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LA RÉVOLUTION ET NOUS

~ le blogue historien de Claude Guillon

LA  RÉVOLUTION  ET  NOUS

Archives de Catégorie: Littérature “grise”

“Images et Révolution en mouvement : représentations fictionnelles de la Révolution française au cinéma, à la télévision et dans le jeu vidéo entre 2000 et 2020” ~ thèse de Hugo Orain en ligne

12 mercredi Oct 2022

Posted by Claude Guillon in «Bibliothèque», Littérature “grise”

≈ Commentaires fermés sur “Images et Révolution en mouvement : représentations fictionnelles de la Révolution française au cinéma, à la télévision et dans le jeu vidéo entre 2000 et 2020” ~ thèse de Hugo Orain en ligne

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Bande dessinée, Charlotte Corday, Cinéma, Hugo Orain, Mangas, Marat

Notre thèse interroge les mythologies contemporaines qui transforment notre perception du passé, en nourrissant un imaginaire social, et en se heurtant aux récits des historiens. Pour cela, nous avons étudié 23 représentations fictionnelles de la Révolution française au cinéma, à la télévision et dans le jeu vidéo, en France, entre 2000 et 2020.

La Révolution est un objet mémoriel qui persiste en grande partie grâce aux fictions. Des mythologies contemporaines, comme la focalisation sur la Terreur et la violence révolutionnaire, alimentent une vision sombre de l’histoire, et s’opposent à une mémoire républicaine positive. Les fictions que nous avons analysées sont vues et jouées par des millions d’individus, ainsi les récits fictionnels constituent une « école parallèle » qui concurrence les travaux historiques.

Jusqu’à ce jour, aucune recherche en histoire n’avait véritablement été menée sur ces enjeux. Notre approche est inédite parce qu’elle est intermédiatique, c’est-à-dire que nous avons combiné les trois médias (cinéma, télévision et jeu vidéo), selon l’idée qu’il existe aujourd’hui une hybridation médiatique dans les processus de conception.

Dans cette thèse, à l’aide de sources de conception et de réception (entretiens, making-off, art work, critiques…), nous avons déconstruit les fictions contemporaines pour appréhender les mécanismes de représentation du passé. Les historiens doivent faire entrer les fictions dans leur laboratoire.

Hugo Orain. Images et Révolution en mouvement : représentations fictionnelles de la Révolution française au cinéma, à la télévision et dans le jeu vidéo entre 2000 et 2020. Histoire. Université Rennes 2; Université du Québec à Trois-Rivières, 2022. Français. NNT : 2022REN20013

La thèse est consultable et téléchargeable librement ici. 

La bande dessinée et particulièrement les mangas ne sont pas ignorés par l’auteur de cette thèse – dont je recommande chaudement la lecture et·ou la consultation – qui les convoque à plusieurs reprises, mais cela ne fait pas partie de son corpus déjà large (cinéma, télévision et jeu vidéo).

Je me permets d’illustrer cette page avec des extraits du volume 10 de Innocent Rouge de Shin’ichi Sakamoto (Delcourt Tonkam, 2020). L’auteur fait précéder le manga d’une parabole animalière dont voici la conclusion :

Ne vous laissez pas duper par cette effusion d’hémoglobine. Seuls ceux qui combattent tous crocs dehors et ne craignent pas de faire couler leur propre sang peuvent traverser une nouvelle ère.

L’imagination de l’auteur lui fait alterner des scènes d’un onirisme délirant avec des représentations hypperéalistes et des caricatures (voyez Marat). Une des caractéristiques remarquables est que les personnages masculins sont très efféminés (voyez Robespierre et Saint-Just). On croise au fil des pages le bourreau Samson, Théroigne de Méricourt et surtout, en héroïne centrale Charlotte Corday, meurtrière de Marat, présentée comme une utopiste féministe.

À votre droite: Robespierre (brun). À gauche: Saint-Just (blond).
Charlotte Corday, utopiste féministe bisounours.

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Nouvelle livraison du bulletin des “Archives du féminisme” (n° 28)

16 samedi Jan 2021

Posted by Claude Guillon in «Annonces», «Bibliothèque», Littérature “grise”

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Annie Metz, Benoîte Groult, Bibia Pavard, Bibliothèque Marguerite Durand, Carole Chabut, Christine Bard, Claire Clouzot, Féminisme, Florence Rochefort, Michèle Le Dœuff, Michelle Zancarini-Fournel, Simone de Beauvoir

Magnifique numéro (en quadrichromie!) du bulletin des Archives du féminisme (n° 28, 2020), avec notamment un entretien entre Annie Metz (qui vient de quitter la direction de la Bibliothèque Marguerite Durand et assume la tâche de trésorière des Archives) et Christine Bard.

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“Un corps à soi? Activités physiques et féministes durant la « première vague »” ~ thèse soutenue par Florys Castan-Vicente

10 mardi Nov 2020

Posted by Claude Guillon in «Annonces», Littérature “grise”

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Anaïs Bohuob, Christine Bard, Daphné Bolz, Féminisme, Florys Castan-Vicente, Pascal Ory, Pascale Goetschel, Patrick Clastres, Sport

La soutenance aura lieu par visioconférence.

L’objet de cette thèse consiste à examiner les liens entre activités physiques et féminismes en France, afin d’envisager une réévaluation de la place du corps dans les mobilisations de la première vague (fin du XIXe siècle – années 1930), mais aussi de la proximité des sportives avec le mouvement féministe. La généalogie des discours sur l’infériorité physique des femmes, fondement de l’exclusion  des droits universels, permet de souligner  un intérêt commun des pratiquantes d’activités physiques et des militantes qui contestent l’idée d’un corps naturellement faible et malade. Parmi les premières pratiquantes, certaines participent au mouvement féministe; d’autres sont intégrées aux discours comme exemples des capacités physiques des femmes.

La réforme du costume, qui mobilise les pratiquantes et les militantes, soulève la question de la liberté de mouvement et mène parfois au rejet de normes esthétiques   perçues comme aliénantes, et à la revendication d’une nécessaire réappropriation de  soi. Alors que les premières compétitions s’organisent, la presse féministe défend les participantes, et encourage les initiatives d’institutions autonomes de femmes. Parmi ces dernières, certaines sont des émanations directes du mouvement féministe, ou en sont proches. La Grande Guerre apparaît comme un catalyseur pour la dynamique d’institutionnalisation et d’autonomisation des sportives. Une fédération de sportives se crée: les stratégies, rhétoriques, et réseaux de ses dirigeantes recoupent ceux du mouvement féministe qui s’implique de manière concrète dans le soutien à l’organisation.  

Le contexte patriotique et hygiéniste aidant, les premières championnes deviennent des figures populaires sur lesquelles les militantes s’appuient, même lorsque celles-là ne se revendiquent pas féministes. Les compétitions se développent, et permettent la mise en place d’une fédération internationale de sportives, qui organise ses propres Jeux mondiaux mais peine à s’imposer, à constituer un réseau solide, et ne s’appuie pas sur les organisations féministes mondiales. Elle est néanmoins l’occasion d’examiner les influences transnationales entre organisations de sportives. 

On peut ainsi distinguer des «féministes sportives» sur l’ensemble de la période, qui forment un réseau intégré à la première vague mais sont aussi divisées. Elles s’opposent sur les stratégies à adopter face aux opposants, entre   transgressions   de   genre et recherche de respectabilité. Selon leur positionnement, elles défendent des activités aux finalités distinctes: esthétiques, hygiéniques, égalitaires ou hédoniques. À partir de la seconde partie des années1920, l’alliance entre féministes et sportives se distend. Les fédérations autonomes se dissolvent, et la première vague du féminisme sportif s’éteint à la fin des années 1930.

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“Corrompue et corruptrice : Marie-Antoinette dans les libelles révolutionnaires” ~ par Victoria Murano

19 lundi Oct 2020

Posted by Claude Guillon in Littérature “grise”

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«Sexualité», Marie-Antoinette, Pamphlets, Rapports sociaux de sexe, Victoria Murano

Je donne ci-dessous les premiers paragraphes d’un mémoire rédigé par Victoria Murano au Collège Bryn Mawr, une université réservée aux femmes, fondée en 1885 et située à Bryn Mawr, en Pennsylvanie, à une dizaine de kilomètres de Philadelphie.

Pour lire et·ou télécharger l’intégralité du texte, c’est ICI.

« Tous les crimes avant & depuis la Révolution, sont ceux de Marie-Antoinette. » (Révolutions de Paris, 1793)

Pendant la Révolution Française, les révolutionnaires s’étaient donnés pour but de tuer un monstre. Ce monstre ressemblait à une «harpie femelle», à une «panthère autrichienne» et à un vampire assoiffé du sang des Français qu’il abusait et haïssait. Il n’était pas seulement malfaisant, mais il montrait un manque absolu de décence et de moralité: il était débauché même au point de commettre les crimes de l’adultère et de l’inceste. Il gâchait les fonds de la France et il n’en montrait jamais de remords. Il savourait les souffrances des Français et garantissait la ruine de la république qu’ils s’efforçaient de bâtir. Mais surtout, ce monstre était méprisable à cause de son statut privilégié dans l’Ancien Régime: c’était la reine de France, représentant le système injuste où les riches profitaient de leur richesse pendant que le reste du peuple mourait de faim. Marie-Antoinette était ce monstre, ou du moins elle était représentée ainsi dans des pamphlets contemporains. Bien qu’elle ne fût pas un monstre au sens physique, c’étaient ces accusations, et la mythification de sa personne, qui ont amené sa diffamation et, finalement, son exécution en octobre 1793.

Neuf mois après l’exécution de son mari Louis XVI, celle de Marie-Antoinette était la culmination d’une longue histoire d’accusations pamphlétaires de sa corruption et de sa criminalité. Louis XVI était aussi souvent représenté comme un « monstre » – suite à son infâme fuite à Varennes en 1791, le républicain radical Jean-Paul Marat a écrit ces lignes dans son journal L’ami du peuple: «La soif du pouvoir absolu qui dévore son âme le rendra bientôt assassin féroce, bientôt il nagera dans le sang de ses concitoyens qui refuseront de soumettre à son joug tyrannique.» Mais Louis XVI était méprisé – et enfin jugé – pour ses crimes politiques: parce qu’il était roi, il était déjà un monstre. Marie-Antoinette, dont la seule occupation était d’être la femme du roi et la mère de leurs enfants, était donc attaquée pour des raisons différentes de son mari. Alors qu’on condamnait Louis pour sa politique, on condamnait donc Marie-Antoinette généralement pour son immoralité et sa sexualité, devenues ce que Lynn Hunt appelle des «réfractions de la littérature pornographique.» De plus, la reine était depuis longtemps la cible d’un grand nombre de libelles fondés sur les angoisses contemporaines à propos de son influence sur la politique française. Ces libelles, souvent pornographiques, avaient comme but de discréditer la reine en se moquant d’elle. Ils ont fluctué au fil du temps dans l’Ancien Régime, mais avec le début de la Révolution Française en 1789 est venue une pluie de pamphlets qui l’ont attaquée violemment et sans interruption. Ces pamphlets sont généralement définis par un accès intime à son corps, exposé aux yeux du public. C’est un phénomène que Chantal Thomas appelle une «prostitution généralisée» de son corps, rendu répugnant à cause de ses origines royales.

Les attaques pamphlétaires contre la reine ont couvert un spectre d’accusations allant des accusations les plus crédibles, comme des liaisons extraconjugales, aux accusations les plus scandaleuses, comme l’inceste avec ses propres enfants. Malgré cette variation dans les accusations, il était nécessaire qu’elles fussent fondées sur quelque part de vérité. C’est ce que Chantal Thomas, en citant Roland Barthes, appelle la création d’un mythe, défini comme ce qui «abolit la complexité des actes humains.» Les mythes sont donc simplifiés pour qu’on puisse mieux s’en souvenir: Jacques Revel appelle le même phénomène une «caricature», où les personnages comme Marie-Antoinette et Louis XVI sont réduits à des traits simples pour que l’identification soit facile. En fait, Revel avance l’argument que c’est cette qualité de la caricature qui a créé un genre littéraire dans lequel les écrits ont emprunté des thèmes les uns aux autres jusqu’à ce qu’ils fassent un lexique des références communément acceptées.» C’est donc cette répétition qui a aidé à consolider ce mythe. La reine, par exemple, était identifiable par son hypersexualité et par sa méchanceté; et le roi, par son alcoolisme et par son imbécilité. Ils se sont ainsi transformés en ces qualités aux yeux des lecteurs, des idées évidemment très simplifiées par rapport aux individus complexes qu’ils étaient.

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“Comment l’utopie est devenue un programme politique” ~ La thèse de Stéphanie Roza

31 mardi Mar 2020

Posted by Claude Guillon in «Articles», Littérature “grise”

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Babeuf, Mably, Morelly, Stéphanie Roza, Utopie

Tant mieux si le confinement vous laisse davantage de temps pour lire (ça n’est pas le cas de tout le monde) et pour découvrir sous forme numérique des travaux dont le volume vous avait peut-être dissuadé jusqu’ici. On sait que le tenancier de ce blogue n’oppose pas le numérique au papier: je considère au contraire qu’ils doivent êtres envisagés de manière complémentaire. J’ai ainsi le plaisir de mettre à disposition aujourd’hui la thèse de Stéphanie Roza – que je remercie pour son accord amical – thèse soutenue en octobre 2013, dont est tirée le volume paru aux Classiques Garnier: Comment l’utopie est devenue un programme politique, auquel je renvoie celles et ceux qui, comme moi, peinent à lire de longs textes sur écran.

Je me réjouis que le travail initial de Stéphanie Roza soit ainsi davantage mis à portée des étudiant·e·s et des personnes qui se passionnent pour les histoires mêlées de l’utopie et des révolutions.

Je rappelle au passage que Stéphanie a publié récemment chez Fayard La gauche contre les Lumières?

Je donne ci-après un long extrait de l’introduction. Vous pouvez téléchargez ici la thèse intégrale au format pdf.

Introduction : Lumières, utopie, socialisme ?

Un courant des Lumières radicales

L’objet du présent travail réside dans l’étude d’une forme remarquable de mutation de l’utopie dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, à savoir, son évolution vers la forme du projet politique, impliquant l’élaboration d’une théorie de l’homme spécifique, une conception de l’histoire de la société, et des procédures d’action concrètes. Cette mutation sera essentiellement envisagée à travers l’œuvre de trois auteurs: Etienne-Gabriel Morelly, Gabriel Bonnot de Mably, François-Noël (ou Gracchus) Babeuf. Chez ces trois auteurs, on se propose donc d’examiner le statut et la fonction de l’utopie, de ses attendus et de ses conséquences, en les confrontant principalement à leurs contemporains, philosophes mais également (et surtout) utopistes, les comparaisons permettant de faire émerger la spécificité de leur démarche. Si le passage du roman au programme n’épuise pas à lui seul le sens de la production, et de l’évolution multiforme de l’utopie dans cette période cruciale, marquée, ou plutôt scindée, par la Révolution française, du moins en constitue-t-il l’un des phénomènes les plus frappants et les plus dignes d’attention.

Morelly, Mably et Babeuf ont en commun, à première vue, d’avoir tous trois proclamé la supériorité de l’idéal inactuel de la communauté des biens sur toute autre forme d’organisation sociale existante, et d’avoir tracé au moins une esquisse imaginaire d’une telle forme de vie collective. Les raisons qui permettent, chez les trois auteurs, de qualifier cet idéal d’utopique seront précisées dans la première partie de ce travail; mais qu’il soit permis d’annoncer d’emblée le lien, établi plus loin dans ses détails, entre l’utopie comme mode singulier de construction théorique et politique, donc aussi comme rapport au réel social, et le principe d’appropriation et de répartition collectives des biens produits, que l’on n’appelle pas encore, à l’époque et dans les textes de Morelly, Mably et Babeuf, le communisme[1].

Les œuvres respectives des trois auteurs sont tout à fait singulières, mais elles ont paru devoir être étudiées ensemble et successivement, et ce, tout d’abord parce que l’on peut établir avec une assez grande vraisemblance, sinon avec certitude, une filiation dans l’emploi de certains concepts et certains motifs de l’un à l’autre. L’influence des concepts anthropologiques du Code de la Nature de Morelly sur l’ouvrage De la Législation de Mably est très probable[2]. Plus clairement encore, Babeuf lui-même a revendiqué, lors du procès de la conjuration dont il était le principal animateur, l’héritage philosophique et politique du Code de la Nature de Morelly, qu’il attribuait à cette époque, comme tout le monde, à Diderot, ainsi que celui des textes de Mably. S’agissant de Morelly, alias Diderot, il décrit le «plus fougueux athlète du système[3] » de l’égalité; s’agissant du second, il évoque «le populaire, l’humain, le sensible Mably[4]»; de lui-même et de ses camarades, il parle comme de «disciples» de la doctrine de ces «grands maîtres[5]». Il est vrai que Babeuf convoque également Rousseau à la barre du tribunal comme un «complice[6]» inattaquable par les accusateurs. Il conviendra donc de s’interroger sur la part de l’héritage rousseauiste dans la pensée de Babeuf, et peut-être également dans son utopie. Cependant, il faut relever que le citoyen de Genève fait l’objet d’un éloge des plus tièdes, surtout si on le replace dans le contexte de la Révolution française, globalement idolâtre de celui qu’elle considère comme son principal inspirateur[7]: Mably est présenté par rapport à lui comme «un désorganisateur bien plus prononcé», «un conjuré d’une toute autre trempe[8]»; l’éloge monte encore d’un cran pour Diderot-Morelly, «le plus déterminé», «le plus intrépide[9]».

L’ordre et la manière dont se succèdent ces inspirateurs laissent penser que de tous, l’auteur du Code de la Nature est celui dont l’influence a été la plus décisive, suivi de Mably, et finalement de Rousseau. Dans quelle mesure cette hiérarchie correspond-elle à la réalité? C’est ce qu’il faudra vérifier, en différenciant plusieurs périodes d’élaboration théorique chez Babeuf. D’une manière générale, s’il faut sans doute faire la part de la stratégie, dans ce qui demeure un plaidoyer prononcé devant des juges, qui s’efforce d’atténuer l’originalité et le caractère subversif de l’idéal qui a réuni les conjurés, il convient malgré tout de faire droit à cette filiation assumée comme telle. Reste évidemment à se demander dans quelle mesure l’héritage de Morelly et Mably dépasse la simple allégeance commune à un idéal vague de communauté des biens, et si le statut même de l’utopie dans les œuvres de ses prédécesseurs a directement, ou non, inspiré Babeuf dans l’élaboration de ses propres objectifs politiques.

L’écueil qui menace une telle recherche consisterait à verser dans la téléologie, en lisant systématiquement le passé comme une annonce de l’avenir, et plus précisément Morelly comme «précurseur» de Mably, lui-même «précurseur» du Tribun du peuple, et au-delà, des communistes du XIXe siècle. Dans une telle perspective, les concepts employés par chacun des trois auteurs seraient essentiellement intéressants par ce qu’ils annonceraient, et par des caractéristiques dont ils seraient gros, bien qu’ils ne les présentent pas explicitement. Une telle lecture serait assurément égarante, même si, comme on va le voir, elle a longtemps prévalu.

Toutefois, il convient de s’interroger sur les raisons d’une filiation qui a été publiquement affirmée du vivant même de Babeuf, qu’elle ait été déformante pour la pensée des prédécesseurs (comme c’est presque toujours le cas) ou pas. Le lien entre les trois auteurs a peut-être des racines profondes. Sans vouloir ôter à la démarche de chacun son sens propre, il demeure en effet que ceux-ci, dont les œuvres se succèdent au fil des décennies de la crise finale de l’Ancien Régime, sont confrontés avec une acuité de plus en plus grande à la montée de la contestation, et parallèlement à la multiplication des projets de réforme de leurs contemporains[10]. Or chacun des trois, comme Thomas More en son temps, peut se prévaloir d’une activité politique directe[11], bien qu’à la différence de ce dernier, cette activité se déploie moins dans le conseil du prince que dans l’opposition à la monarchie. Le premier d’entre eux, Morelly, semble avoir mené une carrière secrète en tant qu’éminence grise du Prince de Conti[12], accomplissant pour son compte diverses missions diplomatiques. Ses ouvrages sont donc ceux d’un membre discret de l’opposition à Louis XV. Le second, Mably, publie non seulement des traités philosophico-politiques, mais également des textes d’intervention directe dans l’actualité de son temps: le texte Du gouvernement et des lois de la Pologne, écrit en 1770 à la demande du Comte Wielhorski afin de l’aider à réformer sa propre nation[13], illustre par excellence cette attitude. En réalité, Mably n’a cessé de chercher à influer sur la situation politique: «il a essayé d’animer les tentatives de réforme sociale et institutionnelle en France, en Pologne, aux États-Unis et dans d’autres pays[14]». Son œuvre est donc indissociable de ses velléités de transformation sociale. Enfin, l’élaboration proprement théorique de Babeuf se confond avec sa trajectoire de jeune réformateur, puis d’activiste politique sous la Révolution française, avec une participation si constante aux événements qu’elle finira par lui coûter la vie. De Morelly à Babeuf, l’implication directe dans la vie politique contemporaine, le plus souvent en opposition avec le courant dominant, va croissant.

On fait donc l’hypothèse que cette implication personnelle dans les débats et les combats théoriques et politiques d’une période caractérisée par l’optimisme réformateur peut, au moins partiellement, expliquer une orientation de plus en plus marquée des trois auteurs vers un usage direct de l’idéal utopique, allant de l’intervention polémique dans la controverse idéologique, jusqu’à la tentative d’en promouvoir la réalisation pratique. Avec Morelly, Mably et Babeuf, on a ainsi affaire à une incursion croissante de l’utopie dans la bataille politique, occasionnée, au moins partiellement, par le contexte exceptionnel dans lequel elle prend place. L’analyse de leur œuvre, de ce point de vue, constitue un exemple très frappant de la manière dont l’événement historique transforme la pensée.

Les Écrits de Babeuf, particulièrement, paraissent justiciables d’une méthodologie qui reprend à Quentin Skinner l’idée de replacer les textes dans leur contexte idéologique d’énonciation en les considérant comme des actes visant à produire des effets particuliers dans ce contexte précis[15]. Mais une telle méthode de lecture doit nécessairement être adaptée aux conditions exceptionnelles d’énonciation du discours babouviste, qui sont celles de la Révolution. Dans cette perspective, la trajectoire de Babeuf apparaît comme particulièrement révélatrice de ce que la Révolution fait au concept: elle permet de voir en quoi certaines catégories de la théorie politique deviennent inopérantes, et se modifient, ou disparaissent, tandis que d’autres émergent et deviennent des leviers pour l’action. Comme l’écrit en effet Georges Labica, pour tous les acteurs de la période,

« il s’agit de penser la Révolution au moment même où elle se produit, au moment où, tantôt à tâtons, tantôt avec fulgurance, elle entreprend de maîtriser intellectuellement ses actes, en inventant de toutes pièces sa terminologie[16]. »

Pris sur le vif, le phénomène se donne à voir et à analyser à travers des textes qui sont bien éloignés d’un traité philosophique: correspondance, articles de journaux, pamphlets, plaidoirie judiciaire. L’évolution des idées de Babeuf sera envisagée comme un cas paradigmatique de la manière dont se noue, dans cette occasion exceptionnelle, un rapport nouveau entre le réel et le possible, entre le réel et l’idéal, à travers la manière dont son utopie se métamorphose au fil de ces années décisives[17]. Une telle trajectoire confirme, à sa manière, combien la Révolution est responsable du fait que désormais, et pour les temps à venir, l’utopie se croit réalisable[18]. Babeuf est d’ailleurs bien conscient d’une telle transformation, lui qui écrit début 1796 :

« Je conteste l’opinion qu’il nous eût été plus avantageux d’être venus moins tard au monde pour accomplir la mission de désabuser les hommes, par rapport au prétendu droit de propriété. Qui me désabusera, moi, de l’idée que l’époque actuelle est précisément la plus favorable ? […] la Révolution française nous a donné preuves sur preuves que des abus, pour être anciens, n’étaient point indéracinables [19]. »

L’analyse du courant de pensée incarné par les trois auteurs, depuis ses fondements, posés à l’époque des Lumières, jusqu’à ses développements sous la Révolution, recèle donc un enjeu proprement philosophique. Celui-ci réside dans la prise en charge des implications théoriques de la confrontation entre un certain discours et l’histoire, saisies à chaud. Ces considérations constituent, sans doute, une première justification au fait d’avoir délibérément pris pour sujet d’étude trois personnages qui ne sont, ni véritablement des «philosophes» (quoiqu’ils le revendiquent parfois), ni, encore moins, de «grands» auteurs consacrés par la tradition philosophique. Il a ainsi semblé légitime d’aller contre le partage académique habituel qui dissuade implicitement ou explicitement les chercheurs en philosophie de s’attacher à l’étude d’auteurs jugés indignes de figurer aux côtés de Rousseau et de Montesquieu, par la faiblesse apparente de la consistance proprement théorique de leur production, ou parce qu’ils ne sont les auteurs d’aucun traité directement philosophique[20].

Par leur implication active dans les luttes idéologiques et théoriques de l’époque, comme par l’orientation générale qu’ils donnent à leurs positions, il est possible de montrer que Morelly, Mably et Babeuf représentent un courant des Lumières qui, dans les divergences mêmes qui apparaissent entre les trois auteurs, a sa consistance propre. Celui-ci peut être caractérisé comme un courant des Lumières radicales, dans un sens différent de celui que Jonathan Israël a dégagé pour caractériser l’évolution perceptible entre 1650 et 1750 en Europe[21]. En effet, cette radicalité ne s’exprime pas particulièrement sur le plan ontologique ou religieux: aucun des trois auteurs n’affiche un matérialisme ou un athéisme revendiqués. Au contraire, Morelly et Mably se réfèrent à la Providence comme principe explicatif majeur de la marche du monde; le matérialisme est explicitement rejeté par chacun d’entre eux[22]. Quant à Babeuf, malgré un athéisme évident dans la production journalistique de la dernière période, en 1795-1796[23], il manifeste, à travers ses espérances de changement social mêmes, une tendance à réinvestir la promesse millénariste, qui paraît bien étrangère aux raisonnements d’un D’Holbach ou d’un La Mettrie.

C’est sur le plan des solutions proposées au problème de l’inégalité, de l’injustice sociale, et à la dépravation morale de la société de propriété, que ces auteurs apparaissent comme des radicaux des Lumières, ainsi que la comparaison de leur pensée avec celle de certains de leurs contemporains (Diderot, Sade, Rousseau, Condorcet) le fera ressortir. En ce sens, et malgré leur extériorité par rapport au courant matérialiste, ils participent d’un mouvement de réappropriation par l’homme de sa propre destinée et de sa propre histoire. Par le lien original qu’ils nouent entre théorie et pratique, à travers les rapports complexes de leurs utopies au réel, ils incarnent donc une forme intéressante de la pensée politique au XVIIIe siècle, une forme à travers laquelle se mettent en place, peu à peu, les conditions de possibilité théoriques et morales de ce qui s’appellera, assez peu de temps plus tard, le socialisme. À ce titre, ils méritaient que leur étude sorte du domaine historique où elle est généralement cantonnée, si précieuses et importantes que soient les contributions provenant de cette dernière discipline, pour faire l’objet d’un traitement spécifiquement attentif aux concepts employés, à la cohérence interne du discours, à ses éventuelles tensions: bref, un traitement philosophique.

Notes

[1] Selon Jacques Grandjonc, c’est Restif de la Bretonne, dans un des derniers livres de Monsieur Nicolas, rédigé en 1797, qui emploie le premier le mot « communisme » dans son sens moderne (Jacques Grandjonc, Communisme/Kommunismus/Communism. Origine et éveloppement international de la terminologie communautaire prémarxiste, des utopistes aux néo-babouvistes, 1785-1842, Tèves, Schriften aus dem Karl-Marx-Haus, 1989, t. 1, p. 75). Sur ce que cet emploi nouveau doit à l’expérience révolutionnaire et au babouvisme, voir le ch. II : « De l’utopie communautaire à la révolution sans-culotte », op. cit., p. 57-85. Ni Morelly, ni Mably, ni Babeuf n’ont jamais recouru à ce terme historiquement très connoté; c’est pourquoi nous l’éviterons autant que faire se peut.

[2] On s’efforcera de le montrer dans la deuxième partie, p. 195-390.

[3] Défense générale de Babeuf devant la Haute-Cour de Vendôme, cité dans Victor Advielle, Histoire de Gracchus Babeuf et du babouvisme, Paris, Éd. du CTHS, 1990, t. II, p. 52.

[4] Défense générale de Babeuf devant la Haute-Cour de Vendôme, op. cit., p. 48.

[5] Défense générale de Babeuf devant la Haute-Cour de Vendôme, op. cit., p. 58.

[6] Défense générale de Babeuf devant la Haute-Cour de Vendôme, op. cit., p. 47.

[7] Voir sur ce point Roger Barny, Rousseau dans la Révolution: le personnage de Jean-Jacques et les débuts du culte révolutionnaire, 1787-1791, Oxford, The Voltaire Foundation, 1986, et du même auteur, L’éclatement révolutionnaire du rousseauisme, Paris, Les Belles Lettres, 1988.

[8] Défense générale de Babeuf devant la Haute-Cour de Vendôme, op. cit., p. 48.

[9] Défense générale de Babeuf devant la Haute-Cour de Vendôme, op. cit., p. 52.

[10] Sur cette période de crise et de contestation: Albert Soboul, La civilisation et la Révolution française, Paris, Arthaud, 1970, t. I : «La crise de l’Ancien Régime», et Joël Cornette, Absolutisme et Lumières, 1652-1783, Paris, Hachette, 1993.

[11] Sur Thomas More, shérif de Londres, speaker à la Chambre des Communes puis Lord chancelier d’Angleterre, voir notamment Karl Kautsky, Thomas More und seine Utopie, Stuttgart, Dietz, 1888; plus récemment : Bernard Cottret, Thomas More: la face cachée des Tudor, Paris, Tallandier, 2012, et Antoine Hatzenberger, «De More à Bacon, vers une théorie pragmatique du conseil», dans Laurent Bove et Colas Duflo (dir.), Le philosophe, le sage et le politique, de Machiavel aux Lumières, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2002, p. 75-94.

[12] Guy Antonetti, «Etienne-Gabriel Morelly, l’écrivain et ses protecteurs», Revue d’histoire littéraire de la France, 1984/1, p. 19- 52.

[13] Voir sur ce point Jacques Lecuru, «Deux consultants au chevet de la Pologne: Mably et Jean-Jacques Rousseau», Marek Blaszke, «Projet de réformes pour la Pologne par deux adversaires: Mably et Le Mercier de la Rivière», et Marek Tomaszewski, «Les inédits de Mably sur la Pologne ou le constat d’échec d’un législateur», dans P. Friedemann, F. Gauthier, J L. Malvache, F. Mazzanti-Pepe (dir.), Colloque Mably. La politique comme science morale, Bari, Palomar, vol. 1, p. 115-129, p. 131-146, p. 147-159; et l’introduction de Marc Belissa à Mably, Du gouvernement et des lois de la Pologne, Paris, Kimé, 2008, p. 7-129.

[14] Introduction de Peter Friedemann à Mably, Sur la théorie du pouvoir politique, Paris, Éd. Sociales, 1975, p. 24

[15] Quentin Skinner, Les fondements de la pensée politique moderne, Paris, Albin Michel, 2001, p. 13: «[…] comprendre les questions qu’affronte un auteur et ce qu’il fait des concepts dont il dispose équivaut à comprendre ses intentions premières dans l’art d’écrire, et consiste donc à élucider ce qu’il aurait vraiment voulu dire dans ce qu’il a dit – ou n’a pas dit ».

[16] Georges Labica, Robespierre. Une politique de la philosophie (1989), Paris, La fabrique, 2013, p. 41-42.

[17] Sur ce point voir Albert Soboul, «Utopie et Révolution française», dans Jacques Droz (dir.), Histoire générale du socialisme, Paris, PUF, 1972, t. I : «Des origines à 1875», p. 195-254; Bronislaw Baczko, Lumières de l’utopie, Paris, Payot, 1978; Mona Ozouf, L’école de la France. Essais sur la Révolution, l’utopie et l’enseignement, Paris, Gallimard, 1984, notamment p. 265-335.

[18] Comme le dit Mona Ozouf dans «La Révolution française au tribunal de l’utopie» (L’homme régénéré. Essais sur la Révolution française, Paris, Gallimard, 1989, p. 215): «l’appel impérieux de l’avenir […] ne cessera plus de retentir dans les utopies, désormais agitées, fiévreuses, moins préoccupées de décrire que de construire, de rêver que d’organiser.» Cette remarque, vraie concernant le mouvement global, n’empêche pas que dès les dernières années de l’Ancien Régime, certains utopistes pensaient déjà à réunir les conditions matérielles de la réalisation de leur idéal; ainsi Collignon, dont le Prospectus suscite l’enthousiasme de Babeuf (voir au chapitre 3, p. 141-146).

[19] Babeuf, Le Tribun du Peuple, Paris, EDHIS, 1966, vol. 2, n° 37, p. 134-135. Nous soulignons.

[20] Georges Labica déplorait déjà, en 1989, le peu d’intérêt manifesté par les philosophes pour la «dignité philosophique» de Robespierre, Marat… et Babeuf (G. Labica, Robespierre. Une politique de la philosophie, op. cit., p. 51).

[21] Dans son important ouvrage, Les Lumières radicales, Israël explicite l’objet de sa recherche comme l’étude de la pointe avancée du «processus général de rationalisation et de sécularisation, qui ruina en peu de temps l’hégémonie séculaire de la théologie dans le monde du savoir, éradiqua lentement mais sûrement les pratiques magiques et la croyance dans le surnaturel de la culture intellectuelle européenne, et conduisit certains à contester ouvertement tout l’héritage du passé» (Les Lumières radicales. La philosophie, Spinoza et la naissance de la modernité, 1650-1750, traduit par Pauline Hugues, Charlotte Nordmann et Jérôme Rosanvallon, Paris, Éd. Amsterdam, 2005, p. 28). Bien que dans une certaine mesure, les auteurs consiérés ici participent de ce vaste mouvement, ils ne vont pas aussi loin dans ce sens que certains de leurs contemporains, contrairement à La Mettrie ou Diderot, pour citer les exemples d’Israël lui-même.

[22] Morelly, Naufrage des îles flottantes, ou Basiliade du célèbre Pilpai, Messine [Paris], par une Société de libraires, 1753, t. II, p. 218 ; Mably, De la législation, Paris, Guillaume Arnoux, 1794-95, réimpression avec introduction, bibliographie et index, par Peter Friedemann, Darmstadt, Scientia Verlag Aalen, 1977, t. IX, p. 389-391.

[23] Voir par exemple ce passage du Journal de la liberté de la presse, daté du 26 Fructidor an II (12 septembre 1794): «le Républicain n’est pas l’homme de l’éternité, il est l’homme du temps; son paradis est cette terre, il veut y jouir de la liberté, du bonheur, et en jouir autant qu’il y est, sans attendre, ou toutefois le moins possible […] » (Journal de la liberté de la presse, Paris, EDHIS, 1966, vol. 1, n° 5, p. 2).

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“Bronislaw Baczko: penseur et historien de la pensée utopique. En particulier dans ‘Lumières de l’utopie’ ” ~ par Helder Mendes Baiao

28 mardi Jan 2020

Posted by Claude Guillon in Littérature “grise”

≈ Commentaires fermés sur “Bronislaw Baczko: penseur et historien de la pensée utopique. En particulier dans ‘Lumières de l’utopie’ ” ~ par Helder Mendes Baiao

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Bronislaw Baczko, Helder Mendes Baiao, Lumières, Utopie

Je reproduis ci-dessous le début de l’introduction du mémoire de Helder Mendes Baiao sur l’œuvre de Bronislaw Baczko, disparu en septembre 2016.

Vous pouvez télécharger ici-même l’intégralité du mémoire (Université de Lausanne).

Nous avons décidé de réaliser ce travail sur l’utopie chez Bronislaw Baczko pour de multiples raisons, que nous allons tenter de définir ci-dessous, afin d’expliciter notre démarche. À un intérêt personnel important pour l’auteur en lui-même et à une fascination pour sa méthode, en particulier pour la conceptualisation du passage entre sensibilités et figures intellectualisées, se conjugue une interrogation sur le XVIIIe siècle et principalement pour le bouillonnement de l’imaginaire social dans les années précédant la Révolution française. À notre connaissance, l’acte d’imaginer antérieur aux périodes révolutionnaires (et pendant ces crises de société) est mal connu et n’a été jusqu’ici que peu étudié, la «responsabilité» en incombe très certainement à la domination de l’histoire économique et sociale sur ce genre de questions. De plus, pendant de nombreuses décennies, l’imagination historiographique sur ces problèmes a elle-même été orientée par des interprétations de type marxiste, or celles-ci ne laissent que peu de place à l’imaginaire et à la créativité dans l’histoire. Par rapport à ces questions, il nous paraissaient donc important d’étudier un historien qui a consacré sa carrière académique à leur compréhension.

De plus, il n’existe pas en langue française de travaux d’ensemble sur Baczko et l’école de Varsovie, or Bronislaw Baczko est un dix-huitiémiste de renommée mondiale, ce que rappelle justement Michel Porret, collègue et ami de l’historien polonais, dans l’introduction d’un article qu’il lui dédie: «Depuis la fin des années 1950, Bronislaw Baczko renouvelle l’histoire intellectuelle, culturelle et politique d’une période qui va des Lumières à Marx, avec au centre le moment révolutionnaire de 1789. Il en montre l’enracinement idéologique dans l’imaginaire utopique qui irrigue la pensée politique du siècle de Voltaire. Il éclaire le moment de la Révolution française dans ses racines, sa culture, sa sociabilité, ses pratiques et son héritage politiques jusqu’à aujourd’hui.»

Notre objectif a donc été, dans le cadre d’un mémoire de maîtrise, de tenter de remédier en partie à cette lacune, en nous penchant sur la méthodologie avec laquelle Bronislaw Baczko aborde l’étude de l’imaginaire utopique et social.Pour ce faire, nous nous sommes essentiellement penchés sur les écrits qui ont été publiés sur l’historiographie polonaise ainsi que sur les propres interviews (dont un entretien qu’il nous a accordé à nous-mêmes) de Bronislaw Baczko sur son travail. Au sein de ces conférences l’historien de Varsovie revient longuement sur la pratique de l’histoire en Pologne stalinienne, de même que sur les raisons qui l’ont poussé à travailler sur Rousseau, l’utopie et le XVIIIe siècle. En ce qui concerne les autres parties de notre travail, en particulier sur l’histoire de l’analyse de l’utopie, nous avons essentiellement procédé par comparaison. Nous avons ainsi selectionné des travaux ayant une importance dans tel ou tel cadre de réflexion nous concernant, et avons rapproché leur approche méthodologique avec celle du Professeur Baczko, afin de mettre en relief les nuances, les particularités, et principalement les divergences des différentes approches.

En suivant cette procédure nous avons décidé d’emblée de ne pas présenter une étude systématique, premièrement parce que nous estimons que la matière a déchiffrer était trop importante pour rentrer dans le cadre de notre étude, et, de plus, parce qu’il nous semblait plus important de véritablement aborder des différences significatives qui seraient plus à même d’apporter des éléments de comparaison concrets et intéressants.

Notre espoir est ainsi que les diverses études sur l’utopie abordées ici permettront au lecteur de se faire une idée du foisonnement interprétatif que celle-ci a engendré, et qu’il disposera par la même occasion de quelques jalons lui permettant de reconstituer l’histoire de leur étude et les particularités de cette dernière.

Le premier rapport que nous avons entretenu avec l’œuvre de Bronislaw Baczko, l’utopie et les Lumières a été de nature politique. Nous essayions de comprendre comment l’aspiration à un monde nouveau avait pu entrer par la grande porte de l’Histoire lors de crises révolutionnaires. C’est-à-dire, que bien avant la mise en place des acteurs politiques et des forces sociales, quels éléments avaient donc bien pu, petit à petit, pousser les hommes vers l’action? Quel genre de phénomènes avait donc rendu possible la prise de conscience que le monde pouvait être transformé?

Par rapport à cela, nous pensions, et pensons toujours, que l’utopie et l’imaginaire social au sens large jouent un rôle important dans les transformations, relativement violentes ou apaisées, que les sociétés connaissent principalement d’elles-mêmes. Néanmoins, à mesure que nous avancions dans notre travail, l’aspect politique s’est peu à peu retiré de nos interrogations principales et ceci probablement grâce à une meilleure connaissance de notre sujet et de la méthodologie historique de Baczko.

Il nous semble important de souligner ce point, car si nous sommes partis d’une question que nous pourrions formuler ainsi: Comment l’utopie parvient-elle à changer le monde? Nous avons bifurqué par la suite vers «quelque chose» de plus culturel, de plus éclaté et de plus ouvert; que nous pourrions retranscrire de façon provocante par: Pourquoi il y a-t-il quelque chose plutôt que rien?

Ceci afin de saisir et de mettre en avant que bien plus qu’un rouage d’un mouvement politique ou social, l’utopie est davantage l’une des réponses possibles, spontanée ou non, face à une situation complexe et éventuellement déstabilisatrice. Contrairement à un programme d’action, l’utopie n’est pas toujours une démarche consciente (même si elle peut le devenir), elle n’est pas non plus la réponse explicite à un problème concret (mais cependant rien n’empêche qu’elle évolue en ce sens dans la conscience de ceux qui y répondent), de même qu’elle n’est pas une prévision sur le futur (pourtant, elle peut fort bien accueillir le cadre de pensée à travers lequel on décrypte le futur).

Heureuse utopie! Dès ta formulation tu as été et continues à rester le pays de nulle part. En ce sens l’utopie est un phénomène profondément humain et culturel qui ne saurait tolérer la moindre instrumentalisation dans son étude. Dès qu’une méthode d’observation devient trop restrictive il y a tout un pan de la substance utopique et de sa compréhension qui commence à lui échapper.

Cette erreur n’est pas celle de Bronislaw Baczko, qui a su conserver son objet d’études suffisamment ouvert et qui a saisi qu’il fallait s’adapter à sa fluidité pour l’explorer. Nous tenons donc ainsi à lui rendre hommage dans ces quelques lignes. Par la même occasion, nous tenons nous-mêmes à affirmer que, même si le résultat ne correspondra probablement pas toujours aux attentes, nous avons également essayé de garder le «champ des possibles» ouvert et avons tenté de ne rien fracturer ou distordre dans la présentation que nous faisons sur le Professeur Bronislaw Baczko et sur son idée de l’utopie. […]

Cliquez sur les images pour les AGRANDIR.

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“Regards nouveaux sur la littérature de l’émigration: exil et utopie sous la Révolution française” ~ par Jean-Michel Racault

23 mardi Avr 2019

Posted by Claude Guillon in Littérature “grise”

≈ Commentaires fermés sur “Regards nouveaux sur la littérature de l’émigration: exil et utopie sous la Révolution française” ~ par Jean-Michel Racault

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Émigré·e·s, Gabriel Sénac de Meilhan, Jean-Michel Racault, Littérature, Utopie

On trouvera ci-dessous quelques extraits (de l’introduction et de la conclusion) de ce travail intéressant.

Vous pouvez télécharger l’intégralité du texte ICI.

Regards nouveaux sur la littérature de l’émigration: exil et utopie sous la Révolution française

Quel lien établir entre les textes fort divers auxquels la notion d’utopie pourrait servir d’étiquette et ce qu’il est convenu d’appeler la «littérature de l’émigration» entre Lumières et Romantisme? Celle-ci, née dans le sillage des événements révolutionnaires, notamment ceux de 1793-1794 (mais l’exil des aristocrates avait débuté bien avant, dès l’été 1789 dans certains cas1), s’épanouit surtout sous le Directoire à partir de 1797, année où Gabriel Sénac de Meilhan publie à Brunswick son roman épistolaire L’Emigré, ou Lettres écrites en 1793. Puis elle connaît un lent reflux sous l’Empire après le sénatus-consulte du 6 floréal an X (26 avril 1802) annulant les proscriptions de la Terreur et autorisant le retour en France des émigrés. Ce que l’on retient en général de cette littérature, principalement romanesque, c’est le traumatisme collectif d’une catastrophe historique – mise à mort du roi, chute de l’Ancien Régime, dénonciation de l’aristocratie –, le sentiment individuel de damnation sociale des anciens privilégiés affrontés à un bouleversement incompréhensible des hiérarchies et des valeurs, l’entrée dans une modernité douloureuse faite d’errance et d’exil dont l’émigré est le symbole, puisque son identité est liée à celle d’un monde qui n’est plus.

Rien donc qui puisse faire écho, semblerait-t-il, aux aspirations progressistes et aux représentations optimistes de l’Histoire comme promesse d’un «monde meilleur» associées en général à la notion d’utopie. Le lien entre utopie et émigration existe pourtant, et de longue date. […]

La contradiction est encore plus nette chez Lezay entre l’idée régressive et autocentrée d’une «politique du bonheur» inspirée des modèles antiques ou d’un rousseauisme conservateur (L 99-100) et la modernité agressive d’un «capitalisme utopique» inhérent à la logique économique du système oligarchique des cinquante familles propriétaires. Comme l’auteur des Découvertes est écartelé entre la nostalgie du communisme primitif, incarnée par les «lois provisoires» encore en vigueur dans la colonie naissante, et la société marchande à venir, Lezay s’efforce de concilier, devant le spectacle des forêts abattues et des manufactures en construction, la poétique naturelle du paysage et l’éloge de la civilisation industrielle: «C’est un beau tableau pour l’œil et pour la pensée que ce mélange des eaux, se précipitant sur des roues qui reçoivent d’elles leur mouvement perpétuel» (L 22). Lui aussi développe un discours du progrès: le collège de la ville de Saint- Pierre deviendra rapidement une université (L 90), des académies et sociétés savantes s’y créeront, mais surtout des installations industrielles. La spécialisation et la rationalisation y seront extrêmes: chaque famille propriétaire doit prendre en charge un métier (fabrication de draps, toiles, chapeaux…), ouvrir une manufacture, recruter des travailleurs spécialisés en France, y écouler la production grâce à des correspondants et des circuits commerciaux. Les travailleurs, apparemment non rémunérés, du moins l’auteur n’en dit-il mot, seront nourris grâce aux produits des terres des cinquante familles propriétaires sur les fermes que celles-ci exploitent également (L 75-76). Lezay défend l’égalitarisme théorique du système, mais qui ne s’applique en réalité qu’aux propriétaires-actionnaires en situation de monopole, l’association conclue entre eux ayant pour effet d’empêcher ou de retarder, dit-il, «cette terrible disproportion dans les richesses, que je regarde comme le plus grand mal que puisse éprouver une société» (L 77). D’où les dispositions destinées à limiter l’accès à la caste des actionnaires et à empêcher une accumulation excessive des richesses. On retiendra aussi le projet de commercer principalement avec la France, ce qui est pour des émigrés un retour indirect dans un pays avec lequel ils ont rompu.

Sous la fiction primitiviste de la rupture politique (avec la France révolutionnaire) et géographique (avec le continent européen), il y a dans ces utopies de l’émigration, qui cultivent pourtant un retour imaginaire au passé pastoral transplanté dans les ailleurs les plus lointains, une ouverture au nouvel espace économique globalisé du commerce international et une adhésion peut-être inconsciente à une nouvelle dimension historique «révolutionnaire», qui n’est pas bien sûr celle des principes de 1793, mais celle de la révolution industrielle naissante.

Du même auteur Nulle part et ses environs, dont on peut lire des extraits sur Google Livres.

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“The making of a revolutionnary journalist: Jean-Paul Marat (1770-1790)” ~ par Nigel Ritchie

16 mardi Avr 2019

Posted by Claude Guillon in Littérature “grise”

≈ Commentaires fermés sur “The making of a revolutionnary journalist: Jean-Paul Marat (1770-1790)” ~ par Nigel Ritchie

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Marat, Nigel Ritchie, Presse

 

À la demande de l’auteur, ce document n’est plus disponible sur ce blogue.

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“Le jacobinisme et le droit de propriété : Robespierre, Saint-Just et Billaud-Varenne”, par Pauline Guiragossian

26 mercredi Déc 2018

Posted by Claude Guillon in Littérature “grise”

≈ Commentaires fermés sur “Le jacobinisme et le droit de propriété : Robespierre, Saint-Just et Billaud-Varenne”, par Pauline Guiragossian

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Billaud-Varenne, Claude Mazauric, François Furet, Pauline Guiragossian, Robespierre, Saint-Just

Je donne ci-dessous des extraits de la présentation d’un mémoire de Master II en histoire du droit rédigé par Pauline Guiragossian à l’Université d’Aix-Marseille.

Si l’histoire et l’histoire du droit sont complémentaires, il est rare que juristes et historien·ne·s s’entendent parfaitement… Rien ne dit que le travail de Pauline Guiragossian contribuera à arranger les choses, mais il m’a semblé utile de signaler un mémoire qui aurait sans doute échappé à beaucoup de celles et de ceux que son sujet concerne.

Le jacobinisme qui vécut ces cinq années révolutionnaires fut un mouvement extrêmement riche et complexe, se situant au cœur du foisonnement des idées révolutionnaires. Il est pour ainsi dire assez problématique de restituer, de manière synthétique, les idées qui y ont été véhiculées, bien que cela soit indispensable à notre propos. À cette fin, François Furet convient qu’il est possible de reprendre le découpage chronologique et idéologique du jacobinisme effectué par l’historien Michelet pour cerner d’un peu plus près le mouvement et tenter d’en dégager les idées générales.

De 1789 à 1791, l’historien parle de «jacobinisme primitif, parlementaire et nobiliaire» mettant en avant les figures du triumvirat composé de Duport, Barnave et Lameth, après que Mirabeau qui y exerçait une influence significative, fut écarté du fait d’accusations. Des figures très diverses y siègent. On peut citer La Fayette comme Robespierre qui prirent part au club très tôt. À cette époque, l’activité parlementaire est la principale occupation du club. En juillet 1791, Barnave, que l’on peut associer à l’aile droite des Jacobins, tend à vouloir œuvrer pour la stabilisation de la Révolution et se rallie au monarchisme constitutionnel qui avait été prôné par Mirabeau. Il se retire alors du club avec ses partisans, laissant libre cours à l’aile gauche du club.

En 1792, est alors identifié un deuxième jacobinisme, le «jacobinisme mixte» qui renvoie en grande partie aux républicains libéraux, les monarchistes n’y siégeant plus. On y retrouve les Girondins avec les députés Condorcet et Brissot mais aussi les Montagnards avec le député Robespierre. Ces derniers développent l’idée d’un suffrage universel par opposition au vote censitaire et affirment vouloir remettre le peuple au centre de l’échiquier politique, cela se matérialisant par une alliance avec le mouvement populaire parisien, les sans-culottes. François Furet estime qu’il ne s’agit plus pour le club d’être un simple lieu de débat parlementaire : il s’agit d’une «machine politique au service d’une deuxième révolution» qui instituerait une nouvelle Constitution. Les Girondins et Montagnards se déchirent sur plusieurs questions, comme celle de la guerre ou encore celle concernant le sort du roi, et se livrent une bataille pour la conquête et l’exercice du pouvoir. Une nouvelle scission finit par avoir lieu entre ces deux tendances en 1793, les Girondins étant expulsés de la Convention nationale le 31 mai. […]

Ces réorientations sont autant d’étapes franchies par le club qui accompagnent la Révolution sur le chemin d’une radicalisation croissante, qui ne prend fin qu’avec la chute de Robespierre. La Révolution a influencé le devenir du jacobinisme comme ce dernier a pu avoir une influence certaine sur la Révolution, les deux étant intrinsèquement liés. […]

L’historien Claude Mazauric relève qu’à partir de cette période, s’accumulent «décisions circonstancielles, réorganisations en profondeur et anticipations sociales », initiées par le mouvement jacobin. Le jacobinisme, ancré au sein du gouvernement révolutionnaire, propage son idéologie. Il semble alors intéressant d’étudier de quelle manière la propriété, accommodée à la notion de liberté, réagit lorsque l’idéologie jacobine la confronte plus directement à celle d’égalité. Or, Robespierre, Saint-Just et Billaud-Varenne, en ces temps troublés, semblent avoir eu des points de convergence sur cette question.

Saint-Just

Le droit de propriété, est, pour tous, une notion clef de la Révolution, recoupant aussi bien les domaines juridique, politique qu’économique et social. S’il est indéniable que ce droit, tel qu’il fut défini dès 1789 dans la Déclaration des droits de l’homme, nous a été légué tel quel, il est aussi certain que lors des années révolutionnaires qui suivirent, le débat sur la propriété ne fut pas arrêté par cette définition. D’autres conceptions ont été envisagées, des nuances ont été apportées, des dissonances sont apparues.

Les points de convergence entre les trois Jacobins que sont Robespierre, Saint-Just et Billaud-Varenne, qui peuvent être observés de manière éparse lorsqu’on s’intéresse à la période révolutionnaire, ont guidé le choix de ce sujet, qui se borne à étudier ces trois auteurs en particulier. Il convient de préciser que l’adjectif jacobin qui sera largement utilisé durant ce mémoire renvoie uniquement, pour des raisons de commodité et de fluidité du propos, à la pensée de nos trois auteurs. Cela ne signifie en aucun cas que leur pensée sur le droit de propriété résume le mouvement jacobin dans son entièreté, nous avons vu précédemment la complexité de ce mouvement qui a réuni des tendances extrêmement divergentes. D’ailleurs, bien souvent, les conceptions des auteurs étudiées s’opposeront aux conceptions développées par d’autres Jacobins.

Il est souhaitable de préciser que pour des raisons pratiques, les travaux de recherche se limitent d’une part à une étude des discours parlementaires de nos auteurs ainsi que des décrets qu’ils ont impulsés et que l’on peut trouver dans les archives parlementaires. D’autre part, à leurs ouvrages écrits pendant la période révolutionnaire, notamment en ce qui concerne Saint-Just et Billaud-Varenne.

Pour télécharger le mémoire dans son intégralité, c’est ICI.

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“Marie-Joseph Chénier, un poète en temps de révolution (1788-1795)” ~ par Gauthier Ambrus

22 samedi Déc 2018

Posted by Claude Guillon in Littérature “grise”

≈ Commentaires fermés sur “Marie-Joseph Chénier, un poète en temps de révolution (1788-1795)” ~ par Gauthier Ambrus

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Catriona Seth, Gauthier Ambrus, Littérature, Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval, Marie-Joseph Chénier, Philippe Bourdin, Pierre Frantz, Poésie, Renaud Bret-Vitoz

Je donne ci-dessous le résumé de la thèse de Gauthier Ambrus, rédigé sous la direction de Pierre Frantz et soutenue le 27 novembre 2018 (Jury: Renaud Bret-Vitoz, Philippe Bourdin, Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval, Catriona Seth).

Le texte intégral n’est pas disponible en ligne; la thèse est déposée en Sorbonne.

La Révolution a longtemps donné l’image d’un trou noir au milieu de l’histoire littéraire, jugement que la recherche s’attache à reconsidérer depuis quelques décennies. L’étude de la carrière de Marie-Joseph Chénier (1764-1811), poète tragique renommé en son temps et frère cadet d’André Chénier, permet de mieux comprendre les continuités et les ruptures qui l’ont traversée.

Entré dans le monde des lettres durant les dernières années de l’Ancien Régime, Chénier se fait soudain connaître à l’automne 1789 avec une pièce créée après un long affrontement contre la censure, Charles IX, qui met la liberté artistique, et singulièrement celle du théâtre, au centre des événements politiques. La scène semble devoir garantir à l’écrivain une influence sans précédent.

Chénier tente ainsi au fil de ses tragédies suivantes d’accompagner l’évolution de la Révolution, non sans distance critique, tout en s’engageant dans la vie publique, d’abord chez les Jacobins, puis à la Convention. Il deviendra une figure importante des institutions culturelles, notamment grâce aux hymnes qu’il compose pour la quasi-totalité des fêtes révolutionnaires entre 1790 et 1795.

Marqué personnellement par la Terreur, Chénier met sa vocation dramatique entre parenthèses après le 9 Thermidor. Il délaisse alors les lettres pour s’investir de manière prioritaire dans la reconstruction culturelle et politique de la République post-montagnarde. La réputation du poète, objet de haines politiques tenaces, en souffrira durablement.

Son parcours est ainsi représentatif des transformations qui touchent le statut et l’action d’un homme de lettres sous la Révolution, tout comme des obstacles d’un nouveau genre auxquels il se heurte.

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