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Anarchisme, “Casse-rôles” (revue), Éditions IMHO, Domination masculine, Féminisme, Robespierre
29 vendredi Avr 2022
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in≈ Commentaires fermés sur Recension de “Robespierre, les femmes et la Révolution” dans la dernière livraison de “Casse-rôles”, journal féministe et libertaire (n° 20, mai-juillet 2022)
21 mardi Sep 2021
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in≈ Commentaires fermés sur Ravachol et son testament à la “une” ~ Sacher-Masoch et Donatien Aldonze de Sade en prime
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La librairie Le Feu follet remet Ravachol à l’honneur (et à l’encan). Au catalogue également: une lettre de Sacher-Masoch et le manuscrit d’une pièce de théâtre de Sade.
01 jeudi Oct 2020
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in≈ Commentaires fermés sur “Guérilleros, France 1944. Une contre-enquête” ~ par Christophe Castellano & Henri Melich
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Anarchisme, Éditions Spartacus, Christophe Castellano, Geneviève Dreyfus-Armand, Henri Melich, Révolution espagnole, Stalinisme
La connaissance historique ne progresse pas de façon linéaire. Il faut, bien souvent, la conjonction de recherches et de témoignages mais aussi la conviction qu’un aspect important d’une période est mal connu, voire occulté, et qu’il mérite d’être mis en lumière afin de mieux comprendre la complexité des événements. La volonté de savoir et de comprendre est donc nécessaire. La volonté aussi de reconstituer des itinéraires méconnus et de redonner une identité à des personnes éliminées physiquement par d’autres sous des prétextes plus ou moins obscurs et longtemps restées dans les oubliettes de l’histoire.
Cette publication réunit ces trois composantes : le témoignage d’un acteur, l’enquête menée par lui-même et son coauteur ainsi que le souci d’éclairer les mystérieuses disparitions – treize – survenues dans le département de l’Aude à l’été et à l’automne 1944. Treize exilés espagnols antifranquistes assassinés par d’autres Espagnols également en exil et se réclamant de la 5e brigade de guérilleros de l‘Aude, mouvement armé de résistance. Comment expliquer de tels actes? C’est ce à quoi les deux auteurs s’emploient.
Afin d’éviter immédiatement toute fausse interprétation ou tout mauvais procès, les auteurs, Christophe Castellano et Henri Melich, déclarent d’emblée qu’en en aucun cas ils ne veulent remettre en question le courage et l’engagement de l’immense majorité des guérilleros espagnols qui ont combattu dans la Résistance en France au sein du XIVe Corps de guérilleros, organisation armée autonome mais étroitement connectée aux mouvements français de la Résistance. En effet, les unités de guérilleros ont été particulièrement actives dans tout le Sud-Ouest, des Pyrénées à la Dordogne et, à l’été 1944, les Espagnols ont joué un rôle important dans les combats menés pour retarder la retraite allemande et ont pris une part active à la libération de nombreux départements. Ils ne veulent pas non plus stigmatiser tous les guérilleros de la 5e brigade de l’Aude, dont l’engagement résistant, les souffrances et l’héroïsme ne sont pas en cause, mais seulement tenter de comprendre pourquoi et comment certains membres de cette formation – ou supposés tels – ont pu commettre ces méfaits. De même, les deux auteurs préviennent qu’ils ne comparent en aucune manière des crimes commis dans cette période avec la politique de terreur systématique et la volonté exterminatrice du franquisme vis-à-vis de ses opposants. Les intentions des auteurs sont claires et affirmées. Mais des hommes ont péri dans des conditions inexpliquées, voire mystérieuses, et on devrait ne pas en parler, passer ces faits sous silence ? Aucun crime ne peut être justifié par un plus grand, disent-ils à juste titre.
Ces faits ne surgissent pas du néant au tout début de cette troisième décennie du XXIe siècle, plus de soixante-quinze ans après. Henri Melich, acteur et témoin, résistant dans les maquis audois à 17 ans, militant antifranquiste durant de longues années, a déjà apporté son témoignage sur ces exécutions au début des années 1980[1] et les a évoquées dans une autobiographie récente[2]. Mes propres travaux faisaient état de cas analogues il y a plus de vingt ans[3]. Henri Melich se rappelle particulièrement de Ramón Mialet, l’une des premières victimes, militant de la Confédération nationale du travail (CNT) comme lui; il a encore présent à l’esprit le rendez-vous manqué avec celui-ci alors que lui-même partait dans une opération Reconquista de España impulsée par l’Union nationale espagnole (UNE), direction politique des guérilleros. C’est que les antagonismes entre l’UNE, où les communistes étaient prépondérants, et les mouvements espagnols non communistes sont apparus au grand jour à la libération de la France ; il ne s’agissait plus seulement de divergences politiques et il fut imputé à l’UNE la disparition et l’assassinat de récalcitrants et d’opposants.
Il est exact d’affirmer que l’UNE a acquis une prépondérance incontestable dans la structuration politique de l’exil espagnol pendant la clandestinité, qu’elle a rassemblé à titre individuel des Espagnols exilés de toutes tendances – communistes, socialistes, républicains ou anarchistes – et que le Parti communiste espagnol (PCE) était le seul mouvement organisé en son sein. Et, encore une fois, le rôle des guérilleros a été important dans la libération du grand Sud-Ouest. Mais il ne faut pas oublier non plus que des républicains espagnols ont combattu aussi dans des mouvements français de Résistance, que les réseaux de passage clandestin des Pyrénées ont été organisés par des militants de la CNT et du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM, parti communiste non stalinien) et que des formations espagnoles de résistance ont existé en dehors de l’UNE tel le groupe anarchiste du barrage de l’Aigle, aux confins du Cantal et de la Corrèze. La réalité historique est toujours beaucoup plus complexe que certains veulent parfois le faire croire; il est nécessaire de l’appréhender dans sa globalité[4].
La situation d’hégémonie politique de l’UNE, et par voie de conséquence celle du PCE, qui a prévalu au sein de l’exil espagnol pendant la clandestinité était en voie d’éclatement rapide après la libération de nombreuses régions. Les organisations politiques et syndicales espagnoles non communistes remettaient en cause la volonté de l’UNE à une représentation exclusive de l’exil républicain et se regroupèrent dans une Alliance démocratique espagnole (ADE), devenue Junte espagnole de libération (JEL). Il est vraisemblable que l’UNE a voulu alors engager une épreuve de force et une course de vitesse non seulement contre le franquisme mais aussi face aux Alliés – afin de les mettre devant le fait accompli – et aux autres courants politiques de l’exil, de manière à conserver sa prééminence. Mais la tentative d’invasion du val d’Aran, à l’automne 1944, s’est soldée par un double échec, militaire et politique, pour l’UNE. Henri Melich qui, dans l’euphorie de la Libération, a participé à cette opération porte témoignage de ses conditions de réalisation.
D’où, avant l’opération et juste après, dans la suite des combats de la Libération, la survenue de règlements de comptes politiques ou d’assassinats sordides aux motifs troubles, faisant que des groupes plus ou moins contrôlés par l’UNE – du moins se réclamant d’elle – aient pu mettre à profit leur toute-puissance du moment pour se débarrasser d’opposants ou régler des différends. L’Aude ne fut pas le seul département touché. Les journaux de la JEL firent état de nombreux meetings perturbés du fait de l’intervention de sympathisants de l’UNE et même d’assassinats ; ce fut le cas à Toulouse, dans l’Ariège, l’Aveyron, le Lot ou la Haute-Garonne, avec détentions, menaces de mort, disparitions voire exécutions. Les auteurs analysent la genèse, depuis la guerre d’Espagne, des pratiques des tenants du stalinisme. Pour ne citer qu’un exemple récemment réexploré, celui de Decazeville, dans l’Aveyron, où se produisirent des manœuvres d’intimidations, des menaces, des arrestations de militants libertaires ou socialistes et même l’exécution de certains[5]. Il faut prendre en compte que cette période d’après la Libération a été extrêmement troublée en France, avec les excès de l’épuration extra-judiciaire ou les actes crapuleux masqués derrière des «assassinats politiques» de pseudo-traitres par des résistants de la 25e heure.
Que quelques exilés espagnols qui avaient connu huit ans de guerre aient pu se livrer à des exactions semblables à celles de Français de leur époque n’enlève rien, au contraire, au courage et à l’abnégation de l’immense majorité d’entre eux. Toutefois, dans ce cas comme dans bien d’autres, la phrase bien connue de George Orwell trouve son sens: «En ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire».
Geneviève Dreyfus-Armand
Historienne
[1] Les Dossiers noirs d’une certaine Résistance : trajectoire du fascisme rouge, Perpignan, éd. du CES, 1984, pp. 130-141.
[2] Henri Melich, À chacun son exil. Itinéraire d’un militant libertaire espagnol, La Bussière, éditions Acratie, 2014.
[3] Cf. L’Exil des républicains espagnols en France, Paris, Albin Michel, 1999, pp. 162-178.
[4] Depuis des décennies, je m’efforce à cela, même si certains lisent une page qui leur convient en rejetant ce qui ne convient pas à leur schéma de pensée
[5] Jean Vaz Aransáez, « Les réfugiés espagnols en Aveyron », in Espagne, un exil républicain, Toulouse/Caminar et Nérac/les éditions d’Albret, à paraître en 2020.
01 mardi Sep 2020
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in≈ Commentaires fermés sur Programmation du CIRA Marseille
13 lundi Juil 2020
Posted «Bêtisier», «Usages militants de la Révolution»
in≈ Commentaires fermés sur L’Histoire (révolutionnaire), avec sa grande Hache…
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Anarchisme, Catholicisme, Contre-révolution, Images d'Épinal, Propagande
Sur ce document, dans le style des images d’Épinal, qui date probablement du tout début du xxe siècle, on traite de la déforestation. Sujet important, qui fournit l’occasion aux auteurs d’exalter (image n° 2) le travail des moines «admirables défricheurs», lequel se trouve doublement gâché… par la Révolution.
En effet, autant l’on ne songerait pas à reprocher aux moines d’avoir coupé des arbres pour construire des cloîtres, autant (image n°3) «avec le prétendu progrès, on se mit à ravager les forêts pour faire du papier, des livres, des journaux, propagateurs des théories nouvelles.»
L’image (n° 3) représentent deux bûcherons au second plan et deux colporteurs de journaux au premier. L’un est habillé en sans-culotte, l’autre en bourgeois (perruque). Observez les titres de ces publications, responsables à la fois de la déforestation et de la diffusion des idées matérialistes: «POISON», «ÉGALITÉ», «LANARCHIE» (car les révolutionnaires de 93 ignoraient l’apostrophe!) et «RÉVOLUTION». Tout le danger de la philosophie des Lumières se trouve illustré par ces titres!
Bien sûr, on pourrait reboiser. Ça n’est pas le terrain qui manque: «Mais l’État ne pense qu’à faire la guerre aux curés!»
Cliquez sur les images pour les AGRANDIR.
18 mercredi Mar 2020
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in≈ Commentaires fermés sur “LE GROUPE FRANCO-ESPAGNOL DES AMIS DE DURRUTI” ~ un livre d’Agustin Guillamón à publier en français (Avis aux éditeurs!)
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Agustin Guillamón, Anarchisme, Durruti, Révolution espagnole
Vous trouverez ci-dessous en pleine page un extrait du chapitre 9 du livre d’Agustin Guillamón Les Amis de Durruti. Histoire et anthologie des textes, publié en Espagne en 2013 par les éditions Descontrol.
Vous pouvez télécharger ICI l’intégralité du chapitre au format pdf.
L’auteur, Agustin Guillamón recherche un éditeur français ou francophone intéressé par l’édition de son livre. (Une traduction française est disponible, qui n’a plus qu’à être révisée).
On peut utiliser le formulaire de contact en bas de page; je transmettrai.
À la suite du texte figure une notice bio-bibliographique sur Agustin Guillamón.
Le belge Charles Cortvrint et Charles Carpentier, du nord de la France, tous deux militants anarchistes ont traversé la frontière franco-espagnole le 29 juillet 1936. Charles «Ridel» était déjà venu en Espagne pour le congrès de la CNT de Saragosse en Mai 1936, il en a rédigé un rapport, qui a été publié dans La Révolution Prolétarienne. Les jours après le passage de la frontière, ils se réunirent à Barcelone avec Abad de Santillan, qui leur fournit un laissez-passer de journaliste ce qu’ils refusèrent parce qu’ils voulaient se battre sur le front d’Aragon. Ils se joignirent à Louis Berthomieux, ancien capitaine d’artillerie, maintenant dans la misère et vivant dans le quartier des cabanes, avec les tziganes. Ce trio, avant l’arrivée de nombreux anarchistes étrangers volontaires pour combattre en Espagne, eut l’idée de se regrouper pour fonder le groupe international de la Colonne Durruti. Ils participèrent à la prise de Pina de Ebro et d’Osera, ainsi qu’à une tentative avortée pour créer une tête de pont sur l’autre rive de l’Èbre. En Septembre 1936, soixante hommes du groupe international, d’une grande expérience militaire, ont participé en qualité de troupes d’élite à l’assaut de Siétamo, qui a fait 37 victimes (tués et blessés).
Le 17 Octobre 1936, le groupe international a été décimée à Perdiguero, suite à de violents combats avec la cavalerie marocaine qui avait réussi à les enfermer dans une nasse, et à les isoler du reste du front, parce qu’ils n’avaient pas entendu l’ordre de repli, parce que l’estafette qui devait la communiquer s’était perdue. Berthomieux préféra se faire sauter sur une charge de dynamite plutôt que de tomber entre les mains ennemies. Ridel et Carpentier, qui quelques heures avant étaient aller rechercher de nouvelles armes et munitions, purent seuls participer à la tentative pour briser l’encerclement avant le retrait définitif. 170 miliciens moururent sur un total de 240 que comprenait le groupe international, qui pratiquement disparut comme tel. Après cette catastrophe militaire Ridel et Carpentier retournèrent en France.
«Charles Ridel», à la demande de l’Union anarchiste (UA), s’est consacré à faire des conférences afin de recueillir des fonds pour l’organisation de secours aux miliciens combattant au cours de la révolution espagnole. Carpentier retourna en Espagne en décembre 1936; il participa à la lutte sur les barricades à Barcelone pendant les journées de Mai 1937, rentrant finalement peu de temps après en France pour éviter la Tcheka stalinienne.
En novembre 1937, «Charles Ridel», Charles Carpentier, Lucien Feuillade («Luc Daurat») et Guyard, manifestèrent contre les accords et les résolutions du congrès de l’Union anarchiste. Le congrès eut lieu du 30 octobre au 1er novembre 1937. Il fallut adopter de nouvelles mesures d’organisation pour faire face à la forte croissance du nombre de militants et de la diffusion du Libertaire qui avaient également quadruplés l’année précédente. Mais le thème qui centralisa et envenima le débat du congrès fut celui de la solidarité avec l’Espagne. En réalité, ce fut lorsque les résolutions adoptées au congrès affirmèrent «la totale solidarité de l’Union anarchiste avec l’Espagne», ce qui confirmait la solidarité et l’approbation d’une partie des anarchistes français au collaborationnisme de la CNT et de la FAI avec le gouvernement bourgeois et républicain espagnol.
Agustín Guillamón
Né à Barcelone en 1950, il est titulaire d’une maîtrise en Histoire Contemporaine de l’Université de Barcelone; il est depuis 1993 directeur de la revue Balance. Cuadernos de historia, revue d’histoire du mouvement ouvrier et révolutionnaire à caractère et vocation internationaliste.
Il a publié:
Documentación histórica del trosquismo español. De la guerra civil a la ruptura con la IV Internacional. (Ed. de la Torre, 1996);
The Friends of Durruti Group (AK Press, 1996);
Barricadas en Barcelona (2007), traduit en français (Spartacus, 2009);
Los Comités de Defensa de la CNT en Barcelona (1933-1938) (Aldarull, 2011), traduit en anglais, italien et français (Coquelicot, 2014);
La revolución de los comités. Hambre y violencia en la Barcelona revolucionaria. De julio a diciembre de 1936 (Aldarull/El grillo libertario, 2012);
El terror estalinista en Barcelona (1938) (Aldarull/Dskntrl, 2013);
Los Amigos de Durruti. Historia y antología de textos. (Aldarull/Dskntrl, 2013);
Espagne 1937: Josep Rebull, la voie révolutionnaire (Spartacus 2014)
La guerra del pan. Hambre y violencia en la Barcelona revolucionaria. De diciembre de 1936 a mayo de 1937 (Aldarull/Dskntrl, 2014)
La represión contra la CNT y los revolucionarios. Hambre y violencia en la Barcelona revolucionaria. De mayo a septiembre de 1937 (2015)
Correspondance entre Diego Camacho («Abel Paz») et Juan Garcia Oliver (Ni patrie ni frontières, 2015)
Insurrección. Las sangrientas jornadas del 3 al 7 de mayo de 1937. Hambre y violencia en la Barcelona revolucionaria. Descontrol, abril 2017. Traduit en anglais par AK Press, 2019.
Nacionalistas contra anarquistas en la Cerdaña (1936-1937). En collaboration avec Antonio Gascón. Descontrol, 2018.
Barcelona, mayo 1937. Ediciones de Anarres, Buenos Aires, 2019.
Notons également sa collaboration à l’édition des Œuvres complètes de Munis et sa participation, comme conseiller historique, au film Munis. La Voz de la Memoria (2011); son rôle comme promoteur du Manifiesto. Combate por la historia (1999); l’élaboration de plusieurs chapitres dans les livres collectifs La Barcelona rebelde (2003); Momentos insurreccionales. Revueltas, algaradas y procesos revolucionarios (2006) et Biografías del 36 (2016), ou le prologue au livre de Mary Low: Cuaderno rojo de Barcelona (Alikornio, 2001), en plus de nombreux articles publiés.
Son objectif est d’arracher l’histoire à l’inculture de l’oubli, à la falsification politique ou à l’académisme universitaire, parce que sans une théorisation des expériences historiques du prolétariat il n’existerait pas de théorie révolutionnaire.
20 jeudi Fév 2020
Posted «Usages militants de la Révolution»
in≈ Commentaires fermés sur De Jules Leverrier (1939) à Albert Soboul (1945) ~ Naissance de l’«armée nationale» 1789-1794
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Albert Soboul, Alfred Malleret, Anarchisme, André Viollis, Édith Thomas, Elsa Triolet, Jules Leverrier, Léonard Bourdon, Révolution espagnole, Stalinisme
Le 16 janvier 1939, paraît aux Éditions sociales internationales (ESI), installées 24, rue Racine (Paris VIe) un livre intitulé La naissance de l’armée nationale 1789-1794. Il est signé Jules Leverrier; l’auteur en est Albert Soboul qui use, pour la seconde fois, d’un pseudonyme, craignant que ses textes et probablement surtout son éditeur, lié au parti communiste, nuise à un cursus universitaire qui n’est pas achevé.
En juillet 1945, paraît, sous le nom de Soboul cette fois, une version revue et condensée du premier ouvrage sous le titre L’armée nationale sous la Révolution 1789-1794. Le texte est accueilli par les Éditions France d’abord, également liées au parti. Dans ce nouvel opus, Soboul ne s’interdit pas de citer… Leverrier en référence, sans dévoiler sa double identité.
France d’abord est un bulletin né dans la Résistance. Il est l’«organe d’information, de liaison et de combat des unités de Francs-Tireurs et Partisans français, membres de l’armée régulière des Forces françaises de l’intérieur (FFI)». Les éditions éponymes publient notamment une série de brochures sous le titre de collection «Jeunesse héroïque ». Dans l’introduction de la première livraison – L’école du maquis – Georges Sadoul explique que le Comité national des écrivains (zone Sud) et le Comité national des journalistes ont décidé à l’automne 1943 d’envoyer dans les maquis des auteurs et autrices chargé·e·s d’y recueillir des récits. Parmi ces «envoyé·e·s», on comptait André Viollis, Édith Thomas et Elsa Triolet. Nous sommes dans la droite ligne du Recueil des actions héroïques et civiques des républicains français publié par Léonard Bourdon pendant la Révolution (les couvertures en couleurs en sus).
Je vais m’intéresser ici à la manière dont l’auteur relie son livre à l’actualité politique et militaire, en 1939, puis en 1945. Pour cela, je reproduis les deux préfaces. Celle de «Leverrier» est de l’auteur; celle du Soboul de 1945 est signée «Joinville».
Joinville est l’un des pseudonymes dans la Résistance de Alfred Malleret (1911-1960), militant du parti communiste, chef des Mouvements unis de Résistance pour la région Rhône-Alpes (il avait pour adjoint l’historien Marc Bloch). Il sera député de la Seine (1946-1958).
On voit comment Albert Soboul, son préfacier et ses éditeurs, tous membres du parti communiste continuent, en 1945 comme en 1939, de mobiliser (le cas de le dire!) le souvenir de Valmy et des grandes levées de volontaires pour mieux lier résistance au nazisme, patrie et nationalisme français (adjectif utilisé à profusion). Plus un mot pour les combattants espagnols qui ont rejoint les maquis, ni pour ceux de la «Nueve», cette division blindée de l’armée de Leclerc, qui viennent pourtant de libérer Paris! Il est vrai que la plupart d’entre eux sont anarchistes et internationalistes… Quant aux combattants du groupe Manouchian, sans doute n’incarnent-ils pas aussi bien que Albert Soboul la continuité du génie français que salue Malleret-Joinville.
Rendre hommage non au peuple espagnol mais «à l’armée nationale de la république espagnole», c’était rendre hommage à la contre-révolution menée par les staliniens au nom d’une «république sociale» qui passait (entre autres) par le désarmement des milice et le démantèlement des collectivisations.
En quatrième de couverture du livre signé Leverrier, la mention de celui sur Saint-Just, ses idées politiques et sociales, de Pierre Derocles, autre pseudonyme d’Albert Soboul.
Numéro clandestin de France d’abord!
Fascicules de la collection «Jeunesse héroïque».
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19 mercredi Fév 2020
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in≈ Commentaires fermés sur Marianne Enckell au CIRA Marseille, pour parler de Clément Duval, anarchiste et bagnard
17 lundi Fév 2020
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in≈ Commentaires fermés sur “La Commune des lumières. Portugal 1918 – Une utopie libertaire” ~ par Jean Lemaitre
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Anarchisme, António Gonçalves Correia, Éditions Otium, Jean Lemaitre, Portugal, Utopie
La Commune des lumières au Portugal fut, en 1918, une expérience de réalisation d’un projet de vie communautaire se réclamant de l’anarcho-communisme. Malgré sa brièveté et le peu de traces écrites qu’elle a léguées, elle a durablement marqué les populations de l’Alentejo.
La figure de celui qui en fut le principal instigateur, António Gonçalves Correia, pionnier du naturisme et des pédagogies nouvelles, sa vie et ses combats demeurent une référence pour l’ensemble des composantes du mouvement révolutionnaire au Portugal, et ce bien au-delà de celles se réclamant de la tradition libertaire. Jean Lemaître explore cet héritage, entre reportage et fiction, sans négliger les rares archives disponibles.
Détails sur le site du diffuseur.
04 lundi Nov 2019
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in≈ Commentaires fermés sur “Sur les traces de Madeleine Pelletier” ~ projet de film de Florence Sitoleux
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Anarchisme, Avortement, Féminisme, Florence Sitoleux, Lutte des classes, Madeleine Pelletier
Un documentaire de 52 minutes sur Madeleine Pelletier (1874 -1939), féministe “intégrale”. Petite fille misérable, autodidacte, médecin, pionnière du droit à l’avortement, elle est la première à distinguer sexe biologique & identité sexuelle psychologique.
Synopsis
Il est 6h du matin ce 19 avril 1939 quand le docteur Pelletier entend tambouriner à sa porte. C’est le Commissaire Zamaron qui vient procéder à une perquisition.
Qui peut bien être cette femme jugée si dangereuse qu’on va lui refuser de se défendre dans le cadre d’un procès? Madeleine Pelletier est déclarée nocive pour l’ordre public et la sécurité des personnes et placée en asile. Affaire classée. Retour sur l’histoire d’une femme qui a repoussé les frontières de la condition féminine…Les mots de la réalisatrice
Depuis plusieurs années j’agis en tant que chargée de production au service de projets réalisés par d’autres. Aujourd’hui, je me lance à mon tour dans la réalisation d’un documentaire. C’est l’histoire d’un coup de foudre pour une femme que j’ai découverte grâce à un article dans un journal. Depuis, je travaille afin qu’elle sorte de l’oubli et soit reconnue à la hauteur de ses engagements.
Pour participer au financement, c’est ICI.