Une «rue Claire Lacombe» à Foix (Ariège)
17 jeudi Fév 2022
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17 jeudi Fév 2022
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02 mercredi Oct 2019
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in≈ Commentaires fermés sur Une pièce pour fêter la marche des femmes sur Versailles, samedi 5 octobre à La Courneuve (à 11h15) place Claire Lacombe!
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15 dimanche Sep 2019
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in≈ Commentaires fermés sur Un «nouveau» portrait de Claire Lacombe…
Une notice biographique récente de Claire Lacombe, bricolée avec pas mal de vrai et un peu d’invention est illustrée par un «nouveau» portrait, qui s’inscrit dans une suite appelée à se compléter au fil des ans, la nature d’Internet ayant horreur du vide d’images…
Seul menu problème, ce portrait est présenté ailleurs comme celui de Stéphanie Louise Adrienne de Beauharnais, «princesse française et par mariage, grande-duchesse de Bade, est née à Versailles, en France, le et morte à Nice, dans le royaume de Sardaigne, le . Fille du comte Claude de Beauharnais, parent par alliance de l’impératrice Joséphine, elle est adoptée, en 1806, par Napoléon Ier, qui en fait ainsi une princesse impériale française. Mariée au futur grand-duc Charles II de Bade, elle est grande-duchesse de Bade de 1811 à 1818»
03 mardi Juil 2018
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19 vendredi Mai 2017
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in≈ Commentaires fermés sur Claire Lacombe, une franc-maçonne assoiffée de sang?
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Claire Lacombe, Clubs de femmes, Enragé·e·s, Féminisme, Femmes en armes, Pauline Léon, Théroigne de Méricourt
Soucieux de me documenter de manière exhaustive sur la franc-maçonnerie féminine, j’ai récemment fait l’acquisition d’un livre d’un M. Jacques Rolland précisément intitulé La Franc-maçonnerie féminine dans la Révolution française (Éditions Trajectoire, Escalquens, 2013, 171 p., 18 €).
L’ouvrage recoupe d’autant mieux le sujet de mon prochain ouvrage (sur les clubs de femmes pendant la Révolution) qu’il consacre plusieurs paragraphes à Claire Lacombe, militante de la Société des citoyennes républicaines révolutionnaires, et – si j’ose dire – vieille connaissance.
Hélas ! le livre en question appartient à une catégorie que suscitent à profusion les sujets plus ou moins ésotériques: ni construits ni écrits, et surtout dépourvus de références. Au sens strict, on ignore de quoi parle l’auteur et sur quoi il se fonde pour le faire…
Peut-être eût-il été plus charitable de laisser l’opuscule à sa probable obscurité… mais puisque je l’ai moi-même rencontré, la mésaventure peut arriver à d’autres, qui risqueraient de prendre au sérieux certaines des «informations» fournies par «l’un des meilleurs spécialistes français de l’Ordre du Temple et de la Franc-maçonnerie» (indication fournie par la quatrième de couverture).
Je reproduis ci-dessous les passages concernant Claire Lacombe, qui figurent aux pages 50-51 et 151.
Originaire du Sud-Ouest du royaume – en fait, Pamiers -, comme Olympe de Gouges, elle monta à Paris, mais seulement en 1792, après un certain succès en tant qu’actrice. Beaucoup d’événements s’étaient ainsi passés sans elle, mais elle allait se rattraper et se faire rattraper par eux.
Immédiatement, elle participa à l’assaut des Tuileries et c’est sans surprise que nous la découvrons faisant partie du Club des Enragés. Le nom seul vaut référence et se passe de commentaire. D’autant qu’étant très belle femme, elle ne laissait aucun révolutionnaire indifférent. Si bien qu’elle figura maintes fois, comme déesse de la liberté, lors des fêtes publiques.
Elle était la voisine de Théroigne de Méricourt dans ce cas. Elle milita contre le chômage, qualité endémique du pays, mais n’avait pas de méthode à proposer. Elle rejoignit alors Pauline Léon pour créer la Société des Républicaines révolutionnaires, au programme particulièrement sanglant, en janvier 1793.
Lorsqu’éclata la guerre de Vendée, elle demanda le droit de porter les armes contre les Vendéennes dans le cadre des «Républicaines révolutionnaires», mais sa véhémence, son goût prononcé du sang des autres la fit surtout suspecter et mettre à l’écart. Au point qu’elle fut écartée de tout cercle ou club, car un jour elle s’emporta pour demander que tous les nobles de l’armée soient guillotinés.Elle sera bientôt arrêtée, puis relâchée, mais, à la suite de la chute des Enragés et des hébertistes elle dut se cacher et fut de nouveau arrêtée. Dans la tourmente de cette abominable fin de révolution, on perd sa trace.
Ayant été prise à partie par des harengères des halles, il est fort possible qu’elle ait succombé sous leurs coups, sans que ses derniers amis, lassés de cette violence, lui eussent porté secours.
La misogynie ambiante était plus forte que jamais à partir de 1793. Les excès de certaines femmes, notamment Théroigne de Méricourt, déjà citée dans cet ouvrage, joints à ceux de Claire Lacombe, permirent enfin aux révolutionnaires d’interdire définitivement tous les rassemblements féminins.[…]
Claire Lacombe serait plus du genre de Théroigne de Méricourt car elle a participé à l’assaut des Tuileries en août 1792, un jour avant le transfert de la famille royale à la prison du Temple. De plus, elle aurait fait partie du Club des Enragés.
Il semble avéré qu’elle ait agi de bonne foi et en toute sincérité, et notamment pour avoir créé, avec Pauline Léon, les «Républicaines révolutionnaires». Le nom se passe effectivement de commentaire.
Plus grave sera sa participation aux guerres de Vendée, après avoir réclamé pour les femmes le droit de porter les armes. Mais son intransigeance, sa violence la fait écarter des alliés du pouvoir pourtant bien déterminés à extirper la gent royaliste.
Elle est arrêtée, ce qui était inévitable, et aurait pu être libérée, mais on perd sa trace.
La mention de Claire Lacombe parmi des «“sœurs”», même des «“sœurs” sans tablier» – catégorie mal définie par l’auteur, mais qui suppose au moins un lien avec la franc-maçonnerie – a le mérite de l’originalité. Je ne l’ai jamais rencontrée jusqu’ici chez aucun(e) auteur(e).
Elle ne repose d’ailleurs sur rien dans les archives concernant Claire. En l’état des connaissances, il s’agit d’une affabulation.
Il me semble difficile d’admettre que le nom «Club des Enragés […] vaut référence et se passe de commentaire».
En effet, il se passe certes de référence (et pour cause!), mais aussi d’existence : un tel club, portant ce nom (ou un autre), n’a jamais existé!
Nous ne savons pas si Claire Lacombe a vraiment joué le rôle d’une déesse la Liberté. Mais cela s’est écrit, surtout longtemps après la Révolution.
Dire que le programme des Républicaines révolutionnaires est «particulièrement sanglant» n’a aucun sens. Si l’on prend la peine de le lire, il est plutôt en retrait, sur la question de l’armement des femmes – qui n’a rien de «sanglant» en soi –, par rapport à la pétition antérieure de Pauline Léon. Il date de juillet 1793 et non de janvier (la première démarche des citoyennes remonte à fin février).
Répétons ici que Claire n’est pas cosignataire du Règlement de la Société.
Claire Lacombe n’a pas succombé aux coups des marchandes de la Halle envoyées provoquer les citoyennes républicaines dans leur local. On retrouve sa trace à Nantes, après la Révolution, où elle a repris son métier de comédienne et conservé son caractère entier.
La phrase suivante «Les excès de certaines femmes, notamment Théroigne de Méricourt, […] joints à ceux de Claire Lacombe, permirent enfin aux révolutionnaires d’interdire définitivement tous les rassemblements féminins» reflète l’opinion de M. Rolland. Je lui en laisse la responsabilité.
Quant à la participation de Claire aux «guerres de Vendée», elle est imaginaire.
02 dimanche Juin 2013
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inDepuis plusieurs années (au moins depuis 2008), un portrait de femme, daté du XVIIIe siècle, circule sur Internet, avec la mention « Portrait de Claire Lacombe », parfois accompagné des mentions suivantes « Ducare, 1792 ». On trouve également la mention « Portrait de Rose Lacombe », voire « de Rose-Claire Lacombe » (sur la question du prénom, voir ci-après). À ma connaissance, le seul ouvrage à ce jour où se trouve reproduit ledit portrait est un livre de vulgarisation intitulé La longue Marche des femmes. Des citoyennes aux suffragistes 1789-1920 (Annelise Carbonnier, Michel Toulet, Jean-Michel Lecat, Éditions Phébus, 2008, p. 44). La légende indique, outre le nom « Claire Lacombe », la mention « Huile sur toile ». Le cliché est crédité à « Bridgeman Giraudon ».
Le portrait « d’origine » (?) se trouve dans un musée anglais, le Bowes Museum (cote : Founders/Min.15), situé dans le Nord-Est de l’Angleterre, qui en a mis en ligne la reproduction. Je note qu’il est présenté comme une « aquarelle sur ivoire » et non comme une huile sur toile. Il est de petite dimension puisque le diamètre indiqué est de 5,7 cm. La reproduction ci-dessous est à la taille réelle.
Il est possible que ce portrait ait été agrandi sur toile, opération que proposent divers entreprises spécialisées en ligne, pour cette œuvre comme pour beaucoup d’autres. Il est également possible que les différences de couleurs observées d’une reproduction à l’autre tiennent à la qualité relative des clichés.
Jusqu’à plus informé, nous ne disposons d’aucun portrait peint ou gravé de Claire Lacombe, comédienne et animatrice en 1793 de la Société des Citoyennes républicaines révolutionnaires. En revanche, nous connaissons deux signalements. L’un est daté du 20 ventôse an II (10 mars 1794). Il figure dans un passeport établi par la Commune : 29 ans, 5 pieds 2 pouces, cheveux châtains, yeux bruns, nez aquilin, bouche ordinaire, front ordinaire, menton et visage rond (AN : T 10012). L’autre a été inscrit sur le registre de la prison de St-Pélagie le 14 germinal an III (3 avril 1795) : 5 pieds 2 pouces, cheveux, sourcils et yeux bruns, nez moyen, bouche grande, visage et menton rond, front ordinaire. (APP : AB 320). Il ne semble pas y avoir de contradiction flagrante entre ces données et le portrait sous nos yeux, si ce n’est la « bouche grande » du second signalement.
Le portrait lui-même porte — visible sur les agrandissements — le nom « Ducare » (ou Ducazé, Ducase, Du Caze). J’indique à dessein les différentes hypothèses que la lecture de l’agrandissement suggère ; il est possible que la vision directe permette de trancher. Un balayage rapide sur Internet m’a permis de rencontrer une mention d’un peintre nommé Du Case à Paris au XVIIIe siècle, mais sans la moindre précision supplémentaire. Il porte également, bien visible, la date « 1792 ».
Quant à l’origine du portrait, il aurait pu être apporté de France par Ms Bowes, elle-même française, dont le site du musée nous apprend que le grand-père était un citoyen Sergent, dont le musée possède deux portraits. Il aurait « commandé un bataillon pendant la guerre de Vendée », aurait été condamné à mort en 1792, mais aurait échappé à la guillotine. Au minimum, ces épisodes doivent être considérés dans l’ordre inverse, puisque l’on ne saurait parler de guerre de Vendée en 1792. Par ailleurs, je n’ai trouvé nulle trace de ce dénommé Sergent.
Ce qui me gêne le plus dans la présentation qui est faite de ce portrait sur le site du musée, c’est la mention « Portrait of Rose Lacombe ». Car enfin, si quelque document annexe ou indication portée au verso du portrait mentionne bien « Claire Lacombe », pourquoi rectifier le prénom ?
Il faut ici préciser que, en l’état actuel de nos connaissances, Claire Lacombe n’a jamais été affublée du prénom ou surnom « Rose » dans une pièce d’archive ou un journal d’époque. Ça n’est qu’à partir de 1839 dans l’Histoire monarchique et constitutionnelle de la révolution française d’Eugène Labaume (ou 1838, si je prends en compte une formulation ambiguë dans les Mémoires apocryphes de Talleyrand, laquelle est peut-être l’origine de tout), que le prénom Rose est attribué à Lacombe. L’erreur est rectifiée — dans le texte mais non dans le titre de son livre ! — par Léopold Lacour en 1900 dans Les Origines du féminisme contemporain. Trois femmes de la Révolution : Olympe de Gouges, Théroigne de Méricourt, Rose Lacombe. Wikipédia indique encore aujourd’hui : « Son nom de théâtre était Rose Lacombe », affirmation fondée sur rien. Le World Catalogue lui conserve, on ne sait pourquoi, ce prénom de fantaisie.
S’il existe une mention sur l’objet lui-même indiquant « Rose Lacombe », il date du dix-neuvième siècle au plus tôt et ne peut représenter Claire Lacombe, sinon dans la vision imaginaire qu’en a eue un miniaturiste. Si cette indication figure sur un document annexe, c’est la preuve que la désignation du sujet du portrait est postérieure de plus d’un siècle à la Révolution. Cela n’exclut pas que le sujet soit effectivement Claire Lacombe, mais il faudrait d’autres éléments matériels pour en décider.
Ici, je suppose que la plupart de celles et ceux qui me lisent se demandent pourquoi je n’ai pas posé directement à quelque responsable du Bowes Museum les questions que j’énumère ici. L’idée m’en est venue également. Un premier courriel, malencontreusement envoyé à la mi-juillet 2010, est demeuré sans réponse. Une récidive récente m’a valu un accusé de réception en date du 4 mars 2013 et la promesse que ma demande — concernant les bases matérielles de la désignation du sujet du portrait — était transmise à la conservatrice du musée, le Dr Jane Whittaker, laquelle n’a pas trouvé jusqu’ici le temps de me répondre.
Dans l’attente de cette réponse, dont rien ne dit ni qu’elle viendra ni qu’elle sera décisive, je serai extrêmement reconnaissant à quiconque pourra contribuer à élucider ce petit mystère.
_______________
Abréviations. AN : Archives nationales ; APP : Archives de la Préfecture de police.
31 samedi Oct 2020
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in≈ Commentaires fermés sur Un autoportrait de Jean-Baptiste LACOMBE (1760-1794)
Mise en vente de ce bel autoportrait de Jean-Baptiste Lacombe, révolutionnaire bordelais.
Autoportrait de Jean-Baptiste LACOMBE de PAUILLAC en habit civil durant le Terreur
portant l’inscription en haut à gauche:
«Puissent mes traits, de l’amitié l’ouvrage à mon aimable Sœur, paraitre intéressants !
Ils le seraient pour moi, s’ils avaient l’avantage de lui bien exprimer mes vœux mes sentiments. Mais jamais un portait n’exprimera pour elle ce que sent le modèle».
Au dos sur la toile à l’encre noire:
«Lacombe de Pauillac la fait à Paris et en fait cadeau à son ami L’an IIIe de la Liberté»
Présentation sur le site de vente:
Lors de la Révolution, il se signale par ses sentiments patriotiques, adhère à des
clubs révolutionnaires (Café national, devenu Club national, dont il devient
président en 1791), s’inscrit à la Loge maçonnique du Saint-Esprit et rejoint le Club des Amis de la Constitution en avril 1791. Il est exclu de ce club favorable au Girondins en février 1793. Il fonde une nouvelle pension nommée « École Nationale », s’inspirant des principes révolutionnaires et s’établit pour quelques mois, à Sainte-Foy-La -Grande, en mars 1793. Revenu à Bordeaux à l’automne 1793, au moment où les Girondins pourchassés se réfugient à Saint-Emilion (septembre 1793). Considéré comme un jacobin convaincu, il rencontre Tallien et est nommé, le 21 octobre 1793, président de la Commission militaire de Bordeaux.
Durant la Terreur, dans les départements les plus affectés par les mouvements hostiles à la Révolution française, les représentants en mission installent des commissions militaires révolutionnaires, tribunaux d’exception, distincts des tribunaux militaires, spécialisés dans
le jugement des faits en rapport avec l’état de guerre et dans le châtiment des activités contre-révolutionnaires. Sont visés ceux qui «conspirent contre l’unité ou l’indivisibilité de la République », les émigrés, les prêtres réfractaires, les « accapareurs », les fonctionnaires corrompus…
À Bordeaux, une commission militaire, créée par arrêté du 21 octobre, est installée le 23 octobre 1793 et siège rue Monbazon. JeanBaptiste-Marie Lacombe en est le premier et seul président. Ses membres portent des uniformes militaires. A 34 ans, Lacombe officie
en costume chamarré de général. Un Comité de surveillance établit la liste des étrangers et des suspects pour les renvoyer devant la Commission militaire, tribunal composé de sept membres.
Pour la totalité de sa période d’activité, du 23 octobre 1793 au 31 juillet 1794, la commission militaire de Bordeaux, durant 157 séances sur 282 jours, fait comparaitre 898 prévenus, prononce 376 acquittements et 302 condamnations à mort. Elle distribue en outre des amendes, pour un total de 6.940.300 livres, dont l’utilisation n’est pas clairement identifiée.
Le président Lacombe monnaye souvent son indulgence. Après la chute de Robespierre, Lacombe est arrêté pour prévarication le 15 thermidor an II au petit matin (1er août 1794) à son domicile de la rue Immortelle (Rue du Hâ). L’ordre est signé le 14 Thermidor an II
par le conventionnel Jacques Garnier, dit Garnier de Xantes, agent du Comité de salut public.
Lacombe est aussitôt conduit devant le Comité de surveillance qui tente de lui faire avouer ses méfaits en organisant des confrontations.
Une nouvelle commission militaire est composée pour le juger, présidée par Lataste.
Le procès de Lacombe a lieu le 27 thermidor an II (14 aout 1794) à l’ancien couvent des Minimes. Lacombe reconnait ses crimes et déclare « avoir mérité la mort ». Déclaré traitre à la Patrie, ennemi du peuple, Lacombe est condamné pour exaction, concussion, prévarication, corruption des mœurs et de l’esprit public à la peine de mort et exécuté le jour même. Tous ses biens sont confisqués. Il est guillotiné place Nationale (place Gambetta). La foule s’empare de sa dépouille pour la mutiler. Sa tête est promenée dans la ville au bout d’une pique. Le même jour, un arrêté de Claude-Alexandre Ysabeau fait enlever la guillotine qui était en permanence en fonction depuis dix mois.
Son épouse Jeanne Lagarde, veuve Lacombe, est condamnée à la peine de vingt ans de gêne.
05 jeudi Sep 2013
Posted «Documents», «Textes de femmes»
in≈ Commentaires fermés sur RAPPORT FAIT PAR LA CITOYENNE LACOMBE À LA SOCIÉTÉ DES RÉPUBLICAINES RÉVOLUTIONNAIRES
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1793, Claire Lacombe, Clubs de femmes, Féminisme, François Chabot, Jacobins, Républicaines révolutionnaires, Robespierre, Théophile Leclerc
RAPPORT FAIT PAR LA CITOYENNE LACOMBE À LA SOCIÉTÉ DES RÉPUBLICAINES RÉVOLUTIONNAIRES, de ce qui s’est passé le 16 septembre [1793] à la Société des Jacobins, concernant celle des Républicaines Révolutionnaires, séante à S. Eustache, et les dénonciations faites contre la citoyenne LACOMBE personnellement, 15 p.
Le long titre de cette brochure annonce assez son contenu. Elle décrit un événement qui constitue un tournant dans la campagne jacobine contre la Société des Citoyennes républicaines révolutionnaires, dont l’actrice Claire Lacombe est devenue l’une des meneuses reconnues (même si des luttes internes se poursuivent, comme on en a confirmation à la lecture). Dans la séance des Jacobins ici évoquée, on notera particulièrement l’intervention de François Chabot[1], qui commence par une déclaration d’ « amour » « aux femmes », prélude demeurée classique aujourd’hui aux pires propos machistes. C’est donc parce qu’il « aime les femmes » que l’ancien moine ne veut pas qu’elles « fassent corps à part ». Nous voici au cœur de la contradiction masculine révolutionnaire vis-à-vis des femmes : on aimerait à la fois s’en débarrasser et les avoir à disposition, les faire figurer en groupes dans les cérémonies et qu’elles se fondent sans réclamations, individuelles ou collectives, dans le grand corps de la nation…
Le texte a été composé de manière calamiteuse, certainement dans une très grande précipitation. De surcroît, l’exemplaire conservé à la Bibliothèque nationale est fort mal imprimé… Cependant, celui qui a servi à l’édition en reprint aux Éditions d’histoire sociale, dans le volume Les Femmes dans la Révolution française (EDHIS, 1982), permet de rétablir tous les mots douteux ou illisibles. J’ai pris le parti d’introduire des éléments de ponctuation, indiqués entre crochets, et des guillemets, et même corrigé quelques évidentes fautes de composition, afin de faciliter la compréhension d’un texte d’abord difficile. J’ai conservé la profusion de lettres capitales.
Je transporte mes lecteurs dans la salle des Jacobins, et je commence. Un secrétaire dit, “la société des Républicaines Révolutionnaires, a toujours donné des preuves d’un excellent Patriotisme ; et vous lui en avez rendu toute la justice méritée cependant elle vient d’y déroger aujourd’hui en rayant de la liste de ses membres une bonne Républicaine, la Citoyenne Gobin parce qu’elle a donné carrière à son énergie, en dénonçant le nommé le Clere [Théophile Leclerc]” ; Je répond que ce que le secrétaire avance est un faux ; puisqu’il tenoit la lettre que la Présidente d’après le vœu de la Société avoit écrite à la Citoyenne Gobin, qui portoit, non pas qu’elle étoit rayée ; mais qu’elle eût à apporter à la Société les preuves qu’elle avoit des inculpations qu’elle avoit faite contre le Citoyen le Clere, afin que ce dernier fût poursuivi comme contre-révolutionnaire, et que faute par elle d’apporter les preuves de ce qu’elle avoit avancé, elle seroit rayée de la Société ; et affichée comme calomniatrice, ainsi pour prouver qu’elle ne l’étoit point, elle nous a fait dénoncer à la Société des Jacobins.
Chabot : …Il est temps de dire toute la vérité au sujet de ces femmes prétendues Révolutionnaires, je vais vous dévoiler les intrigues qui les agitent et je vous assure qu’elles vous surprendront. Je sais que l’on s’expose en aigrissant une femme, à plus forte raison lorsqu’on en aigrit un grand nombre, mais je ne crains ni leur intrigue, ni leur propos, ni leurs menaces ; il y a quelques jours que je fus appelé par le chef de ces Femmes, la citoyenne Lacombe : qui me demanda ce que nous voulions faire du ci-devant Maire de Toulouse, je lui répondis que j’étois étonné qu’elle sollicitât en faveur d’un ex-noble qui avoit fait emprisonner des Patriotes : elle me répondit qu’il donnoit du pain au Pauvre, et mais répliquai-je esse ainsi que l’on fait la contre-révolution [sic] ; enfin, elle me menaça de toute l’animadversion des Femmes Révolutionnaires, si je ne donnois pas conjointement avec le Comité de sûreté générale, l’ordre de son élargissement. J’avoue que là je lâchai le gros mot et je me retirai : le lendemain, elle vint chez moi encore pour me répéter ce qu’elle m’avoit dit la veille, la même chose, Madame Lacombe, car je ne peux pas la traiter de Citoyenne, m’avoua que ce n’étoit pas Monsieur de Ray qui lui tenoit au cœur, mais bien son neveu, moi qu’on accuse de me laisser mener par les Femmes, lui dis je alors : je ne ferai jamais pour elles ce que vous font faire les hommes, et toutes les Femmes de la terre ne me feront jamais rien faire que ce que j’ai envie de faire pour la République : Madame Lacombe me tint alors des propos les plus Feuillants, prétendit que l’on ne devoit pas tenir ainsi des Hommes en prison ; que Révolution, ou non Révolution, il faloit les interroger dans les 24 heures, les mettre en liberté, s’ils étoient innocents et les envoyer promptement à la Guillotine s’ils étoient coupables, enfin tous les propos que tiennent continuellement les Aristocrates, quand nous arrêtons quelqu’un de leurs amis[.] C’est parce que j’aime les Femmes, que je ne veux pas qu’elles fassent corps à part ; et qu’elles calomnient la vertu même[.] Elles ont osé attaquer Robespierre, et l’appeler M. Robespierre. Je demande que vous preniez envers les Femmes Révolutionnaires des mesures violentes propres à réprimer cette manie insensée qui les a saisies : Je demande qu’elles se purgent de toutes les intrigantes qu’elles ont dans leur sein, et qu’elles en soient invitées par une lettre.
Je réponds au très Patriote Monsieur Chabot, d’abord il est vrai que je le fis sortir des Jacobins Vendredi 13 du courant ; voici le discours que je lui tins, il est un peu différent que celui qu’il a mis dans ma bouche. Lire la suite
18 lundi Juil 2022
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in≈ Commentaires fermés sur Anachronisme & bonnes intentions chez Gérard Noiriel
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Anachronisme, Claire Lacombe, Domination masculine, Féminisme, Gérard Noiriel, Guillotine, Olympe de Gouges, Pauline Léon, Robespierre, Société des citoyennes républicaines révolutionnaires
Deuxième billet consacré à la version en images d’Une histoire populaire de la France (Delcourt/Encrages).
J’aimerais bien savoir sur quels documents s’appuie Gérard Noiriel pour produire la saynète en bas à droite de cette page…
J’ai beau me creuser la tête, il ne m’en revient aucun qui « colle » (mais je n’ai pas passé en revue les centaines de documents de mon corpus pour trouver la perle rare).
Certes, les sans-culottes étaient imprégnés d’une culture virile, voire masculiniste. Elle ne différait d’ailleurs de celle de personnes plus raffinées (tel Robespierre) que par sa rudesse physique.
Je ne vois pas à quel moment, quelles femmes ont pu renier ce discours viril des sans-culottes.
Certaines se sont inclinées devant : ils sont porteurs de la virilité ; pas nous ; donc nous sommes hors-jeu. D’autres l’ont, si j’ose dire « épousé » : nous aussi, nous pouvons, malgré nos faiblesses, incarner une part de virilité, ou au moins soutenir (matériellement) et exalter (aiguillonner) celle de nos compagnons, frères et pères. Les plus critiques se sont gaussées des hommes qui, à leur avis, ne se montraient pas à la hauteur de leur idéal viril. — Et alors, si c’est comme ça, nous les femmes pouvons faire au moins aussi bien, voire mieux !
Certes, on peut noter que dans un grand nombre de sociétés populaires qui accueillaient, dans le public ou comme membres, des femmes, on les a défendues soit contre le harcèlement de tel ou tel, soit contre des propos ou affiches diffamatoires. Et certes, des femmes se sont plaintes de ces mauvais traitements. Mais où est-il question d’une critique de la virilité ?
Je donne ci-après l’exemple d’un discours qui se rapproche au plus près de ce que nous qualifierions aujourd’hui (à juste titre) de « féministe ». Il est tenu le 27 mai 1793, devant le club des Jacobins par une oratrice de la Société des Citoyennes républicaines révolutionnaires, soit le club féminin parisien (et sans doute français) le plus radical :
La société des républicaines révolutionnaires nous députe vers vous, pour vous prier de nous faire connaître le lieu du rassemblement ; il est temps que vous ne voyez plus en nous des femmes serviles, des animaux domestiques ; il est temps que nous nous montrions dignes de la cause glorieuse que vous défendez. Si le but des aristocrates a été de nous égorger en détail en dépeuplant Paris, il est temps de nous montrer ; n’attendons pas les poignards dans notre lit ; formons-nous en phalange, et faisons rentrer l’aristocratie dans le néant. Les faubourgs où nous nous sommes portés [sic] sont dans les meilleures dispositions. Nous avons sonné dans tous les cœurs le tocsin de la liberté. Nous voulons seconder votre zèle et partager vos dangers ; indiquez-nous le lieu où notre présence est nécessaire[1].
La critique de la domination masculine est claire, mais aussitôt suivie d’une demande d’égalité – sans critique de la virilité. Pour ne rien dire de la conclusion, très classique durant toute la Révolution (jusqu’en 1794 compris) : « Nous voulons seconder votre zèle et partager vos dangers ; indiquez-nous le lieu où notre présence est nécessaire. » On ne vient pas chatouiller, si j’ose dire, la virilité des hommes que l’on accepte d’avance comme leaders, et dont on espère qu’ils voudront bien vous faire une petite place.
Quant à cette dernière image, elle accumule tous les défauts possibles. Elle laisse supposer que de nombreuses militantes ont été guillotinées. Or, il n’en est rien, et – il faut bien le dire – c’est en grande partie grâce à la défaite de Robespierre que des militantes comme Claire Lacombe et Pauline Léon ont sauvé leur tête (on opposera l’exemple d’Olympe de Gouges [dont l’exécution est également représentée], mais c’est une femme isolée, sympathisante des Brissotins, c’est-à-dire de « la droite » de la Révolution).
Pour ce qui est du texte de « légende », jamais vocable n’a mieux convenu…
Ce qui est dit ici n’a rien à voir avec les raisons véritables de l’interdiction des Républicaines révolutionnaires, et du même coup, de tous les clubs de femmes. Certes, cette interdiction fut l’occasion d’envolées masculinistes (trop longtemps contenues ?) bien connues. Mais on n’a pas « reproché » aux Républicaines de n’être pas assez viriles pour être patriotes : on a choisi d’utiliser contre elles les Dames de la Halle, assez « viriles » il est vrai et fort peu républicaines… Je renvoie sur ce point au long développement qui lui est consacré dans Robespierre, les femmes et la Révolution (IMHO, 2021).
Gérard Noiriel a voulu, sans doute, susciter dans l’esprit de ses lectrices et de ses lecteurs une « correspondance des temps » entre l’actuel me-too et les militantes les plus radicales de la sans-culotterie. C’est sympathique, si l’on veut, mais c’est inexact. L’anachronisme est pavé de bonnes intentions !
________________________
[1] Républicain français, n° 198, samedi 1er juin, p. 802 ; Buchez et Roux, t. 27, pp. 275-276.
30 dimanche Jan 2022
Posted «Bêtisier», «Bibliothèque»
in≈ Commentaires fermés sur “Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes” ~ par Titiou Lecoq, avec un dithyrambe de Michelle Perrot
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Charlotte Corday, Christine Fauré, Claire Lacombe, Etta Palm d'Aelders, Geneviève Fraisse, Louise de Kéralio, Marat, Olympe de Gouges, Pauline Léon, Société des citoyennes républicaines révolutionnaires, Titiou Lecoq
J’avais d’abord feuilleté le livre en librairies, ce qui ne m’avait pas donné envie de l’acheter. Et puis j’ai lu des critiques enthousiastes et d’autres sur un registre dont j’ai souvent dit ici-même à quel point il m’agace : si-ce-livre-permet-ne-serait-ce-qu’à-une-lectrice-de-découvrir-l’histoire, etc.
L’Histoire, devrais-je écrire, puisque si l’on se propose de nous expliquer pourquoi elle a effacé les femmes, nous savons dès la première de couverture qu’elle a commis ce forfait à l’aide de sa grande « H » (plaisanterie connue).
Parce que je ne suis pas omniscient, je me reporte au chapitre 11 qui concerne mon domaine de recherches – « Révolutionnaires étouffées » – qui traite de la Révolution française.
Je vais y « apprendre » [pp. 179-180] ce que des dizaines de textes rédigés par des lecteurs et lectrices de Wikipédia m’ont déjà enseigné : Pauline Léon et Claire Lacombe « ensemble ont fondé la Société des Citoyennes républicaines révolutionnaires » (non).
Plus original, et non sourcé, comme de bien entendu, on m’explique que « ces femmes », expression qui englobe Pauline et Claire, Etta Palm d’Aelders, Louise de Kéralio, Olympe de Gouges et quelques autres « veulent des femmes dans la magistrature, dans l’armée et aux postes importants de l’Église. » Telle que formulée, et attribuée à un groupe aussi hétéroclite, cette prétendue revendication n’a tout simplement aucun sens.
Puisque j’en suis aux détails qui heurtent, voici la manière dont est évoquée la politique de Marat, à propos de sa meurtrière Charlotte Corday :
Devant les appels de Marat à tuer tout le monde. […] [p. 187]
Terrible petit bruit de la sottise qui heurte le zinc du comptoir du Café du commerce.
Le propos général de l’ouvrage est de mettre à portée du plus grand nombre ou au moins « d’un » plus grand nombre les travaux des historiens et historiennes, censés reposer dans des oubliettes éditoriales ou de poussiéreuses revues.
C’est mentir. De nombreux livres d’histoire, rédigés par des spécialistes atteignent des tirages très honorables.
Puisque Geneviève Fraisse est – à juste titre – citée et utilisée à plusieurs reprises par Lecoq, remarquons que l’on peut trouver en collection de poche Folio plusieurs de ses ouvrages, ce qui n’est pas précisément un signe de clandestinité.
Incompréhensible, et impardonnable, est l’absence de Christine Fauré, directrice d’une Nouvelle encyclopédie politique et historique des femmes (Les Belles Lettres, 2010).
Je vais m’attarder sur le problème des références. J’ai mentionné Fraisse ; on en rencontre d’autres, mais quant à savoir selon quels critères elles sont choisies pour figurer dans les notes, mystère et boule de gomme ! Disons que là où une référence est donnée, il en existe neuf qui sont tues.
De plus dans un livre qui se prétend outil de « passeuse » entre scientifiques et grand public, on s’attendrait à une bibliographie commentée, par exemple à la fin de chaque chapitre. Et avec les adresses ou au moins les noms de nombreux sites et blogues… Or, à part les notes de bas de page, il n’y a rien.
De temps à autre, l’autrice lance dans l’éther une incitation qui doit lui paraître suffisante. Ainsi à propos de Communardes, dont elle vient d’énumérer les patronymes.
Allez lire leurs vies [sic], elles sont toutes passionnantes. [p. 238]
D’ailleurs, quand on se plaint de l’invisibilisation des femmes dans l’histoire, comment ne pas signaler l’existence de deux associations (au moins) qui travaillent à conserver et mettre en valeur la mémoire des femmes: Mnémosyne, Association pour le développement de l’histoire des femmes et du genre et les Archives du féminisme…
Quant au style, après un coup de chapeau à l’écriture inclusive, l’autrice se dispense du moindre point médian (il ne faudrait pas dérouter le grand public !). Elle adopte ici et là un style relâché, censé, je suppose, réduire encore les méfiances de celles et ceux qu’inquiète le bon français. Doit-on croire que la formule « un décret les chasse de l’armée » aurait rebuté beaucoup de monde ? Nous lisons : « Un décret les vire de l’armée » [p. 189]. Dans le même registre, pour qualifier l’action de Napoléon : « Après le bordel de la Révolution… ».
Ou bien ce livre n’a pas eu d’éditeur, ou bien il s’agit d’un procédé démagogique.
À défaut de relecture, l’ouvrage a bénéficié d’une campagne d’affichage publicitaire, et d’une préface de Michelle Perrot qu’elle conclut sur une formule dont on a compris que je ne la partage pas : « À lire absolument ».
On m’objectera, comme d’habitude, que – même vendu comme une savonnette et écrit avec les pieds – le livre est « sympathique » puisqu’il défend la visibilité des femmes dans l’histoire, et qu’il est possible que des jeunes gens et jeunes filles s’y découvrent un intérêt pour l’histoire des femmes. Il est impossible de réfuter un tel argument, ce qui indique assez son caractère non-scientifique.
En l’état, cet ouvrage non seulement n’apporte rien sur le sujet qu’il prétend traiter, mais se trouve très en retard (au moins dans le domaine qui m’intéresse) sur l’état présent de la recherche. D’honnêtes lectrices et lecteurs croiront de bonne foi tenir entre leurs mains un état actualisé des connaissances, quand ils·elles n’auront en main que le énième produit surfant sur la vague #MeToo – ça n’est pas moi qui fait le rapprochement, mais Michelle Perrot dans sa préface.
Ma dernière pensée (de ce billet) ira aux arbres, certes issus d’une « forêt gérée durablement »… Combien d’arbres pour faire savoir que Marat voulait « tuer tout le monde » ?
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Statut de l’ouvrage
Acheté en librairie. 326 pages, 20, 90 €.