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LA RÉVOLUTION ET NOUS

~ le blogue historien de Claude Guillon

LA  RÉVOLUTION  ET  NOUS

Archives de Catégorie: «La propagande misogyne»

Même si c’est la parole des femmes qui est privilégiée dans ma recherche (et sur ce blog), il paraît utile de reproduire aussi quelques-uns des textes les plus importants (du fait de leur auteur ou de la date de leur publication) ou les moins connus, par lesquels des hommes essayent de théoriser et de justifier leur résistance à l’émancipation féminine.

“De la culture du viol dans la littérature libertine du XVIIIe siècle” ~ Entretien avec Roxane Darlot-Harel

13 jeudi Fév 2020

Posted by Claude Guillon in «La propagande misogyne»

≈ Commentaires fermés sur “De la culture du viol dans la littérature libertine du XVIIIe siècle” ~ Entretien avec Roxane Darlot-Harel

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Aurore Chéry, Érotisme, « Théorie du genre », «Sexualité», Féminisme, Juliette Lancel, Ludivine Demol, Roxane Darlot-Harel, Viol

Je donne ci-après la début d’un entretien avec Roxane Darlot-Harel publié par la revue en ligne En Marges ! dont le sous-titre est «L’intime est politique – Revue de sciences humaines et d’arts».

Cette revue a été créée par Juliette Lancel, qui l’anime en compagnie de Aurore Chéry et Ludivine Demol.

Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’entretien à cette adresse.

Capture d’écran 2020-02-13 à 12.25.35

On sait que l’art européen du XVIIIe siècle est très marqué par la sexualité et l’érotisme. Cependant, sous prétexte qu’il s’agit d’art, on a parfois tendance à esthétiser le propos et à nier qu’il puisse avoir une autre portée.

C’est ce que vous récusez en travaillant sur la culture du viol dans la littérature de la période. Vous essayez de montrer que ce n’est pas qu’un phénomène contemporain et que l’on peut bien parler de culture du viol au siècle des Lumières aussi.

Tout à fait, et j’irais même jusqu’à dire que le XVIIIe siècle a eu un rôle éminent dans l’histoire de la culture du viol. Dans la littérature libertine de ce siècle, très courue et abondante, en particulier : il s’agit de justifier par tous les moyens les violences que l’on fait aux femmes (une résistance qu’on attribue à l’honneur aristocratique et qui cache un désir nymphomane, des normes de séduction où les femmes sont passives et les hommes actifs, pas de fiabilité accordée à la parole féminine qui refuse l’acte sexuel, des femmes qui seraient par nature menteuses et manipulatrices… et j’en passe).  La diffusion des concepts rousseauistes permet un recul de la culture du viol, mais il me semble que si cela se constate dans les représentations sociétales, on ne le voit guère en littérature, avec une certaine homogénéité dans la littérature libertine. […]

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“Femmes [soldates] de l’avenir” (vers 1900)

03 vendredi Mar 2017

Posted by Claude Guillon in «La propagande misogyne», Cartes postales

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Amazones, Féminisme, Femmes en armes, Misogynie

Les cartes postales reproduites ci-dessous font partie d’une série imprimée au tout début du XXe siècle (le verso, réservé à l’adresse, permet de les dater d’avant 1904).

Elles représentent des «soldates d’opérette», incarnations comiques, mais «émoustillantes» puisque légèrement dé-vêtues, de ce qui pourraient advenir si les femmes étaient admises à jouer les mêmes rôles – ici militaires – que les hommes…

La caricature antiféministe s’est déjà montrée beaucoup plus féroce quand elle s’en est prise à des pratiques réelles d’armement des femmes, et ce dès la Révolution française, puis en 1848 et 1871.

Ici, la misogynie est apaisée. Ces pseudo-amazones sont davantage des mascottes — préfigurant Madelon — que des épouvantails.

Mais l’intermède sera de courte durée: ces cartes sont imprimées à peu près au même moment où les suffragettes anglaises lancent leur mouvement, qui alimentera une nouvelle flambée d’antiféminisme virulent.

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L’Académie royale de Peinture & de sculpture, bastion misogyne en 1790

31 vendredi Oct 2014

Posted by Claude Guillon in «Articles», «La propagande misogyne»

≈ Commentaires fermés sur L’Académie royale de Peinture & de sculpture, bastion misogyne en 1790

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1793, Anne Vallayer-Coster, Clubs de femmes, Dominique Godineau, Féminisme, Jean-Clément Martin, Marie-Josèphe Bonnet, Marie-Thérèse Vien, Républicaines révolutionnaires

Guère convaincus — et plus probablement effrayés ! — par les démarches de femmes artistes et épouses d’artistes, faisant l’offrande civique de leurs bijoux en septembre de l’année précédente, les mâles académiciens (rejoints par deux femmes; voir plus loin l’identité surprenante de l’une d’elles) expliquent dans une brochure de novembre 1790 pourquoi rien ne doit changer.

L’article du projet de règlement contenu dans leur Adresse à l’Assemblée qui concerne l’admission en nombre limité (et ridicule) des femmes est un magnifique condensé de l’idéologie misogyne dans le domaine de l’art, idéologie qui n’a commencé à être battue en brèche que dans les années 60 du vingtième siècle. Encore est-il facile de reconnaître dans ce court texte quelques lieux communs entendus de nos jours dans les conversations courantes. Celui qui prétend constater objectivement le très petit nombre de femmes célèbres en chaque siècle mérite le prix de la mauvaise foi et/ou de la sottise machiste.

Outre l’infériorité intellectuelle et créatrice, la Maternité essentielle et invalidante, la pudeur nécessaire, le trouble érotique inévitablement causé par leur présence, l’inconstitutionnalité même de la mixité, tout y est, jusqu’au morceau d’érudition antique signifiant que si une femme attire l’attention et des louanges c’est par sa beauté (et sans doute parce qu’elle en a usé).

On trouve aux Archives nationales, sous la cote D/XXXVIII/2, un tirage des 8 premières pages de la brochure, revêtu des signatures autographes des académiciens (voir image ci-après), parmi lesquels Mmes Vien et Vallayer-Coster.

Le plus navrant de l’histoire est que Mme Vien, cosignataire de cette adresse confirmant l’exclusion des femmes, figure en tête de la Liste des Citoyennes, Femmes ou Filles d’Artistes, qui ont fait hommage de leurs bijous à l’Assemblée nationale, le Lundi 7 Septembre 1789, à titre de contribution volontaire, destinée à l’acquittement de la dette publique (1789). Par quoi l’on vérifie que les femmes qui ont eu une activité sociale et politique durant la Révolution ne l’ont pas nécessairement menée du fait d’une conscience «féministe» de l’état de la société et du rôle qu’elles pouvaient y jouer.

 

Adresse à l’Assemblée nationale, Par la presque totalité des Officiers de l’Académie Royale de Peinture & de sculpture, auxquels se sont joints plusieurs Académiciens

[36 p., [Paris], Veuve Hérissant, Imprimeur du Roi & Bâtimens de Sa Majesté & de l’Académie Royale de Peinture & de Sculpture. 30 Nov. 1790.]

 

Article XVIII du Titre III (pp. 6-7).

Quant à l’admission des femmes à l’Académie, nous avons suivi les conseils de la sagesse, & les données de l’expérience. Le Roi en a précédemment fixé le nombre à quatre, & ce nombre semble suffisant. En effet, les soins de la maternité, & mille causes secondes, empêchent les femmes de porter leurs talens jusqu’à la hauteur de l’Académie, & il est rare qu’il y ait quatre femmes célèbres dans un siècle. Elles ne sont proprement qu’associées au Corps Académique : elles ne prêtent point serment d’observer les Statuts ; on n’exige point d’elles de morceaux de réception ; quand elles en donnent, on les reçoit avec reconnoissance. Tel est l’énoncé de leur réception. Elles n’ont que rarement pris séance, c’est plutôt par condescendance que par droit, qu’elles ont siégé à l’Académie ; & d’ailleurs les décences de leur sexe, & l’embarras de se trouver seules au milieu d’un grand nombre d’hommes, les ont presque toujours éloignées de nos assemblées. Ce mêlange, en outre, nous paroît inconstitutionnel dans un Etat comme le nôtre, où les femmes n’ont point de part à l’Administration. D’un autre côté, cette association a des inconvéniens aisés à prévoir. On connoît sur les hommes le pouvoir de la beauté accompagnée des talens. Sapho, qui n’avoit que des talens, siégeoit, dit-on, parmi les Sages de la Grèce, & Sapho y cabaloit. On sait combien les femmes pèsent dans la balance pour les jugemens, & que les Juges les plus intègres courent les risques d’être séduits par elles. Les siècles de l’antiquité, comme le nôtre, fournissent mille exemples de séduction de ce genre. Pausanias dit en parlant de Corinne, qui avoit plusieurs fois, aux Jeux Olympiques, remporté le prix de l’Ode sur Pindare ; [«] quand je lis les Ouvrages de Corinne, je ne sais comment elle a pu une seule fois triompher de Pindare ; mais quand j’admire sa beauté dans son portrait, je ne sais pas comment elle n’en a pas triomphé toujours [»].

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On retrouvera Marie-Thérèse Vien (1728-1805) et Anne Vallayer-Coster (1744-1818) dans le fort intéressant livre de Marie-Josèphe Bonnet, Liberté, égalité, exclusion. Femmes peintres en Révolution 1770-1804, publié par Jean-Clément Martin chez Vendémiaire (novembre 2012).

Je n’ai pas souvenir que M.-J. Bonnet ait connaissance de la signature par Vien de l’Adresse misogyne de l’Académie.

Capture d’écran 2014-10-31 à 15.53.48Par contre, j’ai noté une confusion : suite à une lecture trop rapide des Citoyennes tricoteuses de D. Godineau, Bonnet affirme (p. 125) que ce sont des militantes de la Société des citoyennes républicaines révolutionnaires qui sont conviées à participer à la fête du 10 août 1793. Au contraire, Godineau remarque avec beaucoup de finesse (p. 149) que la mise en avant de dames de la halle, «héroïnes des 5 et 6 octobre 1789» (et non de républicaines révolutionnaires), pourrait bien signifier «que l’apport révolutionnaire féminin, s’il doit être célébré, fait partie des pages tournées de l’histoire».

J’ajouterai pour ma part qu’il s’agit non seulement d’une signification «objective», mais d’une étape d’une stratégie qui mène, en octobre de la même année 93, à l’interdiction programmée du club des Républicaines, précisément suite à une provocation utilisant les mêmes dames de la Halle.

*  *  *

ACADÉMIE  ’OYALE

Deux ans après la publication de l’Adresse, on ignore si les académiciens ont évolué dans leur appréciation du rôle des femmes ; les pauvres ont d’autres soucis ! Il leur faut rectifier tel document dont le libellé n’est plus au goût du jour. L’expression « Académie royale » heurte le regard. On voit comment un grattage hâtif a résolu le problème sur ce Tableau des membres pour l’année 1792, conservé aux AN sous la cote F/17/1008/D n° 1664.

 

Capture d’écran 2014-10-31 à 14.41.08

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Des Dames qui se croient démocrates (1790)

31 mardi Déc 2013

Posted by Claude Guillon in «Articles», «Documents», «La propagande misogyne»

≈ Commentaires fermés sur Des Dames qui se croient démocrates (1790)

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Germaine de Staël, Guibert, Necker, Parisot

Je reproduis un article, dont le titre figurant ci-dessus dit assez l’intention ironique. Il est tiré d’une publication royaliste, La Feuille du jour (n° XXX, du jeudi 30 décembre 1790, pp. 235-237). Son rédacteur-directeur, Parisot (parfois orthographié Parisau) est un écrivain monarchiste qui a fait faillite comme directeur de théâtre et connu quelques succès comme auteur de pièces. La publication de sa Feuille sera violemment et définitivement interrompue par l’insurrection du 10 août 1792. Lui-même sera arrêté, et exécuté deux ans  plus tard.

De la misogynie, qui s’exprimera avec une grande violence au moment de l’interdiction des clubs de femmes, Parisot offre le versant galant. Plus précisément, il présente la galanterie comme un préservatif contre la tentation des femmes de politiquer. Il ne s’agit pas, au moins n’est-ce pas dit, de renvoyer les femmes aux soins des marmots et du ménage. D’ailleurs, il s’agit ici de femmes de qualité, qui en emploient d’autres à ces basses besognes. Mais si ces dames se veulent femmes d’état [sic], c’est évidemment parce que les hommes les délaissent. Leur intérêt, surjoué, pour la chose publique est une marque de dépit : « On ne leur auroit pas reproché de semblables torts dans un siècle de galanterie. »

Affectant de reconnaître, au nom des hommes, une part de responsabilité dans le dérèglement des rapports sociaux de genres, Parisot brode sur l’ancien stéréotype idéologique qui veut que ce soient les hommes qui fassent venir, par leurs attentions — galantes et érotiques, c’est-à-dire platoniques ou non — l’esprit aux filles. Esprit qu’il leur revient de droit (aux hommes) de contrôler puisqu’ils en sont à l’origine. Toute préciosité d’expression abandonnée, c’est le même raisonnement qui mènera plus tard à qualifier les militantes féministes de « mal baisées ».

J’ai essayé, à la suite du texte, de proposer quelques références pour imaginer ce que pouvaient évoquer aux lecteurs et lectrices d’époque les prénoms choisis par Parisot pour incarner ses « types » de dames démocrates : Céphise, Elmire, Zulmé. Ce jeu d’associations d’idées littéraires n’a évidement pas la prétention d’être une reconstitution scientifique.

____________________

 

Des Dames qui se croient démocrates

Je me demandois ce qui pouvoit porter à la démocratie quelques dames de ma connoissance, et je me suis répondu : « Céphise est encore très-jolie ; la grace ne vieillit point ; celle de Céphise a tout son charme ; mais son esprit l’avertit que l’instant de quitter la jeunesse est arrivé. Ce cruel passage du printemps à l’automne est l’époque la plus difficile dans la vie d’une coquette. Hommages à vingt ans, estime à trente, considération à quarante, dévotion pour la vieillesse, ce seroit pour une femme une progression bien douce, et qui ressembleroit assez au bonheur. Mais, cette justice distributive pourroit être un don, et n’est jamais un choix. Les femmes obligées de renoncer à la gloire ont doublé leur amour-propre, disoit ingénieusement une d’elle ; mais j’ajoute que l’esprit l’accroît encore.

Céphise aime-t-elle ?… Non. Est-elle aimée ? Non. Occupe-t-elle ?… un peu. Veut-elle toujours occuper ? Sans cesse. Etoit-elle bien traitée à la cour ? Non. L’homme qui jouit du plus grand crédit sur elle est-il du côté gauche ? Oui, voilà Céphise démocrate de position.

Le supplice le plus cruel pour les femmes et les ambitieux, c’est l’oubli. L’oubli leur paroît être une mort anticipée. « J’aime mieux, s’est dit Céphise, rappeler mon nom par de légers torts, que de l’ensevelir dans une sagesse obscure. »

Ce siècle est celui des systêmes.

Plus on y réfléchit, plus on reconnoît que l’esprit de faction est une brillante retraite pour une coquette réformée. Quelle ressource intarissable d’occupation et d’intérêt ! Être femme et mener les affaires ! c’est un lien qui rapproche encore une fois des hommes ; ils échappoient sous un rapport, on les retient sous un autre ; et d’ailleurs que sait-on ? ce pays-ci peut parvenir au point de félicité de n’être déchiré que par deux partis. Quel poids ! quel éclat acquereroit alors celui de l’opposition ! Il n’y a guères moins à risquer, que de jouer le rôle de la duchesse de Devonshire en Angleterre, de la duchesse de Longueville, dans le siècle dernier.

Mais Elmire est aussi démocrate ? oui sans doute, par des raisons différentes. Élégante sans beauté, grande dame sans naissance, à la mode, sans esprit, on lui reprochoit continuellement de briller par tout ce qui n’étoit pas d’elle. Le moderne systême a dû la séduire : graces à lui, tout est égal ; on n’ira plus scruter, avec une impertinente curiosité, d’où l’on vient ; les succès de tout genre dans la société seront nuls ; il faudra tout simplement être une femme et cela… plusieurs personnes attesteront qu’on ne peut le lui disputer.

Zulmé, démocrate aussi célèbre, pouvoit être fière de ses ayeux ; soit par elle-même, soit par son nom de femme, tout devoit l’élever assez haut, pour faire craindre que dans toutes ces disputes d’opinion, sa vanité ne choquât les principes du moment. Mais, un jour, l’insuffisance d’esprit et de caractère lui fit changer de systême sans s’en douter. Après avoir été coquette de désœuvrement avec les chefs des Jacobins, on lui persuada qu’elle avoit adopté leurs idées ; elle en convint, par douceur, ou par insouciance, et s’y livra sans remords et sans zèle.

Finissons pourtant par avouer que les femmes sont excusables. On ne leur auroit pas reproché de semblables torts dans un siècle de galanterie. Celles qui se font femmes d’état sont négligées, ou prêtes à l’être.

Au lieu d’en dire du mal, cherchons à leur plaire, et soyons assurés qu’alors elles mettront plus de prix à nos soins, que d’ardeur au travail de la constitution.

_____________________

Céphise

 L’Académie royale de musique représente pour la première fois à Versailles « le Jeudy 18 novembre 1751, à l’occasion de la naissance de Monseigneur le duc de Bourgogne, [une] pastorale héroïque » de Jean-Philippe Rameau, composée sur un livret de Jean-François Marmontel, et intitulée : Acanthe et Céphise ou la sympatie [sic]. La pièce comporte un prologue et quatre actes.

Un génie malfaisant tente de séparer Acanthe et la jeune Céphise, dont il dit, résumant d’une formule le machisme fanatique : « Plus elle a d’appas, / Plus elle est coupable » (acte 3, scène 2). Le chœur final est une proclamation monarchiste, qu’il ne déplaît sans doute pas à Parisot d’évoquer : « Vive la race de nos Rois/ C’est la source de notre gloire/ Puissent leurs règnes & leurs loix/ Durer autant que leur mémoire ».

Je trouve une autre Céphise, « jeune veuve, donnant dans la littérature », dans une comédie en un acte et en prose intitulée : Céphise, ou l’erreur de l’esprit, par M. Mars… des V… (pseudonyme de Nicolas Dalayrac ; Neuchâtel, 1788). Ses derniers mots clôturent la pièce : « Mon pere, Mon cher Solange [l’homme qu’elle va épouser], puisse ceci vous prouver qu’il ne faut point désespérer de l’empire de la raison sur mon sexe, & qu’on doit toujours en appeler à son cœur, des erreurs de son esprit. »

 Elmire

 Elmire est, me semble-t-il, mieux connue, puisqu’elle est un personnage du Tartuffe de Molière. Honnête mais non prude, Elmire est une femme cultivée, dont le Grand Larousse du XIXe siècle écrira bientôt : « Elle n’a point de ces indignations au premier mot, de ces effarouchements au premier geste, qui donnent parfois à la plus honnête femme les apparences et les allures d’un tartufe en jupon. Elle sait discerner le mal, certaine de n’y point tomber. » On conçoit qu’elle puisse agacer un misogyne et susciter chez lui l’envie de rabaisser.

 Zulmé

 Les Zulmé ne sont pas rares dans la littérature. Agenor & Zulmé, paraît en 1768, à Nancy, chez Hyacinte, imprimeur-libraire, et à Paris, chez Merlin, rue de la Harpe. C’est un roman d’amour pastoral auquel le Mercure de France trouve beaucoup d’invraisemblances.

Pierre Louis Guinguené, qui collaborera à la Feuille villageoise pendant la Révolution, publie en 1779 La Confession de Zulmé, pièce légère, à peine pollissone.

Enfin, Jacques-Antoine-Hippolyte, comte de Guibert, rédige vers 1786 Zulmé, pièce traduite du grec*, qui est un portrait — un panégyrique — de la fille de Necker, futur ministre de Louis XVI. Elle-même est une jeune fille précoce et fort brillante, élevée dans la fréquentation des intelligences de son temps (Buffon, Grimm, etc.), future Mme de Staël.

Guibert est mort en 1790 et Mme de Staël a rédigé son éloge. Ni ce dernier texte ni Zulmé n’ont été publiés à l’époque, mais il n’est pas improbable que le portrait par Guibert de Germaine de Staël, rebaptisée par lui Zulmé, ait circulé dans les milieux littéraires et mondains que fréquentait l’auteur de théâtre Parisot, bientôt directeur de La Feuille du jour.

______________

* On peut consulter le texte intégral et les commentaires de son éditeur dans : Isbell, John, « Comte de Guibert : Zulmé, morceau traduit du grec », Cahiers Staëliens, n° 47, 1995-1996, pp. 5-15.

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