“Les grands hommes de la Révolution française”
30 jeudi Juin 2022
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30 jeudi Juin 2022
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15 dimanche Mai 2022
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in≈ Commentaires fermés sur “Loix du 17 septembre 1792”
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Émigration, Cocarde, Constitution civile du clergé, Danton, Duel, Marine, Poids & mesures
06 mercredi Oct 2021
Posted Vidéothèque
in≈ Commentaires fermés sur “Robespierre, un terroriste?” ~ par Hervé Leuwers & Cécile Obligi
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«Hébertistes», Cécile Obligi, Danton, Enragé·e·s, Hervé Leuwers, Robespierre, Société des études robespierristes, Terreur
Cette mise au point sur Robespierre et la «Terreur», qui n’a jamais été «mise à l’ordre du jour», contrairement à ce que réclamait une partie de la sans-culotterie, est globalement exacte et ne dépare pas – par sa clarté et son élégante présentation – le début de série de vidéos entamée par la Société des études robespierristes.
La grande brièveté du format choisi et la contrainte qu’elle représente ne saurait toutefois mettre les auteurs et autrices à l’abri de toute critique, ce à quoi ils·elles ne prétendent d’ailleurs pas.
Pour dire les choses de manière diplomatique, il me paraît insupportablement diplomatique de dire que «Robespierre s’est trouvé au cœur d’épisodes violents [dont] les luttes politiques qui aboutissent à l’arrestation et parfois l’exécution de certains groupes politiques [Dantonistes, Indulgents, «Hébertistes», Enragé·e·s].»
Robespierre ne s’est pas «trouvé» au cœur de luttes politiques menant à l’arrestation, etc. Il a mené, délibérément, avec tous les moyens d’influence dont il disposait, une politique d’élimination politique (par la calomnie et le discrédit) et·ou physique (par la justice d’exception), de ceux et de celles qui lui paraissaient – pour reprendre des catégories anachroniques, mais commodes – trop «à droite» (Dantonistes) et trop «à gauche» (Enragé·e·s).
Il ne l’a pas fait en monstre assoiffé de sang (qu’il n’était pas) ni en dictateur (dont il n’avait pas les pouvoirs). Mais c’est cela qu’il a voulu et qu’il a accompli, aussi loin qu’il a pu. Il n’y a là nul hasard, pas le moindre mécanisme fatal d’une Révolution dévorant ses enfants, mais une tactique fondée sur la conviction passionnée (mais folle) de voir seul la «ligne juste» à suivre.
02 dimanche Août 2020
Posted Cartes postales
in≈ Commentaires fermés sur Carte postale offerte par “Le Petit Journal”
Cette carte postale était «offerte par Le petit Journal». Petit journal, mais gros tirages, bien que déclinants à l’époque où elle est envoyée (1914). Journal républicain et conservateur, hostile à Dreyfus.
On peut supposer qu’elle constitue l’un des nombreux exemples de mobilisation (c’est le cas de le dire!) du folklore révolutionnaire de l’an II au profit du patriotisme cocardier. C’est que la bourgeoisie est en train – elle! – de réussir son «Grand Soir».
Le brave sans-culotte d’opérette n’a pas l’air particulièrement inspiré. Il faut dire que les vers de mirliton n’ont rien pour enthousiasmer: «Il faut démolir cette tour / C’est au peuple d’avoir son tour»…
Cliquez sur les images pour les AGRANDIR.
05 mercredi Oct 2016
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in≈ Commentaires fermés sur À Bobigny, “La Mort de Danton” mise en scène par François Orsoni ~ du 10 au 23 octobre)
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Brice Borg, Danton, François Orsoni, Georg Büchner, Jean-François Perrier, Jean-Louis Coulloc’h, Jenna Thiam, Mathieu Genet, Théâtre, Yannick Landrein
Nouvelle illustration du fait que la Révolution française continue de travailler le théâtre, et les esprits: François Orsoni met en scène La Mort de Danton, de Georg Büchner, du 10 au 23 octobre, à la salle Pablo Neruda de Bobigny.
Je reproduis ci-dessous un extrait de l’entretien entre le metteur en scène et Jean-François Perrier (mai 2016), dont vous pouvez lire l’intégralité ici.
MC93 : Cette pièce est la première de Büchner. Pensez-vous qu’elle contienne, comme souvent pour les premières pièces, un questionnement sur le théâtre ?
F.O.: Tout à fait. Dans La Mort de Danton, la pensée de Büchner s’exprime à travers le personnage de Camille Desmoulins, lui-même homme de plume, journaliste, double fantasmatique. Lors d’une soirée entre amis, le jeune révolutionnaire s’en prend au théâtre idéaliste, incapable selon lui de représenter le monde dans toute sa diversité, sa violence. « Transporter les gens du théâtre dans la rue, quelle misérable réalité ! » (acte II) s’indigne-t-il pour souligner cet écart. C’est là toute la pensée de Büchner, qui s’émancipe des critères esthétiques et moraux de son époque. « En toute chose je demande de la vie : une possibilité d’existence et alors ça va. Nous n’avons pas à nous demander si c’est laid ou si c’est beau, le sentiment qu’on a créé quelque chose qui a de la vie, est bien au dessus de ces deux notions, et c’est le seul critère en matière d’art » écrit-il dans son Lenz. Son théâtre saisit des bribes de réel, des fragments de conversations, sans essayer d’enjoliver la réalité. Dans La Mort de Danton, des prostituées font le trottoir, des charretiers se disputent en pleine rue, des ivrognes battent leurs femmes, toute la brutalité de l’existence est saisie à vif. Aucun filtre, mais quelque chose de très brut, d’âpre, qui me rappelle certains documentaires de Raymond Depardon !
MC93 : Quel regard Büchner porte-t-il sur le théâtre ?
F.O. : L’auteur ne théorise en rien son théâtre. Il s’émancipe radicalement des formes classiques, s’inspirant avec beaucoup d’audace des œuvres qu’il affectionne. Son écriture par collages fait preuve d’un « courage du désordre » selon l’expression d’Heiner Müller, et traduit un regard angoissé sur le monde. Au moment où il compose cette première pièce, il vit avec le sentiment d’une arrestation prochaine, due à son engagement politique. Il est inquiet à l’idée, par exemple, de ne pas pouvoir relire les épreuves que doit lui envoyer son éditeur. Il n’y a pas de sa part une préméditation, une volonté de faire œuvre de théâtre. Il me semble simplement que le théâtre de Büchner, sa subjectivité, prend le dessus sur l’Histoire. S’il y a manifeste de la part de cet auteur c’est, me semble-t-il, dans cette affirmation que la réécriture de l’Histoire qui a déjà existé est plus importante que l’Histoire elle-même. La Mort de Danton n’est pas une reconstitution historique mais plutôt une sorte de grand poème lyrique, morbide, entrecoupé de chansons populaires. C’est un exemple de ce que Roland Barthes et Jean Vilar considéraient comme le vrai « théâtre populaire », une combinaison entre un sujet de haute culture, une mise en scène d’avant-garde et des attaches très fortes avec le peuple des spectateurs.
MC93 : Quand Büchner écrit sa pièce, l’Europe a connu deux échecs révolutionnaires, celui de 1789 qui se termine par Napoléon et celui de 1830. La pièce est-elle une réponse à ces échecs ?
F.O. : Je n’ai pas le sentiment qu’il y ait une motivation idéologique dans le travail de Büchner. Le sujet de la pièce est en effet un questionnement sur ces moments historiques qui ont vu le basculement de la Révolution française. Nombreux sont les emprunts aux ouvrages d’historiens, aux discours historiques, mais Büchner ne se contente pas d’un formidable collage, il réinvente aussi l’Histoire, influencé par le théâtre shakespearien. Ainsi, la folie de Lucile rappelle celle d’Ophélie, la mélancolie de Danton évoque Hamlet, les révolutionnaires sont bien plus dépravés qu’ils ne semblent avoir été en réalité. Loin d’une analyse didactique, le drame bascule peu à peu dans l’intime, révélant les coulisses du pouvoir, le backstage politique. Affolé par son manque de popularité, Robespierre apparaît fragile, en proie au doute, torturé. Danton lui aussi, est hanté par les massacres de Septembre, rongé par la culpabilité. L’auteur montre les failles de ces figures mythiques, cette blessure narcissique qui précipite l’entrée dans la tragédie, la folie sanguinaire. […]
MC93 : Ce lien qui nous unit à la Révolution française est à la fois conscient et inconscient ?
F.O. : Politiquement, c’est un lien idéologique fort pour ceux qui y font référence dans leurs discours. Mais c’est aussi un lien inconscient, qui agit encore aujourd’hui sur les comportements. Il n’y a qu’à voir l’attachement viscéral des français au droit de manifester dans la rue, le lieu de la contestation populaire par excellence. Mais aussi le droit à la propriété, si cher aux français, qui est un autre legs, insoupçonné, de la période révolutionnaire. La pièce révèle toute cette genèse de la politique française, son goût fiévreux pour la rhétorique, ces joutes oratoires. La Révolution inaugure une parole publique jusqu’alors réservée à un roi peu enclin aux discours. Hommes de théâtre comme journalistes, bouchers comme avocats, tous prennent la parole, improvisant à la volée des discours. Tous découvrent la jouissance du pouvoir. La mort du père laisse un trône vide, vacant, chacun s’empressant d’y siéger. La Mort de Danton permet ce retour aux origines de notre démocratie, mais offre aussi un questionnement original sur notre rapport à l’engagement, à la réflexion politique, à la circulation des idées. Aujourd’hui, le texte ressurgit avec force, un peu comme s’il avait été enfoui sous des cendres et qu’il avait gardé toutes ses couleurs grâce à cela. Un peu comme les fresques de Pompéi qui ont été protégées par les cendres du Vésuve. Il restitue des morceaux d’une enfance lointaine, oubliée, qui rejaillit.
Salle Pablo Neruda
Salle municipale
31 avenue du Pdt Salvador Allende
93000 Bobigny
En transport en commun
Métro ligne 5 – terminus
Bobigny Pablo Picasso
Mise en scène François Orsoni
Texte Georg Büchner
Traduction Arthur Adamov
Avec: Brice Borg, Jean-Louis Coulloc’h, Mathieu Genet, Yannick Landrein, Jenna Thiam.
Dramaturgie Olivia Barron
Musique Thomas Landbo
Scénographie-vidéo Pierre Nouvel
Lumières Dominique Bruguière
Costumes Pascal Saint André
Perruques Cécile Larue
Régisseur général Antoine Seigneur-Guerrini
Régisseur son Mathias Szlamowicz
Régisseur plateau Karim Hamache
Chef électricien Olivier Bentkowski
Construction décors Atelier MC93
16 vendredi Sep 2016
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in≈ Commentaires fermés sur «Il était deux fois la Révolution. “Madame Dubarry” (E. Lubitsch) et “Danton” (D. Buchowetzki)», par André Combes
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Je donne ci-dessous le début d’un article d’André Combes dans la revue Germanica (1989), à propos de deux films abordant la Révolution française.
On peut consulter l’intégralité du texte (et les notes de l’extrait reproduit) à cette adresse.
Faire choix d’analyser Madame Dubarry (1919) et Danton (1921) pour fixer les contours de la vision qu’une certaine Allemagne a pu avoir de la Révolution française à un moment donné de son histoire, c’est, en bonne tradition, s’inscrire dans une idéo-chronologie de la réception. Mais c’est aussi mettre à profit la période historique pour confronter le discours des films à ce qui faisait l’événement des années 1918-1921 en Allemagne: cette «Révolution allemande» dont le devenir était alors violemment en débat.
Or, la conjoncture révolutionnaire en question apparaît tissée de théories et de pratiques dont la référence n’est plus, ou trés peu, la France des années 1789-1794 mais la Russie devenue U.R.S.S. depuis octobre 1917 : la force et l’ampleur du phénomène soviétique semblant alors avoir créé le seul site qui pût déterminer l’actualité de toute forme de révolution. C’est dire que le rapport de l’Allemagne de ce temps à la Révolution française ne se pose plus en termes d’acceptation ou de rejet d’un modèle sociopolitique qui, dans le premier cas de figure, aiderait par exemple à corriger les « aberrations » du «deutscher Sonderweg» et à faire, en quelque sorte, accéder l’Allemagne de l’« alliance du seigle et du fer » à la modernité républicaine.
Ajoutons que la référence à la France était d’autant moins de saison que le Traité de Versailles (signé en juin 1919 peu avant le tournage de Madame Dubarry) avait été ressenti par la quasi-totalité des Allemands comme un «Diktat» imposé en grande partie par le pays de Clemenceau. Tout ce qui touchait à l’image de celui-ci, et a fortiori cette Révolution qui avait dès l’origine divisé les Allemands, se trouvait donc largement investi d’affects négatifs.
Dans ce contexte, les discours favorables à la Révolution française voyaient leur projet frappé d’une incontestable obsolescence. Comme, par exemple, le Geist und tat d’H. Mann (1910) où l’on pouvait lire ces lignes programmatiques :
“… ce moment éternel qui a été payé de tant de sang, n’en projetait pas moins sur les siècles à venir, ce reflet féerique qui les rendait moins désolés. Il n’y a depuis qu’un seul but pour l’Humanité : se lancer à la poursuite de cet instant apparu par anticipation puis envolé, et le rattraper.
En 1918-1921, c’est un «moment éternel» bien plus récent que l’imaginaire d’une large frange intellectuelle rêve de faire revivre avec la même urgence et d’universaliser en «Weltenwende» voire en «Weltrevolution».
Mais en même temps, l’« impatience révolutionnaire » qui parcourt les débats décisifs de l’extrême-gauche, le désir de rupture généralisée avec l’ordre ancien de la monarchie impériale ou perçu comme faussement nouveau de la république parlementaire bourgeoise, semblent aller de pair avec le souci de ne pas occulter le bilan des révolutions du passé :
“Dans les révolutions bourgeoises, le sang versé, la terreur, le meurtre politique étaient une arme indispensable entre les mains des classes ascendantes. La révolution prolétarienne n’a pas besoin de la terreur pour atteindre ses buts, elle hait et abomine le meurtre.”
« Appropriation critique », aurait dit Lénine, qui, chez les zélateurs plus sceptiques des temps nouveaux, fait plutôt place à la critique de certaines «appropriations». Un texte plus tardif du même H. Mann sur la Révolution française, intitulé «Sinn und Idee der Revolution» (1919) donne la mesure des correctifs que la situation nouvelle imposait alors à la lecture de l’événement :
“La dictature, même des éléments les plus avancés demeure une dictature et elle finit par des catastrophes. L’abus du pouvoir présente partout le même visage de mort. Peu enclin aux interrogations inquiètes sur les «dérapages» du progressisme révolutionnaire, le camp adverse, lui aussi, avait modifié sa stratégie idéologique. Il ne faisait plus de la promotion des «idées de 1914 contre celles de 1789» la tâche prioritaire de l’heure. Comprenant que la modernité contre-révolutionnaire se mesurait davantage à l’aptitude à battre en brèche les «idées de 1917», il s’appliquait à mobiliser énergies intellectuelles et soutiens financiers grands industriels pour organiser la résistance, [s’]investissant par exemple dans cette «Ligue antibolchévique» fondée le 1er décembre 1918 par E. Stadler, qui en fut passagèrement le fer de lance.”
Face à cet affinement antagonique des idéologies, régnait dans de nombreux cercles de la bourgeoisie intellectuelle et artistique allemande un apolitisme conservateur étranger à la logique des camps. Il se nourrissait plus ou moins consciemment d’une tradition qui alliait la critique antidémocratique des Lumières à celle de son incarnation historique majeure: la Révolution française. Le Th. Mann des Considérations d’un apolitique (1918) et de l’Anthologie russe (1921) pouvait en figurer le modèle lui qui écrivait dans ses Gedanken im Kriege (1914) :
“La révolution bourgeoise au sens du radicalisme gaulois n’est-elle pas une impasse qui ne débouche sur rien d’autre que l’anarchie et la subversion destructrice, et qu’un peuple qui cherche des voies vers la liberté et la lumière doit s’estimer heureux d’avoir évitées ?”
Étayé par la large diffusion des thèses du Déclin de l’occident de Spengler (1918-1919), cet «apolitisme»-là semblait être l’idéologie spontanée d’artistes ordinairement peu préoccupés de prosélytisme et peu portés aux débats doctrinaux. Ainsi Max Reinhardt, mentor esthétique de Lubitsch et de Buchowetzki. Si son influence esthétique sur le théâtre et le cinéma de son temps fut, de l’avis général, immense, je retiendrai ici de ces instants où sa pratique artistique a pu côtoyer en toute innocence ou en toute quiétude les abords de la politique, qu’il avait mis en scène à Breslau en 1913 Ein Festpiel in deutschen Reimen, œuvre de commande due à la plume de G. Hauptmann avec lequel il devait cosigner un an plus tard le trés nationaliste et militariste Manifeste des 939. Conçu comme un spectacle à la gloire des «guerres de libération» de 1813, ce texte proposait une saynète d’ouverture sur la Révolution française qui mettait en scène les masses révolutionnaires sous un triple aspect qui était depuis des lustres un topos antirévolutionnaire largement répandu : anarchiques, sanglantes et bon enfant.
Il faut noter encore, qu’après avoir monté en 1916 au La Mort de Danton en 1916 au Deutsches Theater de Büchner dans le cadre d’un «cycle allemand», Reinhardt écrivait en 1917 que le «besoin profondément enraciné des masses» était d’avoir un maître et «qu’il n’y avait jamais rien eu de plus sanglant que le Comité de Salut public parisien». […]