• À PROPOS…

LA RÉVOLUTION ET NOUS

~ le blogue historien de Claude Guillon

LA  RÉVOLUTION  ET  NOUS

Archives de Tag: Marc Belissa

“La république de Prieur de la Marne. Défendre les droits de l’homme en état de guerre, 1792-an II” ~ par Suzanne Levin

17 lundi Oct 2022

Posted by Claude Guillon in «Annonces», «Bibliothèque»

≈ Commentaires fermés sur “La république de Prieur de la Marne. Défendre les droits de l’homme en état de guerre, 1792-an II” ~ par Suzanne Levin

Étiquettes

Bienfaisance, Constitution civile du clergé, Convention nationale, Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, Esclavage, Hervé Leuwers, Levée en masse, Marc Belissa, Prieur de la Marne, République, Suzanne Levin, Terreur, Wimpffen

Introduction du livre.

Page dédiée sur le site de l’éditeur.

Share this:

  • Imprimer
  • E-mail
  • Twitter
  • WhatsApp
  • LinkedIn
  • Plus
  • Pinterest
  • Tumblr
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…

“Les mouvements sociaux à l’ère des révolutions atlantiques” ~ une recension par Marc Belissa du dernier livre de Micah Alpaugh  

10 lundi Jan 2022

Posted by Claude Guillon in «Bibliothèque»

≈ Commentaires fermés sur “Les mouvements sociaux à l’ère des révolutions atlantiques” ~ une recension par Marc Belissa du dernier livre de Micah Alpaugh  

Étiquettes

Atlantique, Marc Belissa, Micah Alpaugh

 

Une utile recension par Marc Belissa (Université Paris-Nanterre), du livre de Micah Alpaugh, Friends of Freedom. The Rise of Social Movements in the Age of Atlantic Revolutions, Cambridge University Press, 2021, 502 p. à lire intégralement sur le site Révolution française.

Le dernier ouvrage de Micah Alpaugh entend présenter les relations et les interactions entre les «social mouvements» dans l’aire atlantique pendant ce qu’il est convenu d’appeler l’ère des Révolutions. Micah Alpaugh laisse volontairement de côté les révolutions patriotiques hollandaise, belge, liégeoise, genevoise, polonaise des années 1787-1791 pour rester dans le cadre «atlantique», de même il arrête son étude avant la vague révolutionnaire des années 1810-1820 en Amérique latine.
Les chapitres se suivent selon une logique chronologique et géographique. Dans la première partie, le point de départ est le mouvement contre le Stamp Act en 1765-1766 dans les colonies d’Amérique du Nord, puis celui contre les Townshend Acts jusqu’à la Révolution américaine. Micah Alpaugh passe ensuite dans les Iles britanniques avec le mouvement wilkite et celui pour la réforme parlementaire mais aussi en Irlande avec le mouvement des Volunteers aboutissant à l’autonomie législative du Parlement de Dublin. Il poursuit son étude par le mouvement pour la liberté religieuse et pour les droits des Dissenters et celui pour l’abolition de la traite en Grande-Bretagne et aux états-Unis. Dans la deuxième partie, l’auteur aborde la constitution du réseau jacobin dans la Révolution française et celle des sociétés de gens de couleur à Saint-Domingue, puis l’impact de la Révolution française sur le mouvement radical dans les Iles britanniques avant de revenir aux États-Unis avec l’émergence et la victoire du parti républicain démocrate aux États-Unis. […]

Extraits du livre sur Google Books.

Premier chapitre, offert par l’éditeur au format pdf (coupé par Google).

Share this:

  • Imprimer
  • E-mail
  • Twitter
  • WhatsApp
  • LinkedIn
  • Plus
  • Pinterest
  • Tumblr
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…

“ÉTRILLER L’IDOLE, COMPLEXIFIER LA POLITIQUE RÉVOLUTIONNAIRE” ~ recension par Jean-Clément Martin de “Robespierre, les femmes et la Révolution”

21 lundi Juin 2021

Posted by Claude Guillon in «Bibliothèque»

≈ Commentaires fermés sur “ÉTRILLER L’IDOLE, COMPLEXIFIER LA POLITIQUE RÉVOLUTIONNAIRE” ~ recension par Jean-Clément Martin de “Robespierre, les femmes et la Révolution”

Étiquettes

Albert Mathiez, Dames de la Halle, Enragé·e·s, Florence Gauthier, Jacques Roux, Jean-Clément Martin, Jean-François Varlet, Marc Belissa, Reine Audu, Robespierre, Société des citoyennes républicaines révolutionnaires, Théophile Leclerc, Yannick Bosc

À propos de Claude Guillon, Robespierre, les femmes et la Révolution (Paris, Editions ihmo, 2021, 355 pages).

 

Une lecture érudite et critique de l’historiographie révolutionnaire autour du rôle des femmes et notamment des marchandes des Halles.

 

Claude Guillon, bien connu par tous ceux qui s’intéressent aux «Enragés» de la Révolution et à leur historiographie, manie avec autant de plaisir et de dextérité engagement, érudition, méthodologie et polémique ; il me fait penser à quelqu’un qui confectionnerait un drapeau rouge comme une tapisserie à points comptés en donnant de bons coups d’épingle.

Le sujet s’y prête. Les leçons historiographiques couvrent un spectre immense et contradictoire, l’acteur principal demeure un sujet d’une complexité inépuisable, enfin l’étude des femmes, surtout de leurs interventions politiques et sociales, est loin d’être aussi avancée qu’on pourrait l’espérer après quelques décennies de travaux reconnus. 

En mobilisant toutes les ressources possibles, débats, journaux, mémoires et ouvrages histoire de la Révolution française, Claude Guillon traque impitoyablement les réticences et les dérobades de Robespierre devant les prétentions des femmes à être reconnues comme autrices, comme citoyennes et surtout citoyennes révolutionnaires.

Que ce soient par ses allusions, ses compliments et même par ses silences, Robespierre manifeste constamment une misogynie partagée avec la quasi-totalité des hommes de son époque. Plus intéressant est de relever, comme le fait l’Auteur, la dimension proprement politique de cette attitude qui vise plus spécifiquement les femmes les plus engagées dans la Révolution avec le groupe des «Enragés», Varlet, Leclerc et Roux, alliant ainsi des réclamations sociales et politiques aux revendications de «genre». Si la chose n’est pas inconnue, C. Guillon relève avec précision toutes les tentatives faites pour exonérer Robespierre de ce travers en accumulant les citations empruntées à A. Mathiez, à F. Gauthier ou Y. Bosc et M. Belissa. De ce fait la démonstration suit un itinéraire compliqué.

Plus neuf, deux chapitres sont de véritables pas de côté quand l’auteur examine les liens de Robespierre avec les dames de la Halle, occasion pour renouveler le sujet avec des citations peu fréquentes. D’un seul coup, les journées des 5 et 6 octobre 1789, la fameuse marche des femmes sur Versailles, et la fermeture des clubs féminins dans l’automne 1793 sont compréhensibles au-delà des légendes ordinaires, montrant les divisions entre les groupes de marchandes et les femmes qui allèrent à Versailles. En outre on suit les itinéraires des deux personnalités à la tête de la communauté des marchandes, ces deux «reines» des Halles et «d’Hongrie», jamais bien identifiée – ce même si le lecteur reste un peu sur sa faim à propos de la non moins fameuse Reine Audu ou Louis-Reine Leduc dont le rôle exact demeure difficile à cerner. Mais est-il possible de faire plus ?

L’essentiel est de comprendre ici que les dames des Halles sont devenues via un légendaire qui les soumettait à l’ordre masculin les héroïnes d’octobre alors qu’elles souhaitaient garder leur pouvoir sur le commerce, sans céder sur leurs convictions religieuses et surtout sans se soumettre aux citoyennes républicaines révolutionnaires. Toutes les ambiguïtés des politiques menées par les hommes au pouvoir, Robespierre évidemment qui doit être compris dans ce groupe-là, sans vouloir l’en isoler, sont ainsi mises à plat dans l’espoir que les histoires à venir de la Révolution ne les gomment pas mais réfléchissent à ces errements, dont la connaissance ne peut que servir à en éviter le retour, le cas échéant.

Jean-Clément Martin

Capture d’écran 2021-06-21 à 10.50.32

Texte publié sur Le blog de Jean-Clément MARTIN.

Éditions IMHO

Share this:

  • Imprimer
  • E-mail
  • Twitter
  • WhatsApp
  • LinkedIn
  • Plus
  • Pinterest
  • Tumblr
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…

Un trajet en histoire du discours. Le cas de la Révolution française ~ par Jacques Guilhaumou

13 jeudi Août 2020

Posted by Claude Guillon in «Articles»

≈ Commentaires fermés sur Un trajet en histoire du discours. Le cas de la Révolution française ~ par Jacques Guilhaumou

Étiquettes

Albert Soboul, André Salem, Annie Geffroy, Bernard Conein, Boissy-d'Anglas, Cesare Vetter, Damon Mayaffre, Denise Maldidier, Ferdinand Brunot, Florence Gauthier, Françoise Brunel, Hans Erich Bödeker, Hans-Jürgen Lüsebrink, Hayden White, Hébert, Jacques Guilhaumou, Jacques Roux, Jürgen Habermas, Jürgen Link, Jean-Baptiste Marcellesi, Jean-Pierre Faye, John A. G. Pocock, Keiht Baker, Le Père Duchesne, Louis Althusser, Luc Boltanski, Lucien Febvre, Marc Belissa, Marc Deleplace, Marco Marin, Maurice Tournier, Michel Foucault, Michel Pêcheux, Paul Ricoeur, Peter Schöttler, Pierre Fiala, Quentin Skinner, Raymonde Monnier, Régine Robin, Reinhart Koselleck, Robert Mandrou, Rolf Reichardt, Sophie Wahnich, Thomas Paine, Yannick Bosc

J’ai voulu, avec son accord, mettre à disposition cet article de Jacques Guilhaumou, malgré son aspect «technique» qui pourra rebuter certaines et certains. Il est cohérent avec les buts que je me suis fixé dans ce blogue de publier des textes aux «niveaux de lecture» très différents. Chacun·e trouvera, je l’espère, de quoi faire son propre miel.

Je suis responsable des culs-de-lampe, qui utilisent la vignette figurant sur la couverture du journal d’Hébert (dont il est très souvent question dans ce texte, comme dans tous ceux qui traitent du langage pendant la Révolution).

C. G.

 

Un trajet en histoire du discours. Le cas de la Révolution française[1]

 

Version française de Jacques Guilhaumou «Geschichte und Sprachwissenschaft: Wege und Stationen in der “analyse du discours”», Handbuch Sozial-wissenschaftliche Diskursanalyse, R. Keller und alii hrsg., Band 2, Opladen, Leske+Budrich, 2003, traduction et présentation de Reiner Keller, 2003, p. 19-65.  Avec une annexe complémentaire de 2016.

Résumé

La présence de l’analyse de discours en histoire est restée modeste, mais  ne s’est pas démentie depuis la mise en place de la relation entre histoire et linguistique au cours des années 1970. Elle a permis de maintenir une interrogation sur les enjeux discursifs en histoire, et plus récemment sur l’importance de la réflexivité et de l’intentionnalité historique chez les acteurs de l’histoire. L’objectif présent est de refaire l’historique des liens entre histoire et linguistique depuis une trentaine d’années pour montrer l’importance en France de l’analyse de discours du côté de l’histoire en tant que discipline interprétative à part entière. Ce texte bilan écrit au début des années 2000 a été complété par une annexe, rédigée en 2016, qui resitue les moments de l’histoire du discours en Révolution française au croisement des critères suivants : le paradigme interprétatif dominant, les méthodes linguistiques utilisées, les champs historiques couverts, le domaine d’historicité concerné dans le lien ou non à l’historiographie de la Révolution française, et enfin la fonctionnalité principale.

Introduction

Au début des années 1970, Régine Robin, dans son ouvrage pionnier sur Histoire et linguistique (1973) accompagné d’une publication collective (Guilhaumou et alii, 1974) auxquels nous avons collaboré, pose frontalement le problème de l’absence de reconnaissance, au sein de la communauté historienne, des recherches ayant trait au langage, en dépit des avancées antérieures de l’école des Annales, autour de Lucien Febvre et Robert Mandrou. La réticence des historiens français face à tout étude qui touche de près ou de loin les pratiques langagières dans un contexte historique précis a perduré jusqu’à nos jours, d’autant plus qu’elle a été ravivée par la querelle récente à propos du «linguistic turn» (Noiriel, 1996; Schöttler, 1997). L’historien Gérard Noiriel (1998) notait encore récemment la position marginale de l’approche langagière au sein de la discipline historienne, en dépit de son rapprochement, déjà ancien mais amplifié, avec l’histoire langagière des concepts en Allemagne et plus récent avec les recherches équivalentes dans  le monde anglophone (Guilhaumou, 2000).

Pourtant la présence de l’analyse de discours en histoire ne s’est pas démentie au cours de ses trente dernières années. De fait, elle a permis de maintenir une interrogation sur les enjeux discursifs en histoire, et leur valeur interprétative, sans pour autant entamer la domination de l’explication narrative associée au débat sur le caractère fictionnel ou non de l’écriture historique (Prost, 1996)

Il convient donc de refaire l’historique des liens entre histoire et linguistique depuis une trentaine d’années pour montrer l’importance en France de l’analyse de discours du côté de l’histoire en tant que discipline interprétative à part entière. Compte tenu de l’ampleur de la tâche, nous avons préféré nous en tenir, hormis de rares incursions dans le discours politique contemporain, à des exemples pris dans le 18ème siècle français, majoritairement présents dans les travaux des historiens du discours, tout en l’ouvrant à la période du Sattelzeit (1750-1850) mis en valeur par les perspectives pionnières de l’historien allemand Reinhart Koselleck.

Au départ, c’est-à-dire pendant les années 1970, la relation entre histoire et linguistique se limitait à permettre enfin l’accès du discours au champ historiograhique. Une configuration méthodologique, centrée sur la construction du corpus, dominait l’approche du discours comme objet d’histoire. Les années 1980 marquent un tournant décisif dans la mesure où ce qu’il convenu d’appeler désormais l’analyse du discours du côté de l’histoire, par le fait du recours à une démarche non plus structurale, mais configurationnelle, devient une discipline interprétative à part entière. Enfin, en multipliant les contacts tant en France qu’à l’étranger, en les amplifiant dans les années 1990. l’historien linguistique se rapproche de l’histoire langagière des concepts, tout en systématisant sa démarche au sein d’une histoire linguistique des usages conceptuels et en ouvrant une nouvelle perspective sur l’histoire des événements linguistiques.

1- Le discours comme objet de l’histoire: les années 1970

Dès son origine l’analyse de discours en France[2], dont la manifestation la plus spectaculaire est le colloque de lexicologie politique[3] tenu à l’Université de Paris X-Nanterre quelque temps avant les événements de mai 1968, se veut, dans son ensemble, une discipline restreinte, mais rigoureuse sur la base d’un modèle de scientificité emprunté à la linguistique distributionnelle américaine (Harris): analyse formelle, exhaustivité et systématicité s’efforcent d’aller de pair.

De fait il s’agit d’abord d’une démarche que nous qualifierions aujourd’hui de sociolinguistique en ce sens qu’elle associe un modèle linguistique, essentiellement l’analyse d’énoncé,  à un modèle sociologique, défini à travers la notion de conditions de production, autre désignation du contexte dans lequel on puise les éléments du corpus étudié. A la démarche du linguiste qui décrit les propriétés formelles des énoncés, en y cernant des variations, s’associe celle du sociologue qui cherche à comprendre la part de la variation des langages dans les pratiques sociales. Tout est ici affaire de correspondances, de co-variance entre des structures linguistiques et des modèles sociaux en cherchant parfois à établir une relation de cause à effet, même si le simple parallélisme est l’attitude la plus courante en la matière (Drigeard, Fiala, Tournier, 1989). Ainsi, une conjoncture historique peut engendrer des effets discursifs, comment nous l’avions montré (1975b) à propos des effets discursifs de l’hégémonie jacobine en 1793, dans le trajet de l’interdiscours jacobin aux effets de l’événement, et plus largement à l’effet de conjoncture.

De même la recherche de Régine Robin (1970) sur une ville sous l’Ancien Régime, Semur-en-Auxois, comportait d’une part une analyse des structures sociales d’un bailliage bourguignon à la veille de la Révolution française, et d’autre part une analyse du contenu des Cahiers de doléances de la bourgeoisie et de la paysannerie à partir d’un certain nombre de mots-pivots, selon une approche linguistique combinant analyse d’énoncé et étude du vocabulaire socio-politique. Les premiers travaux des linguistes analystes de discours s’inscrivaient aussi dans la même perspective, qu’il s’agisse de l’étude de Jean-Baptiste Marcellesi (1971) sur le Congrès de Tours de 1920 ou de celle de Denise Maldidier (1970) sur le vocabulaire politique de la Guerre d’Algérie.

Cependant la version « faible » de l’analyse de discours était la plus courante chez les jeunes historiens du discours qui abordaient alors leurs premières recherches: elle revenait à étudier les champs sémantiques de notions jugées centrales dans le corpus pris en compte. Ainsi en est-il de notre premier travail sur le discours du Père Duchesne (1974), issu de la presse pamphlétaire de 1793, et qui tend à mettre en valeur une forme dissimulée du discours jacobin autour des usages de la notion de sans-culotte. Cette approche du champ sémantique présente toujours l’avantage de s’inscrire dans une tradition lexicologique, incarnée par Ferdinand Brunot et qui côtoie tout au long du XXe siècle les avancées des historiens, en particulier au sein de  l’école des Annales. Tout en abandonnant le critère implicite de nombreux historiens de la transparence du sens des textes, et de rompre dans le même temps avec la citation illustrative, elle s’avère d’un abord simple, sans connaissance technique autre qu’une bonne connaissance  des parties de la grammaire.

Il revenait plutôt au linguiste travaillant sur des matériaux historiques d’élaborer une version «forte» de l’analyse de discours dans une optique essentiellement syntaxique.  Cela équivalait à ne retenir, au sein d’un corpus de textes imprimés, qu’une série d’énoncés autour de mots-pivots auxquels le linguiste applique des règles d’équivalence grammaticale permettant d’obtenir, sous une forme paradigmatique, un ensemble de phrases transformées qui constitue en quelque sorte la série des prédicats des mots-pivots. Cependant cette approche syntaxique reste toujours l’apanage du linguiste, ou tout au plus de l’historien linguiste, dans la mesure où l’historien ordinaire trouve trop lourd l’investissement linguistique nécessaire à sa mise en œuvre. Pour autant elle donne une image exemplaire de collaboration interdisciplinaire. Ainsi dans le travail conjoint de la linguiste Denise Maldidier et de l’historienne Régine Robin (1974), sur les remontrances parlementaires face aux Edits de Turgot de 1776, le corpus des phrases régularisées par la linguiste autour des mots-pivots liberté et règlement est reproduit intégralement. La sélection des termes repose ici sur un savoir historique préalable: il est supposé d’évidence que c’est autour des notions de liberté et de règlement que se joue alors l’affrontement entre noblesse et bourgeoisie dans la conjoncture de la tentative réformatrice de Turgot qui échouera.

Au contact de la linguistique structurale, l’historien du discours a donc pu se constituer un outillage méthodologique toujours d’actualité, mais qui a largement débordé sur l’analyse de contenu (Bardin, 1989). Ainsi s’est instauré, dans la relation entre histoire et linguistique, un rapport stable à des outils lexicaux et grammaticaux d’analyse répondant aux besoins de description systématique de l’usage des mots et des énoncés.

Dans cette perspective, la lexicométrie s’est imposée comme le principal moyen de quantifier les faits langagiers et sert ainsi désormais de support à toutes sortes d’analyses linguistiques (Lebart, Salem, 1994), au sein de ce que nous appelons aujourd’hui la linguistique de corpus (Habert, Nazarenko, Salem, 1997). L’historien du discours peut faire appel à la lexicométrie lorsqu’il veut démêler, en première approche, l’intrication des phénomènes énonciatifs et rhétoriques qui constituent la surface discursive d’un texte, par contraste avec les énoncés qui le structurent sémantiquement autour de mots-pivots étudiés en analyse harissienne. Nous pouvons ainsi aborder, comme le montre les travaux pionniers de Maurice Tournier (1975), le vif des usages d’un ou plusieurs mots dans le contexte même d’un corpus. Mais là encore, la procédure d’analyse porte sur un corpus réduit, non plus un corpus d’énoncés, mais le tableau lexical à double entrée des formes recensées automatiquement du corpus qui sont ventilées sur la base de leur fréquence absolue et relative dans les diverses parties du discours. L’analyse factorielle des correspondances est la méthode quantitative la plus spectaculaire en la matière au terme d’une démarche lexicométrique unitaire, comme le montre le travail récent de Damon Mayaffre (2000) sur le discours politique d’entre-deux-guerres, qui s’inscrit cependant dans une autre configuration méthodologique comme nous le verrons dans la troisième partie. Cette méthode à la fois quantitative et synthétique permet en effet d’appréhender d’un seul coup d’œil, sur l’écran de son ordinateur ou sur la feuille de papier, les clivages les plus importants du corpus, soit entre les auteurs, soit entre des ensembles de vocabulaire, soit les deux ensemble.

La procédure initiale de l’analyse de discours du côté de l’histoire a donc permis, sur la base des méthodes linguistiques et lexicométriques, d’introduire des critères d’exhaustivité et de systématicité à l’intérieur de corpus comparatifs, sélectionnés sur leurs conditions de production. Ainsi l’historien du discours se démarque dès le départ de l’historien classique  en contestant l’idée que la lecture d’un texte n’est qu’un moyen d’atteindre un sens caché, de cerner un référent pris dans l’évidence du sens.

Cependant l’analyse du discours comme objet de l’histoire présentait un triple écueil. En premier lieu, elle introduisait une coupure nette entre le corpus choisi, à vrai dire fort restreint au terme de la procédure d’analyse, et le hors-corpus défini de façon référentielle et générale par la notion de conditions de production. En second lieu, le choix des mots-pivots reposait sur le jugement de savoir de l’historien, pris lui-même dans le champ des débats historiographiques du moment. Enfin, elle constituait, sur des bases idéologiques et historiographiques, des entités discursives séparées telles que le discours noble, le discours bourgeois, le discours jacobin, le discours sans-culotte, etc.

Il ne faut pas cependant sous-estimer les résultats de ses premiers travaux en matière de connaissance des stratégies discursives. Ainsi en est-il de notre étude comparative de la presse pamphlétaire en 1793 (1975) qui met en évidence le contraste entre un «authentique» discours sans-culotte, celui de Jacques Roux, et le discours jacobin d’Hébert, auteur du Père Duchesne, basé sur des effets populaires estompant ses contenus jacobins. C’est dire aussi que l’analyse de discours relevait, à un niveau plus fondamental, d’une théorie du discours doublement issu du marxisme et de l’apport alors récent de Michel Foucault, en particulier dans L’archéologie du savoir (1969).

Si Michel Pêcheux suivait volontiers Michel Foucault dans sa critique de l’humanisme, et son corollaire la mise en avant de la subjectivité de l’individu, il s’en séparait nettement par le refus d’un geste interprétatif qui récusait, avec Michel Foucault,  l’existence d’une formation sociale préconstruite, à l’identique des concepts du matérialisme historique. Il s’agissait alors, toujours pour Michel Foucault, de substituer au mouvement dialectique un « mouvement de l’interprétation » (1994, I, 564 et suivantes). Ce refus initial, chez les « linguistes marxistes », de la démarche interprétative devait fortement contribué à limiter la portée de l’analyse de discours au cours des années 1970, et par là même de l’appréhension de l’historicité des textes. Les années 1980 ouvriront, certes tardivement, l’analyse de discours au questionnement herméneutique.

Cependant, deux concepts, tels qu’ils sont formulés par Michel Pêcheux (1975), étaient  centraux, ceux de formation discursive et d’interdiscours. L’étude des formations discursives permettait de déterminer ce qui peut et doit être dit dans une conjoncture donnée. Le risque était là, nous l’avons déjà souligné, de classer les diverses formations discursives d’une formation sociale, à l’exemple de l’opposition noblesse/bourgeoisie sous l’Ancien Régime. Le concept d’interdiscours introduisait alors une approche plus dialectique, dans la mesure où il était permis de dire que toute formation discursive dissimule, dans la transparence du sens propre à la linéarité du texte, une dépendance à l’égard d’un «tout complexe à dominante» selon la formule du philosophe marxiste Louis Althusser (1965), ensemble qui n’est autre que l’interdiscours, cet espace discursif et idéologique où se déploient les formations discursives en fonction de rapports de domination, de subordination et de contradiction. Cette conceptualisation «forte» rencontrait alors le souci de l’historien du discours d’inscrire durablement son interrogation du côté de la tradition marxiste[4]. Là où dominait au départ une approche taxinomique, isolant des éléments simples (discours bourgeois/discours féodal; discours jacobin/discours sans-culotte) dans le corps complexe des discours, il était question en fin de compte, dans le jeu de l’interdiscours et de l’intradiscours, d’intrication de stratégies discursives, d’affrontements et d’alliances langagiers. C’est d’ailleurs sur cette voie que s’est  opérée la rencontre de Michel Pêcheux avec des chercheurs allemands soucieux des phénomènes langagiers, en particulier Jürgen Link et Peter Schöttler (Pêcheux, 1984, Schöttler, 1988). Le bilan de l’analyse de discours comme objet de l’histoire, telle qu’elle a été pratiquée par un petit groupe d’historiens au cours des années 1970,  n’a donc rien de négatif, en dépit de ses évidentes impasses. C’est par la multiplication des contacts avec diverses interrogations langagières de chercheurs français et étrangers et une attention nouvelle à l’archive que s’opère, dans les années 1980, la sortie vers ce que nous pouvons appeler désormais l’analyse de discours du côté de l’histoire.

Lire la suite →

Share this:

  • Imprimer
  • E-mail
  • Twitter
  • WhatsApp
  • LinkedIn
  • Plus
  • Pinterest
  • Tumblr
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…

“Le moment thermidorien de Charles-François Dumouriez. Œuvres politiques (1795)” ~ édité par Marc Belissa

24 vendredi Mai 2019

Posted by Claude Guillon in «Annonces», «Bibliothèque»

≈ Commentaires fermés sur “Le moment thermidorien de Charles-François Dumouriez. Œuvres politiques (1795)” ~ édité par Marc Belissa

Étiquettes

Boissy-d'Anglas, Bronislaw Baczko, Constitution de 1793, Dumouriez, Françoise Brunel, Lutte des classes, Marc Belissa, Terreur, Thermidor, Yannick Bosc

Cliquez sur les images pour les AGRANDIR.

Introduction (extrait)

L’historiographie du « moment thermidorien » compris comme la période entre l’exécution des « robespierristes » à partir du 10 thermidor an II (28 juillet 1794) et l’installation du Directoire le 1er vendémiaire an IV (26 octobre 1795) — a été entièrement renouvelée depuis 1989, notamment avec les travaux de Françoise Brunel et Bronislaw Baczko, puis avec les colloques de 1995 sur « Le tournant de l’an III » dirigé par Michel Vovelle et celui sur « 1795, Pour une République sans Révolution » dirigé par Roger Dupuy et Marcel Morabito. Citons également L’automne de la Révolution de Sergio Luzzatto (ouvrage paru en italien en 1994 et traduit en français en 2001), et enfin, plus près de nous, l’ouvrage de Yannick Bosc sur Thomas Paine en l’an III ou celui de Loris Chavanette. Cette période, d’une redoutable complexité politique, est donc aujourd’hui étudiée pour elle-même et non plus comme une simple parenthèse entre les débuts de la Convention et le Directoire.

Si l’existence d’une rupture politique pendant la période thermidorienne est admise par tous les historiens, la question de sa nature continue à faire débat et à susciter des interprétations divergentes. Trois grands schémas interprétatifs – non exclusifs les uns des autres – peuvent être distingués.

Selon la première interprétation, la constitution de 1795 marque un « retour à 1789 » après la parenthèse de la révolution radicalisée entre 1792 et 1794. La constitution de l’an III aurait renoué avec les principes « bourgeois » – liberté d’entreprendre, égalité juridique formelle, sanctification de la propriété – censés être ceux de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789. Dans le récit standard partagé par les historiens « libéraux » et « marxistes » qui fait de la Révolution française une « Révolution bourgeoise » – c’est-à-dire une révolution de la bourgeoisie contre l’Ancien régime destinée à lever les obstacles à la constitution d’une société bourgeoise débarrassée des restes du « féodalisme » et à la construction d’une économie capitaliste caractéristique de la « modernité » sociale –, la période de la Convention thermidorienne serait donc celle du « retour à la normale ». Une deuxième interprétation, plus « politique » et « culturelle » insiste sur la « sortie de la Terreur » pour reprendre l’expression de Bronislaw Baczko. La République se refonde en l’an III sur la base du rejet ce que l’on commence à appeler le « système de la Terreur ». On assiste alors à la construction d’un récit nouveau englobant l’histoire de la Révolution depuis 1789, récit dont le but est de marquer la fin du processus révolutionnaire, considéré comme clos. En « sortant de la Terreur », la République maintenue entend se reconstituer autour de l’idée de « modération », rejetant les « extrêmes » royaliste et « jacobin ».

Une troisième interprétation – refusant le récit standard de la Révolution bourgeoise – considère que le tournant thermidorien n’est pas un « retour à 1789 » mais une refondation sociale et politique conservant la forme républicaine tout en rejetant l’intervention populaire et la démocratie renvoyées du côté de la « Terreur » ou de « l’anarchie ». Il s’agit non de revenir à la normativité de la déclaration des droits naturels de l’homme de 1789 ou de renouer avec la possibilité de la résistance à l’oppression qu’elle avait consacrée, mais de marquer une rupture avec elles pour imposer une nouvelle conception de l’ordre social des propriétaires et des élites que l’on peut appeler une République sans la démocratie — une « aristocratie des riches » pour reprendre l’expression de l’abbé Grégoire en 1791 – dans laquelle le respect dû aux autorités élues censitairement et à la loi positive tient lieu de « valeur » fondamentale. Au-delà des divergences d’interprétation, il est certain que ces quinze mois sont le cadre d’un tournant politique majeur que l’on a eu tendance par le passé à réduire à l’idée de « réaction » bourgeoise contre la « Terreur ». Pourtant, la période n’est pas que cela, elle est aussi un formidable laboratoire politique pendant lequel les contemporains élaborent des récits de la Révolution depuis 1789 et entendent tirer les leçons des processus enclenchés depuis cette date. L’obsession qui se manifeste depuis 1789, chez la plupart des acteurs politiques, de « terminer la Révolution » est au cœur de cette réécriture historique et politique.

Dans les mois qui suivent l’exécution des « robespierristes », un triple processus de rupture avec les dynamiques révolutionnaires antérieures se manifeste. Tout d’abord, la plupart des lois sociales et de surveillance de l’an II – qui avaient été mises en place depuis les journées des 30 mai et 2 juin 1793 qui avait vu la chute des Girondins – sont progressivement abolies, tandis que les lois de « salut public » que l’on commence à qualifier de « terroristes » sont l’objet d’attaques virulentes venues de la Plaine et du « côté droit » de la Convention. Elles sont elles aussi abolies en partie.

Ce démantèlement législatif et judiciaire s’accompagne de l’élimination politique (et parfois physique pendant la « Terreur Blanche ») d’une partie du personnel politique et administratif de l’an II, qualifiée de « buveurs de sang » et d’«anarchistes ». L’accusation de « robespierrisme » puis de « terrorisme » permet ce retournement qui aboutit rapidement à un glissement à droite au sein de la Convention mais aussi dans le pays où les anciens militants populaires de l’an II se trouvent exclus des institutions locales au profit de notables « modérés », voire d’émigrés rentrés en France et pressés d’en découdre avec les « anarchistes ».

Enfin, ces processus s’accompagnent d’une remise en cause de la Constitution de 1793 qui avait été pourtant approuvée par un vote populaire. Certes, la constitution n’avait pas été mise en vigueur du fait de la guerre, mais les principes de la Déclaration des droits qui la précédait avaient été au centre de la politique démocratique et sociale de l’an II. La constitution de 1793 est accusée par les thermidoriens comme Boissy d’Anglas d’être le « code de l’anarchie » et de constituer le principe même de la « Terreur ». Le « système de la Terreur », expression popularisée par Tallien le 28 août 1794, est alors dénoncé comme l’origine de tous les maux du pays. Boissy d’Anglas voit dans le mot d’ordre « la terreur à l’ordre du jour », la « première ligne » de la constitution de 1793 assimilée à un « code de sang » fustigeant les riches. Pour le député Courtois qui rapporte sur les « crimes de Robespierre » le 16 nivôse an III (5 janvier 1795), l’objectif de la « tyrannie » de Robespierre était « le nivellement, la sans-culottisation générale, par l’extinction des richesses et la ruine du commerce. » Pour les thermidoriens, la « Terreur » est donc d’abord une politique économique et sociale « anarchique », car opposée aux intérêts des propriétaires et des riches. Il faut donc « sortir de la Terreur » et refonder un nouvel ordre social, celui des propriétaires, car, comme le dit Boissy d’Anglas, seul « un pays gouverné par les propriétaires est dans l’ordre social ».

Le moment thermidorien de Charles-François Dumouriez. Œuvres politiques (1795), Paris, Kimé, 2019, introduit, édité et annoté par Marc Belissa, 280 p., 26 €.

Share this:

  • Imprimer
  • E-mail
  • Twitter
  • WhatsApp
  • LinkedIn
  • Plus
  • Pinterest
  • Tumblr
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…

“Des sans-culottes aux Gilets jaunes” ~ avec Alain Hugon, Marc Belissa & Michèle Riot-Sarcey

08 mardi Jan 2019

Posted by Claude Guillon in «D'une révolution l'autre», Vidéothèque

≈ Commentaires fermés sur “Des sans-culottes aux Gilets jaunes” ~ avec Alain Hugon, Marc Belissa & Michèle Riot-Sarcey

Étiquettes

1793, Alain Hugon, Émeutes paysannes, Démocratie directe, Marc Belissa, Michèle Riot-Sarcey

Share this:

  • Imprimer
  • E-mail
  • Twitter
  • WhatsApp
  • LinkedIn
  • Plus
  • Pinterest
  • Tumblr
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…

«Robespierre, biographies» ~ par Jacques Guilhaumou

25 dimanche Nov 2018

Posted by Claude Guillon in «Bibliothèque»

≈ Commentaires fermés sur «Robespierre, biographies» ~ par Jacques Guilhaumou

Étiquettes

Hervé Leuwers, Jacques Guilhaumou, Jean-Clément Martin, Marc Belissa, Robespierre, Yannick Bosc

Je reproduis ci-dessous une chronique de Jacques Guilhaumou sur les récentes biographies de Robespierre, qui vint compléter la réponse aux affabulations de M. Gauchet sur le silence historien supposé sur le sujet.

On constatera, sans surprise, que les femmes tenant très peu de place dans les ouvrages recensées, elle n’en ont aucune dans ce court article…

Les biographies de Robespierre se sont multipliées depuis 2013. Dans un premier temps, Marc Belissa et Yannick Bosc (Robespierre. La fabrication d’un mythe, Paris, Ellipses, 2013) ont proposé une vaste synthèse sur la façon dont les historiens et la société française ont appréhendé cette figure historique majeure au cours de la période contemporaine. Objet d’histoire conflictuel et actuel, les figures historiographiques de Robespierre méritaient d’être confrontées à leur source, Robespierre lui-même, ainsi que le font, certes de manière différente, Hervé Leuwers et Jean-Clément Martin.

La biographie d’Hervé Leuwers, basée sur une revisite des sources manuscrites et imprimées, nous apprend beaucoup sur la formation et la carrière d’avocat de Robespierre, tout en considérant l’homme politique de manière spécifique. Il partage avec Jean-Clément Martin le souci de restituer les logiques successives des positions, des discours, et des actes de Robespierre, tout en faisant la part des légendes. Figure d’exception, Robespierre apparaît alors comme un personnage à double face, d’un côté «Ce n’est pas un homme “ordinaire”» (Hervé Leuwers), de l’autre côté, il participe aux hésitations, aux échecs, aux opinions indécises des autres patriotes (Jean-Clément Martin).

Robespierre hérite de la culture familiale la connaissance du droit et le goût de plaider. Garçon plutôt solitaire, mais très investi dans ses études, il est fier de la réussite qu’il obtient à Paris, au collège Louis-le-Grand sous la férule de prêtes séculiers. Maître ès arts en 1778, puis licencié en droit en 1781, il prête son serment d’avocat à Arras. Hervé Leuwers montre alors à quel point Robespierre aime les mots et le débat d’idées qui leur sont associées. Son originalité ne cesse de s’affirmer, au point que son succès se répercute au-delà d’Arras. Membre de l’Académie d’Arras en 1783, il y trouve un lieu d’échange, de réflexion et de sociabilité, se consacrant essentiellement à la construction de ses plaidoyers, donc en prenant soin de l’usage des mots et des arguments. C’est là où il s’affirme déjà le défenseur des « malheureux », donc des faibles et des innocents outragés. Ses dernières interventions en 1788-1789 constituent une véritable école de la politique : il y marque son intérêt pour «la conservation des droits de l’homme, le bonheur et la tranquillité des citoyens», donc pour la fin des abus. Il ne cesse se référer à la dimension morale qui rend la défense de l’humanité nécessaire Un tel regard moraliste l’incite à penser que le nom des adversaires communs au roi et au peuple, généralisable dans la figure des ennemis de la patrie, ne va pas tarder à être dévoilé. Ainsi se précise, dans le discours robespierriste, le mécanisme discursif de l’invention de la société politique, à l’identique de la manière dont se met en place à la même époque ce que Michel Foucault appelle l’invention de la société punitive par la promotion de la figure du criminel comme ennemi social. Ce processus discursif est alors concomitant de la révolution à l’état permanent de 1789 à 1794, dont Robespierre est l’un des principaux protagonistes, tout en affirmant sa temporalité présente, donc son point origine dans la formule, « Nous touchons à une révolution ».

Si Jean-Clément-Martin tend à voir seulement dans le jeune Robespierre un bon écolier parmi d’autres, et de même en tant d’avocat, il lui concède cependant une grande plasticité de réflexion qui peut expliquer sa capacité à rassembler autour de lui «le petit peuple», certes invoqué de manière symbolique. Pour Hervé Leuwers, il convient plutôt de préciser l’originalité du projet et des idées de Robespierre lui permettant de se présenter en orateur du «peuple» dès son entrée en politique. Député aux États Généraux, puis à l’Assemblée Nationale, Robespierre incarne alors l’ethos de porte-parole du « peuple » fondé sur une équation politique, à la fois égalitaire (liberté = vertu = bonheur) et différentielle («amis/ennemis de la patrie»). Comment les deux historiens le suivent-ils alors dans sa carrière politique? Jean-Clément Martin considère que Robespierre oscille en permanence entre une tactique politique nécessaire à la vitalité des nouvelles idées démocratiques et une stratégie politique plus rigide dans son lien organique aux principes incarnés dans la volonté politique, ce qui le rend dépendant ou non de sa capacité à penser l’événement révolutionnaire au moment où il se produit. Hervé Leuwers insiste plus sur la manière dont Robespierre met l’accent sur les principes, au titre de la quête d’un ligne juste là où se connecte, dans l’événement, la théorie politique et la pratique révolutionnaire. il parle ainsi de «la voix de l’homme-principe», la voix de la nation et de l’humanité.

En 1790-1791, Robespierre continue à défendre les droits politiques du peuple, en parlementaire, puis en jacobin. D’événement en événement, il se dit prêt au sacrifice. Pour Jean-Clément Martin, il ne fait ici que prendre sa place auprès des révolutionnaires, en adoptant un positionnement qui n’a rien d’original, ainsi de sa froideur qui ne lui est pas propre devant la violence. Même s’il fait appel aux principes, ce n’est pas un patriote radical : il se veut le garant de la légalité révolutionnaire. De son côté, Hervé Leuwers montre que Robespierre, Défenseur de la constitution (c’est le titre de son journal) en 1792, est pour le principe de la résistance à l’oppression, sans adhérer aux mouvements punitifs du peuple, qu’ils ne condamnent pas pour autant. Ses interventions publiques incarnent la force des mots, l’expression juste jusque dans son affrontement à la Convention avec les Girondins. Pour Jean-Clément Martin, Robespierre, devenu le chef des Jacobins, fait certes mention des principes, mais dans le contexte d’une parole discordante, ce qui lui permet d’avoir une reconnaissance politique sans pour autant fixer une ligne politique claire. Souvent en porte-à-faux, il devient alors très difficile de différencier, dans ses attitudes politiques, sa capacité à s’adapter au moment et son habilité tactique

Pour la période 1793-1794, Hervé Leuwers met là encore l’accent sur l’originalité des justifications de Robespierre et leur rapport organique au moment. Robespierre contribue en effet à donner à la France une constitution à la fois «sage» et «populaire», à fonder le gouvernement révolutionnaire avec ses amis de la Montagne, à rendre efficace la justice politique. Si l’historien décrit, en appui sur les sources, et se garde de juger, il n’en montre pas moins que l’enjeu politique est plus la vertu (publique) que la terreur (légale) devenue un principe, et qu’il s’agit avant tout de bonheur (public), tant en matière de religion (l’Être suprême) que d’éducation. Jean-Clément Martin, de son côté, continue à voir dans l’action et les discours de Robespierre des attitudes paradoxales par le fait que ce dirigeant politique passe sans cesse d’une logique à l’autre : de la lutte politique à la lutte politicienne, du silence à la proposition de mesures disparates dans la confusion ambiante. Pratiquant un équilibrisme politique alliant modération et centralisation, Robespierre prend de mauvaises décisions en l’an II. Ainsi, alors qu’il est proche de la mort, il «occupe une place exorbitant et menaçante, mais aussi étonnamment fragile».

Qu’est ce qu’une figure d’exception en Révolution qui reste proche des préoccupations politiques d’autres révolutionnaires? Participe-t-elle de l’ordinaire du sens en politique ou faut il y voir du génie politique? En quoi l’abord spécifique de la matérialité discursive des discours en acte de Robespierre permet d’en appréhender le sens politique, son rapport au sens commun révolutionnaire? Tels sont, à vrai dire, les enjeux de cette très fructueuse confrontation entre historiens.

Jacques Guilhaumou

Références

Marc Belissa et Yannick Bosc, Robespierre. La fabrication d’un mythe, Paris, Ellipses, 2013.

Hervé Leuwers, Robespierre, Fayard, 2014, 458 pages.

Jean-Clément Martin, Robespierre. La fabrication d’un monstre, Perrin, 2016, 364 pages.

On peut AGRANDIR les illustrations en cliquant dessus.

Share this:

  • Imprimer
  • E-mail
  • Twitter
  • WhatsApp
  • LinkedIn
  • Plus
  • Pinterest
  • Tumblr
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…

“La naissance de la légende dorée de Robespierre” ~ par Marion Pouffary

29 lundi Oct 2018

Posted by Claude Guillon in «Articles»

≈ Commentaires fermés sur “La naissance de la légende dorée de Robespierre” ~ par Marion Pouffary

Étiquettes

Marc Belissa, Marion Pouffary, Robespierre, Société des études robespierristes, Yannick Bosc

Je donne ci-après le début de l’étude de Marion Pouffary (Faculté des Lettres de Sorbonne Université – Centre d’histoire du XIXe siècle, EA 3550), dont on peut télécharger l’intégralité ICI.

Je note que ce texte a préalablement été publié sur le site de la Société des études robespierristes (SER), ce que je veux considérer comme le signe d’une ouverture d’esprit, récente mais prometteuse.

La naissance de la légende dorée de Robespierre :
le façonnage de l’image de l’«homme-principe» par les écrits biographiques consacrés à Robespierre publiés par les républicains entre 1830 et 1850.

Depuis la publication en 1795 de l’ouvrage intitulé La Vie et les Crimes de Robespierre par l’abbé Proyart, ancien sous-principal du collège Louis-le-Grand parti en émigration, un très grand nombre de biographies de Robespierre a été publié. Aujourd’hui, les récits de la vie de Robespierre font non seulement l’objet de livres, mais aussi de films ou encore de bandes dessinées. Si, même lorsqu’ils sont «grand public», les ouvrages consacrés à Robespierre peuvent être écrits avec un grand sérieux scientifique, toutes les biographies de Robespierre ne peuvent en réalité être classées parmi les ouvrages d’histoire. Cette situation n’est pas surprenante si l’on se rappelle que, pendant tout le XIXe siècle, les biographies de Robespierre étaient produites avant tout dans un but politique, en face duquel les considérations méthodologiques de la discipline historique alors balbutiante avaient peu de poids.

Si les ouvrages qui, depuis thermidor, ont contribué à forger et à diffuser la «légende noire» de Robespierre ont fait l’objet de nombreuses analyses – qui ont été synthétisées par Marc Belissa et Yannick Bosc dans l’ouvrage Robespierre. La fabrication d’un mythe publié en 2013 –, la construction de la «légende dorée» de Robespierre, qui a influencé elle aussi l’historiographie, n’a jamais fait l’objet d’une analyse approfondie.

Les grands thèmes qui structurent cette «légende» sont formalisés sous la Monarchie de Juillet par la fraction la plus radicale du mouvement républicain (que nous appellerons ici radicale/socialiste), qui fait de Robespierre le symbole de la «République démocratique et sociale» et se réclame de la Révolution de 1793, quand le régime de Juillet se pose en défenseur de l’héritage de 1789.

Cette image est diffusée par une série d’écrits biographiques publiés entre 1830 et 1850, et notamment par l’introduction aux Œuvres de Maximilien Robespierre dont Albert Laponneraye, instituteur membre de la Société des droits de l’homme, entame la publication à partir de 1832, la notice consacrée à Robespierre que Barthélémy Hauréau – qui, avant de devenir un spécialiste reconnu de la scolastique médiévale, a été un militant et un journaliste républicain – publie dans son ouvrage La Montagne en 1834, les «Observations sur Robespierre» que Buonarroti, «patriarche» du mouvement républicain, publie en 1837, la notice qu’Auguste Albert, ancien clerc d’avoué à la vie aventureuse publie en 1839 sous le pseudonyme de Vallouise, la biographie que l’académicien Pierre-François Tissot, frère de l’un des «martyrs de prairial» publie en 1844, l’introduction à l’anthologie de Robespierre que le sculpteur fouriériste Arthur Guillot projette de faire paraître en 1849 ou encore la notice que le journaliste républicain arrageois Jean Lodieu place en tête de l’ouvrage sur Robespierre qu’il publie en 1850. Si ces écrits ne connaissent pas forcément tous une diffusion massive, certaines images de la «légende dorée» de Robespierre sont reprises et popularisées par deux des histoires de la Révolution française qui vont avoir le plus d’impact au XIXe siècle: l’Histoire des Girondins de Lamartine et l’Histoire de la Révolution française de Louis Blanc, qui comportent toutes deux des chapitres consacrés à la biographie de Robespierre (auxquelles on peut rajouter l’Histoire des Montagnards publiée à la même période par Alphonse Esquiros, écrivain appartenant au groupe des «petits romantiques»).

Une des principales images qui structurent la «légende dorée» de Robespierre est celle de l’«homme-principe» – expression inventée par Laponneraye – qui permet aux républicains radicaux/socialistes de faire de Robespierre une incarnation des principes de la «République démocratique et sociale» qu’ils souhaitent faire advenir et de se créer une filiation historique concurrente de celle des hommes du régime de Juillet. La redécouverte des (très nombreux) discours de Robespierre leur fournit un corpus théorique qui leur permet de penser les questions de l’égalité politique et sociale, et conduit à faire de Robespierre l’image de la «révolution de l’égalité». «Homme-principe», Robespierre est aussi un «homme à principes» – ce qui garantit l’authenticité de ses principes et ceux des républicains radicaux/socialistes – et le recueil de témoignages de proches de Robespierre par les républicains contribue à consolider cette seconde image, léguant ainsi à la postérité une double image qui va influencer durablement l’historiographie – tant «classique» que «libérale».

Share this:

  • Imprimer
  • E-mail
  • Twitter
  • WhatsApp
  • LinkedIn
  • Plus
  • Pinterest
  • Tumblr
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…

Marcel Gauchet pique ses trucs à Michel Onfray

24 mercredi Oct 2018

Posted by Claude Guillon in «Bêtisier»

≈ Commentaires fermés sur Marcel Gauchet pique ses trucs à Michel Onfray

Étiquettes

Alain Badiou, Carole Barjon, Cécile Obligi, Hervé Leuwers, Marc Belissa, Marcel Gauchet, Michel Biard, Michel Onfray, Pascal Riché, Peter McPhee, Philippe Bourdin, Robespierre, Yannick Bosc

Interrogé par L’Obs en compagnie d’Alain Badiou (18 octobre 2018), Marcel Gauchet, «philosophe, historien des idées et penseur de la démocratie représentative» (dixit l’hebdomadaire) et surtout auteur d’un récent ouvrage sur Robespierre (annoncé sur ce blogue) reprend le vieux truc de prestidigitateur qui a fait la fortune de Michel Onfray:

Toujours commencer par dire que le sujet qu’on traite est délaissé, méprisé, voire censuré par les autres, et ce depuis le plus longtemps possible.

La question de L’Obs tente maladroitement de remettre la publication de Gauchet en perspective.

Maladroitement, parce qu’en remontant jusqu’à Soboul les intervieweurs Carole Barjon et Pascal Riché ne mettent pas en lumière l’abondante production récente sur Robespierre.

Seul J.-C. Martin est cité, et non Hervé Leuwers, Marc Belissa, Yannick Bosc, Michel Biard, Philippe Bourdin, Cécile Obligi, et Peter McPhee (j’en oublie sans doute), soit la bagatelle d’au moins un ouvrage par an – en moyenne – ces six dernières années!

Il n’est pas fréquent de croiser autant de monde sur un terrain supposé à l’abandon…

Il est possible que l’immédiat «après-bicentenaire» ait suscité, sur le plan médiatique – et non scientifique et universitaire –, une impression de saturation.

Mais depuis, et ce blogue tente d’en rendre compte, la Révolution a rarement été d’une aussi brûlante actualité dans tous les domaines: travaux scientifiques, biographies, articles, numéros spéciaux de revues de vulgarisation, expositions, conférences, colloques, journées d’études, films, pièces de théâtre, bandes dessinées, jeux vidéo, comédies musicales, etc.

Parler d’un «quasi-silence» concernant les vingt dernières années est une contrevérité. Commettre ce mensonge – particulièrement méprisant pour celles et ceux qui ont travaillé et publié – pour mettre en valeur son propre travail est un procédé pitoyable.

Share this:

  • Imprimer
  • E-mail
  • Twitter
  • WhatsApp
  • LinkedIn
  • Plus
  • Pinterest
  • Tumblr
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…

«La réception de “Rights of Man” aux États-Unis (1791)» ~ par Marc Belissa (2e partie)

23 dimanche Sep 2018

Posted by Claude Guillon in Vidéothèque

≈ Commentaires fermés sur «La réception de “Rights of Man” aux États-Unis (1791)» ~ par Marc Belissa (2e partie)

Étiquettes

“Rights of Man”, États Unis, Marc Belissa, Thomas Paine

Share this:

  • Imprimer
  • E-mail
  • Twitter
  • WhatsApp
  • LinkedIn
  • Plus
  • Pinterest
  • Tumblr
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…
← Articles Précédents

Entrez votre adresse mail pour être averti(e) des nouvelles publications

Rejoignez les 2 025 autres abonnés

Robespierre, les femmes et la Révolution (Éditions IMHO)

Un recueil de textes des Enragé·e·s (Éditions IMHO)

Gazouillons ! « La Révolution et nous » & « Lignes de force » sur le même fil Twitter

Follow @LignesDeForce

Blogroll

  • Annales historiques de la Révolution française
  • Archives du féminisme
  • Archives en libre accès
  • Éditions IMHO
  • Éditions L'Insomniaque
  • Éditions La Digitale
  • Éditions Libertalia
  • « A literary Tour de France »
  • «La Révolution française»
  • Bibliothèque Marguerite Durand
  • CIRA Lausanne
  • CIRA Marseille
  • Corps et politique
  • Genre et Classes populaires
  • Institut d'histoire de la Révolution française
  • Institut international d'histoire sociale
  • Jean Paul MARAT
  • Liberty, Equality, Fraternity
  • LIGNES DE FORCE
  • Mnémosyne
  • Musée de la Révolution (Vizille)
  • Noire métropole
  • Paris luttes info
  • Réflexivités
  • Révolution française
  • Révolution française et lutte des classes
  • Sentiers révolutionnaires
  • Société des études robespierristes (le carnet)
  • Société des études robespierristes (le site)

Les biographies de Théophile Leclerc & Pauline Léon (Éditions La Digitale)

Nuage

1793 Albert Mathiez Albert Soboul Amazones Anarchisme Annales historiques de la Révolution française Annie Duprat Annie Geffroy Babeuf Bonnet phrygien Charlotte Corday Christine Fauré Claire Lacombe Clubs de femmes Colonies Commune de 1871 Communisme Convention nationale Dames de la Halle Daniel Guérin Dominique Godineau Démocratie directe Emmanuel Macron Enragé·e·s Esclavage Femmes en armes Féminisme Guillaume Mazeau Guillotine Hervé Leuwers Hébert Jacobins Jacques Guilhaumou Jacques Roux Jean-Clément Martin Jean-François Varlet Jean-Jacques Rousseau Littérature Louis XVI Lumières Lutte des classes Marat Marc Belissa Marie-Antoinette Michel Biard Michel Onfray Olympe de Gouges Paul Chopelin Pauline Léon Peinture Philippe Bourdin Pierre Serna Prise de la Bastille Robespierre Républicaines révolutionnaires Révolution espagnole Sade Sans-culottes Serge Aberdam Société des études robespierristes Stéphanie Roza Terreur Théophile Leclerc Théroigne de Méricourt Théâtre Tricoteuses Utopie Vocabulaire Walter Markov «Conditions matérielles de la recherche» «Gilets jaunes» « Théorie du genre » Éditions IMHO Éditions Libertalia Éducation

Rubriques

  • «Annonces» (382)
  • «Articles» (219)
  • « Sonothèque » (7)
  • «Bêtisier» (73)
  • «Bibliothèque» (248)
  • «Billets» (26)
  • «Conditions matérielles de la recherche» (28)
  • «D'une révolution l'autre» (35)
  • «Démocratie directe XVIIIe-XXIe siècle» (12)
  • «De la révolution» (1)
  • «Documents» (238)
  • «Faites comme chez vous !» (14)
  • «La parole à…» (10)
  • «La propagande misogyne» (4)
  • «Mémo» (1)
  • «Sonothèque» (2)
  • «Textes de femmes» (30)
  • «Usages militants de la Révolution» (76)
  • Cartes postales (25)
  • Concordance guerrière (3)
  • La Révolution dans la publicité (4)
  • Littérature “grise” (12)
  • Vidéothèque (52)

Récent

  • “Les Jacobins: des centralisateurs?”, par Côme Simien 14 décembre 2022
  • “Faire, écrire et raconter la Révolution” ~ 13, 14 & 15 décembre 30 novembre 2022
  • “Contre-révolutionnaires? Des femmes résistent aux changements” ~ par Solenn Mabo 23 novembre 2022
  • “Le maître d’école du village au temps des Lumières et de la Révolution” ~ par Côme Simien 19 novembre 2022
  • Les mascottes des jeux olympiques et paralympiques de 2024 sont des bonnets phrygiens 15 novembre 2022
  • “Le statut de la femme esclave dans les colonies occidentales françaises” ~ par Cécilia Elimort-Trani 13 novembre 2022
  • “Policiers de Paris. Les commissaires de police en Révolution (1789-1799)” ~ par Vincent Denis 11 novembre 2022
  • “1793. Brûlez ces saints que l’on ne saurait croire” ~ par Philippe Bourdin 1 novembre 2022
  • “La grande peur de l’été 1789” ~ par Henri Vignolles 20 octobre 2022
  • “La république de Prieur de la Marne. Défendre les droits de l’homme en état de guerre, 1792-an II” ~ par Suzanne Levin 17 octobre 2022

Archives

Ça compte !

  • 316 293 : C'est le nombre de fois que des textes de ce blogue ont été consultés.

Un jour, un article

mars 2023
L M M J V S D
 12345
6789101112
13141516171819
20212223242526
2728293031  
« Déc    

De la Révolution

Suivez-moi sur Twitter

Mes Tweets

Coup d’œil

Lignes de force

Nouveau bulletin du CIRA Marseille

Bulletin de santé de décembre (réservé à celles et ceux que ça intéresse vraiment!)

Bracelet électronique obligatoire au collège (dans la Sarthe)

“NÉGATIF” (n° 32, septembre 2022)

Les enfants ont droit à une vie privée

Feuille d’infos du CIRA Marseille

<strong>De la discrète disparition du désir</strong>

“Les roses de l’alphabet” ~ de Guy Girard

“En quête d’héroïnes” ~ par Caroline Granier

Nouvelle livraison de “Casse-Rôles” ~ Maudite soit la guerre!

Propulsé par WordPress.com.

  • Suivre Abonné∙e
    • LA RÉVOLUTION ET NOUS
    • Rejoignez 256 autres abonné∙e∙s
    • Vous disposez déjà dʼun compte WordPress ? Connectez-vous maintenant.
    • LA RÉVOLUTION ET NOUS
    • Personnaliser
    • Suivre Abonné∙e
    • S’inscrire
    • Connexion
    • Signaler ce contenu
    • Voir le site dans le Lecteur
    • Gérer les abonnements
    • Réduire cette barre
 

Chargement des commentaires…
 

    %d blogueurs aiment cette page :