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LA RÉVOLUTION ET NOUS

~ le blogue historien de Claude Guillon

LA  RÉVOLUTION  ET  NOUS

Archives de Tag: Prise de la Bastille

“14 juillet 1789: la prise de la Bastille” ~ par Héloïse Bocher

14 jeudi Juil 2022

Posted by Claude Guillon in Vidéothèque

≈ Commentaires fermés sur “14 juillet 1789: la prise de la Bastille” ~ par Héloïse Bocher

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Héloïse Bocher, Prise de la Bastille, Prisons, Société des études robespierristes

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Les origines de la Révolution dans “Les enfants du Bon Dieu” d’Antoine Blondin

21 lundi Fév 2022

Posted by Claude Guillon in «Bêtisier», «Bibliothèque»

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Antoine Blondin, Camille Desmoulins, Louis XVI, Marie-Antoinette, Prise de la Bastille

Antoine Blondin publie en 1952 Les enfants du Bon Dieu, constamment réédité depuis au format poche. N’ayant jamais lu le livre, j’ai d’abord été heureusement surpris – et pris – par sa joyeuse indifférence aux conventions. Pas de véritable récit, mais plutôt un patchwork de saynètes prétextes à moult plaisanteries et coq-à-l’âne. Est-ce le texte qui a vieilli (ou moi? je crains que cette hypothèse doive être retenue): cette «fantaisie» débridée m’a rapidement lassé.

Reste qu’au milieu de ce presque non-récit, le personnage principal qui a entrepris de subvertir son travail de prof d’histoire – au sens strict, il réécrit l’histoire à l’intention de ses élèves – fait un exposé sur les origines de la Révolution française. La coutume de danser certains jours, un orage inopiné et le fait que la plupart des protagonistes habitaient le quartier de la Bastille allaient donc changer la face du monde…

C’est léger, et – de la part d’un écrivain de droite – d’un monarchisme finalement bon enfant.

La coutume, disais-je, s’était instaurée sans qu’on sût exactement pourquoi de danser aux carrefours, certains jours de l’année. Louis XVI et Marie-Antoinette n’étaient pas les derniers à donner l’exemple. Le bon peuple les imitait. Ces soirs-là, d’ailleurs, on eût dit que les barrières entre les conditions tombaient d’elles-mêmes. Les charretiers se hasardaient à inviter les marquises, les duchesses aguichaient les forgerons ou les sapeurs de la Garde suisse, qui leur ouvraient leurs cantonnements ornés de guirlandes de lampions. Personne n’y trouvait à redire. Cela tenait sans doute à ce que les anniversaires d’une longue suite ininterrompue de victoires tombaient vers ces époques, les maréchaux choisissant de faire la guerre au seuil de l’été pour ne pas gâter leurs rubans, les soldats d’en finir avant le mois d’août pour pouvoir partir en vacances. Il faut compter aussi, naturellement, avec la proximité des distribution de prix, la lassitude heureuse qui succède à un dernier trimestre bien rempli et une certaine allégresse dont l’air se charge au mois de juillet. Telles furent les causes profondes de la Révolution française.

La cause immédiate fut qu’en 1789, il plut à verse pour le 14 juillet. Un peuple moins réfléchi que le peuple français n’en eût pas profité pour s’interroger sur les raisons obscures qui le poussaient depuis si longtemps à danser à cette date. Un siècle de lumières nous avait heureusement incités à chercher à voir clair en nous-mêmes. Les danseurs et les buveurs, dont les meilleurs s’étaient malgré tout rassemblés dans la Salle du Jeu de Paume pour marquer le coup, regardaient tomber la pluie et trompaient leur impatience des violons en s’abîmant dans d’interminables méditations. Un sentiment, assez répandu dans le pays, leur dictait qu’ils avaient quelque chose à faire ce jour-là. Mais les contours en demeuraient vagues et ils ne savaient pas au juste quoi. Vers l’heure de l’apéritif, profitant d’une petite éclaircie, un jeune feuilletoniste du nom de Camille Desmoulins grimpa sur une table, résolu coûte que coûte à sauver la soirée : “Si nous ne fêtons pas le 14 juillet aujourd’hui, ce n’est pas demain qu’il faudra s’y mettre. Moi, je travaille, demain, je dois me lever tôt. Passe encore de ne pas danser, mais on peut toujours aller prendre quelque chose…” Les autres, qui ne cherchaient qu’un prétexte pour ne pas rentrer chez eux, souscrivirent au projet de ce célibataire. Après avoir hésité entre le Palais-Royal, où les galeries vous maintenaient les pieds au sec, et le Châtelet, où foisonnaient des Merveilleuses avant la lettre, on sait qu’ils se décidèrent finalement pour la Bastille, la majorité habitant dans les environs.

Les enfants semblaient joyeux à l’évocation de cette farce si lourde de conséquences. Je ne voulus pas gâcher leur enchantement par la mort du roi, qui s’expliquait mal en dehors d’un mouvement d’humeur de ces foules versatiles : elles vous coiffent d’une toque de boulanger la veille pour vous guillotiner le lendemain. Je laissai néanmoins incarcérer au Temple ce malheureux monarque avec sa famille, le tableau en était trop célèbre, mais…

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La Révolution et l’emploi à Vizille (14 juillet 2021)

29 lundi Nov 2021

Posted by Claude Guillon in «Usages militants de la Révolution»

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Ferropem, Lutte des classes, Prise de la Bastille, Vizille

Le 14 juillet dernier, une centaine de salarié·e·s de deux usines de fabrication de silicium aux mains du groupe américano-espagnol Ferropem, qui prévoyait de les fermer ont symboliquement envahi le parvis du château de Vizille. Ils ont appelé à «prendre la Bastille des actionnaires».

Le groupe a annoncé, le 15 novembre dernier, que seule l’usine de Château-Feuillet (Savoie) sera fermée.

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Lettre de Sade à sa tante ~ du 22 avril 1790

23 jeudi Sep 2021

Posted by Claude Guillon in «Documents»

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«Cent vingt journées de Sodome», Prise de la Bastille, Sade

Le Manuscrit français met en vente une intéressante lettre de Sade.

Cliquer sur les images pour les AGRANDIR.

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“Révolution française et tradition marxiste: une volonté de refondation” ~ par Jacques Guilhaumou (1995)

20 mardi Juil 2021

Posted by Claude Guillon in «Articles»

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Albert Soboul, Antonio Gramsci, Denise Maldidier, Félix Guattari, Florence Weber, François Furet, Gilles Deleuze, Hanriot, Hébert, Jacques Guilhaumou, Jürgen Habermas, Jean Jaurès, Jean-François Lyotard, Kant, Karl Marx, Le Père Duchesne, Lucien Calvié, Michel Vovelle, Philippe Dujardin, Prise de la Bastille, Sieyès, Vincent Descombes

Depuis une quinzaine d’années, j’ai pris l’habitude de tenir, en matière de recherche, un journal de terrain. J’y consigne, de manière plus ou moins régulière, l’état de mes enquêtes archivistiques, des considérations méthodologiques liées à mes chantiers en cours, des réflexions problématiques, des considérations sur les événements, des annotations sur la lecture quotidienne de la presse, des emprunts à la littérature, des vues prospectives, etc [1].

L’ethnologue Florence Weber signale l’intérêt d’une telle source dans les termes suivants: « Ce journal montre, à chaque étape de la réflexion, les liens entre les hypothèses et les moments de la recherche où elles ont été formulées. C’est lui qui permettra, dans la mesure du possible, une auto-analyse[2]. »

Dans la voie ainsi tracée, et profitant de l’opportunité de mon habilitation en 1992, j’ai commencé à réfléchir, à l’aide de tels matériaux personnels, sur ma propre subjectivité de chercheur. Je prends donc appui pour une grande part sur ces matériaux, cités en notes, pour décrire les enjeux majeurs de mon itinéraire intellectuel.

 De toutes les redites, de toutes les constantes de ce journal de bord, les plus explicites consistent dans ma prise de position en faveur de la tradition marxiste [3] d’une part, et dans ma  prise de distance vis-à-vis de l’historiographie [4] d’autre part. Ma présente réflexion cherche à analyser le lien intime entre ses deux parti-pris dans la quête d’une démocratie actualisée au prisme d’une Révolution française toujours présente.

 

I- Au plus près du jeune Marx.

Je suis très certainement un historien marxiste, ou plus exactement un historien de tradition marxiste. Mon problème majeur, c’est de distinguer tradition marxiste et tradition historiographique. Le cas du jeune Marx est le plus clair, dans la mesure où François Furet a fait la moitié du travail, en exagérant le côté historiographique de Marx. Il s’agit donc de relativiser le rapport du jeune Marx à l’historiographie en insistant à la fois sur son insertion dans l’histoire intellectuelle allemande  et sa capacité de traductibilité du langage jacobin (Note sur mon inscription dans le marxisme, août 1989)

Mes efforts réguliers pour faire le point de mon ancrage dans la tradition marxiste se sont concrétisés par la publication depuis 1975 d’une dizaine d’articles et de notes de lecture à ce sujet[5]. Ces écrits constituent des jalons essentiels pour la compréhension de l’horizon théorique de ma démarche d’historien du discours[6]. Ils marquent des moments réflexifs essentiels dans mes enquêtes archivistiques: ils situent en effet l’enjeu de mes recherches concrètes du côté d’une interrogation sur les voies de la démocratie révolutionnaire.

Cependant un tel ancrage a lui-même une histoire. Il s’est opéré en plusieurs étapes:

1- Après un premier contact avec le marxisme par le biais du léninisme, dans le contexte d’activités militantes au sein de la mouvance communiste, j’ai été fortement marqué, pendant les années 1966-1971 et plus particulièrement dans la conjoncture des événements de 1968, par les travaux d’Althusser, dont l’originalité résidait dans sa manière « symptômale » de lire Le Capital de Marx et d’appréhender, au nom d’une « coupure épistémologique », les textes du jeune Marx[7]. Dressant le bilan quelques années plus tard, avec Régine Robin (1976), de l’influence d’Althusser sur mes travaux d’historien, j’ai pu y identifier un accès spécifique à une « identité retrouvée » au sein même du continent histoire, dans la mesure où elle prenait appui sur une lecture « ouverte » de la tradition marxiste.

2- Mais le point fort des années 70 a été, pour moi, la lecture de Gramsci, d’abord de manière sommaire à travers les Œuvres choisies en français publiées aux Éditions sociales, puis de façon approfondie avec la parution de l’édition italienne intégrale des Cahiers de prison  en 1975. Et depuis lors, je n’ai pas quitté le texte de Gramsci; je n’ai jamais cessé d’en approfondir ma connaissance au fil des longues années qui jalonnent la  publication, encore inachevée, de la traduction française aux Éditions Gallimard.

L’apport de la lecture de Gramsci à mes recherches s’articule d’abord sur les multiples critères méthodologiques qu’il nous propose dans ses Cahiers de prison. autour du thème de « l’humanité agissante et souffrante ». Notre ouvrage sur Marseille au cours des premières années de la Révolution française en témoigne de façon éloquente[8]. Mais  le texte de Gramsci a été aussi une voie royale pour la lecture des ouvrages du jeune Marx, en particulier dans leur rapport à la Révolution française.

C’est ainsi que j’ai effectué, au cours des années 80, une lecture récurrente des écrits de Marx de la période 1841-1845. Un tel retour aux textes fondateurs de la tradition marxiste, à ce moment privilégié de traduction réciproque entre la politique française, l’économie anglaise et la philosophie allemande dans un nouveau lieu de la politique, était formulé dans mon journal de terrain, dès 1980, à partir d’un mot d’ordre qui résonnait étrangement: « convoquer la tradition marxiste au plan textuel ». Mais il s’agissait simplement de marquer que mon approche du marxisme s’inscrit en premier lieu dans une perspective herméneutique où les ressources des textes du jeune Marx, situées par rapport au processus de traductibilité réciproque des langages et des cultures (selon la formule célèbre de Gramsci), importent plus que les constructions marxologiques postérieures, aussi justifiées soient-elles[9].

3- Enfin, soucieux de comprendre le choix révolutionnaire de Marx, à distance de tout essai de construire les éléments d’un matérialisme historique dit marxiste par ses continuateurs, je suis remonté, si l’on peut dire, jusqu’à l’idéalisme pratique contemporain de la Révolution française [10], en particulier Kant et Fichte [11].

Les études novatrices de Lucien Calvié devaient me permettre, par la suite, de mieux comprendre le pari du jeune Marx sur l’avenir de l’humanité, son optimisme révolutionnaire au-delà de tout pessimisme sur l’état des choses[12], alors qu’il élabore, dans les années 1841-1844, une série de catégories explicatives de l’histoire de la Révolution française.

Il convenait donc de révoquer l’idée de construire une interprétation « marxiste » de la Révolution française à l’aide des concepts d’un matérialisme historique découvert plus tardivement, en 1845. Il fallait plutôt revenir au texte du jeune Marx, là où il parle la langue politique (française). C’est ce que j’ai fait à plusieurs reprises, tant dans des présentations encyclopédiques que dans des articles érudits (voir la bibliographie en fin d’article). Je pense ainsi avoir mis en évidence l’importance des catégories explicatives de l’histoire de France, formulées par le Jeune Marx, puis retravaillées par Gramsci. L’existence de ces catégories au sein même de la tradition marxiste naissante a orienté de façon décisive, mais non de manière mécaniste, ma problématique d’approche des langages de la Révolution française, ainsi que mes choix thématiques.

Je me suis efforcé de montrer, à plusieurs reprises (1983, 1988, 1989a), que le jeune Marx lit et traduit « la langue de la politique et de la pensée intuitive » propre aux jacobins français en deux temps [13]:

D’abord il s’intéresse, à travers la question de l’intuition d’une subjectivité en acte qui construit le réel, au sujet critique de la révolution, le peuple français. Il insiste ainsi, dans la Critique du droit politique hégélien (1843) sur le fait que « C’est le peuple qui crée la constitution », donc qui fait la loi.

Mais la posture critique est immédiatement associée à la capacité de traductibilité de la nouvelle culture politique révolutionnaire. L’énoncé fondateur du sujet réel de l’histoire, porteur de la « vraie démocratie », est d’abord la traduction de l’agir du peuple dans la forme de la loi: « Le pouvoir législatif a fait la Révolution française », précise Marx, étant entendu que « le pouvoir législatif ne fait pas la loi: il la découvre et la formule seulement. »

Ainsi nous retrouvons, dans les termes même de la lecture « marxiste », les énoncés fondateurs du discours robespierriste: « Le peuple fait la révolution / Les législateurs font la révolution pour le peuple ». Une telle problématique de l’agir du peuple, de ses effets discursifs, imprègne mes premiers travaux sur les discours jacobins[14]. Mais nous savons que le jeune Marx se démarque, après sa lecture critique d’Hegel au nom de la démocratie révolutionnaire, de « la révolution partielle, uniquement politique » au titre de la « révolution radicale ».

Dans un second temps, et tout particulièrement dans La Sainte Famille (1844), Marx ironise sur les hégéliens qui veulent abolir ‘la langue populaire (française) de la masse » par sa transformation en « langue critique de la Critique critique »! Il restitue les éléments essentiels de la « grammaire non-critique française » issue du réel de la politique, des qualités de la Masse. La « révolution de la langue française » est un leurre, dans la mesure où cette « langue populaire » possède en elle-même ses propres ressources interprétatives.

La traductibilité réciproque entre « l’égalité française » et « la conscience de soi allemande », entre les significations de « la langue de la  politique et de la pensée intuitive », telle qu’elle s’exprime dans le discours jacobin, et les expressions de la « pensée abstraite » si spécifique de l’idéalisme pratique allemand met donc en évidence les ressources des catégories descriptives de l’histoire de la Révolution française, tout en leur conférant, par la distinction entre la dimension organique et la réalité conjoncturelle des mouvements historiques, une dimension explicative constituant la Révolution française sur la longue durée.

À la lecture des textes du jeune Marx, Il ne m’était donc pas apparu nécessaire d’élaborer une théorie critique abstraite pour appréhender la valeur conceptuelle de la Révolution française, mais il convenait plutôt de conférer une valeur organique à l’intelligibilité propre des événements révolutionnaires, à leurs ressources attestées.

Ainsi, de mon point de vue, la tradition marxiste naissante procède à une traduction du langage jacobin dans des catégories explicatives. Ces catégories s’organisent autour de trois couples: langue populaire/porte-parole, révolution permanente/Terreur, mouvement révolutionnaire/mouvement populaire. Chaque couple différencie le conjoncturel de l’organicité, distinction très présente dans les analyses de Gramsci sur les rapports de force au sein du moment révolutionnaire [15].

Par exemple la valeur organique du concept de « révolution à l’état permanent », référé par Gramsci aux « principes de stratégie et de tactique politiques nés pratiquement en 1789 et qui se sont développés idéologiquement autour de 1848 » limite l’intelligibilité de la notion de Terreur rapportée à une conjoncture, et ses contradictions.

Parallèlement à cette lecture du jeune Marx, j’ai essayé, dans mes recherches sur les pratiques discursives pendant la Révolution française, de conférer à ces catégories explicatives une dimension descriptive aussi précise que possible. En quelque sorte, je les ai prises à rebours, remontant du concept à l’agir [16], et à sa dimension réflexive, considérant donc que leur intelligibilité propre importait autant si ce n’est plus que leur traduction ultérieure dans l’histoire organique des révolutions [17].

Il n’a donc jamais été question d’appliquer une grille conceptuelle à une description archivistique. C’est le geste de lecture opéré par le jeune Marx, à la fois lecteur des textes de la Révolution française et traducteur de diverses traditions interprétatives dans le but d’élaborer une conception autre de la politique, qui a retenu mon attention.

J’identifie ainsi la motivation profonde de mes recherches sur les pratiques discursives de la Révolution française à partir de l’interrogation suivante: si la Révolution française a joué un rôle aussi important dans la mise en place des fondements de la tradition marxiste, n’est-il pas possible de faire rejouer ce geste inaugural avec l’objectif de refonder la Révolution française dans la tradition marxiste, en deçà des sédimentations marxologiques et historiographiques?

L’entassement incessant des couches interprétatives sur ce nœud initial, redoublé par l’apparition au XXe siècle d’une historiographie dite « marxiste » de la Révolution française, de Jaurès à Soboul, justifiait d’autant plus mon entreprise de refondation. Mon parti-pris antihistoriographique, affirmé avec vigueur pendant le bicentenaire de la Révolution française (1989c), trouve ici sa raison d’être[18].

Un telle relation forte à la posture initiale de Marx face au langage politique jacobin est visible à tout moment de ma recherche sur la Révolution française. Par ailleurs, elle s’est enrichie au contact d’une manière propre de décrire les énoncés d’archive, de les configurer autour d’un événement, d’un thème, d’un concept, d’un sujet dans la lignée des travaux de Michel Foucault[19].

D’emblée mon intérêt s’est porté, d’abord à travers la figure du Père Duchesne d’Hébert[20], puis avec l’événement « mort de Marat », sur le mouvement révolutionnaire au moment de la mise à l’ordre du jour de la terreur [21].

Dans le même temps, j’ai parcouru un trajet thématique, de la langue du droit à la langue du peuple, avec le souci de mesurer la portée conceptuelle de la notion robespierriste de mouvement populaire [22].

Depuis nos analyses discursives du Père Duchesne d’Hébert jusqu’à l’exploration minutieuse des courses civiques des « missionnaires patriotes », il s’est agi aussi de décrire, sous la catégorie d’événement discursif et le thème de la langue du droit, des itinéraires de porte-parole [23].

 Par la suite, c’est autour des notions  de « démocratie pure » et de « rapports populaires » que j’ai tenté de redonner, avec d’autres chercheurs, aux fédéralismes, et de surcroît au fédéralisme jacobin, une pleine dimension interprétative à l’horizon de la révolution permanente [24] .

Enfin, mes recherches en cours sur l’itinéraire intellectuel de Sieyès [25],qui me mène de la caractérisation métaphysique d’une « science des quantités », dans ses écrits philosophiques manuscrits de jeunesse, à la définition d’une « science de la politique », sous la catégorie de « langue politique », dans Qu’est-ce que le Tiers-Etat? recoupent l’importance accordée par le Jeune Marx, dans La Sainte Famille,  à cet ouvrage de Sieyès emblématique de la radicalité de 1789 [26], en tant que lieu théorique constitutif de la politique moderne.

Voilà sans doute un résumé quelque peu hardi et bien trop sommaire de vingt ans de recherches, mais qui vise seulement à souligner le rapport consubstantiel de mes recherches sur les langages révolutionnaires à la  lecture « marxiste » inaugurale de la Révolution française. Lire la suite →

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“Charlotte Corday” à Versailles?

11 dimanche Juil 2021

Posted by Claude Guillon in «Documents»

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Charlotte Corday, Costumes, Prise de la Bastille, Versailles

Quelques beaux objets dans la vente qui a eu lieu aujourd’hui à Versailles, dont un portrait présenté comme étant (possiblement) celui de Charlotte Corday, présentée avec une cocarde tricolore à son bonnet… et qui me laisse perplexe.

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Médaille et certificat de “Vainqueur de la Bastille”

05 vendredi Fév 2021

Posted by Claude Guillon in «Documents»

≈ Commentaires fermés sur Médaille et certificat de “Vainqueur de la Bastille”

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Bailly, Prise de la Bastille, Vainqueurs de la Bastille

En vente ICI.
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Carte postale offerte par “Le Petit Journal”

02 dimanche Août 2020

Posted by Claude Guillon in Cartes postales

≈ Commentaires fermés sur Carte postale offerte par “Le Petit Journal”

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Danton, Patriotisme, Première Guerre mondiale, Prise de la Bastille, Sans-culottes

Cette carte postale était «offerte par Le petit Journal». Petit journal, mais gros tirages, bien que déclinants à l’époque où elle est envoyée (1914). Journal républicain et conservateur, hostile à Dreyfus.

On peut supposer qu’elle constitue l’un des nombreux exemples de mobilisation (c’est le cas de le dire!) du folklore révolutionnaire de l’an II au profit du patriotisme cocardier. C’est que la bourgeoisie est en train – elle! – de réussir son «Grand Soir».

Le brave sans-culotte d’opérette n’a pas l’air particulièrement inspiré. Il faut dire que les vers de mirliton n’ont rien pour enthousiasmer: «Il faut démolir cette tour / C’est au peuple d’avoir son tour»…

Cliquez sur les images pour les AGRANDIR.

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67 ans après le massacre des Algériens de 1953, la gauche renoue avec la tradition du défilé ouvrier du 14 juillet!

13 lundi Juil 2020

Posted by Claude Guillon in «Articles»

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Daniel Kupferstein, Prise de la Bastille

Près de soixante-dix ans après le massacre du 14 juillet 1953 (voir ci-dessous), la gauche syndicale renoue enfin avec le traditionnel défilé ouvrier du 14 juillet!

Cliquez sur les images pour les agrandir

Les balles du 14 juillet 1953

Le massacre policier oublié de nationalistes algériens à Paris

Daniel KUPFERSTEIN

Le 14 juillet 1953, la gauche communiste et syndicale célèbre la fête nationale, comme c’est la tradition, par une manifestation à Paris. Y participent, à la fin du cortège, plusieurs milliers de militants du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), le parti nationaliste algérien. Quand ils arrivent place de la Nation, des heurts se produisent et les policiers tirent froidement sur les manifestants algériens. Six d’entre eux sont tués, ainsi qu’un militant de la CGT. Et on compte des dizaines de blessés par balles.
Pendant un demi-siècle, ce drame va être effacé des mémoires et des représentations, en France comme en Algérie. Pour comprendre les raisons de cette amnésie et faire connaître les circonstances de l’événement, Daniel Kupferstein a conduit une longue enquête, pendant quatre ans. Elle lui a permis de réaliser en 2014 un film, que ce livre prolonge et complète. On y découvrira les témoignages inédits de nombre d’acteurs de l’époque, ainsi que les ressorts de l’incroyable mensonge d’État qui a permis l’occultation de ce massacre.
Et on comprendra le rôle essentiel de « déclic » joué par ce dernier dans le déclenchement par le FLN de la « guerre de libération » en novembre 1954.
Vidéo de la manif.

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Prise de la Bastille

07 vendredi Fév 2020

Posted by Claude Guillon in Cartes postales

≈ Commentaires fermés sur Prise de la Bastille

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Bicentenaire, Prise de la Bastille

Carte postale, partie d’une série de douze, éditée à l’occasion du Bicentenaire.

C’est ici.

Sont-ils jamais ressortis de la Société générale?

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