, le point médian est devenu l’indispensable sextant pour naviguer dans la «carte du tendre» de l’égalité. Du verbe tendre [à ou vers].

On n’hésitera pas à se dispenser de son usage s’il risque d’égarer lectrices et lecteurs, plutôt que de les aider à se repérer. On préfèrera, comme dans la phrase qui précède, une formule plus gourmande en signes – « lectrices et lecteurs (22 s.)» – aux constructions et compressions du type «lecteurs·trices (15 s.)». Idem pour «celles et ceux», préférée à «celleux», pourtant deux fois moins long, etc.

Par surcroît, le point médian me paraît pouvoir heureusement remplacer la barre oblique dans des expressions dont il est parfois difficile de se passer comme le duo «et» et «ou». Je préfère donc «et·ou» à «et/ou».

Par ailleurs, dans les citations – nécessairement nombreuses dans un tel livre – les points de suite indiqués entre crochets – […] – signalent, comme c’est l’usage, une coupe dans le texte, pratiquée entre deux phrases, deux paragraphes ou deux alinéas. Lorsque la coupe est pratiquée à l’intérieur même d’une phrase, je préfère l’indiquer de la manière suivante: [etc.].

Notes

[1] On a compris que je ne mentionne ici que mes publications en rapport avec la Révolution française.

[2] Je n’entends pas suggérer que la sujétion des femmes a été créée par la Révolution, mais sa prorogation ressort d’autant plus dans un contexte d’émancipation (suffrage masculin adulte universel, abolition de l’esclavage, etc.).

[3] Des articles ont été publiés sur le rapport de Robespierre au genre féminin : Florence Gauthier (2014) ; Noah C. Shusterman (2014, en anglais).

[4] Mentionnons par acquis de conscience le pamphlet publié à Berlin en 1794 : Maximilian Robespierre in seinem Privatleben (La Vie privée de Maximilien Robespierre), «par un détenu au Palais du Luxembourg».

[5] Nabonne Bernard, La Vie privée de Robespierre, Hachette, 1938. En 1927, l’auteur avait reçu le prix Renaudot, pour Maïténa.

[6] Stievenard Jeanine, Robespierre et les femmes, 2009, 68 p., édité à compte d’auteur chez Édilivre : «Robespierre, ce n’est pas seulement la transformation du Comité de Salut Public en organisation terroriste, c’est également les balades dans les jardins parisiens, c’est aussi l’élevage d’oiseaux destinés à être offerts à son entourage, et même peut-être un fils issu d’une liaison avec Mlle Duplay.»

[7] On utilise aussi l’expression trou d’homme.

[8] J’utilise ici les éléments d’un exposé fait à la Sorbonne le 15 mars 2017, dans le cadre du Séminaire doctoral de l’IHRF «Publier les sources de la Révolution», à l’invitation de Pierre Serna, son codirecteur avec Jean-Luc Chappey et Anne Simonin: «Pourquoi et comment publier les Enragé·e·s ?».

[9] «It now seems clear that the direct impulse to the events of 1789 came not from an ideological struggle or a class struggle, but from a financial and fiscal crisis of the French monarchy, and that this crisis was above all the product of a geopolitical struggle in wich that monarchy found itself engaged.» Je considère la phrase dans l’édition originale afin de la traduire moi-même : The Coming of the Terror in the French Revolution, Harvard University Press, 2015, pp. 39-40. Traduction française de Serge Chassagne : Anatomie de la Terreur, Le Seuil, 2018. La citation se trouve pp. 51-52.

[10] Hazan Éric, Une histoire de la Révolution française, La Fabrique éditions, 2012.

[11] Remerciements (p. 10) : «Ma gratitude va d’abord à Florence Gauthier et Yannick Bosc, mes savants amis, qui ont eu la patience de lire et d’annoter le manuscrit. Leurs critiques de fond et leurs suggestions ont beaucoup contribué à lui donner sa forme définitive.»

Nota : Je qualifie de «robespierristes» les historiennes et les historiens qui, par admiration pour le personnage ou par intérêt de faction idéologique se font ses thuriféraires. Leur robespierrisme peut être discret, modéré ou fanatique ; il peut être franc ou procéder par omissions, voire manipulations. Par ailleurs, contrairement à ce que sa dénomination sociale – conservée pour des raisons complexes – peut laisser entendre, la Société des études robespierristes n’abrite pas que des robespierristes, loin s’en faut ! (Elle n’agrège même pas tous les robespierristes.) J’ai moi-même été membre de son conseil d’administration ; j’ai créé – grâce au talent du graphiste Norbert Bartkowiak – et lancé la première version de son site Internet.

[12] Celles et ceux qui, au contraire, se taisent ont été ou sont en analyse : ils craignent de se trahir!

[13] Le prototype étant le chapitre consacré à Robespierre par le Dr René Laforgue dans sa Psychopathologie de l’échec (1944).

[14] Évocation critique par Hervé Leuwers des livres de Jean Artarit (2003) et Laurent Dingli (2004) dans «Robespierre, une figure revisitée», in «1789-2019. L’Égalité, une passion française», hors-série de L’Humanité, juin 2019, pp. 76-77.

[15] Ces outils, plus légers et moins nombreux ils sont, plus le travail de recherche est accessible et vérifiable. Les «concepts», surtout prétendument nouveaux servent trop souvent de signes de reconnaissance sociale et universitaire, donc d’exclusion. Exception récente, le concept de «genre» a fonctionné comme une autorisation à revisiter tous les sujets de toutes les époques «au prisme» d’icelui. Son objet d’étude, les «rapports sociaux de sexe» n’étaient pas inconnus des sciences sociales, mais genre a – si j’ose dire – plus de style. Il est paradoxal que la majorité de ses introductrices en France aient gaspillé leur énergie – croyant devoir répondre par là aux extrémistes catholiques – en répétant qu’il n’existe pas de «théorie du genre». Si réellement les «études de genre» se révélaient n’avoir produit aucune théorie, c’est que l’autorisation évoquée ci-dessus aurait été délivrée en pure perte.

[16] AHRF, 1932, pp. 193 et suiv., repris dans Études sur la Révolution française, 1954. Je souligne.

[17] Febvre Lucien, «Albert Mathiez: un tempérament, une éducation», Annales d’histoire économique et sociale, 1932, 4e année, n° 18, pp. 573-576. Je souligne. Febvre rapporte que Mathiez lui avait promis, pour les AHES, «un article d’ensemble sur le prolétariat en France au temps de la Révolution», dont sa mort brutale à la suite d’une hémorragie cérébrale nous a privé (comme aussi d’une biographie de Robespierre, pour laquelle il avait signé un contrat avec un éditeur américain). Voir Friguglietti James, Albert Mathiez historien révolutionnaire (1874-1932), SER, Paris, 1974.

[18] «“Flux et éruptions” : réflexions sur l’écriture d’une histoire comparée des féminismes européens, 1700-1950», in Cova Anne (dir.), Histoire comparée des femmes, 2009, pp. 45-65. Je souligne. Notons qu’une revue féministe italienne publiée en 1973-1974 s’est intitulée Sottosopra (Sens dessus dessous).

[19] Illustration caricaturale dans une émission de télévision baptisée «Sous les jupons de l’histoire» (chaîne Chérie 25).

[20] Dans le journal CQFD, n° 117, décembre 2013. Plusieurs livres de Rediker ont été traduits en français ; par ex. Les Forçats de la mer (Libertalia, 2010), Pirates de tous les pays (Libertalia poche, 2017), L’Hydre aux milles têtes (avec Peter Linebaugh, Amsterdam, 2008).

[21] «Sur le concept d’histoire» (1940) ; quatorzième thèse, in Œuvres, III, Folio, p. 439.

[22] J’y reviendrai plus longuement en présentant le second volume de mon diptyque.

[23] Robespierre. L’homme qui nous divise le plus, Gallimard, 2018.

[24] Le douzième (et dernier?) devait être publié la même année que le présent ouvrage. [Note actualisée: Il sera finalement publié en 2022.]

[25] À supposer même que l’on ne considère que les cinq volumes de discours, en quoi le retour à la source à partir d’une date est-il «aisé»?

[26] Je partage avec Guillaume Mazeau, Laurence De Cock et Mathilde Larrère, auteur et autrices de L’histoire comme émancipation (Agone, 2019, p. 108) la certitude que : «L’expression “histoire engagée” devrait être un pléonasme.» Il·et elles ne se donnent pas la peine de situer leur position parmi celles que j’énumère ici. Voir mes remarques critiques, sur l’ouvrage (et sur les vulgarismes de M. Larrère) sur mon blogue La Révolution et nous. Sur le même thème, voir le n° 144 des Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique (2020) et sa présentation par Jean-Charles Buttier et Caroline Fayolle : «Écrire l’histoire des révolutions : un engagement».

[27] J’en ai recensé un grand nombre (slogans, tracts, pancartes, graffitis) sur La Révolution et nous.

[28] J’ai abordé la question de la filiation, plausible et souhaitable, entre la Révolution française et la prochaine révolution dans le premier chapitre de Notre patience est à bout : «Écrire l’histoire, continuer la révolution».

[29] Spontanéité relative puisqu’elle tient en partie aux références scolaires connues de toutes et tous (ou presque). Cet aspect était très perceptible dans le mouvement des «Gilets jaunes».

[30] OMR, t. I, p. XXV.

[31] Les références ainsi indiquées – date, n° de page – renvoient à la Bibliographie en fin de volume.

[32] Psaume 7, 10 : «Mets fin à la malice des impies, affermis le juste, toi qui sondes les cœurs et les reins, ô Dieu le juste!» Livre de Jérémie 11, 20: «Yahvé Sabaot, qui juges avec justice, qui scrutes les reins et les cœurs, je verrai ta vengeance contre eux [les gens d’Anatot, qui persécutent le prophète], car c’est à toi que j’ai exposé ma cause.» La Bible de Jérusalem, Desclée de Brouwer, pp. 927 et 1405.

[33] Discours aux Jacobins le 9 juillet 1794 ; OMR, t. X, p. 520. Vetter Cesare, «Bonheur public, bonheur privé et bonheur individuel dans le lexique de Robespierre», in Vetter C., Marin M., Gon E., Dictionnaire Robespierre, t. I, 2015, p. 44. Saint-Just, au contraire, tient à la notion de «vie privée» : «Si vous ordonnez aux tribunaux de faire régner la justice, ne souffrez point que l’on tourmente la vie privée du peuple.» (Rapport au nom des Comités de Salut public et de Sûreté générale, 26 germinal an II-15 avril 1794). Et dans le préambule au chap. premier des Fragments d’institutions républicaines: pour lier les hommes par des rapports harmonieux, soumettre «le moins possible aux lois de l’autorité les rapports domestiques et la vie privée du peuple.» Citations in Œuvres complètes, établies par Michèle Duval, 2003, pp. 819, 967-968.

[34] «Salut les hommes ! Et tant pis si j’me trompe», lui fait dire Jean-Pierre Melville dans Le Doulos (1962).

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